Blood Beast from
Outer Space,
c'est de la bonne vieille science-fiction du milieu des années
soixante. En noir et blanc et à nouveau basé sur l'un des deux
grands thèmes de l'époque. Et puisque nous sommes en Angleterre en
non pas aux États-Unis, ça n'est pas d'une allégorie sur la peur
de l’ennemi soviétique dont il s'agit mais d'un message de paix.
Bon, évidemment, ça ne saute pas tout de suite aux yeux. Parce que
des femmes qui disparaissent sans laisser de traces, un scientifique
qui meurt d'effroi devant une incarnation venue de Ganymède,
troisième étoile de Jupiter, et sa jeune assistante témoin de
cette horrible apparition, ça laisse plutôt le sentiment des
prémices d'une invasion venue de l'espace. Tout commence avec la
chute d'une météorite. Alors que l'armée a déjà envoyé sur
place plusieurs contingents de soldats afin de sécuriser la zone,
les docteurs Morley et Jack Costain ainsi que leur assistante Ann
Barlow débarquent avec un document officiel leur accordant le droit
de s'approcher du site. Il prennent contact avec un officier de
l'armée qui les conduit jusqu'à l'endroit où est censé se trouver
un énorme cratère et en lieu et place duquel se trouve un étrange
objet de forme sphérique qui ne semble avoir rien de naturel...
Les
scientifiques épaulés par l'armée transportent le minuscule objet
dans un laboratoire où ils tentent de l'examiner. Mais alors qu'ils
n'ont pas dormi depuis trente-six heures, les docteurs Morley et
Jack Costain décident de prendre un peu de repos tandis qu'Ann,
elle, reste afin de terminer ce qu'elle avait commencé. Dans la
pièce d'à côté, l'objet devient lumineux et provoque alors de
violents maux de tête chez Ann qui manque de s'évanouir.
S'approchant de la sphère, sa main est attrapée par celle d'une
créature hideuse qui tente de s'emparer de la jeune femme. Mais
heureusement pour elle, elle parvient à donner l'alerte et fait fuir
la créature. Au retour des docteurs, Morley s'isole seul dans la
pièce où se trouve la sphère et tente une expérience. Dans la
pièce d'à côté, Jack, Ann et un officiel entendent Morley
s'adresser à quelqu'un. Et ce quelqu'un n'est autre que la créature
qu'à croisé plus tôt la jeune assistante. Une vision tellement
terrifiante que lorsque Jack, Ann et l'officier ouvrent la pièce
dans laquelle Morley s'était isolé, celui-ci est découvert mort,
le visage marqué par la peur...
Blood Beast from
Outer Space est
réalisé en 1965 par le britannique John Gilling. Celui-ci n'en est
pas à sa première expérience cinématographique puisqu'il débute
sa carrière avec le moyen-métrage A Matter of
Murder en
1949 (après avoir réalisé le court Escape from
Broadmoor
l'année précédente). Parmi ses faits d'arme, L'Impasse
aux Violences
en 1960, L'Invasion des Morts-Vivants
en 1966 et La Femme Reptile
la même année demeurent les plus connus. Blood
Beast from Outer Space ressemble
quant à lui à nombre de films de science-fiction de l'époque
desquels découlent souvent des message moralisateurs dont l'Homme ne
sort que très rarement grandit. Une comète qui s'écrase, une
créature qui s'en échappe, des thèmes récurrents qui trouvent ici
une alternative scénaristique plutôt intéressante. L'un
des thèmes abordés dans Blood Beast from Outer Space,
c'est la téléportation. Et même si le terme reste imprécis en la
matière, l’œuvre de John Giling évoque bien le transfert d'un
organisme vivant sur l'une des Lune de Jupiter vers notre planète.
Popularisée par Kurt Neumann et La Mouche Noire
en 1958 (et par sa suite ainsi que le sublime remake de David
Cronenberg The Fly
en 1986) et plus encore par la franchise Star
Trek
plus proche dans l'esprit du film de John Gilling puisque de
science-fiction là encore, il s'agit, c'est donc le mode de
déplacement qu'utilise celui qui se fera appeler Medra. Et qui dans
l'ombre, est interprété par l'acteur Robert Crewdson.
L'une
des originalités de Blood Beast from Outer Space
est
de n'avoir pas profité de l'occasion pour évoquer une armée
toujours aussi peu vouée à la cause de la science. Si au départ
les rapports sont sensibles, les relations s'apaisent finalement
entre militaires et scientifiques. Ça n'était pourtant pas gagné
car avec cynisme, John Gilling se moque gentiment de l'armée, puis
de la science. Et quel meilleur exemple que de citer la séquence
durant laquelle le docteur Morley (incarné par l'acteur Maurice
Denham) fait le piquet devant un officier ayant du mal à expliquer à
son correspondant téléphonique la situation concernant l'objet
découvert un peu plus tôt dans la journée ? L'une des scènes
de bravoure d'un long-métrage souvent porté sur le dialogue plutôt
que sur l'action. Un choix qui dans le cas présent est bien venu
puisque les dialogues sont relativement bien écrits et que leurs
interprètes sont d'excellents acteurs. Un casting essentiellement
constitué d'interprètes masculins au milieu duquel évolue
l'actrice Patricia Haines dans le rôle d'Ann Barlow. Mais la vedette
du film, plus que la créature, plutôt sommaire, c'est l'acteur John
Saxon qui à l'époque n'est âgé que de trente ans. C'est lui qui
incarne un docteur Jack Costain plutôt convaincant. S'il s'agit bien
d'une œuvre de science-fiction, Blood Beast from
Outer Space frôle
parfois également l'épouvante, mais de façon relativement
discrète. Au final, il s'agit peut-être de l'un des meilleurs films
de sa catégorie. Sans vouloir en mettre plein la vue, le réalisateur
britannique signe une œuvre de science-fiction qui échappe au
ridicule même si la vue d'une main griffue laissait craindre le
pire... Surtout, il évite de plomber l'ambiance par la classique
romance de pacotille qui accompagne généralement à l'époque ce
type de projet...
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