Ils sont un certains
nombre à avoir aperçu dans le ciel, un OVNI. Les spéculations vont
bon train. Sur son origine, ses dimensions. Les autorités cherchent
à étouffer l'affaire en prétextant qu'il s'agit d'un modèle
d'avion. Certains témoins sont contraints de se taire, d'autres
d'apporter de fausses affirmations. Cette affaire qui aurait pu
devenir anecdotique va cependant faire l'objet de la ténacité de
Derek, un jeune étudiant. Brillant, féru de mathématiques, un brin
insolent, mais qui à force de volonté, va peu à peu dénouer le
nœud d'une affaire aux proportions que dépassent le commun des
mortels. Car si UFO
brille par son intelligence et pourra être considéré par les
ufologues du monde entier comme l'un des exercices cinématographiques
les plus brillants, il sait demeurer ludique. Même pour un profane,
comme moi. Qu'il s'agisse des mathématiques. Ou tout simplement du
phénomène ovni dont le film nous éclaire sur les manipulations
orchestrées par les états du monde entier qui tentent chaque de les
étouffer dès que l'un d'eux se présente.
L'une
des grandes qualités du long-métrage de Ryan Eslinger, de celles
qui pourtant feront bondir (de rage) ou bailler (d'ennui) les
amateurs de blockbusters du style Independence
Day,
est d'avoir su concilier la fiction et la science avec une maîtrise
telle que le moins averti en matière d’algorithmes, de mystères
entourant les nombres, de théories complotistes ou d'ovnis se
sentira à l'aise devant les explications du petit génie en
mathématiques. Épuré, sobre, profond, UFO
offre une approche idéale au sujet qu'il aborde. Des dialogues
jusqu'à l'interprétation en passant par la mise en scène, l’œuvre
de Ryan Eslinger brille de mille feux tout en évitant la surenchère
visuelle de coutume dans ce genre de films. Avec UFO,
c'est la science-fiction qui frappe à notre porte. Elle n'aura que
très rarement semblé aussi proche de nous. Le réalisateur prêche
ici en faveur des ufologues en mettant en avant les contradictions
des sceptiques et de ceux qui veulent faire taire toute rumeur. Le
film révèle aussi quelques grandes questions fondamentales restées
aujourd'hui sans réponse et présageant de leurs conséquences en
cas de résolution :
Est-ce
que Dieu Existe ? Que se passe-t-il après la mort ?
Sommes-nous seuls dans l'univers ? L'arrivée de cet ovni est
pour Derek l'occasion d'aborder son existence sous un angle nouveau.
Il lui fallait cette impulsion venue d'ailleurs pour faire les bons
choix afin d'avancer. Admirablement incarné par l'acteur Alex Sharp,
le film lui oppose le quotidien auquel tout adolescent est confronté.
Ella Purnell incarne Natalie, la petite amie de Derek. David
Strathairn interprète quant à lui, le rôle du chercheur Franklin
Ahis. Mais la grosse surprise du film (et les fans de la série
télévisée X-Files
ne me contrediront pas), c'est la présence à l'écran de l'actrice
Gillian Anderson dans la peau du professeur de Derek, Rebecca
Hendricks, une présence émouvante, surtout lorsque l'on sait que
l'actrice a définitivement raccrocher les gants concernant la série
et le rôle qui la rendirent mondialement célèbre.
En
la conviant sur le tournage de UFO,
Ryan Eslinger rend non seulement hommage à l'actrice mais également
au personnage de Dana Scully qu'elle incarna le long de onze saisons
en lui permettant de prolonger virtuellement l'expérience à travers
le rôle offert dans son dernier long-métrage. Et dire qu'aucune
date de sortie sur grand écran n'est prévue. Un fait honteux et
incompréhensible déjà rencontré à maintes reprises (pour
exemple, le fabuleux Prédestination
de Michael et Peter Spierig). UFO
est un très beau film, intelligent, à l'attention des ufologues
mais pas seulement. Derrière l'aspect hermétique de certains sujets
abordés, il est d'une profondeur qui mérite qu'on lui accorde
quatre-vingt dix petites minutes de notre temps...