mercredi 1 janvier 2025

Omni Loop de Bernardo Britto (2024) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Space-opera, Dystopies, Uchronies, Cyberpunk, Post-Apocalypse, Guerres intergalactiques, Voyages dans le temps... La science-fiction est d'un point de vue littéraire et cinématographique, un vaste champ d'expérimentations qui permet à tout à chacun de trouver son bonheur sans pour autant que les amateurs de l'un ou l'autre de ses sous-genres ne donnent du coude à leurs voisins. Concernant le Voyage dans le temps, celui-ci se définie parfois lui-même en sous catégories. Du simple fait de voyager dans le passé ou dans le futur en passant par certains phénomènes comme les boucles ou les paradoxes temporels. Si la récurrence de cette dernière est quasiment systématique et agit de la même manière que l'effet papillon (lequel consiste en une succession d'événements perturbés par une action provoquée antérieurement), les boucles temporelles lui apportent majoritairement matière à modifier le futur à travers des actions se produisant dans le passé. L'un des plus remarquables exemples de ce que l'on nomme ''Boucle de causalité'' ou ''Paradoxe de l'écrivain'' demeure le formidable Prédestination des frères Michael et Peter Spierig sorti en 2014. Plus connu et sans doute beaucoup plus ludique en ce sens où les phénomènes qui s'y produisent sont parfaitement simples à comprendre, l'on retiendra également le génial Un jour sans fin de Harold Ramis qui lui vit le jour en 1993. Une approche du genre beaucoup plus ''Familiale'' que l'on conseillera donc en priorité à toutes celles et ceux qui voudraient pour la première fois de leur existence se pencher sur ce genre véritablement passionnant. Le voyage dans le temps et les boucles temporelles connaissant depuis un certain nombre d'années une recrudescence au cinéma et à la télévision (et pas une ''recrue d'essence'' comme il m'est déjà arrivé de l'écrire, sic!), le regain d'intérêt du public vis à vis d'un sujet qui, sans mauvais jeu de mots, à tendance à tourner en rond, donne parfois naissance à des œuvres tout à fait inattendues. À l'image de l'un de ses tout derniers représentants, intitulé Omni Loop, et dans lequel, le réalisateur et scénariste brésilien Bernardo Britto offre une très intéressante alternative à la grosse machinerie américaine. S'il s'agit là encore d'évoquer le Voyage dans le temps ainsi que les Boucles temporelles, celui-ci les envisage d'une toute autre façon.


La partition musicale analogique de la compositrice américaine Kaitlyn Aurelia Smith participe à merveille à l’émulsion entre les personnages, le récit et le sujet des Boucles temporelles...


