En pleine guerre froide,
et alors que la course à la conquête de l'espace revêt une
importance considérable pour les États-Unis et l'URSS, certains
dirigeants de l'Union Soviétiques s'inquiètent des progrès
effectués par les américains qui risquent très bientôt d'envoyer
dans l'espace un vol habité. C'est la raison pour laquelle le
lieutenant-général Nikolaï Kamamine presse les ingénieurs du
programme spatial d'accélérer les choses en avançant la date du
premier lancement d'une navette habitée par deux hommes. Celui-ci
étant désormais prévu pour 1965 et non plus 1967, le vol sera
dirigé par les pilotes de l'armée soviétique Pavel Beliaïev et
Alexeï Leonov. Mais en précipitant les choses, le
lieutenant-général Nikolaï Kamamine ne semble pas avoir réellement
pris en compte les enjeux d'une telle décision. Car en coupant
l'herbe sous le pied des ingénieurs, il prend le risque de mettre en
danger la vie des futurs pilotes insuffisamment entraînés et par le
manque de temps nécessaire à la conception d'une navette
suffisamment fiable pour ramener les deux hommes sur Terre après
leur voyage dans l'espace.
C'est sur ce point de
départ que le cinéaste Dmitri Kisseliov décide de réaliser en
2016 le film Время Первых
(The Spacewalker), s'inspirant ainsi de l'événement
qui eut lieu le 18 mars 1965 au dessus du ciel de l'Union
Soviétique : la première sortie extra-véhiculaire d'un homme
dans l'espace. Et l'homme qui effectua cette prouesse héroïque,
c'est le cosmonaute Alexeï Leonov, qui dans le cadre de la mission
Voskhod 2 prit en compagnie du commandant de bord Pavel
Beliaïev, des risques insensés au nom de l'Union Soviétique et de
ses principaux dirigeants.
Un
acte humain d'une bravoure que l'on a sans doute un peu de mal à
réaliser aujourd'hui, surtout lorsque l'on connaît les progrès
effectués depuis. Le long-métrage de Dmitri Kisseliov permet de
constater à quel point le pari arbora une apparence suicidaire au vu
de préparations considérées alors insuffisantes. Précédé d'un vol
d'essai dont le résultat fut l'explosion de
Voskhod 1,
on imagine sans mal le courage qu'il a fallut à Alexeï Leonov et
Pavel Beliaïev pour accepter de monter à bord de Voskhod
2 au
péril de leur vie. Comme nous le démontre également Время
Первых,
arrivée
sans encombre en orbite autour de la Terre, la mission a connu
quelques ennuis techniques transformant cette belle aventure humaine
et spatiale en une œuvre où l'angoisse sourde à travers les pores
de ses deux principaux protagonistes incarnés à l'écran par les
acteurs Evgueni Mironov et Constantin Khabenski.
Mis
en musique par le compositeur Yuriy Poteyenko, le long-métrage de
Dmitri Kisseliov prend des allures d'acte de bravoure, ce que
l'événement demeure tout à fait au long de ses cent-trente
minutes. Plus de deux heures d'un film plutôt réussi, peu ennuyeux,
et respectant une certaine crédibilité. La même que celle du
Apollo 13 du
cinéaste américain Ron Howard, lui-même inspiré d'un fait divers
authentique. Loin de la surenchère visuelle du cinéma américain,
le spectacle proposé par ce film d'origine russe s'attache surtout à
respecter l'Histoire mais n'en demeure pas moins parfois très
esthétique. Surtout lorsqu'il est donné au spectateur l'occasion
d'assister à la mise en orbite de la navette Voskhod
2. Le film entretient un bon suspens et offre l'occasion de revenir sur
l'un des moments-clés de la conquête de l'espace... Une très bonne
surprise qui connaîtra un énorme succès dans son pays d'origine à
sa sortie en 2017...
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