samedi 22 novembre 2025

Spaceship Earth de Matt Wolf (2020) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

C'est en parcourant l'excellente chaîne Youtube du français Sylart que je suis tombé tout à fait par hasard sur sa vidéo Enfermés 2 ans dans une bulle : l'expérience qui a viré au cauchemar consacrée à l'une des expériences humaines les plus incroyables. Celle de Biosphere 2, ce site expérimental qui dès 1987 et jusque en 1991 fut construit dans le désert de l'Arizona avec pour projet d'enfermer huit hommes et femmes à l'intérieur d'une gigantesque structure reproduisant tous les climats et les types d'environnements de la planètes durant deux années complètes. Une vidéo si fascinante qu'elle me poussa à investiguer un peu plus loin afin de voir si oui ou non une fiction avait été réalisée à partir de cette extraordinaire aventure. Mais non, rien à me mettre sous la dent de ce côté là. Par contre, en 2020 le cinéaste et documentariste américain Matt Wolf réalisa le très complet Spaceship Earth. Un documentaire revenant sur la genèse du projet Biosphere 2. A travers de nombreux témoignages et constitué d'une grande majorité d'images d'archives remontant jusqu'à la fin des années soixante où le mouvement hippie était alors en plein essor, Spaceship Earth remonte un quart de siècle en arrière, lorsqu'à l'âge de dix-sept ans, Kathelin Gray croise pour la toute première fois de son existence John Polk Allen, un homme d'une cinquantaine d'années, ancien ingénieur en métallurgie ayant développé des alliages dans une aciérie lorsque ce jour là, il demande à l'adolescente ce qu'elle fait. Kathelin lui tend alors l'ouvrage de l'écrivain français René Daumal Le Mont Analogue dont le contenu la fascine tant et si bien qu'elle rêve de reproduire le concept qui y est décrit pour sa propre existence. Le roman ainsi que la rencontre entre Kathelin et John seront les clés de voûte d'un projet qui ne verra le jour que vingt-cinq ans plus tard. Mais d'ici à ce que sorte de terre Biosphere 2, Spaceship Earth remonte le temps et évoque non seulement la rencontre entre John et kathelin mais également celle des futurs membres de l'expédition. Naît alors une troupe de théâtre qui arpentera le monde entier, à travers les quatre coins de la planète jusqu'en Antarctique, qui organisera des conférences avec des scientifiques, des ingénieurs, des hommes et des femmes qui comme eux sont préoccupés par l'avenir de la Terre. Une planète que d'aucun d'entre eux considère alors dans sa globalité comme une biosphère, ce qui explique que le projet porta le nom de Biosphere 2 et non pas de Biosphere 1 !


Véritable nid à autodidactes, l'équipe apprend par elle-même, parfois secourue par des spécialistes. En 1969, l'architecte américain Richard Buckminster Fuller conçoit un modèle de dôme géodésique (dôme constitué d'un réseau de fenêtres de forme triangulaire dont les charges sont réparties de manière harmonieuse) que John et la troupe construisent ensemble. Parmi les projets précédant l'ambitieux Biosphere 2, John et son équipe participent en 1975 à la conception d’un bateau océanographique nommé R/V Heraclitus dont le but est d'étudier les océans de la planète. Lorsque dans les années quatre-vingt est lancée l'idée de construire dans le désert de l'Arizona le site de Biosphere 2 dont les dimensions sont estimées à environ 1,30 hectares, John fait la rencontre du pétrolier texan Ed Bass qui lui propose de financer son projet à hauteur de cent-cinquante millions de dollars à travers la société Space Biospheres Ventures qu'is ont fondé tous les deux. La construction mettra quatre ans et le 26 septembre 1991, l'équipe constituée des huit bionautes Roy Walford, Jane Poynter, Taber McCullum, Mark Nelson, Sally Silverstone, Abigail Alling, Mark Van Thillo et Linda Leigh pénètre le site pour les deux années à venir. Sans possibilité théorique de pouvoir entrer en interaction avec le monde extérieur, les huit ''cobayes'' vont devoir subvenir à leurs propres besoins par les moyens mis à leur disposition en exploitant les ressources et sans jamais pouvoir compter sur la moindre aide extérieure... Si le projet semble extraordinaire et le concept particulièrement visionnaire, Spaceship Earth témoigne après un historique long d'une cinquantaine de minutes des problèmes que rencontrèrent les bionautes formés autour d'un médecin et de scientifiques spécialisés dans divers domaines. Un documentaire qui témoigne également de certaines dérives médiatiques qui eurent notamment une portée relativement importante sur le moral du groupe et sur celui de John qui lui est demeuré à l'extérieur de Biosphere 2. Pour quiconque s'intéresse au sujet, le documentaire de Matt Wolf est un puissant témoignage visuel et sonore sur une aventure humaine, écologique, ambitieuse et fondatrice aux frontières de ''l'extraterrestrialité'' si vous me permettez ce néologisme. À voir, donc, tout comme l'excellente vidéo de Sylart, d'ailleurs...

