mardi 18 août 2020

Sunshine de Danny Boyle (2007) - ★★★★★★★★☆☆



Nous sommes en 2057 et le Soleil est en train de mourir. Depuis plusieurs années, le vaisseau Icarus II parcourt la distance qui sépare la Terre de l'astre solaire sans lequel toute vie sur notre planète est condamnée à disparaître. Cinq hommes et deux femmes constituent les membres de l'équipage chargé de se rapprocher le plus possible du Soleil afin d'y envoyer une gigantesque bombe nucléaire qui permettra de le réactiver. Mais aux abord de la planète Mercure, ils reçoivent un étrange écho provenant de Icarus I, la précédente mission chargée d'effectuer une tâche similaire mais qui avait totalement disparu sept ans auparavant. Décision est prise de modifier temporairement la route de Icarus II afin de retrouver Icarus I et de récupérer la bombe à laquelle le vaisseau est rattaché. En récupérant celle-ci, les membres de l'équipage se donnent une chance supplémentaire d'accomplir leur mission. Malheureusement, un grave accident atteignant plusieurs panneaux de Icarus II va être le début de complications multiples pour le commandant Kaneda, ainsi que pour Capa, Cassie et les autres. Face aux multiples dangers et aux décisions auxquelles ils vont devoir faire face, chacun à leur tour, les membres vont devoir sacrifier leur propre existence pour que puisse survivre sur Terre, l'humanité...

Révélé en 1994 grâce à l'excellent thriller Petits Meurtres entre Amis, le réalisateur britannique Danny Boyle n'a cessé de marquer les esprits au fil de longs-métrages explorant des genres et des thématiques sans cesse différents. De Trainspotting en 1996 où il retrouve pour la seconde fois l'acteur Ewan McGregor qu'il révéla deux ans plus tôt, en passant par le film d'infectés 28 Jours plus Tard en 2002, Slumdog Millionaire en 2008 ou 127 Heures quatre ans plus tard. Avec Sunshine, il s'attaque à la science-fiction. Une œuvre qui semble avoir digéré tout un courant puisque les sources d'inspiration semblent nombreuses. On pense évidemment à 2001, l'Odyssée de l'Espace de Stanley Kubrick pour la rigueur visuelle du long-métrage de Danny Boyle et plus tard, au chef-d’œuvre de Ridley Scott Alien, le Huitième Passager dont les coursives du Nostromo, l'ambiance pesante et l'univers claustrophobe ne sont pas sans rappeler ce qui se joue lors de la dernière partie de Sunshine. On retrouve au générique, d'excellents interprètes. À l'image tout d'abord du japonais Hiroyuki Sanada, ''popularisé'' chez nous par la saga d'épouvante Ring de Hideo Nakata. Pourtant, c'est depuis bien plus longtemps que cet acteur charismatique est devenu célèbre. En effet, dès 1979 il incarna le personnage de Ayato dans la série culte San Ku Laï. On le retrouvera en 2010 dans Lost ou en 2014 dans la série inachevée Extant. À ses côtés, outre les personnages de Mace, Corazon, Searle ou Harvey respectivement interprétés par Chris Evans, Michelle Yeoh, Cliff Curtis et Troy Garity, on retrouve dans le rôle principal de Capa l'acteur Cillian Murphy (l'épouvantail de The Dark Knight de Christopher Nolan en 2008), dans celui de Cassie, l'un des deux seuls membres de sexe féminin l'actrice Rose Byrne et dans celui du grand méchant Pinbacker (car il y a un grand méchant), Mark Strong...

