Premier long-métrage
écrit et réalisé par le cinéaste polonais Piotr Biedron, W
Nich Cala Nadzieja que
l'on peut traduire par ''Tout
l'espoir est en eux''
mais qui à l'échelle internationale a été traduit sous le titre
The Last Human
met en scène ce que l'on suppose être l'une des toutes dernières
survivantes à une apocalypse mondiale. Une catastrophe d'ampleur
cataclysmique qui n'a permis qu'aux plus riches d'entre nous de fuir
la surface de notre planète à bord de fusées lancées à
destination d'une hypothétique planète pouvant les accueillir. Eve
(mouarf!) survit sur un plateau désertique situé dans les hauteurs
alors qu'en dessous, toute trace de vie a disparue. L'air y est
devenu irrespirable et ces territoires désolés sont désormais
devenus accessibles uniquement armé d'un masque à oxygène. Par
mesure de protection, cette base construite par le propre père de
l'héroïne il y a des années est gardée par Arthur. Un robot
programmé pour veiller sur la jeune femme mais dont le logiciel
interdit de tuer quiconque tente de pénétrer les containers
disposés sur place et qui font office d'abri. Cependant, Eve est
régulièrement contrainte de donner le change à Arthur à travers
des mots de passe qui changent tous les trois mois. Alors qu'elle
revient d'une expédition hors de la base, la jeune femme a oublié
que celui qui était encore actif le jour précédent a changé.
Inscrit à l'intérieur d'un fascicule qui regroupe les codes passés
et à venir, celui-ci est précieusement conservé dans l'un des
containers en question. Voici donc Eve incapable de donner le nouveau
mot de passe à Arthur qui désormais lui interdit l'accès à l'abri
ainsi qu'à tout ce qu'il contient ! Sous ses allures de
long-métrage de science-fiction dystopique banal en ce sens où il
regroupe des thèmes sur-employés et donc usés, le minimalisme
qu'arbore W Nich Cala Nadzieja
permet à son auteur de se concentrer essentiellement sur des
approches philosophiquement passionnantes.
Alors
que le film remporte en 2023 les Prix
Electrolux du meilleur film environnemental
et de la Meilleure
réalisation au festival du film polonais
ainsi que le Prix
Méliès au
Festival du film
de Trieste,
W Nich Cala Nadzieja
profite de l'occasion qui est donnée à son interprète féminine
pour interroger son personnage sur la question des Droits
de l'homme
s'agissant de l'accueil ou non d'une réfugiée dite ''politique''
alors qu'elle sera elle-même contrainte de supporter ce titre à des
fins de tromperie face à un robot dont le programme semble
inaliénable. C'est d'ailleurs là toute la complexité des rapports
que va développer le polonais, partant ainsi d'un postulat de base
où le ''passe-temps favori'' de notre héroïne sera de tenter
''d'humaniser'' la machine à travers toute une série de questions
dont les concepts demeurent encore très flous pour Arthur. D'où la
question : peut-on éduquer une machine pourtant programmée
pour des tâches bien définies ? Piotr Biedron répond à cela
à travers des attributions faites au robot et dont ce dernier est
inconscient des conséquences que peuvent avoir ses prérogatives.
Sans manichéisme ou presque, W Nich Cala
Nadzieja prend
la forme d'une science-fiction très intelligente où ne prévalent
ni l'action, ni les effusions de sang. Le réalisateur et scénariste
met donc en place deux personnages. D'un côté, Eve, qu'interprète
l'actrice Magdalena Wieczorek et de l'autre, Arthur, incarné dans
l'ombre par Jacek Beler puisque l'acteur n'y donne que de la voix.
Dans une esthétique cyberpunk plutôt sobre sous un soleil de plomb
martelant un plateau désertique qui aurait tout aussi bien pu
servir de point de vue en hauteur à la franchise Mad
Max
de l'australien George Miller, Piotr Biedron oppose la conscience
humaine à un programme informatique dont l'ambivalence donne parfois
le vertige. Où comment une jeune femme se retrouve coincée face à
une machine construite pour veiller sur elle mais lui interdisant
l'accès aux vivres pour défaut d'accession au nouveau mot de
passe ! La sobriété avec laquelle le cinéaste investit le
cadre lui permet de tout miser ou presque sur la relation entre la
femme et la machine. Entre la conscience organique faite de
discernement et un software prévu pour n'accomplir que les tâches
qui furent intégrées à son programme informatique. Brillant...
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