1982 : E.T téléphone maison - 2023 : E.T envahit maison
Une fois de plus, nos
''amis'' les petits hommes gris n'ont rien trouvé de mieux que de
venir envahir la Terre. Pour quelle raison ? Ça, c'est à
chacun d'en juger mais j'imagine que sur leur planète d'origine les
magasins de farces et attrapes sont en rupture de stock de costumes
humains et qu'ils ont décidé d'envoyer certains d'entre eux chez
nous afin de se réapprovisionner. Car en effet, les créatures de No
One Will Save You
sont les dernières représentantes d'une vague d'espèces
extraterrestres profanatrices de sépultures humaines dont les
premier signes apparurent sur grand écran dans les années cinquante
à travers Invasion of the Body Snatchers
de Don Siegel. Première pierre à un édifice qui ensuite a connu
plusieurs remakes (L'invasion des profanateurs de
sépultures
de Philip Kaufman en 1978, Body Snatchers
d'Abel Ferrara en 1993 ainsi que The Invasion
d'Oliver Hirschbiegel en 2007) et nombre d'alternatives parmi
lesquelles The Thing
de John Carpenter en 1982, L'invasion vient de
Mars
de Tobe Hooper en 1986, The Faculty
de Robert Rodriguez en 1998 et sans doute l'un des plus proches dans
la thématique extraterrestre: le génial The
Hidden
de Jack Sholder en 1987. Sorti chez nous sous l'indigent titre
Traquée,
No One Will Save You
met principalement en scène une très jeune femme du nom de Brynn
Adams que l'on aurait pu tout d'abord prendre pour une adolescente si
elle n'avait pas été la propriétaire exclusive d'une immense
demeure. Recluse et pas du tout en odeur de sainteté auprès des
villageois qui la défigurent lors de ses rarissimes apparitions en
ville, Brynn vit donc isolée dans une grande et belle propriété
mais cette passionnée de maisons de poupées va très bientôt être
le témoin d'un événement extraordinaire. Alors qu'une nuit la
jeune femme entend de drôles de bruits, elle constate qu'une étrange
créatures, tels que sont décrits généralement les êtres venus
d'ailleurs, s'est introduite chez elle. Particulièrement hostile,
cette dernière se met en chasse de Brynn qui au bout d'un certain
temps parvient à prendre le dessus en tuant accidentellement
l'intrus.ne sachant comment faire, Brynn prend son courage à deux
mains et décide de se rendre au bureau du shérif. Mais en chemin,
elle constate que des crop-circles ont envahit les jardins de
plusieurs habitants. Pire : certains d'entre eux semblent comme
''possédés''. De retour chez elle, Brynn s'approche du cadavre de
l'extraterrestre qu'elle a tué la veille et constate que quelque
chose s'est échappé d'entre ses lèvres... Dénué de tout
dialogue, No One Will Save You
ne fera sans doute pas oublier certaines des œuvres citées
ci-dessus. D'autant plus qu'en matière de psychologie, en dehors des
bribes de récit concernant le passé de l'héroïne, l'écriture
s'avère on ne peut plus sommaire. Mélange de ''Body
Snatchers''
et de ''Home
Invasion'',
le second long-métrage de Brian Duffield n'en est pas moins
relativement ''divertissant''. Et puisqu'en matière très précise
de film de science-fiction mettant en scène des créatures prônant
l'occupation des corps, rien de nouveau ne s'est présenté à nous
récemment, pourquoi ne pas accorder à No One
Will Save You
le minimum d'intérêt auquel il peut prétendre ?
Entre Nope de Jordan Peel, The Hidden de Jack Sholder et les diverses interprétations du roman de The Body Snatchers du romancier américain, Jack Finney.
No One Will Save
You est
effectivement un melting-pot de ces diverses sources d'inspiration
qui en grande partie sont depuis devenues des classiques de la
littérature et du septième art. Ce dernier rejeton tend peut-être
à devenir un grand nom de la science-fiction en mode ''invasion
extraterrestre'' mais au vu du pesant challenge qu'il lui est imposé,
il y a peu de chances que l'on se souvienne de lui au delà de
quelques jours, voire quelques semaines. L'une des rares
originalités demeure dans l'attitude de l'héroïne et des
villageois envers elle. Des questions se posent d'emblée auxquelles
tente de répondre le réalisateur et scénariste avec rapacité.
Bien que la créature qui nous est présentée au départ ne semble
pas avoir bénéficié d'un soin particulier en matière de CGI,
l'idée de remplacer ses congénères par des hommes et des femmes
physiquement et intellectuellement investis par d'autres phénomènes
venus d'ailleurs semble être l'idée la plus simple et la plus
évidente qui soit venue à l'esprit de Brian Duffield. Les
effets-spéciaux étant ainsi parfois réduits à leur plus simple
expression, c'est déjà ça d'économisé sur le budget. Il demeure
au sein du récit quelques grossières resucées comme lorsque est
scannée la demeure (un emprunt aux deux adaptations
cinématographiques de La
guerre des mondes)
ou lorsque se déplace dans le ciel un vaisseau caché derrière un
nuage (Nope).
Avec No One Will Save You,
nous sommes plus proches du film d'épouvante et de l'action que de
la science-fiction pure, simple et réaliste. C'est d'autant plus
rageant que les amateurs de cette dernière retrouveront quelques
indices visuels qui les tromperont sur la marchandise. À commencer
par les créatures plus ou moins semblables à l'idée que l'on se
fait majoritairement d'extraterrestres dotés d'une grande
intelligence (lesquels ne trouvent ici rien de mieux que de venir
foutre le souk sur notre planète). Gros yeux sombres et crâne
sur-développés ne semblent donc pas être gages de facultés
intellectuelles supérieures. Du moins, pas en ce qui concerne le
long-métrage de Brian Duffield. Ensuite, quelques intéressants
visuels émergent ça et là. Comme l'enlèvement du corps
extraterrestre par un rayon-tracteur. Mais en réalité, le film est
en grande partie décevant. L'arrivée d'une créature aux dimensions
beaucoup plus impressionnantes terminant ainsi de noircir le tableau.
Ça en devient presque gênant. Bref, tout ce que semble construire
le scénario au départ est sujet à des modifications qui
transforment No One Will Save You
en un vulgaire film d'épouvante-fantastique insistant un peu trop
sur les diverses attaques d’origine extraterrestre tout en niant le
droit à une certaine profondeur. Plus le récit de No
One Will Save You
évolue et plus l'aventure s'avère pénible à suivre. Et lorsque
même à la fin Brian Duffield choisit d'offrir une réponse aux
questions du début, là encore, on éprouve beaucoup de mal à
concevoir ce que veut dire par là le cinéaste...