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mardi 24 août 2021

2050 de Princeton Holt (2020) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆

 


 

En l'an 2050 où se situe l'intrigue de ce troisième long-métrage du réalisateur Princeton Holt après Cookies & Cream en 2008 et The 10 Commandments of Chloe en 2013, rien n'a foncièrement changé... ou presque. Les voitures ont gardé cette même allure impersonnelle que celles que l'on croise dans notre quotidien. Les couples vivent toujours avec leurs problèmes. Bref, on ne croise dans 2050, que de futiles avatars signifiant que l'on a bien fait un bond de trente ans dans le futur. Mais une poignée de drones survolant la ville où se situe l'action suffiront-ils à eux seuls à nous faire croire à cet avenir nocturne où les noir et rouge, noir et bleu, noir et vert et où tout un panel d'autres couleurs dominent des environnements en perpétuel mutation chromatique ? Pas vraiment, non. Avec sa gueule de film indépendant voulant se racheter une conduite classieuse en jouant la carte du raffinement à travers sa bande-originale invasive, 2050 affiche une grandiloquence qui ternit son propos. Tantôt dans l'esprit des films pour adolescents boutonneux avides de sexe au format cinémascope mais arborant le plus souvent une image prétentieuse aux couleurs primitives saturées et à la bandes-on qui connaît ses ''classiques'' sur le bout des doigts, le thème central de 2050 et son interaction avec ses sex-bot plus vrais que nature offre une porte d'entrée à quelques visions charnelles qui autrement auraient sans doute subit les foudres de la censure. Voir en ouverture une vulve synthétique dénuée de toute pilosité est assez rare pour une œuvre que l'on décrira de classique pour que la chose soit passée sous silence. La vision d'un sexe féminin comparé à cette vision non-organique agit comme autant de différence entre une femme pratiquant le topless sur une plage et une seconde qui par provocation éprouverait le besoin de retirer tout ce qu'elle porte au dessus de la ceinture dans son milieu professionnel.


Chopin, Satie ou cinq longues, très longues minutes de l'opéra Carmen (L'amour est un oiseau rebelle), quelques airs façon ''piano-bar cosy'', la bandes-son apporte un réel cachet au long-métrage de Princeton Holt tout en offrant le sentiment de n'être qu'un film se planquant sous les certains oripeaux afin de cacher la misère d'un scénario dont les vides sont légion. Errance nocturne de son personnage principal qui semble découvrir qu’au-delà de son couple et de ses rapports personnels se vit en dehors de son intimité, des aventures sexuelles dont il ne soupçonnait pas l'existence. L'occasion pour le réalisateur de nous livrer en un seul plan d'un peu plus de deux minutes trente, une séquence située dans un club échangiste où le concept ''d'inclusif'' prend tout son sens. Hétérosexualité, homosexualité, blancs, noirs, asiatiques, jeunes et cougars, il y en a pour tout le monde, ou presque. En cherchant bien, ou plutôt, en écarquillant des yeux dans cette éternelle obscurité dans laquelle Princeton Holt se complaît à plonger le personnage de Michael Greene (l'acteur David Vaughn), concepteur de jeux vidéos, on trouvera même peut-être quelques spécimens de transgenres ! Maintenant que le réalisateur semble avoir mis un point d'honneur à matérialiser quelques effets de modes faussement progressifs, pourquoi ne pas immédiatement faire machine arrière lors du plan suivant ? Une séquence mettant en scène bien des années après Lloyd, le barman de Shining de Stanley Kubrick, ou Arthur, cet autre serveur androïde de Passenger de Morten Tyldum, le steward Maxwell qu'interprète l'acteur Dean Cain qui depuis qu'il a troqué son costume de Superman de la série Loïs & Clark pour des dizaines d'autres rôles au cinéma et à la télévision a pris de l'embonpoint et échangé sa belle gueule pour un visage bouffi...


Si 2050 a moins l'air de faire preuve d'une naïveté assumée que d'une puérilité incontrôlée, la poudre nous est si maladroitement jetée aux yeux que l'on perçoit l'escroquerie après seulement quelques minutes. Et blablabla, et blablabla, ça parle, ça bavasse, pour ne pas dire grand chose tout en s'estimant assez profond pour nous noyer sous un flot de paroles dont a parfois du mal à saisir le sens et même le ton qui oscille entre humour pince-sans-rire et académisme du dimanche. Chaque séquence est pour le réalisteur l'occasion de nous dire ''voyez comme je sais manipuler les images et le son''. Et d'une certaine manière, c'est vrai. Mais à force de trop vouloir y impliquer de célèbres airs de musique classique ainsi qu' un visuel qui n'a, au fond, rien de vraiment inédit, à des dialogues anodins, 2050 fait, au mieux, poliment sourire, au pire énerve par sa dégoulinante prétention qui suinte de chaque plan. Si l'on se souviendra de la chose, ça ne sera certes pas pour les bonnes raisons. À sa décharge, le film m'aura au moins donné envie de redécouvrir l’excellent Ex Machina d'Alex Garland pour son propos ou le sublime Blade Runner 2049 de Denis Villeneuve pour son approche visuelle. Pour le reste, le long-métrage de Princeton Holt n'est qu'un désolant coup d'épée dans l'eau...

 

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