samedi 16 août 2025

The War of the Worlds de Rich Lee (2025) - ★★☆☆☆☆☆☆☆☆

 


 

S'attaquer à La guerre des mondes, c'est s'en prendre à un monument de la littérature anglo-saxonne. À l'origine, le roman de l'écrivain britannique H.G.Wells The War of the Worlds fut publié pour la toute première fois en 1898. Adapté en 1953 par le réalisateur Byron Haskin, le film est depuis devenu un classique de la science-fiction. En 1981, le cinéaste polonais Piotr Szulkin signa Wojna Swiatów - Nastepne Stulecie, une adaptation libre et méconnue du grand public de l’œuvre de H.G.Wells. D'autres poursuivront l'entreprise au cinéma en signant des longs-métrages plus ou moins notables comme Steven Spielberg en 2005, sa vision scindant ainsi le public en trois catégories. Ceux qui adoubèrent d'emblée sa version, ceux qui détestent et ceux qui changèrent d'avis à son sujet au fil des années. La télévision n'étant pas en reste, plusieurs séries virent le jour. Et notamment en 2019 où surgirent non pas une mais deux adaptations. La piteuse The War of the Worlds de Craig Viveiros et la convaincante Guerre des Mondes de Howard Overman. Des adaptations qui à travers le temps, on le voit, n'ont pas toutes réussi à sublimer le matériau de base. C'est donc avec espoir que l'on attendait avec plus ou moins d'impatience l'arrivée sur la plateforme Prime Video de la toute nouvelle itération signée de Rich Lee même si le cinéaste n'a jusque là consacré sa carrière qu'à tourner des clips vidéo ! Mise à disposition des abonnés depuis le 30 juillet dernier, sa vision du récit est tout d'abord prometteuse. En effet, plutôt que montrer l'invasion d'une espèce extraterrestre particulièrement hostile de manière directe et frontale, Rich Lee préfère mettre en scène ses protagonistes à travers l'emploi des réseaux sociaux et de caméras de surveillance. Travaillant d'arrache-pied pour le département de la Sécurité intérieure américain, Will Radford (Ice Cube) s'implique totalement dans la vie de ses deux enfants qu'il s'est juré de protéger depuis le décès de son épouse.


Les vingt premières minutes se concentrent d'ailleurs autour de ses activités professionnelles dont il use pour notamment s'assurer que sa fille Faith (Iman Benson) se nourrit convenablement !!! Un exemple parmi tant d'autres d'objets d'usage courant connectés. Montres, voitures, caméras, téléphones et même... réfrigérateurs ! Cela peut faire sourire mais montre bien que le Gouvernement américain contrôle absolument tout des faits et gestes de la population. Durant cette première partie, notre héros tente également de mettre la main sur un pirate informatique insaisissable qui se fait connaître sous le nom de Disruptor ! Alors que d'étranges phénomènes météorologiques se manifestent un peu partout sur Terre, une vague de météorites s'écrase un peu partout dans le monde. D'énormes roches provenant de l'espace mais qui en réalité cachent en leur cœur d'énormes machines, des tripodes, venues apparemment détruire les plus importantes infrastructures de notre planète... Aïe ! Si le film n'excède pas les quatre-vingt dix minutes, ramenant ainsi l'invasion extraterrestre à une durée d'une heure environ, le spectateur se retrouve devant ce qui demeure à ce jour comme l'une des pires propositions en matière de science-fiction tous genres et sous-genres confondus. Dès le départ, la réactivité insensée de Will Radford dont les préoccupations familiales semblent en outre parfois plus importantes que la défense de son propre pays est d'une invraisemblance qui frise le ridicule. Car à moins qu'il soit atteint du Syndrome d'Asperger ou que son crâne renferme non pas UN cerveau mais deux ou trois, sa gestion des divers événements est tout simplement improbable.