 

jeudi 20 novembre 2025

The Running Man d'Edgar Wright (2025) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

Chasse à l'homme contre chasse à l'homme. D'un côté, le blockbuster américain d'Edgar Wright The Running Man et de l'autre, le franco-belge Les tourmentés de Lucas Belvaux. Commençons dans ce premier article avec le film du cinéaste britannique. Si à priori les cinq millions de budget du second n'ont aucune chance face aux cent-dix du premier, n'allons tout de même pas trop vite en besogne... En préambule, je me dois d'être tout à fait honnête en reconnaissant que la première adaptation du roman de Stephen King sous le pseudonyme de Richard Bachman datant de 1987 ne m'a jamais fait ni chaud, ni froid. Pour un budget qui à l'époque était au demeurant fort conséquent (27 millions de billets verts), le Running Man de Paul Michael ''Starsky'' Glaser avait tout du bon gros nanar financièrement survitaminé. Et c'est un ancien fan de l'écrivain qui vous le dit... Engagé à l'époque pour tenir le rôle principal de Ben Richards, l'acteur Arnold Schwarzenegger était le candidat idéal pour incarner le héros quasi-inexpressif d'une œuvre de science-fiction et d'anticipation bourrée d'énergie mais manquant foncièrement de profondeur sociologique ! Près de quarante ans plus tard, l'auteur du génial Shaun of the Dead, de Hot Fuzz, du Dernier pub avant la fin du monde ou du surévalué Baby Driver revient au cinéma avec SA vision du roman de l'écrivain américain. Une expérience de plus de cent-vingt minutes qui ne réconciliera certainement pas les amateurs de pétarades visuelles et sonores et les spectateurs dont les exigences ne s'arrêtent pas au simple afflux ininterrompu d'effets-spéciaux numériques. Après une bande-annonce qui autrement que de m'avoir alléché les babines les avaient rendues totalement exsangues, j'étais certain de passer un moment long, pénible et assourdissant en me rendant dans la première salle de cinéma projetant le film. Et pourtant, toujours ivre de découvrir LA dernière adaptation de mon idole d'adolescence malgré de nombreuses déconvenues (Maximum Overdrive, qui fut réalisé par ses soins en 1986, les mini-séries Le fléau de Mick Garris en 1994 et Shining en 1997, le catastrophique La tour sombre de Nikolaj Arcel ou encore Doctor Sleep de Mike Flanagan), j'ai donc fait l'effort de me rendre au cinéma pour en ressortir deux heures plus tard en passant par la petite porte de secours. M'assurant que personne ne m'avait vu me faufiler ce jour-ci dans la salle projetant ce The Running Man qui pour moi demeurera de triste mémoire...