Phénomène souvent incontrôlé auxquels les protagonistes des récits tentent généralement d'échapper, l'héroïne ici incarnée par la formidable Mary-Louise Parker reproduit la ''séquence'' de manière indéfinie afin de résoudre l'une des questions fondamentales qui se posent lorsque l'opportunité de revenir en arrière pour changer certains faits se présente. Un désir ouvertement prononcé par Zoya Lowe, l'héroïne en question, mais également une contrainte forcée puisque cette quinquagénaire se sait condamnée à mourir dans cinq jours. Cinq pas plus. Et autant de journées qu'elle revit, inlassablement, en avalant une étrange gélule qui la fait donc revenir dans un tout récent passé. Ancienne physicienne, Zoya a travaillé il y a longtemps sur cette étrange gélule dont elle avait découvert une boite à moitié remplie dans le jardin familial alors qu'elle n'était encore qu'une adolescente. Découvrant lors de son premier usage le pouvoir de celle-ci, elle en usa lors de ses ''brillantes'' études lui ouvrant par la suite les portes d'une grande entreprises de recherches scientifiques. Ici, le temps est une monnaie dont le prix n'est pas négociable. À moins que Zoya ne parvienne à déterminer la composition de la gélule afin que le voyage de cinq jours se transforme en mois et pourquoi pas, en années. Elle va pour cela demander de l'aide à Paula (excellente Ayo Edebiri), une jeune étudiante en sciences qu'elle va tout d'abord tenter de convaincre de l'existence de cette boucle temporelle dans laquelle elle s'est enfermée afin que la jeune femme l'aide à résoudre l'épineux problème de cette gélule qui restreint le voyage dans le passé à cinq jours... Plus qu'une œuvre de science-fiction, Omni Loop est un drame très touchant, évoquant la famille et renvoyant donc le genre à certaines de ses fondations : tout reprendre depuis le début afin de modifier certains événements. Comme ici, les rapports de Zoya vis à vis de sa fille Jayne (Hannah Pearl Utt) qu'elle a quelque peu délaissée au profit de son métier. Le duo formé par Mary-Louise Parker et Ayo Edebiri est très touchant. Au fil de l'épreuve qu'elles vivront ensemble, leur relation deviendra presque celui d'une mère et de sa fille. Dénué de tout effet-spécial ou presque (''l'évaporation'' de Zoya ou ce trou noir qui la ronge), Omni Loop est une grande réussite, toute en émotion et en sensibilité. Parfois intimiste sans jamais être rébarbatif mais aussi très ludique dans la forme que prend le montage du récit. L'on notera en outre la présence inattendue de l'acteur Harris Yulin dans le rôle du professeur Duselberg. Bref, Bernardo Britto réussit le pari de mêler drame et science-fiction. Une brillante démonstration portée par l'émouvante interprétation de ses deux principales protagonistes...

 

dimanche 15 décembre 2024

The First de Beau Willimon (2018) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Le funeste destin de la série The First m'évoque une chanson. L'Aquoiboniste de Jane Birkin. En fait, tout dans cette série américaine de science-fiction créée par Beau Willimon et diffusée pour la première fois sur la plateforme HULU renvoie ne serait-ce qu'au titre de cette sympathique mélodie écrite et composée par Serge Gainsbourg. Cet aquoibon dont se parent souvent les producteurs lorsqu'un programme cinématographique ou télévisuel ne remplit ni le cahier des charges, ni les poches de leurs créanciers ! Aquoibon donner aux spectateurs les premières miettes d'un concept fort encourageant, si peu original soit-il (la conquête spatiale vers la planète Mars étant devenue l’apanage de nombreuses séries et longs-métrages), pour ensuite leur retirer la fourchette, le couteau et l'assiette du ''délicieux'' plat qu'ils avaient devant leurs yeux. Si l'on se réfère à son seul titre, The First n'a d'emblée rien de très prometteur. Le premier. Okay, mais de quoi ? Par contre, si l'on suit le synopsis et la richesse que cache l'idée d'une colonisation de la Planète Rouge, là c'est autre chose. Et d'ailleurs, à ce sujet, la série démarre plutôt bien puisque d'emblée, nous sommes en 2033 et l'on assiste au décollage d'une fusée à destination de Mars... laquelle explose en plein vol, faisant ainsi d'une partie des spectateurs venus assister à l'événement, des familles endeuillées ! Dès lors, un procès va opposer ces dernières, les dirigeants de la société privée VISTA qui collabore avec la NASA ainsi que les membres du Congrès s'agissant de la pérennité du projet. L'on apprend également qu'il faudra patienter presque deux ans et la prochaine fenêtre de tir pour envoyer la prochaine fusée et son nouvel équipage à destination de Mars. Deux ans ! Et autant de raisons proprement absurdes pour les scénaristes de se concentrer presque exclusivement sur la caractérisation des personnages. Et c'est bien là que le bât blesse. Faisant ainsi des créateurs, des réalisateurs (Deniz Gamze Ergüven, Agnieszka Holland, Ariel Kleiman et Daniel Sackheim) et des scénaristes (Beau Willimon, AJ Marechal, Francesca Sloane, Francine Volpe, Julian Breece, Carla Ching et Christal Henry) les complices d'une œuvre presque mensongère. 

