Chaos Walking,
dernière lubie du réalisateur Doug Liman... Alors, western
post-apocalyptique ? Non. Invasion de la Terre par une espèce
d'extraterrestres belliqueux ? Non plus. En fait, retour à la
vie d'antan pour quelques dizaines, voire centaines d'humains, des
hommes pour la plupart, sur une autre planète que la notre. Une
planète que l'homme a colonisé il y a quelques temps déjà et
habitée par une espèce indigène qui s'est rendue responsable de la
disparition de toutes les femelles du genre humain. Généreux dans
la multiplicité des interactions entre les divers sujets qu'aborde
le long-métrage tout en étant relativement radin lorsqu'il s'agit
d'expliquer certains détails qui ont pourtant leur importance, on ne
sait plus vraiment si le scénario de Chaos
Walking
se veut limpide ou s'il cherche à se faire passer pour plus élaboré
qu'il ne l'est en réalité. Pour autant, le film de Doug Liman
est-il l'infâme navet que certains prétendent ? Non,
définitivement non. Et ce, même s'il arbore à son tour les allures
de dizaines d'autres longs-métrages qui à force de tous se
ressembler on finit par former une nouvelle ère dans le grand œuvre
qu'est le cinéma de science-fiction. La dystopie post-pubère où
les adolescents, voire les très jeunes adultes tiennent les rennes.
Chaos Walking ne
faisant pas exception à la règle, Tom Holland/Todd et Daisy
Ridley/Viola, âgés respectivement (à l'époque) de vingt et un et
vingt-cinq ans sont donc les vedettes/héros de ce récit
post-adolescent qui convie tout de même quelques grandes pointures
parmi lesquelles on retrouve le danois Mads Mikkelsen dans le rôle
du grand méchant, le maire Prentiss...
À la décharge du long-métrage de Doug Liman dont le développement
aura mis plusieurs années avant d'aboutir à une diffusion, un
concept plutôt sympathique même si dans les premiers instants, la
notion de pensées se traduisant à l'image par une sorte de brume et
de sons projetés hors du crâne pourra paraître absolument
grotesque. Une idée un peu folle mais néanmoins originale qui
trouve son intérêt à plus d'un titre. D'abord parce que le
phénomène procure un moyen de défense et de combat inédit.
Ensuite parce qu'une fois intégré, le concept s'avère relativement
amusant. Surtout lorsque Todd, ce jeune adulte qui jusqu'à
aujourd'hui n'a jamais vu une seule femme de sa vie est mis devant le
fait accompli : la présence à ses côtés de Viola l'empêche
de contenir ses émotions et c'est régulièrement que l'on s'amuse
de le voir se dépêtrer et s'excuser des pensées qui lui échappent
et auxquelles la jeune femme a donc accès. On a presque l'impression
d'un tout jeune adolescent qui découvre pour la première fois
l'amour auprès d'une femme évidemment beaucoup plus mature que lui
puisque provenant d'une source (un vaisseau issu de notre bonne
vieille planète la Terre) plus fiable en terme de technologie. Et
même de culture puisque sur la planète sur laquelle se situe
l'action, l'homme est revenu au temps où cultiver la terre, chasser,
pécher semblaient les seuls moyens de survivre. Pas de véhicules à
moteur, juste des chevaux. Mais tout de même, quelques armes dont la
technologie n'est fort heureusement pas encore à notre portée...
Bien
campés mais malheureusement mal caractérisés, nos deux jeunes
héros battent la campagne, poursuivis par un maire et des villageois
dont nous n'aimerions pas croiser la route. Le film bénéficie
d'effets-spéciaux peu glorieux, la brume devenant rapidement une
habitude, les créatures indigènes une denrée rare, et les
vaisseaux étant retranchés dans la dernière demi-heure. Mais
malgré ses quelques originalités dont certaines feront sourire,
Chaos Walking ne
s'éloigne pas tant des sagas nées sur les cendres de la franchise
Hunger Games
qui demeure encore à ce jour, le haut du panier en terme de dystopie
pour adolescents et jeunes adultes. La campagne de dénigrement dont
à fait les frais auprès du public et de la presse spécialisée
américaine le long-métrage de Doug Liman ne semble pas vraiment
justifiée. Le retard et les complications dues à des projections
test négatives pourraient justifier le mécontentement des
producteurs, des interprètes ou même du réalisateur ou du
scénariste eux-mêmes, mais le public... A moins que cette
adaptation du premier volet de la trilogie de romans Le
Chaos en marche
de l'écrivain anglo-américain Patrick Ness ai déçu les fans de
l'auteur, mais encore faut-il avoir lu l'ouvrage... Le plus simple
serait effectivement de parcourir le récit sans trop se poser de
questions d'autant plus que Chaos Walking s'avère
agréable à regarder et plutôt divertissant. Bien entendu, le film
s'oubliera très rapidement et seule la séquelle (prévue) en
ravivera sans doute le souvenir lors de sa sortie. Maintenant, à
chacun de se forger sa propre opinion...