samedi 28 juin 2025

La fin du monde d'Abel Gance (1931) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

S'il n'a pas été le tout premier film parlant, La fin du monde d'Abel Gance n'est sorti que deux ans après Le chanteur de Jazz d'Alan Crosland. Première œuvre à faire entendre le son d'une voix, ce sont moins les personnages qui s'y exprimèrent clairement que celle ouïe durant les intertitres. Long-métrage de science-fiction mêlant romance, drame et catastrophe, La fin du monde est plus à proprement parler une œuvre d'anticipation. Abel Gance traite de son sujet à travers le portraits de personnages liés pour partie à la même femme. Geneviève de Murcie (Colette Darfeuil) est profondément attachée à Jean Novalic qu'incarne lui-même le réalisateur. Un homme fort amoureux de la belle mais qui selon sa condition sociale choisit de libérer sa place dans le cœur de la jeune femme au profit de son frère Martial (Victor Francen). Un astronome qui en consultant la nuit étoilée à travers un télescope géant situé dans un observatoire découvre qu'une comète se dirige tout droit vers notre planète. Selon ses calcules, le bolide s'écrasera sur Terre dans plusieurs mois. Tenue secrète jusqu'à maintenant, Martial se décide finalement à révéler sa découverte. Et ce, en partie pour nuire à un certain Schomburg. Homme de peu de morale, agrippé à l'idée de mettre Geneviève ''à son menu'', l'homme la viole lors d'un rendez-vous. Réfugiée chez son oncle, celui-ci lui conseille d'épouser Schomburg afin d'éviter tout scandale. Pendant ce temps, Jean intervient lors d'une dispute entre un père et sa fille. Gravement blessé et étendu sur le sol, Jean est aidé par un médecin (l'acteur Major Heitner) qui va le soigner. Pourtant, si physiquement le jeune homme parvient à se remettre de ses blessures, le docteur ne donne pas cher de son état mental... La fin du monde s'ouvrant sur la crucifixion du Christ, opère un astucieux travelling arrière qui fait état non pas d'une scène se déroulant en temps réel au moment ou Jésus fut crucifié mais bien d'une reconstitution de l'événement se situant sur les planches d'un théâtre ! Revenu de cette scène un peu longuette, Abel Gance plonge son personnage et tous ceux qui orbitent autour de lui dans un contexte où tout ou partie de la vie sur Terre doit s'éteindre.


Mais loin de justifier la thématique à travers le regard exclusif de ses protagonistes, le réalisateur développe la crise existentielle qui les enrobera bientôt, eux et le reste des habitants de notre planète. Créant ainsi l'idée d'une République Universelle formée autour de lois nouvelles auxquelles vont adhérer l'ensemble des nations. D'ici là, l'on assiste à la lente agonie de Jean, perdant peu à peu la tête tandis que Geneviève cherche désespérément le moyen de s'en rapprocher. Le personnage de Schomburg est foncièrement tyrannique, méprisant, au dessus des lois. L'apparat du riche homme d'affaires à qui rien ne résiste. L'entrée en bourse de Martial devenant ainsi le moyen le plus évident de défaire l'homme de son piédestal ! Œuvre éminemment ambitieuse dont on a pourtant du mal à envisager la portée qu'elle aurait pu ou dû avoir sur les spectateurs sachant qu'elle fut terriblement amputée (le film devait à l'origine durer plus de trois heures), La fin du monde explore avant les autres l'étude du comportementalisme chez l'homme et la femme face à une catastrophe d'ampleur mondiale à laquelle ils ont malheureusement peu de chance de survivre. Poétique et théâtrale, le romantisme chez Abel Gance est ici déployé sous une forme qui de nos jours paraît tout à fait surannée. La langue française prenant ainsi sa plus belle forme, entre déclarations d'amour enflammées et tragédie épicurienne dont les pires travers de la nature humaine s'exprimeront à intervalles réguliers. Lors de cette séquence de rue où Jean subit la foule alors même qu'il devrait être élevé au rang de héros. Une scène qui fait curieusement, mais dans une moindre mesure, écho au chemin de croix du Christ. Puis intervient ce dernier quart d'heure, témoignant justement de l'ambition d'Abel Gance. Cette profusion d'images provenant de diverses régions de la planète, jusqu'à la capitale française où les nantis se laissent aller à la luxure et la dépravation, entre débauche sexuelle et orgies de nourriture, tandis que dans les rues la panique s'empare des gens de petite condition. On rêve alors d'une version intégrale, sans doute perdue à jamais, et qui aurait probablement évité au long-métrage d'être accueilli si froidement à l'époque de sa sortie...

 

jeudi 29 mai 2025

The Silent Sea de Choi Hang-yong (2021) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

L'intrigue de la série sud-coréenne The Silent Sea (Goyo-ui Bada dans sa version originale) déplace ses personnages dans un futur plus ou moins lointain prenant pour cadre une station lunaire alors que sur Terre, l'eau a presque totalement disparue et se trouve désormais rationnée. Quelques rares images de notre planète sont exposées à l'écran tandis que la très grandes majorité des séquences se situent donc à bord de la station située aux abords de la Mer de la Tranquillité et où une première équipe de scientifiques fut envoyée cinq ans auparavant afin d'y effectuer des recherches. Un nouveau groupe d'astronautes est envoyé sur place et après avoir connu une grave avarie qui a condamné leur navette à disparaître au fond d'un gouffre, le chef de mission Han Yoon-jae (Gong Yoo) et les autres membres de l'expédition se rendent à la station. Remplissant in-extremis leurs réserves d'oxygène, ils découvrent tout d'abord que l'équipe de la précédente mission est passée de vie à trépas pour des raisons qui demeurent encore inconnues... Parmi les membres du nouvel équipage, l'on retrouve notamment l'astrobiologiste Song Ji-an (Bae Doona), le pilote de la navette Kim Sun (Lee Sung-Wook) ou encore le docteur Hong Ga-yeong (Kim Sun-young)... Créée par le réalisateur, scénariste et acteur sud-coréen Choi Hang-yong, la série est constituée de huit épisodes particulièrement inspirés par certains classiques de la science-fiction mêlant le genre à l'horreur et l'épouvante. Et deux longs-métrages en particulier puisque Alien de Ridley Scott et sa première séquelle Aliens réalisée quant à elle par James Cameron semblent avoir très fortement influencé le scénariste Park Eun-kyo. Dans la mesure où le spectateur est fan du premier, The Silent Sea va lui permettre de retrouver le climat anxiogène du chef-d’œuvre du cinéaste britannique en ce sens où le cadre et l'ambiance générale de la série retranscrivent plutôt fidèlement ceux du premier volet de la franchise mettant en scène le célèbre xénomorphe. En dehors de quelques espaces où les éclairages sont demeurés intacts, la plupart des coursives que vont explorer les membres de l'équipage seront plongés dans une obscurité à peine troublée par la présence de lampes-torches. En ce sens, Choi Hang-yong rempli parfaitement le contrat s'agissant d'instaurer une certaine angoisse tout au long d'une série qui cependant, aurait sans doute mérité d'être concentrée non pas en huit épisodes mais en seulement cinq ou six.


