Qu'y a-t-il de plus
plaisant que de se rendre dans une salle de cinéma un samedi
après-midi lorsque l'on n'a rien de mieux à faire ? Nous
sommes en 1956 à une époque où l'on ne risque pas encore de
croiser sur le siège voisin un spectateur consultant toutes les cinq
minutes son téléphone portable. Il n'y a cependant déjà à
l'époque, aucun moyen de s'assurer que toutes celles et ceux qui se
rendront dans la même salle obscure que vous garderont le silence
durant la projection. Dans le cas présent, il s'agit de celle de La
Patrouille de l’espace : Les gardiens de l’univers.
Une œuvre de science-fiction qui attirera une quinzaine
d'adolescents et de rares adultes tous campés de manière ultra
caricaturale. Du cow-boy au tee-shirt blanc immaculé et au stetson
vissé sur la tête à la bonne grosse femme férue de pop-corn en
passant par le duo d'adolescents attardés, un trio de blousons
noirs, une nymphomane, un couple et leur chiard ou encore une jeune
blonde qui passera à éternuer et expulser des litres de morvelle !
Bon appétit si jamais vous mangez ! Réalisé en 1988, l'année
même de la sortie sur les écrans de l'excellent The
Blob
de Chuck Russel, The Blob N°2 : Le Retour Du
Monstre
de Mark Stock n'a pourtant absolument rien à voir avec ce petit
classique de science-fiction et d'horreur qui marqua les esprits des
fans de cinéma fantastique et d'épouvante par ses excellents
effets-spéciaux. Il faut tout d'abord savoir que l’œuvre de Chuck
Russel n'était pas la première à aborder l'histoire de cette
étrange créature gélatineuse venue de l'espace et semblable à un
estomac digérant toute matière organique se trouvant sur son
passage. Dès 1958, le réalisateur Irvin S. Yeaworth Jr. mit en
scène l'acteur Steve McQueen dans le premier volet de la franchise
intitulé The Blob
et traduit chez nous sous le titre de Danger
Planétaire.
Quatorze ans plus tard, l'acteur Larry Hagman, allez savoir pourquoi,
décida de prendre les commandes d'un certain Beware!
The Blob
(sorti chez nous sous le titre Attention au blob
!),
une suite de l’œuvre originale particulièrement déplorable...
Il
faudra donc attendre 1988 pour voir débarquer sur nos écrans le
film de Chuck Russel et la purge de Mark Stock. Seul film de son
auteur (tant mieux), The Blob N°2 : Le Retour Du
Monstre
possède quelques caractéristiques pourtant fort alléchantes. Comme
de plonger ses interprètes et par extension, les spectateurs que
nous sommes, dans les années cinquante avec, il faut le reconnaître,
une certaine compétence. C'est d'ailleurs là que s'exprimera le
seul talent de Mark Stock puisque l'illusion est parfaite. C'est bien
simple : on s'y croirait ! Avec sa galerie de personnages
typiques de l'époque, sa petite ville (dont nous ne découvrirons
pas grand chose) et la façade de son cinéma de quartier ou ses
belles bagnoles, The Blob N°2 : Le Retour Du
Monstre
aurait pu connaître son heure de gloire si la réalisation et
l'interprétation n'étaient pas si désastreuses. D'autant plus que
le film bénéficie d'un autre atout. Le principe de mise en abyme.
Ni les personnages, ni les spectateurs ne le savent encore (à moins
d'avoir eu la curiosité de lire un quelconque résumé du film),
mais le long-métrage projeté dans la salle de cinéma où se joue
une bonne grosse moitié de l'intrigue reflète des événements qui
vont avoir des conséquences directes sur les habitants de la ville
en général et sur la quinzaine de spectateurs venus assister à la
projection du film de science-fiction...
D'abord
amusante, la caricature termine très rapidement d'être ronflante.
Le récit avance à tout petits pas et l'attitude des personnages
enfermés dans la salle de cinéma et ultra répétitive. On sourit
avant de bailler. La réalisation est un désastre et l'arrivée de
la créature du titre beaucoup trop tardive. Tout le potentiel du
film est ruiné par la volonté systématique de parodier le cinéma
de science-fiction des années cinquante. Un concept fort intéressant
gâché par une trop grande profusion de séquences illustrant
pourtant parfois parfaitement l'ambiance de cette décennie. Quant à
la créature tant attendue, là encore, c'est la déception. Le blob
promis par le titre français (qui n'a en réalité rien à voir avec
l'original qui s'intitule Midnight
Movie Massacre)
n'est en réalité qu'une ''monstrueuse''
bestiole venue de l'espace digne de la série d'ouvrage The
Craignos Monsters
rédigés
par Jean-Pierre Putters. Quelques rares plans gore ne viendront même
pas réjouir les plus endurants des spectateurs tandis que les autres
se seront endormis devant une œuvre hautement redondante qui
pourtant ne dépasse pas les quatre-vingt cinq minutes ! Au
final, The
Blob N°2 : Le Retour Du Monstre n'atteint
malheureusement pratiquement aucun de ses objectifs sinon celui de
nous replonger au cœur des Fifties...
À éviter...