Heureusement pour lui, il va pouvoir compter sur le soutien de sa fille Faith, une chercheuse extrêmement talentueuse dans le domaine de la bio-médecine ainsi que sur celle de son fils Dave (Henry Hunter Hall), grand amateur de jeux vidéos mais aussi et surtout, pirate informatique. Car, oui, les amis, Disruptor, c'est lui ! Ouais, je balance l'info, mais on s'en fout, hein ? De toute manière, c'est tellement mauvais que vous ne vous donnerez pas la peine de regarder cette purge. Et même, si la tentation de perdre une heure trente de votre existence devient irrésistible, le spectacle auquel vous allez assister est tel que ce spoil ne deviendra plus qu'un petit détail noyé au sein d'un fleuve d'invraisemblances et de situations plus ridicules les unes que les autres. Reposant sur un concept similaire à Searching - Portée disparue d'Aneesh Chaganty qui en 2018 était autrement plus convaincant, The War of the Worlds prend vraiment les spectateurs pour des abrutis, glorifiant en outre le cercle familial en réunissant deux génies en informatiques (le père et le fils) ainsi que l'avenir de la médecine moderne (la fille). Trois héros d'une même famille qui à eux seuls vont carrément sauver le monde. Passons le montage parfois ultra-cut qui invisibilise la plupart des actions, des tripodes qui rappellent non pas les grandes heures de la science-fiction sur grand écran mais davantage l'univers vidéoludique (mon dieu, ces lasers... nous sommes en 1990 ou quoi?), ces retournements de situations (les intentions réelles des envahisseurs) qui mettent un énorme coup de pied aux précédentes éventualités ou la fille et le fils que l'on croit morts à tour de rôle mais qui par miracle (ou par un subterfuge scénaristique dépassant l'entendement) ont survécu. Sans parler de cette course contre la montre finale d'un pathétisme qui mériterait d'être étudié dans les écoles de cinéma. Mais la cerise sur la gâteau, dont tout le monde a sans doute déjà entendu parler et qui loin d'être conspiratrice est bien réelle, est cette propension à transformer l’œuvre magnifique de H.G.Wells en véritable plateforme promotionnelle dont les éventuels ''bénéfices'' reviennent à... Amazon. Que vous achetiez ou pas des produits vendus par l'enseigne, ici, vous allez en bouffer du début à la fin. À travers le personnage de Mark Goodman (Devon Bostick), petit ami de Faith et chauffeur-livreur chez... devinez qui... Amazon bien sûr. La marque, le réalisateur la placarde chaque fois qu'il en a l'occasion. Mais pas de chance pour son fondateur Jeff Bezos : le film est une telle purge que l'on parlera ici d'anti-pub. Bien fait pour sa gueule. À contrario, et à bien y repenser, The War of the Worlds pourrait dans un avenir pas si lointain que ça, passer du statut de bousin à celui de nanar culte... !

 

samedi 9 août 2025

Objectif septième planète (Journey to the Seventh Planet) de Sidney W. Pink (1962) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Nous sommes en 2001, période de notre histoire qui coïncide avec le troisième des quatre actes que constitue le chef-d’œuvre de la science-fiction signée de Stanley Kubrick, 2001, l'odyssée de l'espace. Six années seulement séparent celui-ci d'Objectif septième planète (Journey to the Seventh Planet) de Sidney W. Pink et pourtant, l'on a l'impression que techniquement, un siècle a passé entre les deux longs-métrages tant la maîtrise du maître américain semble avoir déserté le plateau de tournage de cette petite production américaine qui pourtant démarre sous les meilleures augures. En effet, comment ne pas vouloir croire au potentiel d'une œuvre qui à travers quelques Stock-shots de la NASA laissent espérer un récit réaliste se déroulant dans l'espace, là où l'homme n'a encore jamais mis les pieds. Plus ambitieux que de se contenter d'aller faire explorer à ses cinq astronautes la Lune ou Mars, Sidney W. Pink et le scénariste Ib Melchior imaginent la prospection d'Uranus, avant-dernière planète de notre système solaire se trouvant à une distance de plus de deux milliards et deux-cent millions de kilomètres de la Terre. Science-fiction oblige, la fusée pourtant tout ce qui semble être de plus classique de nos protagonistes est suffisamment puissante pour les mener à bon port aussi rapidement qu'il ne faut pour le dire (une arrivée à bon port précédée par le passage aux abords de la Lune de quelques instants seulement !). Bien loin d'atteindre le degré de réalisme que nous administrera Stanley Kubrick avec 2001, l'odyssée de l'espace, Sidney W. Pink nous assène une histoire certes originale mais qui dans un tel contexte visuel ne peut désormais que faire sourire les amateurs chevronnés de science-fiction. Techniquement et artistiquement dépassé et donc démodé, Objectif septième planète et ses soixante-quinze mille dollars de budget n'avaient de toute manière aucune chance d'accéder au panthéon du genre. Et ce, malgré l'histoire relativement intrigante d'une entité extraterrestre prenant en sa possession l'esprit de nos cinq voyageurs de l'espace, transformant ainsi la surface d'Uranus en une réplique quasiment exacte de la Terre qu'ils connaissent...


