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mercredi 15 avril 2020

The Divide de Xavier Gens (2011) - ★★★★★★★☆☆☆



Au départ, ça commence comme du Luc Besson... Arghhh !!! Xavier Gens filme un cataclysme à travers le regard de son héroïne puis le reflet d'une vitre. Une toute petite poignée de secondes, sans doute parmi les plus colorées de ce Divide signé du réalisateur, scénariste et producteur français Xavier Gens qui après s'être fait la main sur quelques courts-métrages à débuté sur grand écran en 2007 avec deux longs-métrages. Tout d'abord Frontière(s), un ersatz plutôt sympathique du film culte de Tobe Hooper Massacre à la Tronçonneuse, puis avec Hitman, l'adaptation d'un jeu vidéo d'action et d'infiltration éponyme créé par l'entreprise de développement danoise IO Interactive, et sorti sur PC au tout début des années 2000. Suivirent ensuite Lady Blood en 2008 en tant qu'acteur (la suite du Baby Blood d'Alain Robak sorti dix-huit ans auparavant), La Horde en 2009 en tant que producteur, puis The Divide en 2011. Depuis, Xavier Gens à réalisé l'un des segments de l'anthologie horrifique The ABCs of Death en 2012, a réalisé Cold Skin en 2017, puis successivement en 2018 et 2019, a réalisé Budapest et produit Papicha. Comme on peut le constater, pas mal d'horreur, un peu de comédie, de drame et une touche de S-F...

The Divide est une œuvre de science-fiction post-apocalyptique qui paraît au premier abord suivre la trace de certains de ses illustres prédécesseurs. On pense tout d'abord aux plus récents qui à l'époque servent de références : 28 Jours plus Tard de Danny Boyle, sorti en 2002 (et sa formidable séquelle réalisée en 2007 par Juan Carlos Fresnadillo, 28 semaines plus Tard), Le Temps du Loup de Michael Haneke la même année, Le Jour d'Après de Roland Emmerich (preuve que l'allemand est capable de signer autre chose que de la merde!) en 2004, Je suis une Légende de Francis Lawrence en 2007 ou encore La Route de John Hillcoat en 2009. Pourtant, ici, pas de vampires ou d'infectés assoiffés de sang, et la fin du monde ne semble pas être au cœur des préoccupations du réalisateur. Non ce qui semble d'abord fasciner le français, ce sont les rapports humains. Mais loin d'avoir l'intention de nous narrer un joli conte pour petits et grands, Xavier Gens est plus près de ces auteurs pour qui ce genre de situation est l'occasion d'exposer une espèce humaine capable de laisser s'exprimer ses plus vils instincts. Huit rescapés d'un immeuble qui s'est effondré sur ses fondations se sont réfugiés dans le bunker que l'un d'eux à construit de ses propres mains. Deux femmes pour six hommes (dystopie et parité n'ayant ici aucune raison de se côtoyer) qui vont devoir partager le même espace de confinement (dehors, l'air est vicié par des particules radioactives) et le stock de nourriture méticuleusement rassemblé par le propriétaire des lieux (l'acteur américain Michael Biehn qui vingt-sept ans après le film culte de James Cameron Terminator est à nouveau confronté à un univers post-apocalyptique)...

Les personnalités se dessinent alors qu'à l'extérieur, des individus en combinaisons semblent mener des expériences sur de jeunes enfants. Qui de Eva, Marilyn, Mickey, Josh, Adrien, Elvin, Sam et Bobby va résister à l'envie de prendre possession des lieux ? Qui au contraire va profiter de la situation pour montrer son vrai visage et prendre le pouvoir ? Les esprits s'échauffent petit à petit et l'ambiance se fait de plus en plus délétère. Ce ne sont pas tant les quelques saillies sanglantes qui dérangent ici mais la violence psychologique. Si certains tentent de conserver leur intégrité morale (Iván González dans le rôle de Sam), d'autres en revanche s'abandonnent à la fange et à l'impudeur (Rosanna Arquette dans le rôle de Marilyn) ou à la torture psychologique et physique (Michael Eklund parfaitement effrayant dans la peau de Bobby). Xavier Gens accouche d'une œuvre authentiquement cauchemardesque qui prend la théorie de l'évolution du naturaliste Charles Darwin à rebours en faisant de ses rescapés, des individus capables de se comporter pire que des bêtes pour survivre.

Mais pas que... puisqu'il ne s'agit plus seulement de conservation, mais de laisser s'exprimer ce que l'âme humaine a de plus sombre. Le Mal s'empare des esprits mais aussi des corps. Les visages se font blafards, le regard s'injecte de sang, les parasites colonisent le cuir chevelu. Tout chez Xavier Gens se délite pour n'être plus qu'une parodie d'humanité où l'ordre et la morale n'y sont plus pour mettre un frein aux agissements les plus répréhensibles. The Divide est l'une des visions du futur les plus noires et pessimistes que le septième art nous ait offert. En cela, on peut remercier le réalisateur ainsi que ses interprètes, tous formidables, la photographie de Laurent Barès et le score de Jean-Pierre Taïeb de nous avoir offert un voyage aussi pathologiquement mémorable...


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