Si vous n'avez qu'un peu
moins d'une heure trente à consacrer à autre chose que votre métier
ou à une toute autre passion que le cinéma et que vous aimeriez
tout de même vous replonger dans les deux grands classiques de la
science-fiction que sont Predator
de John McTiernan et The Thing de
John Carpenter (sans pour autant parvenir à choisir entre les deux),
il y a une solution toute trouvée. Et cette solution s'intitule
Arctic Predator
du cinéaste espagnol Victor Garcia. En contrepartie, il faudra faire
des concessions. Accepter de faire abstraction de l’indigence des
effets-spéciaux qui ne s'avèrent jamais à la hauteur de ceux
conçus à l'époque par le département de maquillages de Predator
ou le remarquable travail qu'accomplissait le maquilleur Rob Bottin
sur The Thing.
Car l'affiche de Arctic Predator
a beau arborer un visuel qui s'apparente à un mix de ces deux
chefs-d’œuvre, il n'en possède malheureusement aucune des
nombreuses qualités. À commencer par la créature elle-même, au
centre d'une intrigue située comme le titre du long-métrage
l'indique, en Antarctique. Si l'affiche semble promettre une
alternative au Predator
évoluant dans la jungle d'Amérique Centrale en faisant évoluer
cette fois-ci sa créature sur le sol gelé de l'Antarctique sur
lequel les vents balayent tout sur leur passage et accentuent les
difficultés que les héros rencontreront, Arctic
Predator n'a
en réalité que très peu de rapports avec Predator.
Pour être tout à fait franc, on peu même considérer que les deux
films n'en entretiennent aucun.
Quant
à The Thing,
si le réalisateur espagnol lui emprunte le cadre et ses personnages,
c'est à dire l'Antarctique, ainsi qu'une base et des médecins
scientifiques, là encore, la déception reste grande. Victor Garcia
signe un bon gros nanar, sans talent, sans la moindre imagination (ou
si peu), chacun de ses personnages étant interprété avec plus ou
moins de conviction. Démarrant pourtant sous les meilleurs augures
scénaristiques (une équipe est chargée d'explorer une région de
l’Antarctique où aurait fait naufrage plus d'un siècle
auparavant, un bateau), c'est là que l'équipe de scientifiques
entre en scène autour de J.C (!!!), interprété par l'acteur
américain Dean Cain (surtout connu chez nous pour avoir été la
vedette de la série Lois & Clark : the new
adventures of Superman aux
côtés de Teri Hatcher). Chargée de mettre à jour l'épave du
bateau, l'équipe découvre une créature piégée dans la glace (LA
référence au long-métrage de John Carpenter)...
Dès
lors, Victor Garcia nous propose un produit de sous-facture indigeste
dont la seule note d'imagination repousse les limites du grotesque. À
savoir une créature extraterrestre entièrement faite de glace (oui,
oui) et dont le projet d'invasion planétaire vise à trouver une
source de chaleur suffisamment puissante pour se transformer à
l'état de vapeur et ainsi étendre son champ d'action et s'en
prendre à l'humanité toute entière. Si le sujet n'était pas aussi
risible, on aurait encore pu se contenter d'effets-spéciaux
navrants. Le film a beau avoir à peine dix ans d'existence, ceux
qu'arbore la créature extraterrestre ne sont même pas dignes de
ceux qu'affichaient les pires séries télévisées de
science-fiction des années quatre vingt-dix, voire, de la décennie
précédente. Autant dire qu'il demeure difficile de croire à cette
histoire tant l'impression d'assister à l'évolution d'une créature
échappée d'une mauvaise cinématique de jeu vidéo est flagrante.
Bien entendu, pour relever le peu d'intérêt d'un scénario ultra
basique, les interprètes tentent de donner du corps à leur
incarnation et aux différentes situations auxquelles ils confrontés.
Une fois de plus, Victor Garcia et son téléfilm (oui, car il s'agit
bien de ce dont on parle) fait chou blanc. Vous l'aurez compris,
alors, Arctic Predator
n'est certainement pas l'alternative rêvée. Quitte à choisir un
plagiat de Predator,
jetez donc plutôt votre dévolu sur Robowar de
Bruno Mattei. Quant à The Thing,
à choisir une pâle copie de l'original, préférez donc vous lancer
dans la fausse préquelle éponyme réalisée en 2011 par le
néerlandais Matthijs van Heijningen Jr plutôt que dans l'infâme
(et non officiel) rejeton de Victor Garcia...