 

Du moins en ce qui concerne la forme sous laquelle va se présenter cette première saison qui selon les dires de celles et ceux qui l'ont découverte dans son intégralité (huit épisodes en tout) se passe exclusivement sur le sol terrestre. On n'en voudra évidemment pas aux auteurs de cette série mettant en scène l'acteur Sean Penn dans le rôle de l'astronaute Tom Hagerty et l'actrice Natascha McElhone dans celui de l'une des responsables du projet, Laz Ingram, d'avoir voulu accorder une très grande importance à la caractérisation des principaux personnages, mais de là à les garder les pieds sur Terre tout au long de la saison alors que les spectateurs ne rêvaient que de voir un groupe d'astronautes prendre son envol vers la Planète Rouge, on peut comprendre que ceux-ci se soient rapidement désolidarisés du concept, causant ainsi d'irrémédiables dommages sur la continuité de la série ! Aquoibon, donc, se farcir les affres des uns et des autres même si au moins un épisode s'avère émotionnellement très bien écrit (le second, intitulé Ce qui est nécessaire) ? Entre ce qu'attendaient les téléspectateurs et l'approche des scénaristes, forcément, cela ne pouvait pas matcher. D'autant plus qu'en terme d'émotion, justement, l'on passe d'un épisode très réussi à un autre dont le contenu est d'une faiblesse scénaristique crasse (le troisième, Cycles). Si l'on conjugue ainsi le propos mensonger qui voudrait que la série transporte ses protagonistes à plus de soixante millions de kilomètres de notre planète à des sous-intrigues dont la qualité d'écriture joue au yo-yo et varie donc selon leurs auteurs et leur inspiration, rien d'étonnant à ce que The First n'ait pas trouvé son public. Réduire ne serait-ce que de moitié l'exposition sur Terre pour ensuite lancer les personnages dans cette grande aventure spatiale qu'est la conquête de Mars aurait sans doute renversé la vapeur et nourrit l'espoir d'une seconde saison viable et riche en promesses...

 

lundi 9 décembre 2024

Slingshot de Mikael Håfström (2024) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Frère de l'acteur Ben Affleck, Casey Affleck multiplie les casquettes. Acteur, producteur, scénariste et réalisateur d'un premier long-métrage qui devrait bientôt voir le jour dans le courant de l'année 2025 sous le titre Far Bright Star, il incarne dans Slingshot un ambitieux astronaute prénommé John qui fut sélectionné pour une mission vers Titan, l'une des lunes de Saturne. Alors que le voyage dans l'espace a démarré voilà plusieurs mois, son placement en stase devient de plus en plus éprouvant. Réveillé par intervalles de quatre-vingt dix jours, il peut compter sur la participation de Nash (Tomer Kapon) et du capitaine Franks (Laurence Fishburne). Lors d'un énième réveil, John est le témoin d'un incident qui provoque des dommages ''superficiels'' sur la structure du vaisseau. En inspectant l'intérieur d'une trappe, il constate en effet qu'une paroi est déformée. À leur réveil, Nash et Franks ne constatent aucune anomalie mais le premier des deux commence à ressentir le besoin de faire chemin inverse vers la Terre. Une opinion que ne partage pas le capitaine Frank ni même John qui préfère se ranger du côté du commandant de bord. Au fil des périodes qui séparent les moments d'éveil des trois hommes de leur hibernation, les tensions montent entre eux. Imperturbable, Franks adopte une attitude posée. Son seul objectif : mener à bien la mission. Nash, lui, sombre peu à peu dans la paranoïa, persuadé que la mission est vouée à l'échec. Quant à John, il se réfugie constamment dans le souvenir de sa petite amie restée sur terre, Zoe (Emily Beecham)... Encore une œuvre de science-fiction concentrant une nouvelle fois son intrigue autour du voyage dans l'espace à destination d'un astre (ici, la lune Titan, laquelle est l'un des quatre-vingt deux satellites orbitant autour de la sixième des huit planètes de notre système solaire) proche de sa planète, Saturne. Et encore une fois, pour son dernier long-métrage, le réalisateur suèdois Mikael Håfström opte pour une observation minimaliste et claustrophobe des rapports humains et de leur environnement. Le principal cachet de Slingshot demeure dans ces quelques ''sorties extra-spatiales'' qui évoquent la relation entre John et Zoe.