C'est donc avec une certaine économie de moyens que le film explore la surface de la septième planète de notre système solaire. Quelques bonnes idées viennent heureusement émailler le longs-métrage. Comme cette flore qui pousse par on ne sait quel miracle puisque les plantes ne possèdent aucune racine (une idée, en réalité, absolument géniale s'agissant de ce que l'esprit humain retransmet à l'entité extraterrestre de ce qu'il voit extérieurement de la faune terrestre). Ou comme lorsque le capitaine de l'équipage évoque cette maison où il vécut, les arbres qui l'entourèrent, tandis qu'en arrière-plan l'on voit prendre visuellement forme les éléments du récit qu'il est en train de conter à ses coéquipiers... Malheureusement, Objectif septième planète est gâté par des effets-spéciaux beaucoup trop cheap pour nous convaincre. C'est d'autant plus vrai que les astronautes finissent par se rendre compte que la flore qui les entoure n'est qu'un leurre et que derrière une ''barrière'' se trouve la planète Uranus telle qu'elle existe réellement. Ammoniac à perte de vue et très fort taux de radiations... Et là, mon dieu, le spectacle pique littéralement les yeux. En outre, le capitaine et ses hommes vont être attaqués par diverses créatures lors de séquences redondantes. Un rongeur géant (!!!) doté d'un œil de cyclope, une araignée, etc... Pour un résultat une fois de plus assez ridicule. Les nouveaux décors qu'explorent alors nos cinq astronautes demeurant à l'aune de cette faune agressive. Quant à l'entité elle-même, on ne lui reprochera pas d'apparaître sous le prisme d'une lumière aux formes et à la luminosité changeantes qui inspireront sans doute les scénaristes et les concepteurs en effets-spéciaux de la future et cultissime série de science-fiction américaine, Cosmos 1999... Bref, l'on conseillera exclusivement Objectif septième planète à celles et ceux qui veulent absolument tout découvrir de la science-fiction, depuis ses origines au cinéma, quel que soit le territoire ou la qualité de la conception ou du récit...

 

samedi 28 juin 2025

La fin du monde d'Abel Gance (1931) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

S'il n'a pas été le tout premier film parlant, La fin du monde d'Abel Gance n'est sorti que deux ans après Le chanteur de Jazz d'Alan Crosland. Première œuvre à faire entendre le son d'une voix, ce sont moins les personnages qui s'y exprimèrent clairement que celle ouïe durant les intertitres. Long-métrage de science-fiction mêlant romance, drame et catastrophe, La fin du monde est plus à proprement parler une œuvre d'anticipation. Abel Gance traite de son sujet à travers le portraits de personnages liés pour partie à la même femme. Geneviève de Murcie (Colette Darfeuil) est profondément attachée à Jean Novalic qu'incarne lui-même le réalisateur. Un homme fort amoureux de la belle mais qui selon sa condition sociale choisit de libérer sa place dans le cœur de la jeune femme au profit de son frère Martial (Victor Francen). Un astronome qui en consultant la nuit étoilée à travers un télescope géant situé dans un observatoire découvre qu'une comète se dirige tout droit vers notre planète. Selon ses calcules, le bolide s'écrasera sur Terre dans plusieurs mois. Tenue secrète jusqu'à maintenant, Martial se décide finalement à révéler sa découverte. Et ce, en partie pour nuire à un certain Schomburg. Homme de peu de morale, agrippé à l'idée de mettre Geneviève ''à son menu'', l'homme la viole lors d'un rendez-vous. Réfugiée chez son oncle, celui-ci lui conseille d'épouser Schomburg afin d'éviter tout scandale. Pendant ce temps, Jean intervient lors d'une dispute entre un père et sa fille. Gravement blessé et étendu sur le sol, Jean est aidé par un médecin (l'acteur Major Heitner) qui va le soigner. Pourtant, si physiquement le jeune homme parvient à se remettre de ses blessures, le docteur ne donne pas cher de son état mental... La fin du monde s'ouvrant sur la crucifixion du Christ, opère un astucieux travelling arrière qui fait état non pas d'une scène se déroulant en temps réel au moment ou Jésus fut crucifié mais bien d'une reconstitution de l'événement se situant sur les planches d'un théâtre ! Revenu de cette scène un peu longuette, Abel Gance plonge son personnage et tous ceux qui orbitent autour de lui dans un contexte où tout ou partie de la vie sur Terre doit s'éteindre.


