Ancêtre direct du
pitoyable Deep Impact
que réalisera Mimi Leder quarante-sept ans plus tard en 1998, Le
Choc des Mondes
(When Worlds Collide)
de Rudolph Maté fait partie de ces classiques indémodables de la
science-fiction américaine des années cinquante. Il y est question
de la destruction de notre planète et de l'espoir mis en œuvre pour
qu'une partie de l'humanité puisse y survivre. Comme dans tout bon
(et mauvais) long-métrage sur le sujet, le cinéaste polonais, qui
s'inspire ici d'un roman écrit par Philip Wylie et Edwin Balmer daté
de 1933, n'oublie pas d'y inclure la sempiternelle romance entre la
fille d'un savant et un pilote chevronné. Le savant en question est
le professeur Hendron qui à partir de clichés alarmistes pris en
Afrique du sud et transportés par avion par le pilote David Randall,
comprend que la fin du monde est pour bientôt. Alors que le
professeur a choisit d'avertir les Nations Unies de la catastrophe
qui devrait avoir lieu huit mois plus tard, il est également à
l'origine de la construction de fusées qui devront permettre à une
quantité infime de l'humanité d'échapper à la catastrophe en
allant vivre sur la planète Zyra qui selon les scientifiques est la
seule hypothétiquement viable et située dans une
configuration proche de celle de la Terre...
Avec
tout ce que le projet englobe d'invraisemblances sans doute
consécutives à un manque de connaissances scientifiques, Rudolph
Maté réalise une œuvre au moins aussi importante que La
Guerre des Mondes que
Byron Haskin réalisera deux ans plus tard. Le film aborde le cas de
conscience d'un homme faisant partie d'une élite qui a, dès le
départ, sa place parmi les survivants tandis que d'autres devront
passer par un tirage au sort avec tout ce que cela comporte de
conséquences sur les femmes et les hommes tirés au sort (l'un d'eux
refusera de partir en apprenant que son épouse elle-même n'a pas
été sélectionnée), ainsi que sur ceux qui sont contraints de
rester au sol. Rudolph Maté fait parler l'argent et le pouvoir à
travers le personnage de Sidney Stanton (incarné à l'écran par
l'acteur John Hoyt), un magnat des affaires cloué dans un fauteuil
roulant. Au delà des événements tragiques liés à l'arrivée
imminente d'une étoile condamnée à passer si proche de notre
planète que les conséquences en seront dévastatrices, Rudolph Maté
étoffe comme il peu son intrigue à travers les personnages de Joyce
Hendron et de David Randall respectivement interprétés par Barbara
Rush et Richard Derr.
Si
Le Choc des Mondes
s'attarde surtout sur les préparatifs de cette Arche de Noé revue
au goût du jour dans laquelle plusieurs espèces animales sont
embarquées à bord des diverses fusées construites de part le
monde, il s'agit également pour le cinéaste d'évaluer le
comportement de l'homme face à une crise d'ampleur mondiale. Si Le
Choc des Mondes
est un excellent film de science-fiction, il reste cependant en deçà
des meilleurs d'entre eux en raison d'un budget apparemment trop
mince pour que s'exprime totalement à l'écran la vision du
cinéaste. La série de catastrophes consécutives à l'approche de
l'étoile (douze fois plus massive que notre planète) oscille
visuellement entre le moyen et le médiocre. Comme on le devine assez
rapidement, l'issue se termine par une séquence tournée sur la
planète Zyra dont les effets-spéciaux se révèlent également de
piètre qualité (des dessins à peine dissimulés cachant par contre
d'étonnantes structures laissant supposer la présence d'êtres
intelligents).
Devant
le succès remporté lors de sa sortie par Le
Choc des Mondes,
le producteur George Pal envisage une suite intitulée Après
le Choc des Mondes
(After Worlds Collide)
qui pourtant ne verra jamais le jour. Chef-d’œuvre ou pas, le film
de Rudolph Maté aura pourtant laissé des traces chez certains
puisque le public pourra découvrir de nombreuses références dans
divers films et albums musicaux. A l'image de Star
Trek II: La Colère de Khan
dans lequel deux containers porteront les noms de Zyra
et
Bellus...