Premier long-métrage du
réalisateur, scénariste et acteur britannique Spencer Brown, T.I.M
est l'un des nombreux films de science-fiction et d'épouvante qui
traitent des problèmes rencontrés avec l'intelligence artificielle.
Si le concept remonte au milieu des années 1900 lorsque le
scientifique américain Warren Weaver évoqua la possibilité que des
machines pourraient traduire un jour et de manière autonome des
documents dans des langues étrangères ou lorsque le mathématicien
britannique Alan Turing employa le terme d'Intelligence Artificielle
pour la première fois en 1950, la démonstration de ses vastes
étendues devront par contre attendre longtemps avant d'être
exploitées sur grand écran. Moins récent qu'il n'y paraît, le
sujet fut notamment et indirectement traité dans le chef-d’œuvre
de Stanley Kubrick, 2001, l'odyssée de l'espace
en 1968 à travers l'ordinateur de bord HAL
9000 du
vaisseau spatial Discovery
One.
Proposant l'éventualité de complications liées à un
dysfonctionnement interne de la machine, le film se proposait ainsi
de mettre en danger son ''créateur'',
dans un combat acharné entre l'homme et la machine. Une thématique
que l'on retrouvera bien des années plus tard dans le premier volet
de la franchise Terminator
ainsi que dans ses suites. Film dans lequel James Cameron opposait
l'humanité à une prise du pouvoir par les machines dans un futur
pas si lointain de nous. Ses héros menant là aussi un combat dans
le présent tout aussi obstiné contre un organisme cybernétique (ou
Cyborg)
modèle T-800.
Entre ces deux classiques de la science-fiction où pointent une
grande part de nos peurs, l'on pourrait également citer l'officier
scientifique Ash qui lors d'un twist remarquablement saisissant
dévoilera sa véritable origine d'Androïde dans le Alien
de Ridley Scott en 1979. Mais HAL
9000,
le T-800
et ASH
ne représentant qu'une toute petite poignée, mais pas des moindres,
d'une foule de propositions dans le domaine de l'intelligence
artificielle, le cinéma en a vu naître depuis des légions sur
grand écran. Un autre genre s'est imposé dans un registre
légèrement éloigné de la science-fiction pour se rapprocher
davantage du fantastique. Ponctuellement et de façon quasi
métronomique, le cinéma dit d'horreur a depuis Child's
Play
de Tom Holland en 1986 mis en scène des ''jouets'' tout d'abord
créés à l'attention des enfants, art qui se perpétue encore de
nos jours, avant d'encourager la production de machines cette fois-ci
réalisées à l'attention de leurs parents. Au départ, des systèmes
électroniques ou mécaniques mus par l'esprit d'un défunt maléfique
ou atteints de défaillances. Plus tard, et avec la mode des films de
fantômes et de démons l'on a vu émerger toute une foule de
longs-métrages comme Annabelle
de John R. Leonetti en 2014. Entre-temps, le genre est revenu à
l'une de ses premières amours croisée à l'origine au détour d'un
xénomorphe à occire !
Des
années après l'androïde de Alien,
ceux de Blade
Runner
ou de Terminator,
d'autres ont montré le bout de leur nez sous un jour tout d'abord
optimiste avant de révéler leur véritable nature. Deux exemples
avec Ex
Machina
d'Alex Garland en 2015 et M3GAN
de Gerard Johnstone qui contrairement aux autres s'inscrivent dans le
contexte chaleureux du foyer familial où tout danger semble tout
d'abord être écarté. La technologie avançant à grands pas et
sans doute plus rapidement que le septième art qui ne fait
généralement que ressasser les mêmes obsessions, T.I.M
se révèle donc n'être qu'une énième itération d'un sujet qui
pourtant continue de faire frémir à l'idée qu'un tel dispositif
d'intelligence Artificielle couplé à la domotique puisse être mis
en place dans la demeure de n'importe quels particuliers !
Fraîchement débarquée dans l'entreprise Integrate
Robotic
et chargée par son PDG d'améliorer le fonctionnement d'automates à
l'apparence et au comportement très proches de l'homme, Abi, ainsi
son époux, sont contraints par le PDG de la boite d'accueillir
l'humanoïde T.I.M dans leur nouvelle demeure. Sorte d'aide-ménager
en mode 10.0, capable d'accomplir n'importe quelle tâche tout en
étant en possession de restrictions qui l'empêchent notamment
d'entrer physiquement en contact avec l'humain. Programmé pour
n'obéir qu'à Abi (incarnée par l'une des actuelles égéries du
cinéma d'épouvante que l'on a pu notamment découvrir dans Barbare
en 2022, dans Bird
Box : Barcelona
en 2023 ou dans Les
guetteurs
cette année), T.I.M va rapidement se découvrir un intérêt pour
la très jolie jeune femme au grand dam de Paul, son époux avec
lequel elle espère très prochainement avoir un enfant. Première
remarque plutôt positive à faire à l'encontre du long-métrage de
Spencer Brown :
son Cyborg, interprété par Eamon Farren s'avère relativement
troublant. De ce fait, l'acteur imprime à son personnage une
attitude dérangeante de type intrusive. Si le réalisateur ne prend
pas de gants et nous plonge quasiment instantanément au cœur de
l'intrigue, c'est parce qu'il a sans doute conscience que son public
sait très précisément à quoi il a à faire. Si la formule n'est
évidemment pas toute neuve, T.I.M
est
capable tout comme ses prédécesseurs de créer un climat d'angoisse
et d'oppression propre à ce type de sujet où l'épouse est
incapable de voir ce que trame le cyborg tandis que son époux tente
par tous les moyens, mais sans jamais y parvenir, de lui ouvrir les
yeux. Si l'on connaît déjà le fin mot de l'histoire, on ne peut
cependant s'empêcher d'angoisser sur le sort des protagonistes et de
s'agacer devant ce calme impérial qu'affiche en permanence
l'antagoniste du récit. Le long-métrage de Spencer Brown n'est
certes pas très original mais il a au moins le mérite de faire
aussi bien que les autres films du genre. Bref, si vous aimez le
concept, T.I.M
ne vous décevra que si vous vous attendiez à un minimum
d'originalité...