Attention, attention!
Vous vous apprêtez à vivre l'une des expériences
cinématographiques parmi les plus inattendues. Avec son pitch, Light
semble nous promettre une aventure digne des deux premiers volets de
la franchise Alien.
Une alternative dont les ambitions ne seront jamais atteintes. Car
plutôt que de nous offrir une science-fiction extrêmement tendue et
en vase clos ou opposant des soldats suréquipés à de très
hostiles créatures xénomorphes, le réalisateur Matt Woollard nous
''gratifie'' d'une expérience dont les qualificatifs même les plus
virulents n'auront jamais suffisamment grâce aux yeux de celles et
ceux qui s'y seront laissés piégés. Pour un premier long-métrage,
l'auteur qui jusque là n'avait réalisé que le court The
Hike
dix ans auparavant réussit l'exploit de retenir en otage le
spectateur, lequel va très vite être happé par l'indigence de la
mise en scène, de l'interprétation, du montage et de tout ou
presque ce qui constitue l'architecture technique et artistique de
Light.
Matt Woolard ne nous laisse absolument pas le choix. Enfermés dans
un bocal emplit d'une brume aussi plaisante à subir qu'un gaz
moutarde ou lacrymogène jeté au sein de manifestants, le film est
une expérience à ne surtout pas prendre à la légère. Surtout si
l'on a choisi de la regarder jusqu'au bout. Il n'est pas rare
d'exprimer le vide qui caractérise certaines œuvres. Lesquelles
souffrent généralement de tares innombrables et dignes d'être
évoquées. Sachez-le : Light les
enfonce toutes ! Sans distinction de genre, ce minuscule film de
science-fiction visuellement opaque restera sans doute comme l'une
des ultimes expériences dans le domaine du remplissage par le vide.
Concrètement, Matt Woollard, lequel en est également le scénariste,
nous invite à suivre les pas de Niu, Tallie, Avel et d'un gamin,
rescapés d'un vaisseau qui vient de s'écraser sur le sol d'une
planète particulièrement hostile. Chacun est séparé des autres et
vue la purée de pois que les survivants et les spectateurs vont
subir de la toute première à la toute dernière minute, la lumière
du titre sera la bienvenue... enfin, en théorie. Parce qu'en
pratique, l'expérience va s'avérer des plus problématique. Durant
presque cent minutes, c'est à dire une éternité et même bien
au-delà, Matt Woollard va filmer ses protagonistes de près... de
très près... de trop près, même. L'architecture des lieux part
d'un principe simple à comprendre.
Quand
on n'a pas de pognon pour filmer en gros plans ou en plans larges un
décor et ses divers mobiliers, on attend qu'une épaisse brume fasse
son apparition et envahisse le tout dans ses moindres interstices.
Apparemment, le technicien chargé de la machine à créer de la
brume (qui dû engloutir la majeure partie du budget, cela va sans
dire) s'est emmêlé les pinceaux et n'a pas dû bien lire la notice
concernant la façon de l'arrêter. Putain de brouillard, non mais,
ça ressemble presque à une blague. Y'en a partout. Et quand je dis
partout, ça veut dire partout. Chaque plan, chaque lieu, c'est à se
demander pourquoi Matt Woollard n'a pas plutôt choisi de titrer son
film Fog
plutôt que Light.
Et tiens, tant qu'à changer le titre, il aurait tout aussi bien pu
l'appeler Parkinson
ou encore Je tourne mon film avec le bras droit
amputé et le gauche paralysé...
Non content de subir l'agressive présence d'une brume artificielle à
peine dérangée par d'étranges silhouettes et lueurs de type
extraterrestres, le spectateur constate avec effroi que le
réalisateur semble incapable de stabiliser sa caméra. Et l'on
n'évoque ici rien de commun avec la mise en scène épileptique d'un
quelconque Found-Footage.
Ici, rien d'autre ne justifie que celle-ci bouge avec autant de
ténacité que l'absence totale de talent du réalisateur. Et c'était
sans compter sur l'un des très gros points noirs du long-métrage.
Car outre la mise en scène, donc, mais aussi l'écriture
particulièrement flemmarde (les événements tournent en boucle) ou
les dialogues d'une vacuité et d'une mièvrerie qui donneraient la
gerbe aux fans absolus de Philippe Clair, le montage pose problème.
Soit Matt Woollard y était aux abonnés absents, soit celui qui fut
chargé de monter le film fut un schizophrène dont le cerveau fut au
bord de l'implosion et qui en céphaloclastophile averti, s'est dit
que de partager sa passion pour les casse-têtes devait forcément
passer par un montage chaotique ! Bref, vous l'aurez compris,
Light
est raté sur toute la ligne. Rien à sauver du naufrage, pas mêmes
ses protagonistes. On serait presque tenté de voir en la personne de
Matt Woolard un type suffisamment atteint de troubles de la
personnalité histrionique pour pondre une œuvre si mauvaise qu'elle
ferait fatalement parler d'elle. Peine perdue puisque jusqu'à
aujourd'hui, les documents qui évoquent Light
s'avèrent excessivement rares... Tant mieux !