Risen
est la dernière livrée du réalisateur Eddie Arya après le
thriller The Navigator
en 2014 et le drame The System
en 2016. Alors qu'est déjà annoncé son prochain long-métrage
Reincarnation,
l'australien a réalisé un troisième film sorti il y a seulement
quelques semaines et dont la thématique n'a plus rien à voir avec
ses précédents projets puisque l'intrigue se déroule dans un
contexte d'invasion extraterrestre. Si le sujet rappelle
d'innombrables films de science-fiction d'une qualité souvent
désastreuse, il ne faut pas simplement s'arrêter à sa première
impression et se laisser guider par cette histoire qui emprunte
autant à l'approche mystérieuse et contemplative de l'excellente
première saison de la série française Les
Revenants que
créa un peu moins de dix ans en arrière Fabrice
Gobert qu'à tout un tas de films axant leur récit sur l'arrivée
prochaine d'extraterrestres hostiles. Pas bourrin pour un sou et même
parfois méditatif, Risen
se pose comme une très intéressante alternative. Encore faut-il
accepter le principe d'immatériel que revêtent de très nombreuses
séquences plongées dans une brume épaisse et meurtrière.
Démarrant sous les meilleures auspices sous une forme presque
identique à celle du très ancien Village of the
Damned
de Wolf Rilla (ou celle de son remake réalisé par John Carpenter
trente-cinq ans plus tard, en 1995), Risen
cultive l'art de n'en point trop faire pour des raisons que semblent
mettre à jour des effets-spéciaux qui parfois montrent leurs
limites...
Si
l'étrange phénomène qui se forme autour d'une petite ville où ses
trois mille habitants on périt après la chute d'une étrange
météorite ayant libéré un gaz hautement toxique reste crédible,
il y a des visuels qui risquent de rendre aveugles ceux qui cultivent
un amour immodéré pour les CGI les plus convaincants. Si la brume
étouffe en général ce que le film d'Eddie Arya pourrait camoufler
de raté en matière d'effets-spéciaux numériques, on aurait sans
doute préféré qu'il en soit de même lors des quelques séquences
filmées en fond vert. L'incrustation des personnages, et notamment
celui de Mandy Stone qu'interprète l'actrice Caroline McQuade, dans
des décors projetés en arrière-plan s'avère visuellement
insoutenable et décrédibilise le contenu de certaines séquences.
Un comble lorsque l'on prend en compte le fait que le réalisateur se
soit visiblement attaché à faire de Risen
autre chose que le tout venant de la science-fiction. Des défauts
qui fort heureusement sont contrecarrés par une interprétation et
une intrigue qui s'avèrent sinon passionnante, du moins fort
intrigante. L’absence totale d'action ne nuit aucunement au
déroulement du récit. Le rythme lent, presque hypnotique,
accompagné de la partition musicale du compositeur Phillip J.
Faddoul participent de cet envoûtement que l'on peut ressentir
devant une histoire qui prend son temps pour nous livrer un message
qui semble à l'extrême opposée de Premier
Contact
de Denis Villeneuve. La présence de Mandy Stone au cœur du récit
n'a au départ de logique que dans la structure du scénario qui veut
que l'on fasse logiquement appel à une scientifique parmi les
meilleurs d'entre toutes. Mais dès qu'entre en jeu un élément
capital dans le développement de cette race d'extraterrestres qui ne
peut se faire que par l'entremise d'un hôte humain, on se dit qu'il
y a des coïncidence (mal)heureuses. Non seulement pour ces individus
qui, ne rêvons pas, n'apparaîtront que sous la forme très commune
d'un homme ou d'une femme, mais pour le spectateur qui en scrupuleux
critique entrapercevra des concordances quelque peu improbables...
L'originalité
de Risen,
et ce qui fait son principal intérêt et sa force première, c'est
la méthode employée par ses extraterrestres pour envahir notre
planète. Une procédure à laquelle n'avaient pas pensé ceux de la
mythique Guerre des mondes
de H. G. Wells. Risen n'échappe
pas à l’éternel affrontement entre scientifiques et militaires
mais sans pour autant s’appesantir au delà de ce qui s'avère
nécessaire. Pas de romance non plus pour une œuvre qui n'avait de
toute manière pas besoin d'être ralentie outre-mesure. Car c'est
sans doute ce détail qui séparera le public en deux camps. D'un
côté, ceux qui veulent pouvoir prendre le temps de réfléchir et
de l'autre, ceux qui ne comptent que sur des légions
d'effets-spéciaux, de combats et d'une manière générale, de
scènes d'action. Risen
ne demeurera sans doute pas comme l'un de ces grands chefs-d’œuvre
de la science-fiction. Il y a peu de chance pour que l'on s'en
souvienne dans cinq ou dix ans. Mais ces visages prostrés, comme
sculptés dans des blocs de sel, cette monstrueuse forme qui pulse
d'une vie tout en semant la mort ou ce climax explicatif lors duquel
le spectateur aura la justification quant à la présence de
l'héroïne, suffisent à rendre Risen,
du moins pour une courte durée, relativement attachant...
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