Auteur de ce qui devint
l'un des grands classiques de la science-fiction La guerre des
mondes
(The War of the Worlds)
deux ans auparavant, le réalisateur et scénariste américain Byron
Haskin se fit notamment l'un des spécialistes de la science-fiction
puisqu'il renoua avec le genre à plusieurs reprises (From
the Earth to the Moon
en 1958, Robinson Crusoe on Mars
en 1964 ou The Power
quatre ans plus tard). En 1955, il revient avec un projet ambitieux
avec, sans doute, la volonté d'écrire une nouvelle page dans
l'histoire de la science-fiction typée ''Space
Opera''.
La conquête de l'espace
(Conquest of Space)
relate en effet le voyage vers la planète Mars d'une équipe réduite
de sept hommes (dont un ''clandestin'') chargée d'être la première
à se rendre sur la surface de la quatrième planète du système
solaire. D'une durée n'excédant pas les quatre-vingt une minutes,
le projet semble tout d'abord d'une certaine ampleur. Sans préciser
de date formelle concernant l'époque où se situe l'action, une
voix-off indique qu'une station spatiale en forme de roue est en
orbite autour de la Terre à environ 1600 kilomètres de distance. À
bord, de nombreux spationautes aux spécialités diverses...
On
y croise en effet des médecins, des ingénieurs et autres
techniciens chargés de maintenir en bon ordre le fonctionnement de
celle-ci ainsi que la santé de ses passagers. Aux abords de la
station spatiale se trouve l’Épervier, un vaisseau spatial à bord
duquel une poignée d'hommes doit bientôt prendre place à
destination de la Lune. Mais la mission change entre temps et le
général Samuel T. Merritt (l'acteur Walter Brooke) ainsi que quatre
hommes dont son fils, le capitaine Barney Merritt (Eric Fleming),
vont être missionnés pour un voyage vers la planète Mars.
Quatre-vingt une minutes, cela semble court pour un projet
cinématographique d'une telle ambition. D'autant plus que
contrairement aux promesses de découvrir une œuvre s'appuyant sur
un certain réalisme, le spectateur aura la désagréable surprise de
découvrir que le film manque très souvent de sérieux. À vrai
dire, La conquête de l'espace
hésite entre des séquences au premier degré et d'autres, beaucoup
plus légères, notamment ruinées par l'interprétation de Phil
Foster dans le rôle de Jackie Siegle, lequel incarne un personnage
généralement insupportable. Pointant un certain humour dont
l'efficience reste d'ailleurs encore à examiner, l'astronome en
herbe constatera en outre certaines incohérences de taille qui ne
demandent pourtant pas de connaissances particulières pour paraître
absurdes. Notons par exemple l'arrivée d'une fusée aux abords de la
station spatiale qui plutôt que de s'y raccorder afin de permettre à
ses passagers de passer d'un engin à l'autre leur fait prendre le
risque de se perdre dans l'espace en les projetant sans cordage, sans
moyen de propulsion ou autre système de protection !
Et
puis, il y a cette décision d'envoyer cet équipage à la surface de
Mars prise seulement un jour plus tôt sans que son futur commandant
et ses hommes ne soient prévenus à l'avance ! Mais ce qui mine
davantage le récit au delà de ces quelques bévues scénaristiques
est le temps que prend Byron Haskin pour envoyer ses interprètes à
la surface de la planète rouge. Beaucoup de bavardages inutiles dont
au moins l'un d'entre eux retiendra tout de même l'attention du
spectateur. En effet, Imoto (l'acteur Benson Fong), seul passager
d'origine japonaise expliquera les raisons pour lesquelles il accepte
de participer à la mission martienne. Remontant au temps anciens
d'un pays, le Japon en l'occurrence, dont les ressources menèrent
son peuple à une existence passablement miséreuse. Les curieux de
tous poils, après de courtes recherches, découvriront vite que
certains termes évoqués (comme l'emploi des baguettes pour se
nourrir) n'ont historiquement absolument rien à voir avec ses
propos. La conquête de l'espace
bat donc le froid et le chaud. Entre séquences crédibles et ton
humoristique pas toujours justifié, le long-métrage de Byron
Haskin est sinon une déception, du moins n'atteint-il pas les
objectifs promis par son seul titre : celui d'un voyage aux
confins du système solaire et de la visite de la célèbre Mars. À
noter la présence de l'acteur Ross Martin dans le rôle d'Andre
Fodor. Acteur qui fut mondialement rendu célèbre grâce à celui
d'Artemus Gordon qu'il tint dans la série Les
mystères de l'Ouest
entre 1965 et 1969...