Tout comme Baby Driver voilà huit ans, le dernier long-métrage d'Edgar Wright n'est rien de plus, rien de moins qu'un énorme coup d'esbroufe. Jouant la carte de la surenchère, avec sa bande musicale aussi tonitruante qu'insupportable et dont les effets contraires au plus efficace des antiémétiques sont incroyablement redoutables, The Running Man est tout ce que je déteste. Éludant dans les grandes largeurs le message socio-politique s'agissant du fossé qui sépare le monde en deux, entre l'élite et ceux qui vivent dans la pauvreté, ainsi que le concept vu et revu des dizaines de fois consistant à transformer notre univers en une arène télévisée où pour survivre, l'homme accepte de s'exposer dans des jeux de mort afin d'assurer son avenir et celui des siens sont réduits à peau de chagrin. Glen Powell reprend donc ainsi le rôle tenu par Arnold Schwarzenegger. Cette fois-ci, au moins, le personnage est enfin capable d'émotions. Ce que tend par contre à lourdement démontrer Edgar Wright en surexploitant le caractère volubile et agressif de son principal protagoniste. Si dans les grandes lignes le film d'origine et son remake reposent effectivement sur un même concept, la version 2025 cache les limites de l'adaptation d'Edgar Wright et du scénariste Michael Bacall derrière un spectacle certes permanent mais aussi et surtout très superficiel. Tandis qu'en 1987 l'acteur Richard Dawson était parvenu à rendre véritablement concret l'ordure qu'était le personnage de l'animateur du show Damon Kilian, l'afro-américanisation du personnage cette fois-ci remplacé par l'acteur Colman Domingo n'est pas un service rendu à ce dernier tant son incarnation est transparente face à celle de Josh Brolin, lequel interprète le rôle de l'infâme créateur du jeu, Dan Killian. En réduisant l'unité de temps à quelques heures, Paul Michael Glaser et le scénariste Steven E. de Souza produisirent la meilleure idée du long-métrage d'origine tandis que le récit de la version 2025 se perd dans des ellipses temporelles qui fonctionnent atrocement mal. Si le schéma général de l'histoire originelle est ici reproduit plus fidèlement qu'en 1987, Edgar Wright tente d'élargir le spectre du sujet en ajoutant d'innombrables instants de bravoure aussi futiles qu'adolescents. Bref, beaucoup de bruit pour pas grand chose et une énième adaptation pâlichonne de Stephen King, un mois et demi après la sortie du très moyen Marche ou crève de Francis Lawrence...

 

lundi 17 novembre 2025

Gosti iz Galaksije de Dusan Vukotic (1981) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Tout d'abord, un grand merci à Otto Rivers pour avoir posté récemment un article consacré à Gosti iz Galaksije du réalisateur et scénariste yougoslave Dusan Vukotic dont je n'avais jusqu'ici jamais entendu parler. Si cet auteur de plus d'une cinquantaine d’œuvres cinématographiques a produit une grande majorité de courts-métrages, il lui est cependant arrivé de mettre en scène quelques longs formats. Comme cet étonnant Gosti iz Galaksije, justement. Un long-métrage totalement farfelu et inédit chez nous, lequel demandera un peu de jugeote et de savoir-faire si l'on veut le découvrir puisqu'il ne semble pas avoir connu de sortie officielle dans notre beau pays. Peu de choix s'offrent alors aux spectateurs. La meilleure solution demeurant encore son acquisition sur un site de streaming payant où il ne vous en coûtera pas plus de quelques dollars. Cependant, attention ! Si le simple fait de tendre l'oreille pour tenter de déchiffrer les dialogues dans la version américaine du long-métrage ne vous suffit pas, assurez-vous d'avoir la possibilité d'activer les sous-titres.... qui eux-même risquent d'être dans la langue de Shakespeare. Une fois avoir mis toutes les chances de votre côté, il faut ensuite savoir avant de cliquer définitivement sur le bouton d'achat que Gosti iz Galaksije reste malgré tout un film relativement particulier. Si Dusan Vukotic et son scénariste Milos Macourek font preuve d'un vrai sens pour l'écriture, les deux hommes la trouvent surtout sur le terrain fertile de la parodie. Et si Visitors from the Arkana Galaxy, qui est le titre du long-métrage à l'internationale, commence de manière plutôt sobre, la suite va se révéler être d'une toute autre teneur... Travaillant à l'accueil d'un hôtel et écrivain amateur de science-fiction en plein ouvrage de son premier roman, Robert (l'acteur, de cinéma, de télévision et de théâtre croate, Žarko Potočnjak) a donc débuté l'écriture d'une œuvre dans laquelle deux jeunes habitants de la galaxie Arkana prénommés Ulu (Jasminka Alic) et Targo (Rene Bitorajac) sont élevés par leur tutrice Andra (Ksenija Prohaska), une androïde très probablement inspirée du Maschinenmensch prénommé Maria dans le Metropolis de Fritz Lang...