Mais loin de justifier la thématique à travers le regard exclusif de ses protagonistes, le réalisateur développe la crise existentielle qui les enrobera bientôt, eux et le reste des habitants de notre planète. Créant ainsi l'idée d'une République Universelle formée autour de lois nouvelles auxquelles vont adhérer l'ensemble des nations. D'ici là, l'on assiste à la lente agonie de Jean, perdant peu à peu la tête tandis que Geneviève cherche désespérément le moyen de s'en rapprocher. Le personnage de Schomburg est foncièrement tyrannique, méprisant, au dessus des lois. L'apparat du riche homme d'affaires à qui rien ne résiste. L'entrée en bourse de Martial devenant ainsi le moyen le plus évident de défaire l'homme de son piédestal ! Œuvre éminemment ambitieuse dont on a pourtant du mal à envisager la portée qu'elle aurait pu ou dû avoir sur les spectateurs sachant qu'elle fut terriblement amputée (le film devait à l'origine durer plus de trois heures), La fin du monde explore avant les autres l'étude du comportementalisme chez l'homme et la femme face à une catastrophe d'ampleur mondiale à laquelle ils ont malheureusement peu de chance de survivre. Poétique et théâtrale, le romantisme chez Abel Gance est ici déployé sous une forme qui de nos jours paraît tout à fait surannée. La langue française prenant ainsi sa plus belle forme, entre déclarations d'amour enflammées et tragédie épicurienne dont les pires travers de la nature humaine s'exprimeront à intervalles réguliers. Lors de cette séquence de rue où Jean subit la foule alors même qu'il devrait être élevé au rang de héros. Une scène qui fait curieusement, mais dans une moindre mesure, écho au chemin de croix du Christ. Puis intervient ce dernier quart d'heure, témoignant justement de l'ambition d'Abel Gance. Cette profusion d'images provenant de diverses régions de la planète, jusqu'à la capitale française où les nantis se laissent aller à la luxure et la dépravation, entre débauche sexuelle et orgies de nourriture, tandis que dans les rues la panique s'empare des gens de petite condition. On rêve alors d'une version intégrale, sans doute perdue à jamais, et qui aurait probablement évité au long-métrage d'être accueilli si froidement à l'époque de sa sortie...

 

jeudi 29 mai 2025

The Silent Sea de Choi Hang-yong (2021) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

L'intrigue de la série sud-coréenne The Silent Sea (Goyo-ui Bada dans sa version originale) déplace ses personnages dans un futur plus ou moins lointain prenant pour cadre une station lunaire alors que sur Terre, l'eau a presque totalement disparue et se trouve désormais rationnée. Quelques rares images de notre planète sont exposées à l'écran tandis que la très grandes majorité des séquences se situent donc à bord de la station située aux abords de la Mer de la Tranquillité et où une première équipe de scientifiques fut envoyée cinq ans auparavant afin d'y effectuer des recherches. Un nouveau groupe d'astronautes est envoyé sur place et après avoir connu une grave avarie qui a condamné leur navette à disparaître au fond d'un gouffre, le chef de mission Han Yoon-jae (Gong Yoo) et les autres membres de l'expédition se rendent à la station. Remplissant in-extremis leurs réserves d'oxygène, ils découvrent tout d'abord que l'équipe de la précédente mission est passée de vie à trépas pour des raisons qui demeurent encore inconnues... Parmi les membres du nouvel équipage, l'on retrouve notamment l'astrobiologiste Song Ji-an (Bae Doona), le pilote de la navette Kim Sun (Lee Sung-Wook) ou encore le docteur Hong Ga-yeong (Kim Sun-young)... Créée par le réalisateur, scénariste et acteur sud-coréen Choi Hang-yong, la série est constituée de huit épisodes particulièrement inspirés par certains classiques de la science-fiction mêlant le genre à l'horreur et l'épouvante. Et deux longs-métrages en particulier puisque Alien de Ridley Scott et sa première séquelle Aliens réalisée quant à elle par James Cameron semblent avoir très fortement influencé le scénariste Park Eun-kyo. Dans la mesure où le spectateur est fan du premier, The Silent Sea va lui permettre de retrouver le climat anxiogène du chef-d’œuvre du cinéaste britannique en ce sens où le cadre et l'ambiance générale de la série retranscrivent plutôt fidèlement ceux du premier volet de la franchise mettant en scène le célèbre xénomorphe. En dehors de quelques espaces où les éclairages sont demeurés intacts, la plupart des coursives que vont explorer les membres de l'équipage seront plongés dans une obscurité à peine troublée par la présence de lampes-torches. En ce sens, Choi Hang-yong rempli parfaitement le contrat s'agissant d'instaurer une certaine angoisse tout au long d'une série qui cependant, aurait sans doute mérité d'être concentrée non pas en huit épisodes mais en seulement cinq ou six.