Un couple qui cache moins ses ambitions que les sentiments qu'ils éprouvent l'un pour l'autre. En fait, des séquences qui servent aussi et surtout à remplir les vides d'un script qui sans elles tournerait à vide. Car ici, rien ne semble plus éloigné de la science-fiction ambitieuse des blockbusters américains que la vision de Mikael Håfström et de ses scénaristes R. Scoot Adams et Nathan Parker. La petitesse des décors est à l'aune du caractère anxiogène qu'imprime le réalisateur. Un huis-clos qu'un événement d'apparence anodine va rendre plus oppressant encore qu'il ne l'était déjà. Ici, la question des ressources permettant de survivre à un très long voyage dans l'espace est moins primordiale que la santé mentale des passagers d'une navette dont la conception est remise en question. Au fil du récit, le spectateur aura surtout l'occasion de comprendre que le point d'orgue de cette histoire somme toute commune tient moins dans le voyage vers Titan et dans sa réussite que dans les confrontations perpétuelles qui opposent John, Nash et le capitaine Franks. Slingshot prendra d'ailleurs un virage tout à fait inédit, crédibilisant ainsi la série de faits étranges qui se dérouleront sur place. Trente-quatre ans après avoir incarné Jimmy Jump dans le chef-d’œuvre d'Abel Ferrara, The King of New York et un quart de siècle après avoir interprété le rôle de Morpheus dans le premier volet de la tétralogie Matrix, Laurence Fishburne se fond dans la peau d'un commandant de bord trop posé, trop doux, trop raisonnable pour être tout à fait honnête. Plus qu'un voyage à des millions de kilomètres de notre planète, Slingshot ancre son récit dans l'esprit de son principal protagoniste et théorise sur les conséquences d'un voyage de plusieurs années loin de chez soit. Bien que la forme l'éloigne des grosses productions américaines gavées d'effets-spéciaux, Slingshot est une sympathique proposition de Space Opera, bien que très peu ouverte vers l'extérieur (seul le hublot de la passerelle permet à ses passagers d'avoir une vue de l'espace). Avec sa moustache, Ben Affleck nous rappelle certaines grandes heures de l'acteur Michael Biehn, lorsque le personnage qu'il incarnait dans Abyss de James Cameron était en proie au syndrome nerveux des hautes pressions...

 

dimanche 8 décembre 2024

Aniara : L'odyssée stellaire de Pella Kågerman et Hugo Lilja (2018) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

Premier long-métrage conjointement réalisé par Pella Kågerman et Hugo Lilja, Aniara : L'odyssée stellaire est une œuvre de science-fiction qui s'inscrit dans un contexte dystopique où une fois encore notre bonne vieille Terre est devenue inhabitable et où l'humanité est contrainte de devoir l'abandonner pour trouver une autre planète à coloniser. Inspiré par un poème écrit par le prix Nobel suédois, Harry Martinson, ce long-métrage en forme de long-voyage interstellaire lors duquel un événement va remettre en question les objectifs visés par l'équipage de l'Aniara, son commandant Cheffone (l'acteur Arvin Kananian) et les milliers de voyageurs qui comptent sur eux pour mener à bien le projet de colonisation de la planète Mars est, une fois mis en route, beaucoup moins prenant qu'il ne le paraissait sur le papier. Déjà, parce que le thème est loin d'être tout à fait inédit et ensuite parce que dans le genre, nombreux sont les films et leurs auteurs qui s'en sont sortis beaucoup mieux que nos deux réalisateur suédois. Pourtant auréolé du Prix du Jury au festival international du film fantastique de Gérardmer 2019, le résultat à l'écran ne rejoint pas les ambitions pourtant très clairement soulignées dans cet Aniara : L'odyssée stellaire dont le cheminement est en réalité beaucoup trop modeste pour faire oublier ou pour être comparable à la concurrence. À dire vrai, le scénario de Pella Kågerman et Hugo Lilja aurait dû viser un autre format que celui-ci. Plutôt une mini-série de cinq ou six épisodes d'une heure chacun ou une trilogie plutôt que ce condensé de science-fiction dystopico-spatiale qui sur à peine plus de cent-cinq minutes oblige ses auteurs à drastiquement réduire les enjeux sous formes d’ellipses. Mais imaginez donc : étalant le récit à partir du départ et lors d'un voyage qui ne devait durer que quelques semaines, voire quelques mois tout au plus, voilà qu'en conclusion de ce long-métrage qui malgré tout offre de bonnes intentions de la part de ses auteurs, Pella Kågerman et Hugo Lilja imaginent repousser le concept jusqu'à renvoyer le vaisseau Aniara jusqu'à sa cinq millions neuf-cent quatre-vingt mille quatre-cent septième année de croisière.


