lundi 5 mai 2025

El Eternauta de Bruno Stagnaro (2025) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Lorsque débarque une nouvelle série de science-fiction se pose en général tout un tas d'épineuses questions. Mini-série ou première d'une foule de saisons étendues sur plusieurs années ? Les spectateurs qui découvriront El Eternauta de Bruno Stagnaro auront très rapidement la réponse à cette question puisque l'invasion extraterrestre promise par cette nouvelle incartade dans la science-fiction va tarder à se présenter devant notre écran. Débutant sur une idée savamment orchestrée à l'origine par le scénariste de bande dessinée argentin Héctor Oesterheld et par son compatriote et dessinateur Francisco Solano López dans le courant des années cinquante, El Eternauta s'ouvre sur un étrange phénomène. Alors que l'action se situe en plein été, la neige se met à tomber et recouvre d'un blanc manteau le quartier de Buenos Aires où va être principalement développé le récit. C'est là que nous découvrons Juan Salvo (Ricardo Darín), un ancien vétéran qui en compagnie de trois amis et d'un quatrième larron dont la présence n'était pas attendue par la plupart d'entre eux s'apprêtent à jouer aux cartes. Les cinq hommes vont alors être les témoins de ce curieux phénomène qui de prime abord semble être accompagné d'un Mal invisible puisque quiconque entre en contact avec le moindre flocon de neige meurt instantanément ! Il devient donc urgent pour Juan, son meilleur ami Alfredo Favalli (César Troncoso), leurs compagnes respectives (Carla Peterson et Andrea Pietra dans les rôles d'Elena et Ana) et leur amis de se protéger de la tempête de neige incessante qui tombe sur la ville. Il faut bien comprendre tout d'abord que seuls le contact avec la neige est mortelle. Contrairement à l'atmosphère qui elle semble n'avoir pas d'impact sur la survie de la population. Une fois le concept adopté, l'on comprend mieux pourquoi certains se promènent à l'air libre protégés tandis qu'à quelques mètres de distances, d'autres paraissent n'avoir pas besoin de porter des masques à oxygène. Autre question que l'on se pose en général dans ce genre de situation : quelle apparence vont arborer les envahisseurs ? Va-t-on avoir une nouvelle fois le droit à des créatures insectoïdes ? Rendant ainsi caduque toute crédibilité lorsqu'il s'agit de les concevoir comme étant des intelligences extraterrestres dotées de capacités intellectuelles et physiques hors norme ? Si les trois premiers des six épisodes que constitue cette première saison se concentrent sur l'aspect survivaliste d'un tel événement, à l'issue du troisième l'on devine la silhouette d'un envahisseur que l'on serait tenté de rapprocher du fameux xénomorphe de la franchise Alien.


Une impression rapidement balayée puisque dès le quatrième, Bruno Stagnaro ne fait plus aucun mystère de leur apparence en nous les livrant en plein jour. Et là... comment dire..... Impossible de rester de marbre et de ne pas pouffer de rire devant la grotesque apparence des dits envahisseurs. Arborant la même silhouette que le fameux bousier, ce coléoptère coprophage connu pour former des boules d’excréments qu'il fait rouler à l'aide de ses pattes arrières, on se demande automatiquement comment de telles créatures, si physiquement sommaires, pourraient concevoir des vaisseaux ou même plus simplement comment ils pourraient les piloter. Fort heureusement, la réponse vient de la bouche d'Alfredo, lequel suppose que les véritables envahisseurs ne sont probablement pas ces bestioles ridicules prenant la forme de gigantesques insectes mais des entités qui pour l'instant comptent sûrement sur la toxicité de la neige et ce que l'on pourrait donc comparer à des ''chiens de chasse'' venus d'ailleurs pour contrôler l'humanité jusqu'à ce qu'ils se décident enfin à venir nous faire un belliqueux petit coucou. Au vu de l'évolution du récit, de la lenteur avec laquelle le créateur de la série prend son temps pour développer des personnages qu'il ne cesse d'ajouter les uns après les autres au fil des épisodes, bien avant que le sixième épisode ne vienne clôturer la saison, on devine que la plupart des questions que l'on se pose ne trouveront pas encore de réponses. Il faut s'accrocher. Car la première moitié des épisodes évolue sur un rythme quasi lymphatique. Heureusement, El Eternauta peut compter sur une très convaincante incarnation de ses personnages ainsi que des décors enneigés et post-apocalyptiques très convaincants. Bien qu'étant antérieur à cette vague de séries reposant sur des invasions extraterrestres ou sur différents cas de survivalisme en terre hostile puisque la série de bandes-dessinées qui est à l'origine de cette série remonte à près de soixante-dix ans, El Eternaute reprend les grandes lignes des plus célèbres d'entre elles. Notons enfin que le sixième épisode offre l'espoir d'une évolution de la série allant dans le bon sens. Avec son approche rappelant quelque peu le mythique L'invasion des profanateurs de Philip Kaufman et le visuel très succinct de ce à quoi pourraient réellement ressembler les envahisseurs, on peut d'ors et déjà compter sur une seconde saison pleine de promesses...