En effet, bien que les personnages, tous parfaitement campés, nourrissent chacun à leur manière le récit et bien que le principe d'exploration d'une base lunaire plongée dans le noir et d'une enquête menant à la résolution d'un phénomène aux conséquences désastreuses cultivent un réel intérêt pour l'intrigue, la redondance n'est pas loin. Malgré tout, The Silent Sea diffuse au compte-goutte quelques couches supplémentaires de sous-intrigues qui lui permettent de tenir la route ''PRESQUE'' jusqu'à sa conclusion. Recherche de la sœur disparue lors de la première mission (celle de Song Ji-an, Song Won-kyeong, incarnée à deux âges différents par les actrices Kang Mal-geum et Gong Jin-seo). Enqueête scientifique. Double-jeu... The Silent Sea évoque donc les recherches menées cinq ans en arrière par la précédente équipe de chercheurs, lesquels mirent à jour une eau dont les propriétés pourraient permettre de redonner espoir à l'espèce humaine. Une substance pourtant non dénuée d'effets secondaires dévastateurs comme purent le découvrir les téléspectateurs dès la mise en ligne de la série sur Netflix en décembre 2021. Jouant tout d'abord énormément sur le climat oppressant des installations lunaires, la série vire ensuite à l'horreur à travers une présence visiblement hostile et très attachée au seul élément liquide présent sur la station. D'où le rapport avec Aliens de James Cameron puisque la venue du personnage de Luna 073 (l'actrice Kim Si-a) semble cette fois-ci directement se référer à la gamine prénommée Newt (incarnée alors en 1986 par la jeune Carrie Henn dont il s'agira d'ailleurs de la seule présence sur grand écran avant de ''donner de la voix'' pour le film d'animation de L. Ruhland Thunder Island en 2020). Comment, en effet, ne pas ressentir le rapport entre la Luna 73 (en fait, l'un des nombreux clones ayant servi de cobayes cinq ans plus tôt) et l'astrobiologiste Song Ji-an comme une nouvelle itération de la relation qu'entretint Newt avec l'héroïne de la saga Alien incarnée alors par l'actrice américaine Sigourney Weaver, le lieutenant Ellen L. Ripley ? Bref, The Silent Sea est bourré de qualités. Mais est parfois engoncé dans une certaine répétitivité et dans une accumulation d'invraisemblances que l'on ne pourra cependant pas lui reprocher. À part sans doute cette fin un peu niaise et pour le coup, terriblement improbable. N'ayant pas connu le même succès que les grosses franchises notamment à l'effigie de l'excellent Squid Game, il semble peu probable que les fans (et il y en a) voient débarquer un jour une seconde saison pourtant très attendue...