Si visuellement on ne pourra pas reprocher grand-chose à Sunshine, qu'il s'agisse des décors entre salle à manger, poste de pilotage, salle de relaxation et coursives ou des effets-spéciaux numériques qui ont plutôt bien vieilli malgré les treize ans d'âge du film, les scientifiques en herbe argueront sans doute de l'improbabilité d'un projet consistant à envoyer une bombe, même gigantesque (dont la masse est dans le cas présent comparée à celle de l'île de Manathan) sur la surface du Soleil afin de le réactiver. Lorsque l'on connaît les dimensions du soleil (un rayon de 696 340 kilomètres contre à peine un peu plus de 6 300 pour notre planète), il devient illusoire d'imaginer résoudre une telle situation de catastrophe dans des conditions aussi désespérées. Mais heureusement, le film ne concentre finalement qu'une petite partie à ce sujet pour se concentrer sur les rapports entre les membres de l'équipage. Entre accords, désaccords, prises de décisions délicates et sacrifices. Impossible de s'ennuyer un seul instant. Si le spectacle visuel est remarquable, Danny Boyle n'en oublie cependant pas d'y injecter une forte dose d'action, pas toujours crédible comme le veut généralement la tradition dans ce genre de blockbusters (qui pour une fois ne charge pas trop la mule). On pourra regretter une dernière partie versant dans l'épouvante et l'horreur sans jamais véritablement apporter d'élément convaincant à une œuvre qui n'avait surtout pas besoin de ça pour réussir à séduire les néophytes comme les passionnés de s-f. Ajoutez à tout ce qui fait l'intérêt et les quelques petites maladresses de Sunshine la superbe et très Ambient partition musicale signée du compositeur britannique John Murphy et vous obtenez un excellent film de science-fiction...

samedi 4 juillet 2020

The Vast of Night d'Andrew Patterson (2020) - ★★★★★★★☆☆☆



Pour son premier long-métrage, le réalisateur, scénariste et producteur Andrew Patterson étonne avec une œuvre de science-fiction qui sort des sentiers battus en s'attaquant au genre à travers un style visuel qui rappelle volontairement celui des années cinquante. Le récit de The Vast of Night se déroule d'ailleurs à la toute fin de cette décennie qui vit fleurir de très nombreux films de science-fiction plus ou moins réussis. On ne s'étonnera donc pas d'y découvrir les habitants d'une petite ville du Nouveau-Mexique arborer des lunettes papillon typiques de l'époque, des jupes à carreaux, des chemisiers à manches courtes et le cheveu brossé en arrière et retenu par un élastique. Enfin, en ce qui concerne ces dames Les garçons sont de leur côté, tout aussi propres sur eux, le torse surmonté du blouson d'étudiant lui aussi typique des années cinquante et le cheveu gominé. Les héros de cette aventure nocturne qui les fera presque toucher du doigt l'inconnu alors même qu'Andrew Patterson semble vouloir éviter de répéter le modèle de son illustre prédécesseur Rencontre du Troisième Type de Steven Spielberg, sont des individus ordinaires.

Deux jeunes gens, un garçon et une fille. Lui est animateur de la station de radio locale tandis qu'elle est opératrice téléphonique. Everett Sloan et Fay Crocker se croisent un soir dans le gymnase de la ville où va avoir lieu plus tard dans la soirée une rencontre de basket entre étudiants. Faisant route ensemble, Everett raccompagne Fay jusqu'à son lieu de travail puis retourne à la station radio pour y animer son émission nocturne. Alors que la jeune femme se charge de mettre en relation les différents clients qui téléphonent au central, Fay perçoit un bruit étrange qu'elle finit par communiquer à Everett qui à son tour, va se servir de son émission pour lancer un appel à témoin afin de découvrir l'origine de ce bruit. Sans le savoir, Fay et Everett vont mettre à jour la présence d'un objet dans le ciel d'origine extraterrestre...

Avec son bandana dans les cheveux (qu'il a très longs) et sa barbe, on croirait Andrew Patterson sorti tout droit de la période hippie. Impression qui quelque part se vérifie lorsque l'on découvre pour la première fois The Vast of Night. Une œuvre parfois contemplative qui ne ménage cependant pas les spectateurs en terme de dialogues, ceux-ci pouvant dans un premier temps s'avérer relativement exaspérants. En effet, durant dix bonnes minutes, le débit de Fay (interprétée par Sierra McCormick) pourra sembler insupportable, la jeune femme situant son propos sur d'éventuelles avancées technologiques faciles à identifier pour n'importe quel spectateur vivant de nos jours. Du blabla sans réelle consistance qui laisse heureusement la place au calme... Respirez et soyez heureux. L'avalanche de dialogues est désormais terminée. Place maintenant au mystère. Et même si les personnages ne deviennent pas muets et ont encore beaucoup de choses à révéler, ce n'est que pour mieux nous attirer dans ce récit merveilleux et filmé sans outrances visuelles. Andrew Patterson convie le spectateur à traverser littéralement l'écran du petit poste de télévision dans une forme d'implication pas toujours évidente à mettre en place...