 

dimanche 27 avril 2025

Night of the Skinwalkers de Michael Szymczyk (2024) - ★★☆☆☆☆☆☆☆☆

 


 

Dans le flop 10 des films de science-fiction mettant en scène une invasion extraterrestre, Night of the Skinwalkers est l'un des plus sérieux concurrents. On pourrait même envisager de le mettre dans un flop 5, voire 3 tant l'expérience s'avère pénible. Mais pour être tout à fait honnête, le long-métrage de Michael Szymczyk n'entre pas vraiment dans cette catégorie de films. En effet, comme l'apprendront à leurs dépends certains des protagonistes du récit et par là-même les spectateurs, tout ou partie de ce qui va se produire lors du déroulement de l'intrigue ne s'avérera être qu'une supercherie. ''Oh ! Le salaud ! Il vient de nous balancer le seul et unique twist qui aurait pu relancer l'intérêt de cette authentique purge !'' auriez-vous le droit de penser. Mais rassurez-vous. Night of the Skinwalkers est tellement mauvais qu'il est plus que probable que vous mettiez un terme à sa projection bien avant que vous n'ayez l'occasion de découvrir que l'affiche et le synopsis n'ont fait que vous tromper au même titre que la plupart des personnages qui évoluent au sein de l'histoire ! Sachez tout d'abord que le film n'a rien à voir avec le concept de The Secret of Skinwalker Ranch, cette série de télé-réalité qui met en scène depuis maintenant cinq ans un certain nombre de personnes enquêtant sur d'étranges événements s'étant produits dans le Ranch Skinwalker situé dans l'Utah et connu pour avoir été le théâtre de nombreux événements paranormaux et celui de rencontres extraterrestres. Pourtant, après avoir subit une première partie excessivement chargée en dialogues ineptes, les spectateurs de Night of the Skinwalkers découvriront plus tard qu'un lien aussi ténu soit-il relie le long-métrage à l'émission de télé-réalité ! Pour commencer, il faut savoir que le terme de Skinwalker provient de la culture indienne prétendant qu'un chaman hostile prendrait l'apparence de différents animaux en leur volant leur peau. Une légende qui dans le cas des extraterrestres leur permettrait donc de prendre l'apparence d'un humain afin de se fondre au sein de la population. Ceci dit, le titre du long-métrage s'avère tout d'abord en accord avec son contenu tant que Michael Szymczyk cherche à nous faire croire que les quatre couples que forment les interprètes à l'écran vont effectivement être les témoins d'événements pour le moins très inhabituels.