Le vaisseau étant devenu le sarcophage de ses hôtes tout en étant en approche de la constellation de la lyre qui, à titre d'information, se situe à deux-mille trois-cent années lumières de notre planète. Aniara : L'odyssée stellaire met principalement en scène les personnages de MR (Emelie Jonsson), d'Isagel (Bianca Cruzeiro), du commandant Cheffone et d'une astronome (Anneli Martini) à bord d'un gigantesque vaisseau empli de structures esthétiquement proches de celles que l'on trouve couramment sur Terre et permettant à ses passagers de vivre très convenablement. Centres commerciaux, amphithéâtres, piscines olympiques, salles de sport, etc... Bref, de quoi permettre aux deux réalisateurs de tourner un certain nombre de séquences sans avoir à faire appel à de quelconques effets-spéciaux. Et c'est bien là, l'un des problèmes du long-métrage. L'on a durant ces scènes, l'impression que l'intrigue situe son action non plus à bord du vaisseau de croisière mais quelque par sur notre planète. Ce qui n'empêche évidemment pas Aniara : L'odyssée stellaire d'offrir quelques sympathiques plans d'extérieur de l'espace et du vaisseau. Autre soucis. Les ellipses. À vouloir concentrer une intrigue étalée sur des décennies dans un film qui atteint pauvrement les cent-cinq minutes, il est difficile de ressentir cette impression de temps qui passe. Le film multiplie d'ailleurs les sous intrigues, rendant l'ensemble brouillon et surtout majoritairement inintéressant. Pella Kågerman et Hugo Lilja se sentent en outre obligés de remplir leur œuvre de séquences de sexe plutôt crues et donc forcément gratuites. L'engouement général pour Aniara : L'odyssée stellaire est de mon point de vue parfaitement incompréhensible. Les bonnes idées se bousculent mais malheureusement, le résultat à l'écran est très décevant. Mieux vaut se faire une piqûre de rappel en redécouvrant, au hasard, Passengers de Morten Tyldum, Sunshine de Danny Boyle ou comme l'évoquait ma compagne qui trouva lors de la projection, des similitudes, la série Cosmos 1999 dans laquelle, déjà, notre Lune dérivait dans l'espace...