S'ils ne couvrent pas l'ensemble du long-métrage, les quelques plans-séquence sont superbes. Et notamment celui qui permettra au spectateur d'être transporté du central téléphonique jusqu'à la station-radio tout en ayant traversé l'espace qui les sépare, gymnase compris. Le réalisateur se dresse donc en virtuose de la caméra et en esthète de la pudibonderie tant sa petite communauté semble coexister dans un ''vivre-ensemble'' utopique. On s'attache à ces deux jeunes adultes Fay et Everett Sloan (Jake Horowitz) et à leur recherche de la vérité sur fond de complot militari-gouvernemental. D'une sobriété scénaristique remarquable sans doute due à un manque de moyens pourtant contrecarré par un style visuel parfois bluffant, The Vast of Night est une expérience proche de l'univers de La Quatrième Dimension de Rod Serling. Un voyage au cœur de la nuit se concluant sur un acte merveilleux...

mardi 30 juin 2020

La Révolte des Triffides de Steve Sekely (1963) - ★★★★★★★☆☆☆



À l'origine de La Révolte des Triffides, un roman. Celui écrit par l'écrivain britannique John Wyndham édité pour la première fois en 1951, The Day of the Triffids. Auteur du célèbre roman Village of the damned qui fut à son tour à l'origine de deux adaptations cinématographiques majeures de la science-fiction (Le Village des Damnés de Wolf Rilla en 1960 et la version éponyme de John Carpenter réalisée en 1995), John Wyndham publie son premier ouvrage littéraire en 1919 (Vivisection) mais patiente jusqu'en 1931 pour connaître son premier succès intitulé Worlds to Barter. Entre science-fiction et policier, son cœur balance. Pourtant, c'est bien dans la première de ces deux catégorie que le britannique connaîtra ses plus gros succès dont The Day of the Triffids justement, auquel plusieurs réalisateurs ont tenté de rendre hommage, la version du cinéaste hongrois Steve Sekely n'ayant pas à rougir malgré l'âge avancé de son adaptation qui accuse en 2020 les cinquante-sept ans. Si l'évocation d'une invasion de la Terre par des organisme d'ordre végétal n'est pas rarissime dans la littérature fantastique, parmi les quelques exemples d'ouvrages mettant en scène des plantes hostiles, il en est un dont certains éléments rappellent l'ouvrage de John Wyndham.

En effet, The Invasion of the Body Snatchers de Jack Finney qui fut édité pour la première fois en 1955 et fut lui-même adapté à au moins quatre reprises (pour les version dites ''officielles'') partage des ressemblances avec l’œuvre du britannique...La première adaptation du roman de John Wyndham prend pour cadre le Londres du milieu des années soixante. Alors que l'annonce d'un spectacle au dessus de leur tête a attiré des hommes et des femmes à lever tous au même moment les yeux vers le ciel, tous ceux qui ont assisté à l'éruption solaire annoncée par la presse ont été victimes de cécité. En Angleterre, en France, aux États-Unis, au Japon et partout ailleurs dans le monde, c'est l'état d'urgence. L'humanité ne peut plus compter que sur les quelques personnes ayant conservé la vue. Parmi eux se trouve William Masen qui eut la chance durant l'événement d'avoir eut le visage emmailloté sous une épaisse couche de bandages à la suite d'une opération de chirurgie. Lui et quelques autres vont mettre à profit leur capacité à voir pour tenter de sauver l'humanité d'un mal encore plus incroyable que le ''simple'' fait d'être devenu aveugle. Lors de l’éruption solaire, des météorites se sont écrasées sur Terre apportant avec elle des créatures végétales hostiles dont la morsure est fatale.