En effet, bien que les personnages, tous parfaitement campés, nourrissent chacun à leur manière le récit et bien que le principe d'exploration d'une base lunaire plongée dans le noir et d'une enquête menant à la résolution d'un phénomène aux conséquences désastreuses cultivent un réel intérêt pour l'intrigue, la redondance n'est pas loin. Malgré tout, The Silent Sea diffuse au compte-goutte quelques couches supplémentaires de sous-intrigues qui lui permettent de tenir la route ''PRESQUE'' jusqu'à sa conclusion. Recherche de la sœur disparue lors de la première mission (celle de Song Ji-an, Song Won-kyeong, incarnée à deux âges différents par les actrices Kang Mal-geum et Gong Jin-seo). Enqueête scientifique. Double-jeu... The Silent Sea évoque donc les recherches menées cinq ans en arrière par la précédente équipe de chercheurs, lesquels mirent à jour une eau dont les propriétés pourraient permettre de redonner espoir à l'espèce humaine. Une substance pourtant non dénuée d'effets secondaires dévastateurs comme purent le découvrir les téléspectateurs dès la mise en ligne de la série sur Netflix en décembre 2021. Jouant tout d'abord énormément sur le climat oppressant des installations lunaires, la série vire ensuite à l'horreur à travers une présence visiblement hostile et très attachée au seul élément liquide présent sur la station. D'où le rapport avec Aliens de James Cameron puisque la venue du personnage de Luna 073 (l'actrice Kim Si-a) semble cette fois-ci directement se référer à la gamine prénommée Newt (incarnée alors en 1986 par la jeune Carrie Henn dont il s'agira d'ailleurs de la seule présence sur grand écran avant de ''donner de la voix'' pour le film d'animation de L. Ruhland Thunder Island en 2020). Comment, en effet, ne pas ressentir le rapport entre la Luna 73 (en fait, l'un des nombreux clones ayant servi de cobayes cinq ans plus tôt) et l'astrobiologiste Song Ji-an comme une nouvelle itération de la relation qu'entretint Newt avec l'héroïne de la saga Alien incarnée alors par l'actrice américaine Sigourney Weaver, le lieutenant Ellen L. Ripley ? Bref, The Silent Sea est bourré de qualités. Mais est parfois engoncé dans une certaine répétitivité et dans une accumulation d'invraisemblances que l'on ne pourra cependant pas lui reprocher. À part sans doute cette fin un peu niaise et pour le coup, terriblement improbable. N'ayant pas connu le même succès que les grosses franchises notamment à l'effigie de l'excellent Squid Game, il semble peu probable que les fans (et il y en a) voient débarquer un jour une seconde saison pourtant très attendue...

 

samedi 10 mai 2025

The Assessment de Fleur Fortuné (2025) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Après avoir consacré les quinze dernières années à mettre en scène des courts-métrages et des clips vidéos, la réalisatrice et scénariste française Fleur Fortuné a mis en boite son premier long format en 2024. Intitulé The Assessment sur le plan international et L'évaluation dans nos contrées, le film met en scène un couple désirant concevoir un enfant par grossesse extra-utérine (seule technique autorisée par l'état). À une époque où les ressources mondiales se sont épuisées et où vivre en dehors d'immenses dômes protecteurs est devenu périlleux, Mia et Aaryan acceptent de suivre un test psychologique consistant à accueillir chez eux et durant sept jours une évaluatrice qui va devoir confronter le couple à différents types de situations. Dans un cadre ultra-moderne et pourtant relativement peu ''connecté'', la cinéaste française met en scène ses interprètes dans un contexte qui semble avoir été mille fois traité sur grand écran. En ce sens, l'arrivée de l'évaluatrice Virginia ne paraît pas vraiment diverger de ces situations qui à de nombreuses fois sur grand écran ont confronté des couples à des individus hostiles, fait de chair et de sang ou conçus pour améliorer les conditions de leurs propriétaires. Mais très rapidement, The Assessment s'impose comme une valeur sûre dans les domaines de la science-fiction dystopique, le drame et même, l'épouvante comme les spectateurs pourront le découvrir tout au long du récit. Le couple est formé à l'écran par l'américaine Elizabeth Olsen et le britannique Himesh Patel. Quant à la jeune femme qui bientôt va scrupuleusement étudier leur comportement, elle est incarnée par l'actrice suédoise Alicia Vikander. Si ses partenaires sont excellents, l'intérêt du long-métrage repose en grande partie sur l'interprétation de cette dernière, absolument saisissante dans le rôle de cette évaluatrice rigide et qui cache visiblement certains troubles du comportement. The Assessment évoque donc nombre de films portant sur divers sujets tous réunis autour de ce trio et du décor quasiment exclusif bâtit autour d'une luxueuse demeure et d'une plage de sable noir. Si les intérieurs ont été tournés à Cologne en Allemagne, les extérieurs ont quant à eux été filmés dans la partie nord de Tenerife, une île espagnole qui doit la couleur noire de son sable à son origine volcanique. Quel prix est-on près à payer pour obtenir le droit de concevoir un enfant ?


C'est en partie la question à laquelle tente de répondre Fleur Fortuné qui sur la base d'un scénario écrit par Nell Garfath Cox, Dave Thomas et John Donnelly développe un récit qui fait froid dans le dos et fait appel à l'intrusion d'une tierce personne. Véritable jeu de massacre psychologique pourtant bien plus profond qu'il n'y paraît, The Assessment dérange en ce sens où le spectateur peut très bien imaginer qu'une telle situation puisse survenir un jour prochain. La réalisatrice renforce le script de quelques éléments secondaires qui peuvent paraître à l'origine comme des ajouts subalternes mais qui au fil du temps prennent en réalité tout leur sens. Si Eizabeth Olsen et Himesh Patel interprètent parfaitement leur rôle d'éventuels futurs parents soumis aux desiderata de leur ''invitée'', c'est donc bien Alicia Vikander qui retient toute l'attention du spectateur. Tantôt froide, austère, inflexible et tantôt immature, têtue et destructrice (l'actrice se mettant ainsi dans la peau d'une jeune enfant turbulente afin de tester la résistance du couple), la suédoise marque forcément les esprits. Tout comme le scénario, pervers, limpide, astucieux, ambitieux et mature. En reprenant certains codes du film de science-fiction post-apocalyptique tout en les survolant d'un point de vue strictement superficiel lors du final (le film aurait effectivement mérité de se terminer dans l'antre d'Aaryan ou même quelques minutes auparavant lors la séquence découlant du bouleversant climax entre Mia et Virginia), la réalisatrice empêche son œuvre d'atteindre la perfection. L'une des principales qualités est par contre ici la sobriété avec laquelle la réalisatrice française nous conte ce véritable cauchemar psychologique. Sans jamais se laisser aller à la facilité de l'effet choc tant redouté, The Assissment ne tombe jamais dans les débordements graphiques, ceux-là même qui auraient pu condamner son œuvre à n'être qu'un film d'horreur de plus sous couvert de traiter en premier lieu un sujet fort et ambitieux. Bref, si vous avez pour habitude de détourner le regard lorsque sont accolés ensemble les termes ''Science-fiction'' et ''Prime Video'', faite une exception et plongez-vous sans craintes au cœur de cette redoutable histoire. Une chose est en tout cas certaine : c'est avec une très grande attention que l'on scrutera les prochains travaux de la réalisatrice française Fleur Fortuné...