Convaincu par un ami qui lui conseille d'ajouter un monstre au sein du récit afin de susciter la curiosité de ses futurs lecteurs, Robert crée Mumu (Petr Drozda). Une créature apparemment anodine mais dont l'existence nouvelle va avoir de très importantes répercussions dans la vie réelle. En effet, un soir, et alors qu'il tente de prolonger l'écriture de son roman, Robert n'aperçoit pas l'étrange bolide qui tombe du ciel pour venir s'écraser sur une île proche du continent. Ce qui l'interpelle, par contre, est cette voix qui sort du petit enregistreur à cassette qu'il utilise pour mémoriser ses idées. Et quelle n'est pas sa surprise lorsqu'il constate que la voix, féminine, est celle d'Andra... Le personnage qu'il a lui-même créé ! Invité à venir à sa rencontre, Robert emprunte le petit bateau de son frère pour se rendre sur l'île où il tombe nez à nez avec Andra mais aussi Ulu et Targo. Ce dernier se montrant particulièrement hostile envers lui, le gamin tente de se débarrasser de l'écrivain en jetant à ses pieds une miniature de Mumu qui alors se met à grandir en des proportions inquiétantes... Difficile de voir dans cette apparition ''monstrueuse'' autre chose qu'un hommage aux Kaijū du cinéma japonais rendus célèbres dès les années cinquante grâce au Gojira (Godzilla) d'Ishirō Honda et à une flopée d'autres créatures du même genre... Gosti iz Galaksije mélange alors les genres, entre science-fiction et comédie parfois délirante, avec usage de yeux-lasers, de deux retour dans le temps, de scènes de ménage entre notre héros et sa petite amie Biba (Lucié Žulova) et de tout un tas de petits en-cas plutôt sympathiques situés lors d'un repas de mariage qui part littéralement en vrille. Malgré ces bonnes idées, il faut tout de même avouer que le long-métrage de Dusan Vukotic n'est pas toujours très folichon et que l'on s'y emmerde parfois. L'originalité et l'humour totalement décomplexé ne faisant pas tout, il arrive en effet que Gosti iz Galaksije soit assez ennuyeux. Par contre, les amateurs de nanars de science-fiction kitsch qui se complaisent devant le spectacle navrant d'effets-spéciaux visuels et prosthétiques d'un autre âge risquent de s'en repaître jusqu'à plus faim ! Bref, le film vaut le détour mais à quel prix ? Celui d'une petite dizaine de dollars ? Pas sûr...

 

mercredi 12 novembre 2025

Le grand déplacement de Jean-Pascal Zadi (2025) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

1968, 2001, l'odyssée de l'espace de Stanley Kubrick. 1979, Stalker d'Andreï Tarkovski, Star Trek de Robert Wise et Alien, le huitième passager de Ridley Scott. 1983, L'étoffe des héros de Philip Kaufman. 1995, Apollo 13 de Ron Howard... 2025 ? Alors qu'il va falloir encore patienter quelques dizaines de jours avant de pouvoir découvrir sur grand écran le troisième volet de la franchise Avatar de James Cameron intitulé De feu et de cendres (dont la sortie est prévue pour le 17 décembre prochain), les amateurs de space-opera auront été contraints cette année de ronger leur frein d'impatience en se coltinant Le grand déplacement de et avec Jean-Pascal Zadi dont on connaît son point de vue sur le racisme anti-blancs ! Une hérésie ? Pourquoi pas si l'on se positionne de son côté. Ce qui permettra notamment à ce fils d'ivoiriens né à Bondy dans le département de Seine-Saint-Denis de lancer quelques torpilles bien comme il faut contre l'homme blanc à travers le personnage de Frantz Dubois (l'humoriste Fary). Poursuivant ainsi son message en s'attaquant à la politique totalitaire américaine s'agissant de la conquête spatiale. Jean-Pascal Zadi n'y va donc pas avec le dos de la cuillère mais plutôt avec le tranchant mal aiguisé de la pelle en enfonçant des portes déjà ouvertes bien avant qu'il ne s'y mette lui-même. Ce qui ne l'empêche bien évidemment pas d'en faire de même avec les noirs et les arabes. Traitant ainsi de l'Afrique en des termes qui sans doute auront fait bondir d'effroi certains frileux en matière d'humour noir et pourquoi pas des musulmans modérés qui ne souffrent plus que l'on renvoie leur religion à l’extrémisme sur lequel certains font leur marché. Comédie de science-fiction ''afro-futuriste'' d'où émane sans doute là encore un brin d'ironie s'agissant de cet ''afrocentrisme'' qui pollue plus ou moins les esprits en réécrivant certaines pages de l'Histoire en la modifiant à partir du point de vue de ''pseudo-intellectuels'' se réappropriant tout ou partie de celle qui fut développée en Europe et plus généralement en Occident, Jean-Pascal Zadi défouraille à sa façon la plupart des ''communautés''. A la manière d'un Fabrice Eboué mais sans la même finesse d'écriture.


