C'est en parcourant
l'excellente chaîne Youtube
du français Sylart que je suis tombé tout à fait par hasard sur sa
vidéo Enfermés 2 ans dans une bulle : l'expérience
qui a viré au cauchemar consacrée
à l'une des expériences humaines les plus incroyables. Celle de
Biosphere 2,
ce site expérimental qui dès 1987 et jusque en 1991 fut construit
dans le désert de l'Arizona avec pour projet d'enfermer huit hommes
et femmes à l'intérieur d'une gigantesque structure reproduisant
tous les climats et les types d'environnements de la planètes durant
deux années complètes. Une vidéo si fascinante qu'elle me poussa à
investiguer un peu plus loin afin de voir si oui ou non une fiction
avait été réalisée à partir de cette extraordinaire aventure.
Mais non, rien à me mettre sous la dent de ce côté là. Par
contre, en 2020 le cinéaste et documentariste américain Matt Wolf
réalisa le très complet Spaceship Earth.
Un documentaire revenant sur la genèse du projet Biosphere
2.
A travers de nombreux témoignages et constitué d'une grande
majorité d'images d'archives remontant jusqu'à la fin des années
soixante où le mouvement hippie était alors en plein essor,
Spaceship Earth
remonte un quart de siècle en arrière, lorsqu'à l'âge de dix-sept
ans, Kathelin Gray croise pour la toute première fois de son
existence John Polk Allen, un homme d'une cinquantaine d'années,
ancien ingénieur en métallurgie ayant développé des alliages dans
une aciérie lorsque ce jour là, il demande à l'adolescente ce
qu'elle fait. Kathelin lui tend alors l'ouvrage de l'écrivain
français René Daumal Le
Mont Analogue
dont le contenu la fascine tant et si bien qu'elle rêve de
reproduire le concept qui y est décrit pour sa propre existence. Le
roman ainsi que la rencontre entre Kathelin et John seront les clés
de voûte d'un projet qui ne verra le jour que vingt-cinq ans plus
tard. Mais d'ici à ce que sorte de terre Biosphere
2,
Spaceship Earth
remonte le temps et évoque non seulement la rencontre entre John et
kathelin mais également celle des futurs membres de l'expédition.
Naît alors une troupe de théâtre qui arpentera le monde entier, à
travers les quatre coins de la planète jusqu'en Antarctique, qui
organisera des conférences avec des scientifiques, des ingénieurs,
des hommes et des femmes qui comme eux sont préoccupés par l'avenir
de la Terre. Une planète que d'aucun d'entre eux considère alors
dans sa globalité comme une biosphère, ce qui explique que le
projet porta le nom de Biosphere
2
et non pas de Biosphere
1 !
Véritable
nid à autodidactes, l'équipe apprend par elle-même, parfois
secourue par des spécialistes. En 1969, l'architecte américain
Richard Buckminster Fuller conçoit un modèle de dôme géodésique
(dôme constitué d'un réseau de fenêtres de forme triangulaire
dont les charges sont réparties de manière harmonieuse) que John et
la troupe construisent ensemble. Parmi les projets précédant
l'ambitieux Biosphere
2,
John et son équipe participent en 1975 à la conception d’un
bateau océanographique nommé R/V
Heraclitus
dont le but est d'étudier les océans de la planète. Lorsque dans
les années quatre-vingt est lancée l'idée de construire dans le
désert de l'Arizona le site de Biosphere
2
dont les dimensions sont estimées à environ 1,30 hectares, John
fait la rencontre du pétrolier texan Ed Bass qui lui propose de
financer son projet à hauteur de cent-cinquante millions de dollars
à travers la société Space
Biospheres Ventures
qu'is
ont fondé tous les deux. La construction mettra quatre ans et le 26
septembre 1991, l'équipe constituée des huit bionautes Roy Walford,
Jane Poynter, Taber McCullum, Mark Nelson, Sally Silverstone, Abigail
Alling, Mark Van Thillo et Linda Leigh pénètre le site pour les
deux années à venir. Sans possibilité théorique de pouvoir entrer
en interaction avec le monde extérieur, les huit ''cobayes'' vont
devoir subvenir à leurs propres besoins par les moyens mis à leur
disposition en exploitant les ressources et sans jamais pouvoir
compter sur la moindre aide extérieure... Si le projet semble
extraordinaire et le concept particulièrement visionnaire, Spaceship
Earth
témoigne après un historique long d'une cinquantaine de minutes des
problèmes que rencontrèrent les bionautes formés autour d'un
médecin et de scientifiques spécialisés dans divers domaines. Un
documentaire qui témoigne également de certaines dérives
médiatiques qui eurent notamment une portée relativement importante
sur le moral du groupe et sur celui de John qui lui est demeuré à
l'extérieur de Biosphere
2.
Pour quiconque s'intéresse au sujet, le documentaire de Matt Wolf
est un puissant témoignage visuel et sonore sur une aventure
humaine, écologique, ambitieuse et fondatrice aux frontières de
''l'extraterrestrialité'' si vous me permettez ce néologisme. À
voir, donc, tout comme l'excellente vidéo de Sylart, d'ailleurs...
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