 

lundi 5 mai 2025

El Eternauta de Bruno Stagnaro (2025) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Lorsque débarque une nouvelle série de science-fiction se pose en général tout un tas d'épineuses questions. Mini-série ou première d'une foule de saisons étendues sur plusieurs années ? Les spectateurs qui découvriront El Eternauta de Bruno Stagnaro auront très rapidement la réponse à cette question puisque l'invasion extraterrestre promise par cette nouvelle incartade dans la science-fiction va tarder à se présenter devant notre écran. Débutant sur une idée savamment orchestrée à l'origine par le scénariste de bande dessinée argentin Héctor Oesterheld et par son compatriote et dessinateur Francisco Solano López dans le courant des années cinquante, El Eternauta s'ouvre sur un étrange phénomène. Alors que l'action se situe en plein été, la neige se met à tomber et recouvre d'un blanc manteau le quartier de Buenos Aires où va être principalement développé le récit. C'est là que nous découvrons Juan Salvo (Ricardo Darín), un ancien vétéran qui en compagnie de trois amis et d'un quatrième larron dont la présence n'était pas attendue par la plupart d'entre eux s'apprêtent à jouer aux cartes. Les cinq hommes vont alors être les témoins de ce curieux phénomène qui de prime abord semble être accompagné d'un Mal invisible puisque quiconque entre en contact avec le moindre flocon de neige meurt instantanément ! Il devient donc urgent pour Juan, son meilleur ami Alfredo Favalli (César Troncoso), leurs compagnes respectives (Carla Peterson et Andrea Pietra dans les rôles d'Elena et Ana) et leur amis de se protéger de la tempête de neige incessante qui tombe sur la ville. Il faut bien comprendre tout d'abord que seuls le contact avec la neige est mortelle. Contrairement à l'atmosphère qui elle semble n'avoir pas d'impact sur la survie de la population. Une fois le concept adopté, l'on comprend mieux pourquoi certains se promènent à l'air libre protégés tandis qu'à quelques mètres de distances, d'autres paraissent n'avoir pas besoin de porter des masques à oxygène. Autre question que l'on se pose en général dans ce genre de situation : quelle apparence vont arborer les envahisseurs ? Va-t-on avoir une nouvelle fois le droit à des créatures insectoïdes ? Rendant ainsi caduque toute crédibilité lorsqu'il s'agit de les concevoir comme étant des intelligences extraterrestres dotées de capacités intellectuelles et physiques hors norme ? Si les trois premiers des six épisodes que constitue cette première saison se concentrent sur l'aspect survivaliste d'un tel événement, à l'issue du troisième l'on devine la silhouette d'un envahisseur que l'on serait tenté de rapprocher du fameux xénomorphe de la franchise Alien.


Une impression rapidement balayée puisque dès le quatrième, Bruno Stagnaro ne fait plus aucun mystère de leur apparence en nous les livrant en plein jour. Et là... comment dire..... Impossible de rester de marbre et de ne pas pouffer de rire devant la grotesque apparence des dits envahisseurs. Arborant la même silhouette que le fameux bousier, ce coléoptère coprophage connu pour former des boules d’excréments qu'il fait rouler à l'aide de ses pattes arrières, on se demande automatiquement comment de telles créatures, si physiquement sommaires, pourraient concevoir des vaisseaux ou même plus simplement comment ils pourraient les piloter. Fort heureusement, la réponse vient de la bouche d'Alfredo, lequel suppose que les véritables envahisseurs ne sont probablement pas ces bestioles ridicules prenant la forme de gigantesques insectes mais des entités qui pour l'instant comptent sûrement sur la toxicité de la neige et ce que l'on pourrait donc comparer à des ''chiens de chasse'' venus d'ailleurs pour contrôler l'humanité jusqu'à ce qu'ils se décident enfin à venir nous faire un belliqueux petit coucou. Au vu de l'évolution du récit, de la lenteur avec laquelle le créateur de la série prend son temps pour développer des personnages qu'il ne cesse d'ajouter les uns après les autres au fil des épisodes, bien avant que le sixième épisode ne vienne clôturer la saison, on devine que la plupart des questions que l'on se pose ne trouveront pas encore de réponses. Il faut s'accrocher. Car la première moitié des épisodes évolue sur un rythme quasi lymphatique. Heureusement, El Eternauta peut compter sur une très convaincante incarnation de ses personnages ainsi que des décors enneigés et post-apocalyptiques très convaincants. Bien qu'étant antérieur à cette vague de séries reposant sur des invasions extraterrestres ou sur différents cas de survivalisme en terre hostile puisque la série de bandes-dessinées qui est à l'origine de cette série remonte à près de soixante-dix ans, El Eternaute reprend les grandes lignes des plus célèbres d'entre elles. Notons enfin que le sixième épisode offre l'espoir d'une évolution de la série allant dans le bon sens. Avec son approche rappelant quelque peu le mythique L'invasion des profanateurs de Philip Kaufman et le visuel très succinct de ce à quoi pourraient réellement ressembler les envahisseurs, on peut d'ors et déjà compter sur une seconde saison pleine de promesses...

 

dimanche 27 avril 2025

Night of the Skinwalkers de Michael Szymczyk (2024) - ★★☆☆☆☆☆☆☆☆

 


 

Dans le flop 10 des films de science-fiction mettant en scène une invasion extraterrestre, Night of the Skinwalkers est l'un des plus sérieux concurrents. On pourrait même envisager de le mettre dans un flop 5, voire 3 tant l'expérience s'avère pénible. Mais pour être tout à fait honnête, le long-métrage de Michael Szymczyk n'entre pas vraiment dans cette catégorie de films. En effet, comme l'apprendront à leurs dépends certains des protagonistes du récit et par là-même les spectateurs, tout ou partie de ce qui va se produire lors du déroulement de l'intrigue ne s'avérera être qu'une supercherie. ''Oh ! Le salaud ! Il vient de nous balancer le seul et unique twist qui aurait pu relancer l'intérêt de cette authentique purge !'' auriez-vous le droit de penser. Mais rassurez-vous. Night of the Skinwalkers est tellement mauvais qu'il est plus que probable que vous mettiez un terme à sa projection bien avant que vous n'ayez l'occasion de découvrir que l'affiche et le synopsis n'ont fait que vous tromper au même titre que la plupart des personnages qui évoluent au sein de l'histoire ! Sachez tout d'abord que le film n'a rien à voir avec le concept de The Secret of Skinwalker Ranch, cette série de télé-réalité qui met en scène depuis maintenant cinq ans un certain nombre de personnes enquêtant sur d'étranges événements s'étant produits dans le Ranch Skinwalker situé dans l'Utah et connu pour avoir été le théâtre de nombreux événements paranormaux et celui de rencontres extraterrestres. Pourtant, après avoir subit une première partie excessivement chargée en dialogues ineptes, les spectateurs de Night of the Skinwalkers découvriront plus tard qu'un lien aussi ténu soit-il relie le long-métrage à l'émission de télé-réalité ! Pour commencer, il faut savoir que le terme de Skinwalker provient de la culture indienne prétendant qu'un chaman hostile prendrait l'apparence de différents animaux en leur volant leur peau. Une légende qui dans le cas des extraterrestres leur permettrait donc de prendre l'apparence d'un humain afin de se fondre au sein de la population. Ceci dit, le titre du long-métrage s'avère tout d'abord en accord avec son contenu tant que Michael Szymczyk cherche à nous faire croire que les quatre couples que forment les interprètes à l'écran vont effectivement être les témoins d'événements pour le moins très inhabituels.