Durant trois bons quarts-d'heure l'on assiste à une succession de palabres d'une affligeante platitude évoquant tantôt l'économie mondiale, les relations de couples et autres discussions formant un Gloubiboulga faisant acte de remplissage. Un ramassis de dialogues récités par des acteurs si médiocres que toute tentative d'instaurer un climat de tension est vouée à l'échec. Ici, rien ne va. Du montage en passant donc par l'interprétation et jusqu'à la mise en scène et les qualités visuelles du long-métrage, rien ne laisse espérer que l'on va vivre une expérience hors du commun. Pourtant, l'idée de départ n'est pas foncièrement mauvaise. Quatre couples réunis dans un chalet et dont l'un est formé par un ménage au comportement singulier. Une jeune femme relativement nerveuse accompagnée d'un petit ami ridiculement vêtu d'un costume de tyrolien dont on apprendra par la suite qu'il est victime de troubles schizophréniques. À la suite d'une panne de véhicule, ils seront chaleureusement hébergés par les six autres personnages et invités à partager quelques collations ainsi qu'un dîner lors duquel, le schizo en question se comportera comme un sagouin en mangeant avec les doigts. Une attitude qui n'inquiétera pourtant pas grand monde. Renvoyés à bord de leur véhicule après avoir été endormis à l'aide de somnifères introduits dans un dessert, une lueur verte signifiera l'enlèvement de la jeune femme, disparue au petit matin. Durant la nuit, les trois autres couples auront été à leur tour les témoins d'étranges faits. Apparition d'un extraterrestre, objets disséminés aux environs de la cuisine. Bref, il semblerait bien que nos protagonistes soient au cœur d'un film de science-fiction comme il en existe tant. Survient alors le fameux twist qui révèle que tout n'était qu'une mise en scène au profit d'une équipe de tournage planquée dans la cave et filmant les événements afin de produire une émission de télé-réalité ! Si l'idée était séduisante, le résultat à l'écran est un désastre. C'est laid, mal joué, chiant au possible et très mal construit. En outre, le réalisateur semble n'avoir pas écrit la fin de son scénario puisque Night of the Skinwalkers se conclut en eau de boudin. Le long-métrage de Michael Szymczyk ressemble à ces légions de films fauchés et amateurs produits à la chaîne sur le territoire américain. Aucun intérêt !

 

vendredi 25 avril 2025

Explorer from Another World de Woody Edwards (2024) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

En 1996 sortait sur les écrans Independence Day de Roland Emmerich. Une œuvre de science-fiction dégoulinant d'un patriotisme américain parfaitement insupportable ! Six mois plus tard, le réalisateur Tim Burton voyait son Mars Attack ! sortir à son tour dans les salles de cinéma. Une œuvre considérée alors comme la réponse au film de Roland Emmerich alors même que le tournage débutait avant même que son concurrent direct n'ait vu le jour dans les salles obscures. De l'un comme de l'autre, je n'ai conservé qu'un piètre souvenir. Le premier forçant un peu trop le caractère héroïque de son chef d'état tandis que l'humour du second m'avait laissé totalement froid. Alors que le 5 novembre prochain est prévue la sortie du nouveau volet de la franchise Predator (dont la créature arborera semble-t-il désormais un visage quelque peu ''humanisé'' totalement grotesque), abordons plutôt Explorer from Another World de Woody Edwards. Un artiste complet qui s'est lui-même chargé de l'écriture, de la réalisation, de la bande musicale et qui en outre s'est offert l'un des rôles à l'écran. Il s'agit là d'un moyen-métrage n'excédant pas les quarante-cinq minutes. Un format, au fond, idéal, qui va droit au but et laisse de côté tout le superflu d'un sujet tel que celui d'une invasion extraterrestre. Un sujet, il est vrai, maintes fois traité à l'image mais qui dans le cas de Explorer from Another World a pour principal intérêt son aspect visuel. Car plutôt que de concevoir une œuvre projetant ses personnages dans un futur plus ou moins proche et dotés d'outils technologiques actuels, Woody Edwards préfère se tourner vers un passé plus ou moins lointain. À une époque où naïvement, le cinéma de science-fiction outre-atlantique supposait l'existence d'une race d'aliens provenant de la planète Rouge. Mars, laquelle avait fait l'objet en 1986 d'un sympathique Invaders from Mars, réalisé par l'auteur du cultissime Massacre à la tronçonneuse Tobe Hooper, lequel plongeait son intrigue dans une époque qui rappelait sans cesse la filiation du long-métrage avec celui de William Cameron Menzies, Les Envahisseurs de la planète rouge sorti quant à lui en 1953 et dont le film de Hooper fut le remake. Ce dernier rendant ainsi hommage à cette flopée de films de science-fiction paranoïaque qui fit florès dans les années 50 et 60 !