lundi 18 novembre 2024

Night Drive de Meghan Leon et Brad Baruh (2019) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Premier long-métrage réalisé en collaboration entre la monteuse et scénariste Meghan Leon et le metteur en scène et producteur Brad Baruh, Night Drive est un thriller qui sent aussi bien le souffre et le cynisme de part l'attitude totalement détachée de son héroïne Charlotte (Sophie Dalah) fasse à l'adversité qu'il semble être un objet filmique apparemment mal dégrossi dans la conception de son script. En cause, plusieurs événements apparemment invraisemblables mais qui pourtant trouveront leur justification une fois enclenché l'étonnant dernier acte. Cours puisque n'excédant pas les quatre-vingt deux minutes, les deux réalisateurs mettent en place avec Night Drive, un récit dont le gros de l'action se situe à l'intérieur d'un véhicule conduit par Russell (AJ Bowen). L'inventeur d'une application qui depuis a revendu ses parts dans la société pour se reconvertir ensuite dans le VTC (ou Voiture de Transport avec Chauffeur). C'est donc par une nuit calme, à Los Angeles, qu'il accueille dans l'habitacle de son véhicule, Charlotte. Jeune femme aux oreilles percées, au regard plein de malice et surtout très généreuse avec le chauffeur auquel elle donne d'emblée cinq-cent dollars afin que celui-ci l'emmène là où elle le désire sans qu'il ne pose de questions. Lors d'un premier arrêt durant lequel Charlotte s'introduit dans une demeure pour en ressortir accompagnée d'une mystérieuse petite mallette, son ancien compagnon surgit par la porte principale, forçant ainsi la jeune femme et Russell à démarrer à toute berzingue pour s'en éloigner le plus rapidement possible. En direction de leur nouvelle destination, et alors que le chauffeur et sa cliente partagent des banalités, un homme traverse la route et se fait renverser. Ne sachant comment agir, Russell, dont la moralité se situe tout de même à quelques crans au dessus de celle de Charlotte, prend la décision de transporter le corps de la victime encore vivante jusqu'à un hôpital. Malheureusement, pour lui et la jeune femme, les choses ne vont faire que s'aggraver au fil de la nuit... Si l'idée qui entoure la première heure est séduisante quoique relativement rudimentaire, le cadre nocturne et donc l'ambiance générale du long-métrage offrent une plus-value au long-métrage de Meghan Leon et Brad Baruh.


L'on peut trouver repoussante la jeune Charlotte dont l'attitude montre une moralité plus que discutable face à l'horreur d'une situation qui ne cessera de dégénérer, face à un Russell paniqué. Difficile donc de s'attacher à cette jeune femme alors qu'il est déjà beaucoup plus simple d'éprouver de l'empathie pour le chauffeur VTC ! Sa courte durée permet à Night Drive d'éviter de trop s'appesantir et ainsi aller droit à l'essentiel. Difficile pari que de maintenir l'intérêt d'une œuvre dont les plans extérieurs sont rares et dont le décor principal est l'habitacle d'une voiture. Bien avant que les choses entrent dans l'ordre à la manière d'un puzzle où chaque pièce retrouverait la place qui lui convient, certaines situations paraissent être le fruit de carences scénaristiques rendant le tout improbable. Comme cet homme renversé qui pour Charlotte n'est pas tout à fait inconnu alors qu'il est quasiment inenvisageable que Russell ait pu croiser la route de cet individu qui finit étendu au sol devant le capot de sa voiture. Une coïncidence que le spectateur aura beaucoup de mal à digérer. L'un des points positifs du récit, ou du moins celui dont se servent avec ingéniosité les réalisateurs pour retenir leur public concerne cette boîte récupérée plus tôt dans la soirée par Charlotte et renfermant on ne sait quel ''trésor''. Un objet qui interroge forcément sur son contenu dont le spectateur est empressé de savoir de quoi il s'agit. Rien n'est ici plus éloigné que le concept de la mallette enfermant un magot. Car aussi étonnant que cela pourra paraître, ce qui jusque là arborait les atours d'un thriller somme toute presque anodin prend un virage si inattendu qu'on aurait sans doute apprécié qu'il intervienne un peu plus tôt lors du récit afin qu'il soit exploité à sa juste valeur. Une thématique loin d'être inédite puisque la science-fiction s'en est emparée à de très nombreuses reprises mais qui dans le cas présent demeurera une surprise pour la plupart des spectateurs. Au final,Night Drive se regarde avec plaisir mais ne laissera en revanche aucun souvenir impérissable. Le genre de nuit cauchemardesque dont l'efficacité n'est malheureusement de ce point de vue là, pas tout à fait atteinte...

 

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