Tandis que le nouveau long-métrage de ce dernier (Gérald le conquérant) a été repoussé en décembre alors qu'il devait sortir en avril et ce, pour d'obscures raisons telles que les thématiques entourant le régionalisme et l'identité nationale (deux gros mots désormais interdits sur notre territoire, sous peine d'être traités de fachos), les critiques qu'il faut émettre au sujet du grand déplacement le doivent être surtout au sujet de la mise en scène et de l'écriture elles-mêmes me semble-t-il ! Car loin d'atteindre les cimes du film de science-fiction à tendance Space Opera, le dernier long-métrage de Jean-Pascal Zadi souffre tout d'abord d'une durée qui l'empêche de développer un scénario véritablement ambitieux. Dans un futur tellement proche qu'aucune date précise n'est affichée, la Terre est en danger. Mais lorsque certains des personnages du récit évoquent cette problématique, il s'agit surtout de parler d'Afrique et de la sauvegarde de son peuple. C'est ainsi qu'intervient l'UNIA. Une agence astronautique d'origine africaine fantaisiste créée pour le film (tandis que plusieurs pays continentaux travaillent réellement sur la conquête spatiale) et aux commande de laquelle l'on retrouve l'actrice Claudia Tagbo dans le rôle de Madame Zokou. Un projet ambitieux de colonisation d'une exoplanète rendu possible grâce à une plante censément disparue et qui permet de produire de l'ergol, une substance permettant la propulsion de fusées ! Les États-Unis ayant pour projet de lancer leur propre fusée, la responsable de l'UNIA décide d'avancer la date de départ des membres de l'équipage du ZION 63 après qu'ils aient suivi des examens ainsi qu'une formation... Si sur le papier Le grand déplacement paraît effectivement ambitieux, à l'image, le résultat se révèle relativement piteux. Dans le rôle du pilote de chasse Pierre Blé auquel ont été confiées les commandes du ZION 63, Jean-Pascal Zadi incarne un véritable abruti qui sème la zizanie au sein de l'équipage. Réduit à une durée de quatre-vingt trois minutes, le film n'a malheureusement pas les moyens d'exploiter toutes les idées du script en profondeur. Et s'agissant tout d'abord d'une comédie ''noire'' (sans mauvais jeux de mots), il s'agit moins pour son auteur d'exploiter le filon de la conquête spatiale africaine que de cumuler un certain nombre de gags dont le résultat n'est malheureusement pas toujours fructueux...

 

lundi 3 novembre 2025

Chien 51 de Cédric Jimenez (2025) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