Durant trois bons quarts-d'heure l'on assiste à une succession de palabres d'une affligeante platitude évoquant tantôt l'économie mondiale, les relations de couples et autres discussions formant un Gloubiboulga faisant acte de remplissage. Un ramassis de dialogues récités par des acteurs si médiocres que toute tentative d'instaurer un climat de tension est vouée à l'échec. Ici, rien ne va. Du montage en passant donc par l'interprétation et jusqu'à la mise en scène et les qualités visuelles du long-métrage, rien ne laisse espérer que l'on va vivre une expérience hors du commun. Pourtant, l'idée de départ n'est pas foncièrement mauvaise. Quatre couples réunis dans un chalet et dont l'un est formé par un ménage au comportement singulier. Une jeune femme relativement nerveuse accompagnée d'un petit ami ridiculement vêtu d'un costume de tyrolien dont on apprendra par la suite qu'il est victime de troubles schizophréniques. À la suite d'une panne de véhicule, ils seront chaleureusement hébergés par les six autres personnages et invités à partager quelques collations ainsi qu'un dîner lors duquel, le schizo en question se comportera comme un sagouin en mangeant avec les doigts. Une attitude qui n'inquiétera pourtant pas grand monde. Renvoyés à bord de leur véhicule après avoir été endormis à l'aide de somnifères introduits dans un dessert, une lueur verte signifiera l'enlèvement de la jeune femme, disparue au petit matin. Durant la nuit, les trois autres couples auront été à leur tour les témoins d'étranges faits. Apparition d'un extraterrestre, objets disséminés aux environs de la cuisine. Bref, il semblerait bien que nos protagonistes soient au cœur d'un film de science-fiction comme il en existe tant. Survient alors le fameux twist qui révèle que tout n'était qu'une mise en scène au profit d'une équipe de tournage planquée dans la cave et filmant les événements afin de produire une émission de télé-réalité ! Si l'idée était séduisante, le résultat à l'écran est un désastre. C'est laid, mal joué, chiant au possible et très mal construit. En outre, le réalisateur semble n'avoir pas écrit la fin de son scénario puisque Night of the Skinwalkers se conclut en eau de boudin. Le long-métrage de Michael Szymczyk ressemble à ces légions de films fauchés et amateurs produits à la chaîne sur le territoire américain. Aucun intérêt !

 

vendredi 25 avril 2025

Explorer from Another World de Woody Edwards (2024) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

En 1996 sortait sur les écrans Independence Day de Roland Emmerich. Une œuvre de science-fiction dégoulinant d'un patriotisme américain parfaitement insupportable ! Six mois plus tard, le réalisateur Tim Burton voyait son Mars Attack ! sortir à son tour dans les salles de cinéma. Une œuvre considérée alors comme la réponse au film de Roland Emmerich alors même que le tournage débutait avant même que son concurrent direct n'ait vu le jour dans les salles obscures. De l'un comme de l'autre, je n'ai conservé qu'un piètre souvenir. Le premier forçant un peu trop le caractère héroïque de son chef d'état tandis que l'humour du second m'avait laissé totalement froid. Alors que le 5 novembre prochain est prévue la sortie du nouveau volet de la franchise Predator (dont la créature arborera semble-t-il désormais un visage quelque peu ''humanisé'' totalement grotesque), abordons plutôt Explorer from Another World de Woody Edwards. Un artiste complet qui s'est lui-même chargé de l'écriture, de la réalisation, de la bande musicale et qui en outre s'est offert l'un des rôles à l'écran. Il s'agit là d'un moyen-métrage n'excédant pas les quarante-cinq minutes. Un format, au fond, idéal, qui va droit au but et laisse de côté tout le superflu d'un sujet tel que celui d'une invasion extraterrestre. Un sujet, il est vrai, maintes fois traité à l'image mais qui dans le cas de Explorer from Another World a pour principal intérêt son aspect visuel. Car plutôt que de concevoir une œuvre projetant ses personnages dans un futur plus ou moins proche et dotés d'outils technologiques actuels, Woody Edwards préfère se tourner vers un passé plus ou moins lointain. À une époque où naïvement, le cinéma de science-fiction outre-atlantique supposait l'existence d'une race d'aliens provenant de la planète Rouge. Mars, laquelle avait fait l'objet en 1986 d'un sympathique Invaders from Mars, réalisé par l'auteur du cultissime Massacre à la tronçonneuse Tobe Hooper, lequel plongeait son intrigue dans une époque qui rappelait sans cesse la filiation du long-métrage avec celui de William Cameron Menzies, Les Envahisseurs de la planète rouge sorti quant à lui en 1953 et dont le film de Hooper fut le remake. Ce dernier rendant ainsi hommage à cette flopée de films de science-fiction paranoïaque qui fit florès dans les années 50 et 60 !


Une œuvre pourtant en demi-teinte dont les qualités pourtant intrinsèquement liées à son style visuel ne firent pas que des adeptes. Parions qu'en ce qui concerne Explorer from Another World, la donne sera différente. Car si ce récit des habitants d'une petite localité américaine confronté à un envahisseur d'une autre galaxie particulièrement belliqueux ne développe qu'un script réduit à sa plus simple expression, la méticulosité du travail accompli par son auteur force le respect. Car bien que l'image brille de couleurs un peu trop chamarrées pour véritablement donner la sensation que le film pourrait être une œuvre retrouvée parmi les archives concentrant des bobines datant des années 50 ou 60, Woody Edwards a pris conscience de l'importance de rappeler aux spectateurs tout ce qui se rattache à l'époque où s'inscrit le récit. De la simple paire de lunettes, en passant par les décorations intérieures et jusqu'aux fameux pistolet-laser et soucoupe volante dont tout extraterrestre digne de ce nom se doit d'être accompagné, Explorer from Another World parvient généralement à faire illusion. Jusqu'à la partition musicale typique de ces années là. Tout au plus regretterons-nous quelques fautes de goût. Comme ces perruques qui semblent avoir été fabriquées en Chine avant d'être exportées sur le territoire américain par des sites tels que Wish, Alibaba ou Temu ! En dehors de ces quelques digressions esthétiques, Explorer from Another World est un régal pour les yeux des spectateurs ivres de nostalgie. Certains apprécieront d'ailleurs sans doute les quelques escapades dans le domaine de l'horreur à travers ses excès gore. Renvoyant ce moyen-métrage au temps de la glorieuse époque où Bad Taste de Peter Jackson et Street Trash de Jim Muro virent le jour. Pour un coup d'essai, Woody Edwards réussi le pari d'allier science-fiction vintage (et non pas rétro-futuriste en ce sens où le film ne relie jamais l'esthétique des années 50-60 à notre époque), flots d'hémoglobine (dont certains semblent avoir été inspirés par les épanchements sanguins provenant d'Asie) et humour. Bref, si vous aimez la science-fiction, l'horreur, la comédie et que vous vous impatientez en attendant la sortie en fin d'année du prochain Predator, jetez donc un œil à ce moyen-métrage très sympathique....

