Avant, avant,
avant-dernier long-métrage du réalisateur japonais Kiyoshi Kurosawa
(Cure,
Kaïto,
Tokyo Sonata),
Avant que nous disparaissions,
titre ô combien poétique n'ayant rien à voir avec l'original Sanpo
suru shinryakusha
qui signifie tout simplement invasion, est une œuvre de
science-fiction très particulière qui n'a que peu de rapport avec
ce que l'on a l'habitude de découvrir en la matière. Bien que le
fond soit commun à des longs-métrages tels que L'invasion
des profanateurs de
Philip Kaufman ou même Hidden de
Jack Sholder, la forme y est par contre radicalement différente.
Ici, l'invasion prend tout d'abord des allures de promenade urbaine
dans une ville où semble lentement se propager un nouveau virus dont
les symptômes se révèlent étonnant : en effet, les femmes et
les hommes atteints par ce que croient être avec erreur une nouvelle
souche de virus les autorités médicales et que les médias vont
reléguer transforme les habitants qui dès lors semblent perdre la
tête. Mais la vérité est ailleurs et ce n'est rien révéler de
fondamentalement confidentiel que de le dire puisqu'un certain Amano
(l'acteur Mahiro Takasugi) l'évoque lui-même assez rapidement.
L'invasion a commencée et elle va prendre une forme beaucoup moins
radicale que dans le premier classique évoqué plus haut. Film à
petit budget comme l'a souligné lui-même le réalisateur japonais,
Avant que nous disparaissions brille
par l'absence quasi-systématique des effets-spéciaux. Lesquels se
résument à quelques éclairages accentués lorsque les
extraterrestres qui tentent d'envahir notre planète dépouillent
leurs victimes de certaines connaissances pour les intégrer et ainsi
apprendre et évoluer...
Car
Avant que nous disparaissions
repose avant tout sur cela. Mais si le principe semble quelque peu
barbare, Kiyoshi Kurosawa le fait avec une certaine douceur. Comme si
les humains n'avaient en fait pas vraiment grand chose à craindre
que la simple perte d'informations. Une invasion qui, si elle paraît
s'effectuer en douceur est bien réelle. Narumi Kase (l'actrice
Masami Nagasawa) ne reconnaît plus son époux Shinji (Eyuhei
Matsuda). Quant au journaliste Sakurai (Hiroki Hasegawa), il va
servir de guide (in)volontaire auprès d'Amano. D'une durée excédant
de peu les deux heures, Avant que nous
disparaissions
se traîne sur un rythme qui risque de faire des dégâts sur la
communautés des amateurs de blockbusters bourrés jusqu'à la gueule
de CGI. Car ici, le réalisateur s'intéresse surtout à ses
semblables et s'avère beaucoup plus psychologue que bon nombre de
cinéastes dont l'intérêt premier est d'en mettre plein la vue au
détriment de la caractérisation. En résulte une œuvre plus
profonde qu'à l'accoutumée bénéficiant d'une cadence forcément
moins soutenue mais qui a le mérite de ne pas trop empiéter sur des
terrains déjà conquis. ''Pas trop'' car de fait, le film reprend
bien le concept de L'invasion des profanateurs
tout en enrichissant ses envahisseurs d'une personnalité et d'un
désir d'apprendre totalement absents de l’œuvre de Philip Kaufman
et dans laquelle les envahisseurs semblaient former une communauté
sans conscience. Tout en reprenant le concept de l'appropriation de
corps, Kiyoshi Kurosawa inverse complètement la psychologie de ses
extraterrestres...
Produit
en 2017, sorti au Japon en septembre 2017 et notamment diffusé lors
du Festival de Cannes en mars de l'année suivante, Avant
que nous disparaissions n'a
pas vraiment rassemblé les foules devant les écrans de cinéma
puisque le film n’engrangera sur un plan mondial que la somme de
quatre-cent quarante-huit mille dollars. Une misère au regard des
qualités du film et de sa très grande originalité. Une œuvre au
ton parfois humoristique qui trouve sa fantaisie jusque dans la
partition musicale signée du compositeur Yusuke Hayashi. Sobre mais
aussi parfois épique à la manière d'un Harry
Potter,
elle accompagne les personnages dans leurs étonnantes péripéties.
On relèvera tout de même des incohérences parmi lesquelles,
notamment, le vol de ''concepts'', surtout si l'on part du principe
que les envahisseurs intègrent dès le départ les connaissances de
leur hôte comme cela est précisé à un moment très précis du
film. Lent, parfois même un peu trop comme pourront s'en plaindre
certains, Avant que nous disparaissions n'en
est pas moins une œuvre très intéressante et conceptuelle. Ceux
qui abhorrent les extraterrestres belliqueux seront ravis de
découvrir que ceux-ci sont plutôt sympathiques même s'ils cachent
en réalité de noirs desseins. Une très belle surprise...
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