Curieux film de
science-fiction que ce Ederlezi Ebredése d'origine
serbe traduit en anglais sous le titre A.I
Rising,
demeuré tel quel dans nos contrées (et d'ailleurs, tant mieux!).
Tant pis, par contre, qu'il nous ai été donnée l'occasion de
pouvoir le découvrir dans notre langue car alors qu'un désagréable
sentiment émanait déjà du personnage principal interprété par
l'acteur slovène Sebastian Cavazza, l'individu chargé de doubler
l'acteur n'a rien fait pour le rendre attachant. A croire que le
cinéaste Lazar Bodroza dont il s'agit jusqu'à maintenant du seul
long-métrage, a volontairement fait de Milutin (le héros, donc), un
être incroyablement antipathique. Dont la liste des tares est si
longue qu'on n'aimerait sans doute pas partager le voyage qu'il
s'apprête à faire vers le système Alpha
Centauri.
Voyez : le bonhomme, pourtant armé de toutes les compétences
requises afin d'assurer la mission qui lui a été confiée par la
Ederlezi
Corportation,
semble être assez peu recommandable. Drôle d 'idée que de
confier à un individu de si petite morale une mission que l'on
devine alors extrêmement coûteuse.
Misogyne,
agressif, intellectuellement perturbé, ne souffrant pas de la
moindre présence féminine, Milutin se voit pourtant accompagné de
Nimani, une androïde conçue pour répondre au moindre de ses désirs
à quelques exceptions près. Car en effet, entrent en jeu les trois
lois de la robotiques, dites lois d'Asimov du nom de leur créateur,
l'écrivain américano-russe Isaac Asimov. La première veut qu'un
robot ne puisse porter atteinte à un être humain et doit le
défendre en cas de danger. La seconde exige que ce même robot
obéisse aux ordres qui lui sont dictés par l'être humain en
question. Des ordres qui ne doivent cependant pas entrer en
opposition avec la première loi. Quant à la troisième et dernière
d'entre elles, le robot doit protéger sa propre existence à
condition qu'elle n'entre pas en conflit avec les deux premières
lois...
C'est
sur cette base que repose donc le scénario de Ederlezi
Ebredése.
Un récit que l'on aurait pu supposer donner lieu à un long-métrage
de science-fiction aussi passionnant que l'excellent Ex-Machina
d'Alex Garland (auquel le film de Lazar Bodroza semble très
ouvertement se référer) mais qui au final contient autant de
défauts que de qualités. A la charge de Ederlezi
Ebredése,
une somme de séquences montrant un héros tout sauf empathique.
Violeur à ses heures, totalement obnubilé par le sexe, agressif et
misogyne (comme décrit plus haut), déséquilibré, et pas
franchement agréable à regarder. Ederlezi
Ebredése
est lent, d'une prétention sans nom (le film se voudrait sans doute
une mise à jour de Ex-Machina
ou du Blade Runner
de Ridley Scott), un film de science-fiction pseudo-intellectuel
vérolé par la présence à l'écran d'un Sebastian Cavazza tout à
fait antipathique. A ses côtés, l'actrice pornographique américaine
Stoya, que l'on ne s'étonnera donc pas de voir à poil dans la
majeure partie des scènes où elle figure. Baisée dans tous les
sens par un Milutin accro au sexe, Nimani se révolte enfin,
provoquant l'arrêt par son compagnon d'un programme permettant à
l'androïde féminin de s'accoutumer en fonction des expériences que
lui soumet son compagnon de chair et de sang (de sperme et de sueur
aurions-nous plutôt tendance à penser). En supprimant ce logiciel,
Milutin permet à Nimani de s'humaniser. Pourtant, plutôt que de lui
être reconnaissante, l'androïde se fâche et refuse alors tout
contact physique avec Milutin...
A
ce scénario dont on ne peut nier l'originalité, Lazar Bodroza
inflige un traitement soporifique pourtant magnifié par une
utilisation des éclairages particulièrement bien pensée. Cependant, apparemment persuadé d'avoir mis la main sur un style visuel
remarquable, le cinéaste serbe en use de manière parfois abusive.
Pourtant, en y réfléchissant bien, c'est grâce à ces séquences
visuellement superbes que le film tient encore sur sa charpente. Car
le récit tournant autour des deux personnages devient vite assez
ennuyeux. A la décharge de Ederlezi Ebredése,
nous retiendrons également l'excellente partition musicale de
Nemanja Mosurovic, entre envolées lyriques et synthés analogiques
angoissants. Un film qui manque quelque peu le coche et qui
mériterait pour le coup un remake réalisé par un spécialiste du
genre...
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