L'autopsie de
l'extraterrestre de Roswell, qui fit couler tant d'encre lors de sa
révélation en 1995 sur les chaînes du monde entier, causa chez
nous la disparition à l'écran de l'animateur de télévision
Jacques Pradel qui proposa par deux fois de revenir sur cet événement
dans son émission L'Odyssée de l’Étrange
en choisissant de croire en la véracité des images. Un parti pris
qui l'éloigna du petit écran durant six ans, entre 1996 et 2002.
Aux États-Unis, c'est l'acteur, réalisateur, et pour le coup,
animateur Jonathan Frakes qui animait le docu-fiction Alien
Autopsy: Fact or Fiction?
lors de sa diffusion le 28 août 1995, sans doute lui-même convaincu
de la véracité des faits. Dix ans plus tard, le cinéaste
britannique Jonny Campbell revenait sur le sujet avec son unique
long-métrage cinéma à ce jour (le bonhomme tournant avant tout
pour le petit écran). Une comédie « so
british »
revenant sur ce fait divers qui défraya la chronique au beau milieu
des années quatre-vingt dix et bouscula quelque peu le monde de
l'ufologie.
Si
Alien Autopsy
laisse
entrevoir l'hypothèse selon laquelle il existerait bien une vidéo
montrant l'autopsie RÉELLE d'un extraterrestre datant de 1947 (vidéo
à l'origine d'un canular s'expliquant par la destruction de la bande
magnétique sur laquelle était reproduite la dite autopsie), la
réalité semble cependant bien moins féerique puisque son auteur,
un certain Ray Santilli, avoua avoir voulu faire une blague sans
penser un seul instant aux répercutions qu'engendreraient les images
qu'il tourna en compagnie de son... « complice »
Gary Shoefield, du réalisateur et producteur Spyros Melaris, ainsi
que de son frère et sa petite amie, lesquels endossèrent l'uniforme
des faux chirurgiens apparaissant sur les célèbres images. Quand à
l'extraterrestre à proprement parler, il fut l’œuvre du sculpteur
John Humphreys, un spécialiste des effets-spéciaux qui travailla
notamment sur Rawhead Rex
de George Pavlou en 1986 ou Charlie et la
Chocolaterie
de Tim Burton en 2006. Quant à sa composition organique, elle sembla
avoir été assez fidèle à la description qu'en fait l’œuvre de
Jonny Campbell.
Un
long-métrage, d'ailleurs, assez curieux, puisque traité sur le ton
de l'humour... anglais, comme il se doit. Un parti-pris qui peut
dérouter pendant quelques instants mais qui au final ne révèle
rien de véritablement fâcheux puisqu'à part quelques gags au
demeurant, relativement drôles, le cinéaste met le doigt sur les
conséquences d'une telle plaisanterie. Principalement incarnée par
les britanniques Declan Donnelly et Anthony McPartlin (sans oublier
l'actrice Morwenna Banks), cette petite production nous venant de
Grande Bretagne étend son casting au delà des frontières
britanniques puisqu'on peut notamment y découvrir les acteurs
américains Bill Pullman et Harry Dean Stanton, l'iranien Omid
Djalili (excellent dans la peau du réalisateur-cameraman Melik, ou
encore l'allemand Götz Otto, lequel ne dépareillerait sans doute
pas au milieu d'un casting constitué par les Frères Coen (on a pu
notamment l'apercevoir dans le troisième volet des aventures des
Visiteurs dans
le rôle du Colonel Wurtz). Drôle, fun, librement inspiré, Alien
Autopsy
permet de remettre au goût du jour un fait divers qui fit beaucoup
parler de lui et ridiculisa quelque peu ceux qui y virent une manne
financière (on parle évidemment des responsables de chaînes de
télévision), ainsi que les communautés médicales et
scientifiques, surtout si l'on considère que certains spécialistes,
à l'époque, y ont cru. Sous ses apparences de petite production
bricolée, Alien Autopsy
est donc une excellente surprise...et puis, si certains n'avaient
définitivement pas envie de rêver, ou bien même d'accepter la
supercherie, ils pourront toujours se rattraper avec l'excellente
bande-son piochant allégrement dans certains standards pop des
années soixante-dix, quatre-vingt...
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