Ne nous y trompons pas. Si La Révolte des Triffide à l'air de provenir du territoire américain, c'est bien d'une œuvre britannique dont il s'agit. Exit donc vampires à dents pointues et goules en tous genres. La menace vient de l'espace et va transformer notre planète en un vaste capharnaüm transformant quatre-vingt dix neuf pour cent de la population mondiale en individus atteints de cécité. Devant la catastrophe, divers comportements peuvent être soulignés. Il y a parmi ceux qui furent épargnés par le mal, certains qui ont choisi de réagir en travaillant sur une arme pouvant éradiquer l'invasion des Triffide. Ces plantes qui contrairement à ce que l'on pourrait imaginer existent bien et sont issues de modification génétiques produites par l'homme demeurent pourtant bien différentes dans le cas présent. En effet, dans l’œuvre de Steve Sekely elles sont capables de se mouvoir par elles-mêmes et possèdent des protubérances qu'elles dressent devant elles afin de piquer ou de mordre leur proie. Nous sommes en 1963 et forcément, les effets-spéciaux n'ont rien de commun avec ce que l'on connaît de nos jours. Cependant, ne crachons pas trop vite dans la soupe car même si ces plante ne peuvent raisonnablement pas effrayer quiconque les voit débarquer sur un écran de cinéma ou de télévision de nos jours, on a vu pire dans le domaine des ''Craignos Monsters''.

À dire vrai, La Révolte des Triffide est un sympathique divertissement. Entre épouvante, science-fiction, avec cette minuscule petite touche de romance qui n’envahit heureusement pas trop la pellicule. Cependant, le film souffre de sa trop grande durée. Une heure et trente-quatre minutes, c'est bien trop de temps accordé au scénario de Bernard Gordon qui s'attarde trop longuement sur des séquences inutiles. Sans doute aurait-il été intéressant d'approfondir le sentiment de folie qui s'empare d'une part de la population plutôt que de simplement la survoler. Sans trop faire de vagues, Howard Keel, Nicole Maurey, Janette Scott, Kieron Moore, Mervyn Johns et les autres interprètes font le taf. À noter que plusieurs autres adaptations ont vu le jour les décennies à venir. En 1981, une relecture de Douglas Livingstone réalisée par Ken Hannam prit la forme d'une série en six épisodes intitulée The Day of the Triffids. Il faudra ensuite patienter jusqu'en 2009 pour retrouver une nouvelle fois sur le petit écran ces horribles créatures végétales avec une mini-série en deux épisodes également intitulée The Day of the Triffids mais cette fois-ci réalisée par Nick Copus...

samedi 27 juin 2020

Buck Rogers au 25e Siècle de Daniel Haller (1979) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Anthony Rogers est né en 1928 de l'auteur de science-fiction américain Philip Francis Nowlan. Il apparaît pour la toute première fois dans le magasine Amazing Stories créé deux ans auparavant par le romancier de science-fiction Hugo Gernsback. C'est sous le nom de Buck Rogers que le public français le découvre après qu'il ait connu une nouvelle existence dans un Comic Strip l'année suivant sa naissance. Nous sommes à la fin des années soixante-dix et le nom de Buck Rogers va coïncider avec deux événements. Tout d'abord la sortie sur grand écran de l'épisode pilote Buck Rogers au 25e Siècle, puis la diffusion à la télévision américaine six mois plus tard de la première saison constituée de vingt-quatre épisode. La seconde quant à elle constituée de treize épisodes seulement dont deux sont divisés en deux parties ne le sera qu'à partir du 15 janvier 1981 au États-Unis, la France devant patienter jusqu'en 2001 avec une diffusion en version originale sous-titrée...

Aux côtés de Cosmos 1999 de Gerry et Sylvia Anderson, L'Âge de Cristal de William F. Nolan et George Clayton Johnson et Battlestar Galactica de Glen A. Larson, Buck Rogers au 25e Siècle faisait partie à la fin des années soixante-dix et au début de la décennie suivante des plus célèbres séries de science-fiction projetées sur les petits écrans. La sortie de l'épisode pilote n'étant pas due au succès de la série qui ne serait diffusée à la télévision que quelques mois plus tard, il s'agissait donc pour le public de découvrir un univers qui jusque là n'avait été développé que sur papier de plus ou moins bonne qualité (les Pulps n'étant pas réputés pour la qualité du matériau généralement employé). Alors que deux ans auparavant était sorti sur les écrans le premier volet à succès de la trilogie originelle Star Wars, le succès de l’œuvre de de George Lucas allait inspirer toute une vague de scénaristes et de réalisateurs qui allaient pouvoir eux aussi se lancer dans l'aventure du space opera...

