Quand t'as quarante-cinq
ans (Hein ? Ouais, bon, ça va. Cinquante-deux, si tu préfères,
pffff) et la tête pleine de bons et joyeux souvenirs du cinéma
fantastique des années quatre-vingt, presque quarante ans après sa
sortie sur les écrans, Les aventuriers de la quatrième
dimension
a un petit goût de rev'nez y. Sauf que... Sauf que le temps a passé,
que la technologie a évoluée et que certains longs-métrages,
passée la barre des dix ou vingt ans, ont beaucoup souffert des
progrès en matière d'effets-spéciaux. Sorti dans son pays
d'origine sous le titre My Science Project,
le premier des deux films qu'aura réalisé en tout et pour tout le
cinéaste Jonathan R. Betuel durant sa carrière n'est pas forcément
celui auquel on pense lorsque l'on se remémore ces années
d'insouciance, à une époque où sortaient sur les écrans de cinéma
de grands classiques de la science-fiction, tel l'un des plus
iconiques du nom de Retour vers le futur
de Robert Zemeckis. On pensera ici notamment au sympathique Explorers
de Joe Dante qui sortira d'ailleurs la même année que le
long-métrage de Jonathan R. Betuel. Concernant ce dernier, le film
se démarque surtout par sa première partie relativement
intéressante lors de laquelle tous les stigmates des comédies
fantastiques d'alors sont scrupuleusement relevées. Ces universités
sur les bancs desquelles les élèves même les moins assidus
savaient encore se tenir contrairement à leur plus ressente
descendance dont l'attitude se rapproche davantage des primates dont
on part explorer les us et coutumes dans les zoos que celle
d'adolescents parfaitement éduqués ! Au centre du récit,
l'acteur John Stockwell qui dans le rôle de Michael Harlan campe une
sorte d'alter ego au Fonzie de
la série culte américaine, Happy Days.
Un adolescent, pro de la mécanique auquel font appel les camarades
qui se retrouvent généralement en rade. Accompagné de son meilleur
ami Vince Latello (l'acteur Fisher Stevens que l'on vit notamment
dans le slasher The Burning
de Tony Maylam en 1981 ou dans le rôle d'Alex Brady, l'un des
assassins les plus narcissiques de la série Columbo
en 1989), ce dernier lance d'ailleurs une référence à un certain
Christine de
John Carpenter dans lequel John Stockwell joua deux ans auparavant.
Complété par la délicieuse Danielle von Zerneck qui interprète
ici la jolie Ellie Sawyer, le trio va évoluer dans sa seconde partie
dans un multi-univers sur lequel nous reviendrons plus tard. Mais
avant cela, nos trois jeunes protagonistes vont faire la découverte
d'un curieux objet trouvé par Mike et Ellie dans un dépôt de
l'armée américaine.
Visiblement
attirée par le beau garçon, la jeune femme accepte un soir de s'y
rendre en sa compagnie et c'est lors d'une chute dans un trou que
Mike découvre donc un drôle d'engin qui semble toujours
fonctionner. Et puisqu'il est sommé de rendre très prochainement un
devoir scientifique à son professeur de sciences physiques Bob
Roberts (l'acteur Dennis Hooper qui un an avant d'interpréter le
rôle de Frank Booth dans le chef-d’œuvre de David Lynch, Blue
Velvet,
aime déjà ici se défoncer à l'oxygène pure), quoi de mieux que
de lui présenter l'objet en question ? Mais rien ne va se
dérouler comme prévu et nos trois jeunes héros, accompagnés de
leur professeur, vont ouvrir une brèche vers des mondes parallèles.
Et c'est là que les ennuis vont véritablement commencer et que le
film pose véritablement problème. Aussi bien pour les spectateurs
que pour nos héros, d'ailleurs. Doté d'un budget estimé entre
douze et quatorze millions de dollars, Les
aventuriers de la quatrième dimension
passe d'une première partie très divertissante à une seconde déjà
beaucoup moins satisfaisante. Pour commencer, et peut-être ainsi
éviter davantage de dépenses, Jonathan R. Betuel choisit non pas de
convier ses personnages à entrer dans divers univers parallèles
mais ce sont ces derniers qui au contraire s'invitent dans celui de
nos trois héros. C'est donc au sein de leur lycée que vont être
introduits des personnages du passé, entre une reine de l’Égypte
ancienne, un homme du moyen-âge, des soldats de la Waffen-SS,
d'autres du conflit qui se déroula durant vingt ans sur le
territoire vietnamien ou encore des créatures mutantes
post-apocalyptiques telles que l'évoquera Vince Latello. Et là, mes
amis, quelle déchéance. Non seulement le film devient un grand
fourre-tout bordélique et indigeste apparemment dénué de tout
contrôle de la part de son réalisateur mais visuellement, on est
vraiment proches, TRES proche du nanar ! C'est laid à un point
que l'on préférerait presque se cacher les yeux derrière nos
mains. Des plantes en plastique (ne manquent plus que les pots)
disséminées ça et là histoire de nous donner l'illusion d'une
forêt vierge et un T-Rex
en caoutchouc et à la ramasse tentent vainement de faire illusion.
La deuxième moitié de ces aventuriers de la
quatrième dimension
est un ratage complet. On se désolidarise assez rapidement de
personnages pourtant attachants au départ lors de cette seconde
partie mise en scène avec les pieds. Le film de Jonathan R. Betuel
démontre s'il le fallait que le temps, parfois, abîme l’œuvre
qui alors devient tellement cheap et ringarde qu'elle en devient
presque visuellement insoutenable...