 

samedi 10 mai 2025

The Assessment de Fleur Fortuné (2025) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Après avoir consacré les quinze dernières années à mettre en scène des courts-métrages et des clips vidéos, la réalisatrice et scénariste française Fleur Fortuné a mis en boite son premier long format en 2024. Intitulé The Assessment sur le plan international et L'évaluation dans nos contrées, le film met en scène un couple désirant concevoir un enfant par grossesse extra-utérine (seule technique autorisée par l'état). À une époque où les ressources mondiales se sont épuisées et où vivre en dehors d'immenses dômes protecteurs est devenu périlleux, Mia et Aaryan acceptent de suivre un test psychologique consistant à accueillir chez eux et durant sept jours une évaluatrice qui va devoir confronter le couple à différents types de situations. Dans un cadre ultra-moderne et pourtant relativement peu ''connecté'', la cinéaste française met en scène ses interprètes dans un contexte qui semble avoir été mille fois traité sur grand écran. En ce sens, l'arrivée de l'évaluatrice Virginia ne paraît pas vraiment diverger de ces situations qui à de nombreuses fois sur grand écran ont confronté des couples à des individus hostiles, fait de chair et de sang ou conçus pour améliorer les conditions de leurs propriétaires. Mais très rapidement, The Assessment s'impose comme une valeur sûre dans les domaines de la science-fiction dystopique, le drame et même, l'épouvante comme les spectateurs pourront le découvrir tout au long du récit. Le couple est formé à l'écran par l'américaine Elizabeth Olsen et le britannique Himesh Patel. Quant à la jeune femme qui bientôt va scrupuleusement étudier leur comportement, elle est incarnée par l'actrice suédoise Alicia Vikander. Si ses partenaires sont excellents, l'intérêt du long-métrage repose en grande partie sur l'interprétation de cette dernière, absolument saisissante dans le rôle de cette évaluatrice rigide et qui cache visiblement certains troubles du comportement. The Assessment évoque donc nombre de films portant sur divers sujets tous réunis autour de ce trio et du décor quasiment exclusif bâtit autour d'une luxueuse demeure et d'une plage de sable noir. Si les intérieurs ont été tournés à Cologne en Allemagne, les extérieurs ont quant à eux été filmés dans la partie nord de Tenerife, une île espagnole qui doit la couleur noire de son sable à son origine volcanique. Quel prix est-on près à payer pour obtenir le droit de concevoir un enfant ?


C'est en partie la question à laquelle tente de répondre Fleur Fortuné qui sur la base d'un scénario écrit par Nell Garfath Cox, Dave Thomas et John Donnelly développe un récit qui fait froid dans le dos et fait appel à l'intrusion d'une tierce personne. Véritable jeu de massacre psychologique pourtant bien plus profond qu'il n'y paraît, The Assessment dérange en ce sens où le spectateur peut très bien imaginer qu'une telle situation puisse survenir un jour prochain. La réalisatrice renforce le script de quelques éléments secondaires qui peuvent paraître à l'origine comme des ajouts subalternes mais qui au fil du temps prennent en réalité tout leur sens. Si Eizabeth Olsen et Himesh Patel interprètent parfaitement leur rôle d'éventuels futurs parents soumis aux desiderata de leur ''invitée'', c'est donc bien Alicia Vikander qui retient toute l'attention du spectateur. Tantôt froide, austère, inflexible et tantôt immature, têtue et destructrice (l'actrice se mettant ainsi dans la peau d'une jeune enfant turbulente afin de tester la résistance du couple), la suédoise marque forcément les esprits. Tout comme le scénario, pervers, limpide, astucieux, ambitieux et mature. En reprenant certains codes du film de science-fiction post-apocalyptique tout en les survolant d'un point de vue strictement superficiel lors du final (le film aurait effectivement mérité de se terminer dans l'antre d'Aaryan ou même quelques minutes auparavant lors la séquence découlant du bouleversant climax entre Mia et Virginia), la réalisatrice empêche son œuvre d'atteindre la perfection. L'une des principales qualités est par contre ici la sobriété avec laquelle la réalisatrice française nous conte ce véritable cauchemar psychologique. Sans jamais se laisser aller à la facilité de l'effet choc tant redouté, The Assissment ne tombe jamais dans les débordements graphiques, ceux-là même qui auraient pu condamner son œuvre à n'être qu'un film d'horreur de plus sous couvert de traiter en premier lieu un sujet fort et ambitieux. Bref, si vous avez pour habitude de détourner le regard lorsque sont accolés ensemble les termes ''Science-fiction'' et ''Prime Video'', faite une exception et plongez-vous sans craintes au cœur de cette redoutable histoire. Une chose est en tout cas certaine : c'est avec une très grande attention que l'on scrutera les prochains travaux de la réalisatrice française Fleur Fortuné...

 

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