Bac Nord ? Ouais, sympa, sans plus. Novembre ? Pas vu ! Apparemment tiré du roman Chien 51 auréolé du prix 2022 des Écrivains du Sud, le projet portant sur la version cinématographique a été confié à Cédric Jimenez qui plutôt que de se conformer strictement au récit d'origine a choisi de concentrer l'action autour de ses deux principaux personnages incarnés à l'écran par Gilles Lellouche et Adèle Exarchopoulos. Mais le cinéaste se veut tout d'abord rassurant. S'il n'évoque pas directement le genre ''science-fiction'' auquel il préfère celui, très proche, de la ''dystopie'' sans doute pour créer un lien avec ses précédents longs-métrages, Chien 51 permettra assurément aux amateurs de l'un et de l'autre de ces deux genres intimement liés de découvrir sa vision d'un monde ou plutôt d'une France, totalitaire et ségrégationniste. Ici, pas question de séparer le français de souche de l'homme venu d'un autre continent. La ségrégation est ici sociale, balisée à travers trois zones qui contraignent à montrer patte blanche si l'on veut pouvoir passer des unes aux autres. Le film de Cédric Jimenez se déroulant dans un futur proche où les technologies les plus récentes servent les forces de l'ordre dans leur action quotidienne, celui-ci met en scène Gilles Lellouche dans le rôle de Zem Brecht, un flic issu de la Zone 3, ainsi qu'Adèle Exarchopoulos dans celui de Salia Malberg, une inspectrice de la Zone 2. Contraints de collaborer ensemble après l'assassinat de l'inventeur de l''intelligence artificielle Alma Georges Kessel, le principal suspect est Jon Mafram (Louis Garrel), le chef d'un groupe anarchiste connu sous le nom de BreakWalls ! Malgré leurs différences, Zem et Salia vont s'unir afin de retrouver le coupable, démasquant par là-même une conspiration de très grande ampleur... Bon, ben, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Que j'aurais bien aimé pouvoir sortir de la salle avant la fin de la séance ? C'est un fait, mais la méticulosité avec laquelle je me borne à respecter le concept du ''Un film vu en entier = Une critique'' ne peut évidemment pas souffrir de l'idée que je m'installe devant mon clavier après avoir quitté une salle bien avant la fin d'une projection !


Bref, sans être de ces supplices qui me pousseraient presque à ruer dans les brancards pour me faire rembourser tel le cupide et avare personnage qui compte ses sous jusqu'au dernier centime, je dois avouer que Chien 51 m'a laissé du plus beau marbre, celui que l'on peut ressentir devant une œuvre d'où ne se dégage pas la moindre émotion. S'agissant d'un long-métrage hexagonal tourné dans notre beau pays et pourtant sur des terres dont les brochures de voyages ne vantent jamais les hypothétiques mérites (le film a été tourné dans les quartiers nord de Marseille), je me demande dans quelles dispositions psychologiques il faut au préalable se positionner pour que le spectateur accepte de se vautrer devant un spectacle qui régurgite (pour ne pas dire, vomit) tout ce que la science-fiction dite dystopique a engendré depuis bien longtemps. L'originalité n'étant absolument pas au rendez-vous, malgré un budget tournant autour des cinquante millions d'euros et la présence de stars françaises aidant supposément à l'adhésion des spectateurs, Chien 51 n'est qu'une vague réminiscence de tout ce que l'on connaît sur le sujet des ''Terres Parallèles'' recourant à l'autoritarisme. Avec son bagage cinéphilique, le spectateur aura donc tout loisir de se faire sa propre opinion, armé d'une base plus ou moins solide. Chez moi comme chez beaucoup de fans de science-fiction comme je le suppose, il est presque inévitable de passer outre le souvenir du Blade Runner de Ridley Scott. L'imagerie asiatique, avec ces immenses panneaux publicitaires, cette Street-Food vendue par des réfugiés du Pays du Soleil Levant ou encore Gilles Lellouche, peroxydé, comme en son temps l'immense Rutger Hauer ! Quant au contexte social, chacun y verra matière à comparer le film de Cédric Jimenez avec ses propres ''classiques''. Quant à moi, c'est bien le Land of the Dead de George Romero qui s'imposa ! Visuellement, je n'ai eu de cesse que d'essayer d'effacer de ma mémoire le souvenir de Banlieue 13 et de sa séquelle auxquels l'esthétisme de Chien 51 se raccroche, me semble-t-il, furieusement. Un visuel enrobé de surcroît d'effets-spéciaux parfois dignes d'une cinématique de jeu vidéo du type GTA lors des séquences de courses-poursuites en voiture. Le film est sorti voilà tout juste deux semaines qu'il paraît avoir déjà pris un sérieux coup de vieux. Dommage ? À vrai dire, non ! J'irais même jusqu'à affirmer que l'on s'en fiche un peu s'agissant d'un matériau de base qui selon le réalisateur lui-même n'a de toute manière n'a pas été traité dans son ensemble... Un film creux, crâneur et se réduisant intellectuellement au niveau des pires blockbusters d'action américains ! Bref, remboursez !

 

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