Cloverfield
demeure sans doute comme la franchise cinématographique à laquelle
il manque le plus de fil conducteur. En effet, chaque épisode semble
être indépendant des autres même si un lien ténu paraît
raccorder les second et troisième volets au premier. Réalisé en
2008 par le génial Matt Reeves (Let me in,
La planète des singes:suprématie,
The Batman),
Cloverfield
va rapporter à ses producteurs six fois la mise de départ. L'un des
points forts de ce found footage, ce sont bien évidemment ses
excellents effets-spéciaux et cette manière si particulière de
traiter le sujet comme le ferait un grand reporter en plein conflit
militaire. Tout commence à l'époque par un énigmatique teaser qui
laisse celles et ceux qui le découvrent avec leurs interrogations
ainsi qu'un site étrange sur lequel le voyageur égaré mais
néanmoins curieux pouvait relever quelques informations. Comme tout
bon et mauvais film des genres qui dans le cas présent peuvent être
considérés de catastrophe et de science-fiction, l'intrigue ne
plonge pas directement les protagonistes au cœur du sensationnel
événement qui va couvrir l'intrigue durant les soixante-cinq
minutes à venir. D'ici à ce que l'attention des convives d'une fête
organisée en l'honneur de Robert Hawkins (l'acteur Michael
Stahl-David) soit détournée par un ''incident'' se déroulant
pratiquement sous leurs fenêtres, il va falloir se frapper quasiment
vingt minutes de métrage sans doute censées caractériser une
poignée de personnages pour lesquels nous n'aurons malheureusement
pas d'empathie particulière. Le but étant de suivre les péripéties
de Robert, celui-ci est accompagné de Lily Ford (Jessica Lucas), de
Marlena Diamond (Lizzy Caplan) mais aussi et surtout de son meilleur
ami Hudson Platt (T.J.Miller) sans lequel, bien entendu, nous
n'aurions assisté à aucune des images devant lesquelles nous allons
demeurer figés puisqu'il est celui qui tiendra la caméra jusque
dans les dernières minutes. L'action se déroule de nuit, dans les
rue de New York, le 22 mai 2009. Mais après que les personnages nous
aient été présentés, un bruit sourd et une énorme secousse
interrompent les festivités. Dehors, c'est le chaos. Des centaines
d'individus courent dans une même direction, tentant d'échapper à
l'immense silhouette qui se profile au loin entre les buildings. En
fait, une créature ayant surgit des eaux et dévastant tout sur son
passage...
On
pense bien entendu à la série de
Kaijū qui
déferla sur le Japon dès le milieu des années cinquante avec le
premier d'entre eux, Gojira
de Ishirō Honda. Et dans une moindre mesure à son adaptation
cinquante-quatre ans plus tard sur le territoire américain avec le
médiocre Godzilla
de Roland Emmerich en 2018. Dix ans plus tard, le producteur
J.J.Abrahms (Armageddon,
Star Trek Into Darkness,
Mission Impossible 3,
4,
5,
6,
7)
va calmer tout le monde en produisant ce Cloverfield
que personne n'attendait vraiment au tournant à part, sans doute,
les fervents admirateurs vénérant Godzilla, Mothra, Gamera, King
Ghidorah ou plus simplement King Kong... Pour bien comprendre les
origines de la créature, il faudrait se référer au troisième
volet de la franchise intitulé The Cloverfield
Paradox
et dans lequel la supposition selon laquelle le monstre aurait émergé
du fond des océans est fausse. Un détail qui en 2008 apparaît sans
importance puisque l'essentiel demeure pour l'instant la survie de
l'espèce humaine concentrée sur la ''Grande
Pomme''
et notamment celle de nos jeunes héros qui braveront tous les
dangers dans l'espoir de retrouver l'ex petite amie de Robert,
Elisabeth McIntyre (l'actrice Odette Yustman). Entre une armée qui
n'hésite pas à envoyer la grosse artillerie au mépris du danger,
une créature immense qui joue aux dominos avec les buildings, la
traversée d'un tunnel infesté de rats mais aussi de bestioles
arachnéennes, l'extraction de Beth au sommet d'un
gratte-(à)ciel(ouvert), on n'a pas vraiment le temps de se tourner
les pouces.
Les
effets-spéciaux se montrent remarquables et renvoient aux dinosaures
de Jurassic Park de
Steven Spielberg. À la différence duquel Matt Reeves traite son
sujet sous l'angle du reportage. Found
Footage
oblige, la caméra tremble souvent, pouvant ainsi causer quelques
céphalées, mais dans l'ensemble, la lecture des événements est
assez claire. Non content de relancer la mode des monstres géants
avec infiniment plus de talent que Roland Emmerich dix ans
auparavant, Cloverfield se
permet quelques incartades dans le domaine de l'horreur plutôt
convaincantes mais plonge surtout le spectateur au cœur du chaos, là
où le danger est tout d'abord représenté par le cri inquiétant de
la créature (il sera intéressant de se pencher sur la lecture
d'articles consacrés au Bloop
qui semble avoir servi de source d'inspiration au film). Si l'on
devine peut-être trop rapidement quelle est la teneur du danger,
Matt Reeves se retient malgré tout de filmer la créature dans son
ensemble et exploite l'environnement new-yorkais, l'obscurité, le
désordre qui règne et quelques éclairages bien sentis pour nous
l'exposer avec parcimonie. Il faudra patienter jusqu'en 2016 avant de
voir débarquer sur les écrans 10 Cloverfield
Lane de
Dan Trachtenberg et deux de plus pour découvrir cette fois-ci sur
Netflix,
le troisième opus The Cloverfield Paradox
de Julius Onah. Notons qu'en 2018 est sorti sur les écrans le
long-métrage Overlord
de Julius Avery. Prévu pour être à l'origine le quatrième segment
de la franchise, il s'avérera n'avoir finalement aucun lien. L'on
attend cependant avec impatience la sortie prochaine (aucune date
précise n'est avancée) du quatrième volet pour l'instant intitulé
Cloverfield Sequel.
Il s'agirait apparemment de la suite directe du film de Matt Reeves.
En espérant pouvoir apporter prochainement de plus amples
informations...