Si je me souviens qu'à l'époque de sa diffusion la série Buck Rogers eut un impact des plus positif sur moi, à redécouvrir aujourd'hui le long-métrage/pilote diffusé pour la première fois en France sur TF1 dans l'émission L'Avenir du Futur du 24 octobre 1983, c'est le coup de massue ! En effet, typique d'un style visuel qui appartient à un passé désormais révolu depuis presque quarante ans, Buck Rogers au 25e Siècle apparaît surtout comme une curiosité que les plus jeunes risquent de trouver passablement éculé. Et le mot est faible : décors kitschissimes (contrebalançant parfois avec de superbes Matte Painting), costumes ringards, couleurs criardes et primaires dégueulant littéralement des bandes magnétiques, humour à deux francs six sous... Même la série de Gerry et Sylvia Anderson, pourtant réputée pour son aspect visuel relégué au fin fond des âges lui est infiniment supérieure. Heureusement, pour ce héros évoluant dans un décor de science-fiction dans lequel on a toujours l'impression que va débarquer le John Travolta de La Fièvre du Samedi Soir, l'acteur Gil Gerard qui incarne le Capitaine William « Buck » Rogers demeure plutôt sympathique...

Mais alors qu'il pourra à certaines occasions énerver à force de tout prendre avec une légèreté parfois trop prononcée, la présence des charmantes Erin Gray dans le rôle de la Colonelle Wilma Deering et de Pamela Hensley dans celui de la Princesse Ardala contrebalance la ''touche'' ringarde que se farcie ce long-métrage qui fort heureusement n'excède pas les une heure trente environs. Pour les plus anciens, et parmi eux, les plus coriaces, le plaisir de retrouver des personnages aussi emblématiques que le Dr. Theopolis et le robot Twiki demeurera peut-être intact. Quoique... cette histoire se déroulant au vingt-cinquième siècle et dans laquelle un astronaute envoyé dans l'espace en 1987 se réveille cinq-cent ans plus tard a bien mal vieilli. Si le concept du remake est plus ou moins défendable, voilà un film et une série qui mériteraient sans doute une mise à jour... À réserver aux nostalgiques avant tout...

jeudi 4 juin 2020

Blood Beast from Outer Space de John Gilling (1965) - ★★★★★★★☆☆☆



Blood Beast from Outer Space, c'est de la bonne vieille science-fiction du milieu des années soixante. En noir et blanc et à nouveau basé sur l'un des deux grands thèmes de l'époque. Et puisque nous sommes en Angleterre en non pas aux États-Unis, ça n'est pas d'une allégorie sur la peur de l’ennemi soviétique dont il s'agit mais d'un message de paix. Bon, évidemment, ça ne saute pas tout de suite aux yeux. Parce que des femmes qui disparaissent sans laisser de traces, un scientifique qui meurt d'effroi devant une incarnation venue de Ganymède, troisième étoile de Jupiter, et sa jeune assistante témoin de cette horrible apparition, ça laisse plutôt le sentiment des prémices d'une invasion venue de l'espace. Tout commence avec la chute d'une météorite. Alors que l'armée a déjà envoyé sur place plusieurs contingents de soldats afin de sécuriser la zone, les docteurs Morley et Jack Costain ainsi que leur assistante Ann Barlow débarquent avec un document officiel leur accordant le droit de s'approcher du site. Il prennent contact avec un officier de l'armée qui les conduit jusqu'à l'endroit où est censé se trouver un énorme cratère et en lieu et place duquel se trouve un étrange objet de forme sphérique qui ne semble avoir rien de naturel...