 

lundi 31 mars 2025

Transformations de Jay Kamen (1988) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Parmi les nombreuses productions estampillées Empire International Pictures l'on trouve Ghoulies de Luca Bercovici, Troll deJohn Carl Buechler, TerrorVision de Ted Nicolaou, From Beyond de Stuart Gordon, Crepozoids de David DeCocteau, Intruder de Scott Spiegel ou encore Prison de Renny Harlin. De la série B, voire X, Y ou Z dans le meilleur et le pire des cas. Transformations de Jay Kamen se trouve à lisière des uns et des autres, mêlant comme parfois chez le distributeur Charles Band, différents univers empruntant à la science-fiction, l'horreur ou le fantastique. Dans des décors que l'on raccordera parfois à ceux des séries L'âge de cristal et Battlestar Galactica, l'astronaute John Wolf (Wolfgang Shadduck dans la version originale) est aux commandes d'une navette qui vient s'échouer à la surface de la colonie pénitentiaire Hephaestus IV. Une planète qui ''accueille'' en majorité des criminels exilés afin d'y travailler de force dans des mines. Là, John Wolf (Rex Smith) fait la connaissance de la très jolie Miranda (Lisa Langlois). Jeune infirmière née illégalement sur Hephaestus IV . En effet, alors que les femmes transférée à la surface de la planète sont en général stérilisées pour ne pas avoir d'enfants, la mère de Miranda fut épargnée par le médecin qui s'occupa d'elle durant sa grossesse. Aujourd'hui infirmière devant assumer seule les soins des habitants de la planète, la jeune femme est chargée de veiller sur John, lequel est contraint de demeurer sur place jusqu'à la réparation de sa navette. Les règles ici sont simples : à la première transgression des lois qui régissent Hephaestus IV, c'est la mort. Ce qui n'empêchera pas notre vaillant héros de quitter sa chambre d’hôpital pour aller faire un tour dans le bar de la station...L'on découvre un chaud lapin en la personne de John. Il faut dire que tout autant qu'elles soient grimées comme des créatures humanoïdes vaguement extraterrestres, les actrices sont souvent d'une grande beauté et d'un physique agréable. John va en profiter pour s'assurer que son ''matos'' fonctionne encore depuis qu'il a atterri sur la planète. Mais ce que lui et les habitants de Hephaestus IV ne savent pas encore, c'est qu'il est atteint d'une étrange maladie particulièrement contagieuse qui provoque une horrible mutation. La ''Transformation'' du titre, laquelle est en relation directe avec un ''rêve'' étrange qu'il fit à bord de son engin... Travaillant plus tard sur la supervision sonore de longs-métrages populaires comme À la poursuite d'Octobre Rouge de John McTiernan, Mort ou vif de Sam Raimi ou encore Independence Day de Roland Emmerich, Jay Kamen a durant sa carrière, multiplié les casquettes :


Monteur, auteur d'une bande originale pour le court-métrage Not Your Time qu'il réalisa lui-même en 2010, producteur et parfois même acteur pour son propre compte, le réalisateur signe avec Transformations une comédie de science-fiction horrifique visiblement à petit budget. Comme semblent l'indiquer les décors et les costumes. Techniquement largué, le long-métrage est un salmigondis d'idées et d'approches visuelles et esthétiques empruntées ici et là, que l'on retrouve donc parfois dans les séries évoquées plus haut mais aussi dans ce qui deviendra beaucoup plus tard l'un des fonds de commerce de la science-fiction sur grand écran : la dystopie. S'il n'est pas le premier à évoquer l'hypothèse de transformer une planète en prison puisque John Carpenter en avait déjà posé les bases avec le génial New-York 1997 en 1981, il précède de quatre années le ALIEN³ de David Fincher qui ne sera donc réalisé que quelques années plus tard ou ces films futuristes qui prennent pour cadre des prison spatiales comme Fortress 2 : Réincarcération de Geoff Murphy en 2000, Dante 01 de Marc Caro ou Lock Out (Sécurité maximale) de James Mather et Stephen St. Leger. Transformations fait œuvre de parent pauvre du genre et n'apparaît donc pas très sérieux. D'autant plus que le personnage incarné de manière plutôt légère par Rex Smith n'arrange pas les choses. Notons que parmi les interprètes secondaires l'on retrouve l'acteur Patrick Macnee, rendu célèbre pour le rôle de John Steed dans la série télévisée britannique Chapeau melon et bottes de cuir dès le début des années 1960 en Angleterre. Doté d'effets-spéciaux parfois cradingues directement liés à la lente mutation du héros ou à la créature qui en est directement la cause, le film de Jay Kamen n'est pas déplaisant à regarder. Et ce, même si les quelques séquences ''horizontales'' sont filmées sans trop d'engouement. On rêve à l'idylle entre John et Miranda qui décidément envoûte par son charme. Une Miranda qui, dans la version française, change subitement et étrangement de prénom pour s'appeler ensuite Muriel ! Bref, Transformations est une petite série B sympathique qui mérite d'être découverte... une fois, pas deux !

 

