Depuis quasiment leurs
débuts, les réalisateurs Aaron Moorhead et Justin Benson
travaillent en commun sur des projets scénaristiquement,
artistiquement et dans leur accomplissement, relativement ambitieux.
Grosse sensation en 2014, Spring
évoquait l'étrange relation entre un jeune américain nouvellement
installé en Italie et une femme très belle mais abritant un très
lourd secret. Trois ans plus tard, les deux hommes confirmaient tout
le bien que l'on pouvait penser d'eux avec The
Endless
et son étrange communauté qui ''refusait'' de vieillir. Alors qu'il
nous tarde qu'en France sorte leur nouveau projet Something
in the Dirt
dont le sujet semble être aussi passionnant que pour leurs
précédentes collaborations, Aaron Moorhead et Justin Benson ont
entre temps et par la suite tourné divers épisodes pour les séries
télévisées The Twilight Zone,
Archive 81,
Moon Knight
et Loki.
Il ont malheureusement aussi ''commis'' en 2019 le curieux Synchronic
dont la thématique ne dépareille évidemment avec ce que les deux
réalisateurs (et scénariste en ce qui concerne le second) ont
l'habitude de proposer à leur public. Ici, le sujet de la drogue,
dans une œuvre mâtinée de science-fiction. Rien de neuf me
direz-vous puisque d'autres avant eux se sont lancés dans ce genre
d'aventures psychotropico-anticipative (quoique en terme
d'anticipation, on pourra trouver le concept ''légèrement''
improbable). Synchronic
met en scène deux ambulanciers-urgentistes travaillant sur le sol de
la Nouvelle-Orléans où une nouvelle drogue de synthèse connue sous
le nom de Synchronic
est
récemment arrivée sur le marché et fait des ravages parmi la
population. Steve Denube (l'acteur Anthony Mackie) vit seul et de
rencontres sans lendemains. Atteint d'une tumeur du cerveau, il est
collègue avec Dennis Dannelly (Jamies Dornan), marié à Tara et
père de Brianna qui vient tout juste de fêter ses dix-huit ans.
Lorsque celle-ci disparaît, Steve décide de la retrouver en
employant un moyen hors du commun. En effet, ayant lui-même exploré
les possibilités du Synchronic,
il a découvert que la drogue permettait de voyager pour un cours
moment dans le passé. Convaincu que Brianna en a consommé avant de
disparaître, Steve multiplie les expériences afin de retrouver la
trace de la jeune femme...
Le
récit a beau évoquer Dieu, l'univers, Albert Einstein ou Stephen
Hopkins, ça n'est pas ici que les amateurs de hard-science qui
s'auto-évaluent comme de grands connaisseurs du sujet du voyage dans
le temps prendront leur pied. À vrai dire, pour l'instant Synchronic
est la proposition la plus faiblarde des deux réalisateurs qui
semblent avoir ici perdu de leur inspiration. C'est d'autant plus
dommage que le début était prometteur avec ce couple visiblement
sous l'influence de la drogue, victimes d'hallucinations directement
projetées devant nos yeux. Un délire visuel, court, mais presque
intense, proche de la ''vision'' d'Alex Garland et de son décevant
Annihilation
sorti
directement sur la plateforme Netflix
un an auparavant. Et puis, plus rien, ou presque. De ces œuvres qui
sur le papier dénotent l'ambition de leurs auteurs mais qui une fois
mis en route, laissent peu de place à l'imagination et s'avèrent à
l'inverse du synopsis, incroyablement fades. C'est donc le cas ici,
où le récit se concentre quasiment exclusivement autour du
personnage interprété par l'acteur afro-américain Anthony Mackie.
Quelques courtes séquences laissant présager de ce qu'aurait pu
être le long-métrage viennent confirmer que l'on est passés à
côté de quelque chose de grand : Des situations d'urgence
cauchemardesques, des visions du passé anxiogènes, de la S-F de
haute volée, tout ceci n'étant finalement qu'un fétu de paille
partant en fumée après seulement quinze minutes. Quelques visions
nihilistes d’individus sous l'influence de la puissante drogue de
synthèse ne suffisent pas à rendre intéressant ce récit qui de
surcroît nous plonge à diverses époques d'un pauvreté visuelle
étonnante chez nos deux réalisateurs. Auto-produit, écrit,
réalisé, monté et photographié par l'un ou (et) l'autre des deux
réalisateurs, Synchronic
est une déception hautement dispensable. Concernant les voyages dans
le temps,il sera plutôt conseiller de retourner voir du coté des
classiques du genre. Au hasard, Time
After Time
de Nicholas Meyer, Retour
vers le futur 1 &
2
de Robert Zemeckis, ou encore, le meilleur de ceux traitant des
paradoxes temporels, Predestination
des frères Michael et Peter Spierig...
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