Une œuvre pourtant en demi-teinte dont les qualités pourtant intrinsèquement liées à son style visuel ne firent pas que des adeptes. Parions qu'en ce qui concerne Explorer from Another World, la donne sera différente. Car si ce récit des habitants d'une petite localité américaine confronté à un envahisseur d'une autre galaxie particulièrement belliqueux ne développe qu'un script réduit à sa plus simple expression, la méticulosité du travail accompli par son auteur force le respect. Car bien que l'image brille de couleurs un peu trop chamarrées pour véritablement donner la sensation que le film pourrait être une œuvre retrouvée parmi les archives concentrant des bobines datant des années 50 ou 60, Woody Edwards a pris conscience de l'importance de rappeler aux spectateurs tout ce qui se rattache à l'époque où s'inscrit le récit. De la simple paire de lunettes, en passant par les décorations intérieures et jusqu'aux fameux pistolet-laser et soucoupe volante dont tout extraterrestre digne de ce nom se doit d'être accompagné, Explorer from Another World parvient généralement à faire illusion. Jusqu'à la partition musicale typique de ces années là. Tout au plus regretterons-nous quelques fautes de goût. Comme ces perruques qui semblent avoir été fabriquées en Chine avant d'être exportées sur le territoire américain par des sites tels que Wish, Alibaba ou Temu ! En dehors de ces quelques digressions esthétiques, Explorer from Another World est un régal pour les yeux des spectateurs ivres de nostalgie. Certains apprécieront d'ailleurs sans doute les quelques escapades dans le domaine de l'horreur à travers ses excès gore. Renvoyant ce moyen-métrage au temps de la glorieuse époque où Bad Taste de Peter Jackson et Street Trash de Jim Muro virent le jour. Pour un coup d'essai, Woody Edwards réussi le pari d'allier science-fiction vintage (et non pas rétro-futuriste en ce sens où le film ne relie jamais l'esthétique des années 50-60 à notre époque), flots d'hémoglobine (dont certains semblent avoir été inspirés par les épanchements sanguins provenant d'Asie) et humour. Bref, si vous aimez la science-fiction, l'horreur, la comédie et que vous vous impatientez en attendant la sortie en fin d'année du prochain Predator, jetez donc un œil à ce moyen-métrage très sympathique....

 

lundi 31 mars 2025

Transformations de Jay Kamen (1988) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Parmi les nombreuses productions estampillées Empire International Pictures l'on trouve Ghoulies de Luca Bercovici, Troll deJohn Carl Buechler, TerrorVision de Ted Nicolaou, From Beyond de Stuart Gordon, Crepozoids de David DeCocteau, Intruder de Scott Spiegel ou encore Prison de Renny Harlin. De la série B, voire X, Y ou Z dans le meilleur et le pire des cas. Transformations de Jay Kamen se trouve à lisière des uns et des autres, mêlant comme parfois chez le distributeur Charles Band, différents univers empruntant à la science-fiction, l'horreur ou le fantastique. Dans des décors que l'on raccordera parfois à ceux des séries L'âge de cristal et Battlestar Galactica, l'astronaute John Wolf (Wolfgang Shadduck dans la version originale) est aux commandes d'une navette qui vient s'échouer à la surface de la colonie pénitentiaire Hephaestus IV. Une planète qui ''accueille'' en majorité des criminels exilés afin d'y travailler de force dans des mines. Là, John Wolf (Rex Smith) fait la connaissance de la très jolie Miranda (Lisa Langlois). Jeune infirmière née illégalement sur Hephaestus IV . En effet, alors que les femmes transférée à la surface de la planète sont en général stérilisées pour ne pas avoir d'enfants, la mère de Miranda fut épargnée par le médecin qui s'occupa d'elle durant sa grossesse. Aujourd'hui infirmière devant assumer seule les soins des habitants de la planète, la jeune femme est chargée de veiller sur John, lequel est contraint de demeurer sur place jusqu'à la réparation de sa navette. Les règles ici sont simples : à la première transgression des lois qui régissent Hephaestus IV, c'est la mort. Ce qui n'empêchera pas notre vaillant héros de quitter sa chambre d’hôpital pour aller faire un tour dans le bar de la station...L'on découvre un chaud lapin en la personne de John. Il faut dire que tout autant qu'elles soient grimées comme des créatures humanoïdes vaguement extraterrestres, les actrices sont souvent d'une grande beauté et d'un physique agréable. John va en profiter pour s'assurer que son ''matos'' fonctionne encore depuis qu'il a atterri sur la planète. Mais ce que lui et les habitants de Hephaestus IV ne savent pas encore, c'est qu'il est atteint d'une étrange maladie particulièrement contagieuse qui provoque une horrible mutation. La ''Transformation'' du titre, laquelle est en relation directe avec un ''rêve'' étrange qu'il fit à bord de son engin... Travaillant plus tard sur la supervision sonore de longs-métrages populaires comme À la poursuite d'Octobre Rouge de John McTiernan, Mort ou vif de Sam Raimi ou encore Independence Day de Roland Emmerich, Jay Kamen a durant sa carrière, multiplié les casquettes :


