Retour du Body-Snatcher
sur la scène de l'horreur et de
l'épouvante en 2024 avec Replicator
du producteur, réalisateur et scénariste Mark Andrew Hamer. Trois
ans après avoir tourné le film de loup-garou The
Hunting,
le cinéaste américain revient avec un melting-pot entre
science-fiction, épouvante, gore et comédie. Un long-métrage qui
suit les traces de l'un des plus grands classiques de l'invasion
extraterrestre réalisé à la toute fin des années soixante-dix par
Philip Kaufman, L'invasion des profanateurs.
Lui-même étant le remake de Invasion of the
Body Snatchers
que réalisa en 1959 Don Siegel, film qui fut à l'origine de
plusieurs adaptations (dont l'une, Body
Snatchers,
fut signée en 1993 par le réalisateur underground Abel Ferrara) et
de nombreuses autres œuvres fortement inspirées du séminal roman
de Jack Finney, The
Body Snatchers.
Autant dire que l'on n'attend plus grand chose d'un sous-genre qui
donna donc ses lettres de noblesse en 1978 et que le cinéaste
mexicain Robert Rodriguez adapta en outre à sa sauce en 1998 à
travers l'excellent The Faculty.
Sans être le concept le plus adapté au cinéma, le Body-Snatcher
est un sous-genre de la science-fiction dont on attend toujours la
relève mais qui ne parvient jamais vraiment à reproduire l'intense
sentiment de paranoïa qui pouvait se dégager de l’œuvre de
Philip Kaufman. Ou bien même du géniallissime The
Thing
de John Carpenter que l'on peut ranger dans ce même registre puisque
sa créature avait tendance à prendre la forme physique et le
comportement de ses victimes. S'agissant de Replicator,
il est clair que Mark Andrew Hamer ne joue pas vraiment dans la même
catégorie. Sous-entendant ainsi bien entendu, que d'un point de vue
technique et interprétatif le film se ramasse très souvent. Si
certains spectateurs se trouveront en terrain conquis, parmi eux, une
partie risque de faire la grimace. Pourtant plein de promesses, le
film de Mark Andrew Hamer souffre de n'être qu'une petite
production, modeste dans ses effets-spéciaux numériques et
pratiques même si ces derniers bénéficient d'une conception
quasiment à la hauteur des attentes que peut engendrer une œuvre
dont on n'attendait finalement pas grand chose. Si l'époque à
laquelle se déroule l'intrigue n'est pas vraiment définie et si
l'on imagine qu'elle se produit de nos jours, la bande musicale de
Will Musser s'inscrit dans une certaine nostalgie propre aux années
quatre-vingt. Comme en témoignent les sonorités analogiques qui à
profusion soulignent les moments de tension que tente de distiller le
réalisateur...
Car
il s'agit bien là d'une ''tentative'', qui souvent échoue à
déclencher chez le spectateur cette sensation d'effroi tant
recherchée ! On pourra également ranger le film dans un autre
registre du cinéma d'horreur et fantastique en l'inscrivant dans la
vague du Body
Horror
lorsque notamment, le père de l'héroïne interprété par Jim
Azelvandre se meurt d'une blessure dans la salle de bain de sa fille
lorsqu'il tentait de se raser la barbe. Ici, le rouge sang est
remplacé par une hémoglobine gluante et violacée qui maintient la
preuve selon laquelle certains des concitoyens de cette petite ville
où se déroule l'action ne sont plus tout à fait les mêmes. Dans
le rôle principal l'on retrouve l'actrice Brey Noelle. Laquelle
incarne l'avocate Darby Vigliani qui après perdu son dernier procès
retrouve chez elle son père atteint d'un cancer. Parmi les autres
interprètes l'on évoquera la présence de KateLynn E. Newberry dans
le rôle de la barmaid Neila et meilleure amie de Darby. Tandis que
le scénario de Replicator
fut
écrit par Mark Andrew Hamer lui-même ainsi que par Russ Lindway
(sur la base d'une histoire écrite par ce dernier), le long-métrage
souffre d'interminables ventres mous aussi significatifs que le
manque de vie du patelin où se déroule l'action. Si l'on n'a pas
d'idée précise quant au nom de la ville, on sait en revanche que le
film fut tourné à Ashland, dans l'Ohio. Le casting étant réduit
au minimum, en dehors des deux actrices principales, de celui qui
tient le rôle du père de Darby ou de Brian Spangler et Kayla Royko
qui incarnent respectivement le shérif Ty Williams et Gina (la
dernière conquête du père de notre avocate) et de quelques
figurants, le cadre s'avère étonnamment vide. Au point que l'on a
parfois l'impression que la ville a été entièrement vidée ou
presque de ses habitants. Un élément qui pourtant n'est jamais
évoqué. Cette absence de vie couplée à de nombreuses séquences
nocturnes terminent de donner à Replicator
une drôle d'allure. Comme une œuvre inachevée. L'équivalent d'un
jeu vidéo dont tous les décors et les PNJ n'auraient pas encore été
mis en place. Quant aux dialogues et aux diverses situations décrites
durant le récit, on ne peut pas dire que le réalisateur et son
scénariste se soient donnés la peine d'étayer en profondeur leur
sujet. Au final, Replicator
passe
de la curiosité au film long, très long, trop long et vide, très
vide, trop vide pour susciter l'intérêt des amateurs de
science-fiction et d'horreur et plus encore celui des fans de
Body-Snatchers...


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