mardi 11 mars 2025

Companion de Drew Hancock (2025) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Pour son tout premier long-métrage, le réalisateur et scénariste américain Drew Hancock a signé l'une meilleures surprises de ce début d'année 2025. Difficile en effet de n'y point voir un mélange des genres si intelligent que Companion réunira aussi bien les amateurs de comédies, de thrillers que certains fans de science-fiction. Il va par contre dès le départ falloir se faire à l'idée de ne surtout pas avoir la curiosité de jeter un œil à la bande-annonce. Pire, une fois que l'erreur aura été commise, certains twists survenant lors du récit n'auront pas tout à fait la même saveur. Il devient par conséquent assez compliqué d'évoquer Companion sans être contraint d'en révéler certains soubassements. Dès lors, quel type d'informations peut-on divulguer sans se retrouver sous un flot d'insultes lancées par celles et ceux qui ne l'auraient pas encore découvert ? Et bien pour commencer, que le film budgété à hauteur de dix millions de dollars est tout d'abord incarné par la très craquante Sophie Thatcher qui à l'image interprète Iris, la compagne de Josh (Jack Quaid, fils des acteurs Dennis Quaid et Meg Ryan) dont elle est follement éprise. Le couple est convié à retrouver trois amis dans la luxueuse propriété d'un certain Sergey (Rupert Friend), un riche homme d'affaire qui les accueille donc chez lui pour quelques jours. Iris est angoissée à l'idée de se retrouver ainsi en réunion. D'autant plus que la compagne de leur hôte (Megan Suri dans le rôle de Kat) l'accueille assez froidement. Pour compléter le tableau, Eli (Harvey Guillén) et Patrick (Lukas Gage) forment un couple homosexuel lui aussi très amoureux. Je sais déjà ce que certains penseront d'emblée au fil du récit. Déployant une configuration qui semble entrer de plain-pied dans la mouvance Woke, Companion se satisfait suffisamment de son ton très second degré pour que l'approche semble-t-il parfois très opportuniste ne gâche absolument pas le spectacle. Tourné dans un cadre aéré et lumineux, le long-métrage de Drew Hancock démarre donc comme une sempiternelle réunion de camarades qui le temps d'un week-end feront la fête avant que ne survienne un imprévu. Sauf que la voie que choisi l'auteur est beaucoup plus nuancée. Bon, maintenant, très chers amis, permettez-moi d'en révéler un peu plus sur son contenu. Et si vous ne l'avez pas encore vu, je vous conseille d'arrêter tout de suite la lecture de cet article.


[SPOIL]. Dès le lendemain de leur arrivée chez Sergey, Josh conseille à Iris d'aller se détendre au bord du lac qui jouxte la propriété. Rejointe rapidement par l'hôte des lieux, celui-ci se montre particulièrement entreprenant. Témoignant d'ailleurs de la complicité de sa compagne Kat et du petit ami d'Iris ! Agressée sexuellement puis étranglée, la jeune femme se défend en sortant de sa poche un couteau (dont la présence, rassurez-vous, n'est pas inopinée) avant ce l'enfoncer dans la gorge de Sergey [fin du SPOIL]. Une fois de retour dans la demeure et le haut du corps ensanglanté, Iris affirme que Sergey a tenté de la tuer et qu'elle n'a fait que se défendre. Si jusque là Companion avait tout de la comédie gentillette et propre sur elle, le film prend évidemment un nouveau ton avec ce meurtre particulièrement graphique. Un drame qui va mettre en lumière une vérité à laquelle le spectateur qui avait eu la bonne idée de ne pas regarder la bande-annonce ne s'attendait certainement pas. [SPOIL] En effet, l'on découvre avec effarement qu'Iris n'est pas tout à fait la jeune femme qu'elle semblait être jusque là. D'où l'aspect ''fantastique'' du film se référant à un certain type de science-fiction très à la mode convainquant la domotique et la robotique. Au sujet de cette dernière, l'on apprend donc que la jeune femme est un androïde. Une thématique et une attitude notamment de la part de Josh qui posent le problème de l'asservissement de la femme par l'homme qui dans le cas présent exploite sexuellement et domestiquement celle qui partage sa vie. Représentation parfaite de la femme à laquelle, comble de l'ironie, le compagnon réduit son pourcentage d'intelligence à 40%, Iris symbolise ainsi ces femmes brutalisées et soumises aux hommes et dont elles font régulièrement les frais de la misogynie et du patriarcat [fin du SPOIL]. Une fois mise en évidence la non réalité organique d'iris, le film aurait pu reposer sur ce simple constat pour n'être plus qu'une histoire de révolte et de vengeance de la femme/machine envers l'homme qui la contrôle. Mais non puisque le réalisateur et scénariste imagine une diabolique machination qui va tourner court et être à l'origine d'une succession d'événements tournant au carnage. Companion parvient à se renouveler sans cesse et nous offre ainsi un spectacle très divertissant et sans temps morts. Bref, une œuvre hybride où se côtoient humour noir, thriller et science-fiction dystopique. Un régal...

 

lundi 24 février 2025

Proximity d'Eric Demeusy (2020) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Premier long-métrage du réalisateur, scénariste, producteur et concepteur d'effets-spéciaux américain Eric Demeusy, Proximity aborde le sujet de l'abduction d'un jeune adulte par des extraterrestres. En ouverture l'on assiste à l'enlèvement d'un bûcheron prénommé Carl à la toute fin des années soixante-dix. Une séquence pleine de bruit et de fureur qui ne laisse rien présager de bon. Trop d'effets démonstratifs tuant directement dans l’œuf tout mystère propre au phénomène. L'auteur n'engage donc pas le récit dans l'hypothèse du doute concernant la réalité de cette disparition. Selon lui, les petits hommes gris, verts ou... marrons (!!!) existent bel et bien et n'en déplaise à ceux qui doutent encore de leur existence, il va désormais falloir vivre avec cette certitude sans que jamais l'on ne puisse mettre en contradiction les paroles ou les preuves du jeune protagoniste avec l'éventualité selon laquelle tout ne relèverait que de la paranoïa ou du complotisme. Cinquante ans plus tard, un bolide s'écrase sur notre planète. Du moins les premières images semblent-elles aller dans ce sens avant que ne réapparaisse devant les yeux de l'ingénieur en informatique Isaac (l'acteur Ryan Masson), cette même soucoupe volante qui apparu en 1979 devant ceux de Carl. Armé d'une caméra, le jeune homme est alors confronté à un alien qu'il parvient à filmer avant de prendre la fuite. Une échappée qui ne lui servira à rien puisque Isaac sera abducté avant de réapparaître trois jours plus tard sans avoir le moindre souvenir de ce qu'il a vécu durant les soixante-douze dernières heures. Par chance, sa caméra elle aussi est revenue de cet intrigant ''voyage'' qu'il a fait les soixante-douze dernières heures. Et avec elle, le témoignage vidéo de l'événement. Partageant les images sur Internet, lesquelles deviennent très rapidement virales, celles-ci vont attirer autant de sceptiques que de croyants. Invité (piégé?) sur un plateau de télévision, Isaac témoigne... en vain... Au fil du récit, le jeune homme fait la connaissance de Sara (Highdee Kuan) qui comme lui paraît avoir vécu la même expérience ainsi que celle de Zed (Christian Prentice), un pirate informatique qui de son côté va aider les deux jeunes gens à entrer en contact avec Carl qui depuis sans enlèvement et sa réapparition vit retranché en un lieu gardé secret et qui depuis passe le plus clair de son temps à ''écouter les étoiles''.