Monteur, auteur d'une bande originale pour le court-métrage Not Your Time qu'il réalisa lui-même en 2010, producteur et parfois même acteur pour son propre compte, le réalisateur signe avec Transformations une comédie de science-fiction horrifique visiblement à petit budget. Comme semblent l'indiquer les décors et les costumes. Techniquement largué, le long-métrage est un salmigondis d'idées et d'approches visuelles et esthétiques empruntées ici et là, que l'on retrouve donc parfois dans les séries évoquées plus haut mais aussi dans ce qui deviendra beaucoup plus tard l'un des fonds de commerce de la science-fiction sur grand écran : la dystopie. S'il n'est pas le premier à évoquer l'hypothèse de transformer une planète en prison puisque John Carpenter en avait déjà posé les bases avec le génial New-York 1997 en 1981, il précède de quatre années le ALIEN³ de David Fincher qui ne sera donc réalisé que quelques années plus tard ou ces films futuristes qui prennent pour cadre des prison spatiales comme Fortress 2 : Réincarcération de Geoff Murphy en 2000, Dante 01 de Marc Caro ou Lock Out (Sécurité maximale) de James Mather et Stephen St. Leger. Transformations fait œuvre de parent pauvre du genre et n'apparaît donc pas très sérieux. D'autant plus que le personnage incarné de manière plutôt légère par Rex Smith n'arrange pas les choses. Notons que parmi les interprètes secondaires l'on retrouve l'acteur Patrick Macnee, rendu célèbre pour le rôle de John Steed dans la série télévisée britannique Chapeau melon et bottes de cuir dès le début des années 1960 en Angleterre. Doté d'effets-spéciaux parfois cradingues directement liés à la lente mutation du héros ou à la créature qui en est directement la cause, le film de Jay Kamen n'est pas déplaisant à regarder. Et ce, même si les quelques séquences ''horizontales'' sont filmées sans trop d'engouement. On rêve à l'idylle entre John et Miranda qui décidément envoûte par son charme. Une Miranda qui, dans la version française, change subitement et étrangement de prénom pour s'appeler ensuite Muriel ! Bref, Transformations est une petite série B sympathique qui mérite d'être découverte... une fois, pas deux !

 