Les scientifiques épaulés par l'armée transportent le minuscule objet dans un laboratoire où ils tentent de l'examiner. Mais alors qu'ils n'ont pas dormi depuis trente-six heures, les docteurs Morley et Jack Costain décident de prendre un peu de repos tandis qu'Ann, elle, reste afin de terminer ce qu'elle avait commencé. Dans la pièce d'à côté, l'objet devient lumineux et provoque alors de violents maux de tête chez Ann qui manque de s'évanouir. S'approchant de la sphère, sa main est attrapée par celle d'une créature hideuse qui tente de s'emparer de la jeune femme. Mais heureusement pour elle, elle parvient à donner l'alerte et fait fuir la créature. Au retour des docteurs, Morley s'isole seul dans la pièce où se trouve la sphère et tente une expérience. Dans la pièce d'à côté, Jack, Ann et un officiel entendent Morley s'adresser à quelqu'un. Et ce quelqu'un n'est autre que la créature qu'à croisé plus tôt la jeune assistante. Une vision tellement terrifiante que lorsque Jack, Ann et l'officier ouvrent la pièce dans laquelle Morley s'était isolé, celui-ci est découvert mort, le visage marqué par la peur...

Blood Beast from Outer Space est réalisé en 1965 par le britannique John Gilling. Celui-ci n'en est pas à sa première expérience cinématographique puisqu'il débute sa carrière avec le moyen-métrage A Matter of Murder en 1949 (après avoir réalisé le court Escape from Broadmoor l'année précédente). Parmi ses faits d'arme, L'Impasse aux Violences en 1960, L'Invasion des Morts-Vivants en 1966 et La Femme Reptile la même année demeurent les plus connus. Blood Beast from Outer Space ressemble quant à lui à nombre de films de science-fiction de l'époque desquels découlent souvent des message moralisateurs dont l'Homme ne sort que très rarement grandit. Une comète qui s'écrase, une créature qui s'en échappe, des thèmes récurrents qui trouvent ici une alternative scénaristique plutôt intéressante. L'un des thèmes abordés dans Blood Beast from Outer Space, c'est la téléportation. Et même si le terme reste imprécis en la matière, l’œuvre de John Giling évoque bien le transfert d'un organisme vivant sur l'une des Lune de Jupiter vers notre planète. Popularisée par Kurt Neumann et La Mouche Noire en 1958 (et par sa suite ainsi que le sublime remake de David Cronenberg The Fly en 1986) et plus encore par la franchise Star Trek plus proche dans l'esprit du film de John Gilling puisque de science-fiction là encore, il s'agit, c'est donc le mode de déplacement qu'utilise celui qui se fera appeler Medra. Et qui dans l'ombre, est interprété par l'acteur Robert Crewdson.

L'une des originalités de Blood Beast from Outer Space est de n'avoir pas profité de l'occasion pour évoquer une armée toujours aussi peu vouée à la cause de la science. Si au départ les rapports sont sensibles, les relations s'apaisent finalement entre militaires et scientifiques. Ça n'était pourtant pas gagné car avec cynisme, John Gilling se moque gentiment de l'armée, puis de la science. Et quel meilleur exemple que de citer la séquence durant laquelle le docteur Morley (incarné par l'acteur Maurice Denham) fait le piquet devant un officier ayant du mal à expliquer à son correspondant téléphonique la situation concernant l'objet découvert un peu plus tôt dans la journée ? L'une des scènes de bravoure d'un long-métrage souvent porté sur le dialogue plutôt que sur l'action. Un choix qui dans le cas présent est bien venu puisque les dialogues sont relativement bien écrits et que leurs interprètes sont d'excellents acteurs. Un casting essentiellement constitué d'interprètes masculins au milieu duquel évolue l'actrice Patricia Haines dans le rôle d'Ann Barlow. Mais la vedette du film, plus que la créature, plutôt sommaire, c'est l'acteur John Saxon qui à l'époque n'est âgé que de trente ans. C'est lui qui incarne un docteur Jack Costain plutôt convaincant. S'il s'agit bien d'une œuvre de science-fiction, Blood Beast from Outer Space frôle parfois également l'épouvante, mais de façon relativement discrète. Au final, il s'agit peut-être de l'un des meilleurs films de sa catégorie. Sans vouloir en mettre plein la vue, le réalisateur britannique signe une œuvre de science-fiction qui échappe au ridicule même si la vue d'une main griffue laissait craindre le pire... Surtout, il évite de plomber l'ambiance par la classique romance de pacotille qui accompagne généralement à l'époque ce type de projet...

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