Alors que le petit groupe ainsi formé attend le retour prochain des extraterrestres, des agents du gouvernement sont lancés à leurs trousses... En réalité, entre l'abduction d'Isaac et l'apparition de cette intelligence venue d'une autre galaxie, il va s'en passer des choses. Beaucoup (trop) de choses à vrai dire. Une cascade d'événements plus ou moins crédibles ou admirables selon que le spectateur se situe ou non du côté des passionnés d'ufologie se référant à des phénomènes décrits de manière réalistes. Le principal défaut d'Eric Demeusy et donc de Proximity est cette gourmandise avec laquelle l'auteur ajoute des données qui sortent le film du cadre strict de la science-fiction. D'un côté, le film décrit vaguement le traitement infligé aux victimes d'enlèvements par des extraterrestres. Isaac et Sara portent effectivement un émetteur sous la peau et des radios révèlent notamment chez le jeune homme une fracture interne qui n'a rien de commun avec ce que rencontrent en général les victimes de chutes ou d'accidents. L'on a droit en outre à la présence d'une organisation gouvernementale dédiée à l'étude des phénomènes extraterrestres qui va notamment piéger Isaac. Une organisation au sein de laquelle l'on retrouve les habituels ''Men in Black'' mais aussi de manière plutôt curieuse et pittoresque, des androïdes dont la voix et l'apparence déclencheront sans aucun doute possible, des barres de rire auprès des spectateurs. Proximity est donc plus qu'un pur film de science-fiction drainant tout un tas de poncifs parmi lesquels il est tout de même heureux de constater que les extraterrestres n'apparaissent pas comme d'affreuses créatures insectifères. D'un autre côté, sans doute fasciné par la franchise Star Wars et ses Stormtroopers, le réalisateur crée des machines dont les railleries qu'elles génèrent raisonneront bien après la fin de la projection. À cela, Eric Demeusy ajoute à son jeune héros un super-pouvoir, des antagonistes caricaturaux au possible mais aussi, une bande son parfois imbitable. Entre pop ultra-commerciale à destination du public adolescent et envolées se distinguant par une approche aventureuse se rattachant davantage à l'univers d'Indiana Jones que de la science-fiction, Proximity demeure une œuvre parfaitement innocente. On ne s'y ennuie effectivement pas mais le mélange des genres et des idées finit d'en faire un film totalement oubliable une fois le récit arrivé à terme...

 

mercredi 19 février 2025

Cassandra de Benjamin Gutsche (2025) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Alors oui, la série créée par Charlie Brooke, Black Mirror fut il y a quelques années porteuse de mauvaises nouvelles au sujet des dérives de l'Intelligence Artificielle. Mais il ne faudrait pas oublier que les dystopies qu'y décrivaient son créateur, les différents réalisateurs ainsi que les scénaristes ne reposèrent pas toutes sur des concepts totalement innovants. De 2001, l'odyssée de l'espace de Stanley Kubrick en passant par Mondwest de Michael Crichton en jusqu'aux récents M3GAN de Gerard Johnston et T.I.M de Spencer Brown, nombreuses furent les œuvres à mettre en scène des technologies avancées prenant le pas sur ceux qui étaient à l'origine de leur conception. Il ne suffit donc pas de citer Black Mirror pour se faire une idée de ce que recèle Cassandra, cette nouvelle série germanique qui après Dark de Baran bo Odar et Jantje Friese confirme que l'Allemagne est en bonne position dans le domaine de la science-fiction à l'échelle internationale (contrairement à la France qui parfois ose proposer comme alternatives, des daubes de l'ampleur de L'homme parfait de Xavier Durringer). Ici, il n'est plus question d'évoquer le voyage dans le temps mais l'implication de la domotique et de la robotique dans le foyer d'une famille qui essaie de se reconstruire après un drame épouvantable. David et Samira Prill ainsi que leurs deux enfants Fynn et Juno s'installent dans leur nouvelle demeure. Une habitation que l'on doit à l'origine à l’architecte autrichien Richard Joseph Neutra, concepteur de la Kemper House qui sert donc en partie au récit. En partie, oui, car le réalisateur allemand Benjamin Gutsche n'a pu profiter que des extérieurs de la bâtisse tandis que les origines des intérieurs demeurent apparemment encore un mystère. Un ''secret'' qui alimente ce que d'aucun de celles et ceux qui ont déjà découvert la série peuvent considérer d'environnement très intrigant même si l'on imagine que l'équipe chargée de donner aux intérieurs une patine rétro-futuriste y sont pour beaucoup dans l'étrangeté de cet univers domestique. Entre ces écrans de télévision qui semblent se référer à de vieux postes à tubes cathodiques, cet ascenseur dont la manifeste présence est encore (selon moi) à l'étude ou cette pièce très curieuse dont l'élaboration semble avoir comme principale source d'inspiration certains décors et objets du Shining de Stanley Kubrick, nul doute que la demeure des Prill est un personnage à part entière.


Mais plus encore que l'anxiété que génère cet environnement, c'est bien la présence de Cassandra, interprétée par l'excellente Lavinia Wilson, qui va être au centre de toutes les inquiétudes. Alors que David et sa famille s'installent dans une demeure qui depuis cinquante ans est demeurée à l'abandon, c'est en explorant les différentes pièces qui la composent qu'ils découvrent un vieux modèle de robot dont le fonctionnement fut interrompu à la suite du décès des précédents propriétaires de la maison. La particularité de cette machine que les Pritt vont choisir de remettre en marche est qu'elle est directement raccordée à tout un ensemble de systèmes électroniques tous reliés entre eux. Cassandra semble donc être le ''cerveau'' du réseau qu'elle peut à loisir contrôler à distance. Sans être affreusement décevants, les débuts de cette mini-série en six épisodes laissent l'impression que l'on est face à une énième proposition de science-fiction dystopique au centre de laquelle un ou plusieurs individus vont être confrontés à un robot domestique défaillant. Et d'une certaine manière, il s'agit effectivement de cela. Mais là où le créateur de Cassandra a réussit le pari d'oser assumer un concept finalement presque vieux comme le monde puisque déjà abordé à maintes reprises, c'est sans doute en amenant son idée vers une voie retravaillée en profondeur. Je m'explique : ici, il ne s'agit pas tant d'opposer une mère de famille (Mina Tander dans le rôle de Samira Prill) à une machine dont l'inquiétant comportement serait simplement causé par des dysfonctionnements mais d'offrir à cette dernière l'occasion de montrer aux spectateurs qu'elle est peut-être plus que cette boite de conserve comme elle est parfois surnommée. Et donc, davantage qu'un programme informatique à l'origine uniquement disposé à accomplir des tâches prédéfinies. Alors que la série tourne tout d'abord presque exclusivement autour des membres de la famille Prill (complétée par les acteurs, Michael Klammer, Joshua Kantara et la jeune Mary Tölle), Cassandra prend un virage inédit en plongeant de nouveaux personnages cinquante ans plus tôt. La famille qui justement, un demi-siècle en arrière fut celle qui vécut dans cette même demeure. Sont ainsi introduits les trois membres de la famille Schmitt. Une famille totalement dysfonctionnelle. Le récit est donc partagé entre les événements présents et ceux du passé et Cassandra mue alors pour passer de la stricte dystopie horrifique au drame familial et au thriller !