mardi 11 mars 2025

Companion de Drew Hancock (2025) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Pour son tout premier long-métrage, le réalisateur et scénariste américain Drew Hancock a signé l'une meilleures surprises de ce début d'année 2025. Difficile en effet de n'y point voir un mélange des genres si intelligent que Companion réunira aussi bien les amateurs de comédies, de thrillers que certains fans de science-fiction. Il va par contre dès le départ falloir se faire à l'idée de ne surtout pas avoir la curiosité de jeter un œil à la bande-annonce. Pire, une fois que l'erreur aura été commise, certains twists survenant lors du récit n'auront pas tout à fait la même saveur. Il devient par conséquent assez compliqué d'évoquer Companion sans être contraint d'en révéler certains soubassements. Dès lors, quel type d'informations peut-on divulguer sans se retrouver sous un flot d'insultes lancées par celles et ceux qui ne l'auraient pas encore découvert ? Et bien pour commencer, que le film budgété à hauteur de dix millions de dollars est tout d'abord incarné par la très craquante Sophie Thatcher qui à l'image interprète Iris, la compagne de Josh (Jack Quaid, fils des acteurs Dennis Quaid et Meg Ryan) dont elle est follement éprise. Le couple est convié à retrouver trois amis dans la luxueuse propriété d'un certain Sergey (Rupert Friend), un riche homme d'affaire qui les accueille donc chez lui pour quelques jours. Iris est angoissée à l'idée de se retrouver ainsi en réunion. D'autant plus que la compagne de leur hôte (Megan Suri dans le rôle de Kat) l'accueille assez froidement. Pour compléter le tableau, Eli (Harvey Guillén) et Patrick (Lukas Gage) forment un couple homosexuel lui aussi très amoureux. Je sais déjà ce que certains penseront d'emblée au fil du récit. Déployant une configuration qui semble entrer de plain-pied dans la mouvance Woke, Companion se satisfait suffisamment de son ton très second degré pour que l'approche semble-t-il parfois très opportuniste ne gâche absolument pas le spectacle. Tourné dans un cadre aéré et lumineux, le long-métrage de Drew Hancock démarre donc comme une sempiternelle réunion de camarades qui le temps d'un week-end feront la fête avant que ne survienne un imprévu. Sauf que la voie que choisi l'auteur est beaucoup plus nuancée. Bon, maintenant, très chers amis, permettez-moi d'en révéler un peu plus sur son contenu. Et si vous ne l'avez pas encore vu, je vous conseille d'arrêter tout de suite la lecture de cet article.


[SPOIL]. Dès le lendemain de leur arrivée chez Sergey, Josh conseille à Iris d'aller se détendre au bord du lac qui jouxte la propriété. Rejointe rapidement par l'hôte des lieux, celui-ci se montre particulièrement entreprenant. Témoignant d'ailleurs de la complicité de sa compagne Kat et du petit ami d'Iris ! Agressée sexuellement puis étranglée, la jeune femme se défend en sortant de sa poche un couteau (dont la présence, rassurez-vous, n'est pas inopinée) avant ce l'enfoncer dans la gorge de Sergey [fin du SPOIL]. Une fois de retour dans la demeure et le haut du corps ensanglanté, Iris affirme que Sergey a tenté de la tuer et qu'elle n'a fait que se défendre. Si jusque là Companion avait tout de la comédie gentillette et propre sur elle, le film prend évidemment un nouveau ton avec ce meurtre particulièrement graphique. Un drame qui va mettre en lumière une vérité à laquelle le spectateur qui avait eu la bonne idée de ne pas regarder la bande-annonce ne s'attendait certainement pas. [SPOIL] En effet, l'on découvre avec effarement qu'Iris n'est pas tout à fait la jeune femme qu'elle semblait être jusque là. D'où l'aspect ''fantastique'' du film se référant à un certain type de science-fiction très à la mode convainquant la domotique et la robotique. Au sujet de cette dernière, l'on apprend donc que la jeune femme est un androïde. Une thématique et une attitude notamment de la part de Josh qui posent le problème de l'asservissement de la femme par l'homme qui dans le cas présent exploite sexuellement et domestiquement celle qui partage sa vie. Représentation parfaite de la femme à laquelle, comble de l'ironie, le compagnon réduit son pourcentage d'intelligence à 40%, Iris symbolise ainsi ces femmes brutalisées et soumises aux hommes et dont elles font régulièrement les frais de la misogynie et du patriarcat [fin du SPOIL]. Une fois mise en évidence la non réalité organique d'iris, le film aurait pu reposer sur ce simple constat pour n'être plus qu'une histoire de révolte et de vengeance de la femme/machine envers l'homme qui la contrôle. Mais non puisque le réalisateur et scénariste imagine une diabolique machination qui va tourner court et être à l'origine d'une succession d'événements tournant au carnage. Companion parvient à se renouveler sans cesse et nous offre ainsi un spectacle très divertissant et sans temps morts. Bref, une œuvre hybride où se côtoient humour noir, thriller et science-fiction dystopique. Un régal...

 

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