samedi 25 mai 2024

Light de Matt Woollard (2024) - ★★☆☆☆☆☆☆☆☆

 


 

Attention, attention! Vous vous apprêtez à vivre l'une des expériences cinématographiques parmi les plus inattendues. Avec son pitch, Light semble nous promettre une aventure digne des deux premiers volets de la franchise Alien. Une alternative dont les ambitions ne seront jamais atteintes. Car plutôt que de nous offrir une science-fiction extrêmement tendue et en vase clos ou opposant des soldats suréquipés à de très hostiles créatures xénomorphes, le réalisateur Matt Woollard nous ''gratifie'' d'une expérience dont les qualificatifs même les plus virulents n'auront jamais suffisamment grâce aux yeux de celles et ceux qui s'y seront laissés piégés. Pour un premier long-métrage, l'auteur qui jusque là n'avait réalisé que le court The Hike dix ans auparavant réussit l'exploit de retenir en otage le spectateur, lequel va très vite être happé par l'indigence de la mise en scène, de l'interprétation, du montage et de tout ou presque ce qui constitue l'architecture technique et artistique de Light. Matt Woolard ne nous laisse absolument pas le choix. Enfermés dans un bocal emplit d'une brume aussi plaisante à subir qu'un gaz moutarde ou lacrymogène jeté au sein de manifestants, le film est une expérience à ne surtout pas prendre à la légère. Surtout si l'on a choisi de la regarder jusqu'au bout. Il n'est pas rare d'exprimer le vide qui caractérise certaines œuvres. Lesquelles souffrent généralement de tares innombrables et dignes d'être évoquées. Sachez-le : Light les enfonce toutes ! Sans distinction de genre, ce minuscule film de science-fiction visuellement opaque restera sans doute comme l'une des ultimes expériences dans le domaine du remplissage par le vide. Concrètement, Matt Woollard, lequel en est également le scénariste, nous invite à suivre les pas de Niu, Tallie, Avel et d'un gamin, rescapés d'un vaisseau qui vient de s'écraser sur le sol d'une planète particulièrement hostile. Chacun est séparé des autres et vue la purée de pois que les survivants et les spectateurs vont subir de la toute première à la toute dernière minute, la lumière du titre sera la bienvenue... enfin, en théorie. Parce qu'en pratique, l'expérience va s'avérer des plus problématique. Durant presque cent minutes, c'est à dire une éternité et même bien au-delà, Matt Woollard va filmer ses protagonistes de près... de très près... de trop près, même. L'architecture des lieux part d'un principe simple à comprendre.


Quand on n'a pas de pognon pour filmer en gros plans ou en plans larges un décor et ses divers mobiliers, on attend qu'une épaisse brume fasse son apparition et envahisse le tout dans ses moindres interstices. Apparemment, le technicien chargé de la machine à créer de la brume (qui dû engloutir la majeure partie du budget, cela va sans dire) s'est emmêlé les pinceaux et n'a pas dû bien lire la notice concernant la façon de l'arrêter. Putain de brouillard, non mais, ça ressemble presque à une blague. Y'en a partout. Et quand je dis partout, ça veut dire partout. Chaque plan, chaque lieu, c'est à se demander pourquoi Matt Woollard n'a pas plutôt choisi de titrer son film Fog plutôt que Light. Et tiens, tant qu'à changer le titre, il aurait tout aussi bien pu l'appeler Parkinson ou encore Je tourne mon film avec le bras droit amputé et le gauche paralysé... Non content de subir l'agressive présence d'une brume artificielle à peine dérangée par d'étranges silhouettes et lueurs de type extraterrestres, le spectateur constate avec effroi que le réalisateur semble incapable de stabiliser sa caméra. Et l'on n'évoque ici rien de commun avec la mise en scène épileptique d'un quelconque Found-Footage. Ici, rien d'autre ne justifie que celle-ci bouge avec autant de ténacité que l'absence totale de talent du réalisateur. Et c'était sans compter sur l'un des très gros points noirs du long-métrage. Car outre la mise en scène, donc, mais aussi l'écriture particulièrement flemmarde (les événements tournent en boucle) ou les dialogues d'une vacuité et d'une mièvrerie qui donneraient la gerbe aux fans absolus de Philippe Clair, le montage pose problème. Soit Matt Woollard y était aux abonnés absents, soit celui qui fut chargé de monter le film fut un schizophrène dont le cerveau fut au bord de l'implosion et qui en céphaloclastophile averti, s'est dit que de partager sa passion pour les casse-têtes devait forcément passer par un montage chaotique ! Bref, vous l'aurez compris, Light est raté sur toute la ligne. Rien à sauver du naufrage, pas mêmes ses protagonistes. On serait presque tenté de voir en la personne de Matt Woolard un type suffisamment atteint de troubles de la personnalité histrionique pour pondre une œuvre si mauvaise qu'elle ferait fatalement parler d'elle. Peine perdue puisque jusqu'à aujourd'hui, les documents qui évoquent Light s'avèrent excessivement rares... Tant mieux !

 

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