Benjamin Gutsche signe avec cette nouvelle série, une véritable réussite où le rétro-futurisme des décors côtoie un scénario qui brasse dans un univers de science-fiction, des idées neuves et d'autres qui le sont déjà beaucoup moins (le thème de l'homosexualité non assumée par exemple). En intégrant les personnages incarnés par Franz Hartwig et par Elias Grünthal mais également pour la seconde fois l'actrice Lavinia Wilson, le réalisateur donne du sens à toute une série d'événements qui se produisent dans le présent et au point de vue de Cassandra, laquelle agît en conséquence comme le ferait une mère un peu trop... protectrice. La série aurait pu être absolument parfaite si seulement quelques éléments n'étaient pas venus défaire un système d'écriture mettant tout en œuvre pour que le récit ne souffre d'aucunes invraisemblances. Mais à vouloir en faire trop et à préférer parfois donner dans le ''spectaculaire'' plutôt que dans la sobriété et le réalisme, Benjamin Gutsche finit par multiplier les faux pas. Si l'emprise de Cassandra sur la jeune Juno justifie le fait que ses parents acceptent de laisser ''allumée'' la machine (la gamine ayant besoin de se reconstruire, sa nouvelle ''amie'' pourrait l'y aider selon eux), lorsque cette dernière commence à révéler sa véritable nature et fait montre d'une attitude très inquiétante, n'importe qui de censé aurait pris la décision de couper court à ses agissements. Heureusement, Samira est là pour veiller sur les siens. Mais pour combien de temps puisque son époux commence à voir surgir chez elle des problèmes psychologiques qui pourraient expliquer la situation ? Si la paranoïa supposée de la mère et l'absence de soutien de David sont plutôt bien menés et si toute la partie qui se déroule cinquante ans en arrière est véritablement bouleversante (bien qu'un peu caricaturale à force d'enfoncer le couteau bien profond dans le dos d'une femme et de son enfant confrontés à un mari et un père absolument monstrueux), le dernier épisode termine d'envoyer la série dans les pires travers du genre. Je n'en dirai pas davantage pour ne pas spolier la fin du récit et malgré certains défauts qui pourraient s'avérer rédhibitoires, il n'en est pas moins certain que Cassandra est une brillante réussite. Anxiogène et poignante, la série aurait, sans ses quelques absurdes excès, mérité le titre de l'une des plus remarquable dystopies de ces dernières années...

 

samedi 15 février 2025

Elevation de George Nolfi (2025) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Entre le bruit et l'odeur, on a désormais droit à tout en matière de science-fiction. A Quiet Place de John Krasinski et ses supers prédateurs guidés par le son qu’émettent les survivants de notre espèce après que des créatures monstrueuses aient décimé la quasi totalité de l'humanité et des espèces animales terrestres. Bird Box de Susanne Bier dans lequel une mère et ses deux enfants tentent de survivre dans un monde ou voir et regarder sont devenus synonymes de danger. The Silence de John R. Leonetti dans lequel, cette fois-ci, des créatures ''ptérodactyliennes'' coordonnent leurs attaques au son que produisent une fois encore nos congénères. En janvier dernier a débarqué sur Prime Video un concept pas tout à fait neuf puisqu'il repose à son tour sur le sens aigu d'envahisseurs là encore monstrueux et hybrides semblant être le croisement de plusieurs créatures d'origines diverses. Il ne s'agit cependant pas d'une civilisation venue d'une autre galaxie puisque apparemment, d'immenses gouffres sont apparus sur notre planète pour libérer voilà plusieurs années des monstres qui vivaient jusque là sous la croûte terrestre. Et bé, ça commence bien. Et généralement, lorsque l'on dit que ça commence bien, ben... faut comprendre l'inverse. C'est donc sans aucun sens de l'imagination que les scénaristes John Glenn, Kenny Ryan et Jacob Roman s'y sont mis à trois pour nous pondre un script d'une cataclysmique pauvreté. Déjà que jusqu'ici le concept de créatures ayant développé des capacités d'adaptation en fonction de certains sens afin de traquer l'Homme avait très rapidement montré ses limites (ce qui n'empêcha pas de voir surgir une suite puis une préquelle au long-métrage de John Krasinski), les trois hommes n'ont apporté comme seule nouveauté au moulin du genre pratiquement prédéfini qu'est la science-fiction horrifique. Celle de créatures guidées par le souffre dégagé par leurs proies. Ce fameux dioxyde de carbone que n'importe lequel d'entre nous rejette lors de toute expiration. En indiquant très précisément à quelle hauteur sur terre les dites créatures ne peuvent aller au delà, une frontière invisible est ainsi créée et permet aux survivants de connaître des temps de répit avant de se lancer dans de périlleuses aventures lorsqu'il s'agit de se réapprovisionner en nourriture. Ou comme ici, en médicaments puisque comme cela est très souvent le cas, le jeune fils du héros est atteint d'une maladie grave qui le condamne à utiliser des filtres à oxygène qui viennent régulièrement à manquer.


Le père de Hunter (Danny Boyd Jr.) est incarné par l'acteur et producteur américain Anthony Mackie qui depuis une vingtaine d'années enchaîne les rôles au cinéma où il s'est notamment vu offrir le rôle du super-héros Le Faucon dans plusieurs longs-métrages de l'univers cinématographique Marvel entre 2014 et 2019. À ses côtés, les actrices Morena Baccarin et Maddie Hasson qui interprètent respectivement les rôles de Nina et de Katie. Une brune et une blonde qui dans cet univers post-apocalyptique et dystopique ne trouvent rien de mieux à faire que de se crêper le chignon ! Alors que la première est convaincue de pouvoir créer une arme qui pourra débarrasser l'humanité restante de ces créatures apparemment invulnérables aux armes à feu, le trio d'adultes va devoir descendre de leur refuge situé au sommet d'une montagne (comme toutes les communautés de la régions qui ne communiquent plus qu'à l'aide de drapeaux!) pour trouver en ville les filtres dont a besoin le fils de Will qu'incarne donc Anthony Mackie. L'occasion pour nos trois personnages de passer par diverses étapes de stress puisqu'ils seront confrontés aux dites créatures. Ouais, bon, ben c'est vraiment pas terrible tout ça. Et si Elevation ne dure que quatre-vingt dix minutes, au bout d'une demi-heure on commence déjà à en avoir marre tant les personnages sont mal campés et mal caractérisés. La mise en scène est d'un classicisme qui confine à l'ennui et les dialogues d'une vacuité étourdissante ! Allez, on va tout de même reconnaître que le film est parfois amusant. En effet, bien involontairement d'ailleurs, il arrive que l'on pouffe de rire devant quelques absurdités. Comme lors de cette séquence qui suit la séparation de Will qui retourne au refuge et de Nina restée dans un laboratoire afin de tester diverses munitions de sa propre conception. Will perd le contrôle de sa voiture et se retrouve alors à pieds et poursuivi par trois créatures. Alors qu'il vient d'utiliser inutilement les quelques cartouches qui lui restait, au moment où il aurait dû rendre son dernier souffle, voilà que survient tout à coup Nina, enfin prête à en découvre avec les bestioles ! L'arrivée de la jeune femme étant temporellement incohérente, forcément, ça pause question sur le sérieux de l'écriture des trois scénaristes et sur la mise en scène de George Nolfi. Mais bon, c'est pas trop grave vu que même sans cette drôlissime coquille, le film serait demeuré de toute manière d'une indigence crasse. Un film à éviter, donc. Surtout si l'on connaît déjà les quelques exemples de cités plus haut...

 

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