Ça n'est pas que j'ai
honte d'évoquer l’œuvre du cinéaste italien Bruno Mattei sur
Cinémart (je pense l'avoir
prouvé bien assez souvent) mais j'ai décidé cette fois-ci
d'aborder l'un de ses films de science-fiction sur L'Idiot
Électrique. C'est qu'il faut
bien donner à manger à ce blog uniquement consacré au genre et à
ses extensions si je ne veux pas qu'il dépérisse. Un mois tout rond
après avoir abordé Alien Autopsy
de Jonny Campbell, retour sur l'un des plus illustres nanars de l'un
des maîtres en la matière
avec Terminator 2.
Pardon ! Shocking Dark.
Ou bien encore Spectres à Venise
de Bruno Mattei sous le pseudonyme américanisant Vincent Dawn. Grand
spécialiste du Rip
Off fauché
devant l'éternel, Bruno Mattei signe une fois encore un fleuron du
genre. Une excroissance cinématographique qui, un jour, sera adulé
au même titre qu'un Titanic,
un Alien, le Huitième Passager,
un Rencontre du 3ème Type
ou un Blade Runner
(cherchez l'erreur). En attendant, il n'y a guère que les fans d'un
sous-genre souvent malmené par une presse qui n'y comprend toujours
rien pour défendre bec et ongles le genre Nanar,
qu'il empiète dans les domaines de l'horreur, du fantastique, de la
science-fiction, de la comédie ou dans tout autre genre acceptant de
lui faire une place, même minime soit elle. Après avoir pillé
l’œuvre de George Romero, de John Carpenter, et avant de se servir
sans demander la permission dans celle de Steven Spielberg, Bruno Mattei se sera
fait la main sur celle de James Cameron en pillant cette fois-ci,
non pas UN film, mais DEUX. Résultat : Shocking
Dark.
L'un des Rip Off
les plus manifestes puisque le cinéaste italien va intégrer à son
script pseudo-environnemental, ceux de Aliens
et de Terminator.
A
ce propos, l'utilisation d'un titre trompeur comme celui qui parfois
servit à vendre son œuvre (Terminator 2)
demeure étonnant puisque durant deux bons tiers, Shocking
Dark
ressemble davantage à une relecture de l'excellent Aliens
qu'à une mauvaise suite de Terminator. Neuf ans après Virus Cannibale,
Bruno Mattei nous ressert les mêmes décors. Ceux, du moins, qui
ouvraient les hostilités en 1980. Avec Bruno Mattei aux commandes,
il fallait se douter que l'intrigue n'irait pas se nicher sur une
planète jumelle de LV-426 mais à Venise, dans une sorte de centrale
électrique servant de décor à une intrigue mêlant scientifiques,
commando militaire, créatures monstrueuses et androïde. Servant
d'unique lieu de tournage, le complexe est l'occasion d'une visite
orchestrée par un Bruno Mattei en roue libre. Comme le sont ses
interprètes parmi lesquels la jeune interprète Dominica Coulson qui
demeure encore la meilleure de tous. Pendant italien de la jeune
Rebecca 'Newt'
Jorden du classique de James Cameron, elle se détache en effet du
reste du casting qui lui, semble amorphe, incapable de réagir,
prostré devant le danger.
Scénarisé
par Claudio Fragasso, Shocking Dark
compulse la majeure partie des séquences de Aliens
dans une forme beaucoup moins agréable à voir même si, de part la
médiocre interprétation de ses interprètes, il n'est pas rare que
l'on pouffe de rire devant l'attitude de certains personnages. La
black de service se prenant pour l'actrice Jenette Goldstein (la
première classe Jenette Vasquez dans Aliens)
sans avoir une once de son talent, ou les differents membres du
commando dont le faciès concourt pour le prix du bellâtre le plus
convaincant. Quant à Haven Tyler, elle incarne un sous-produit de
Ripley mais s'en sort relativement bien. Mark Steinborn campe le
personnage du Commandant Dalton Bond (!?!), celui-là même qui
officie après une bonne heure de métrage dans le rôle du
terminator
sous-développé qui donne parfois son nom au film. Dans l'ensemble,
Shocking
Dark
est plutôt plaisant à regarder même si l'ensemble sonne faux et
amateur. Les effets-spéciaux sont plutôt navrant, avec des
créatures ridicules, mais les fans de nanar en général et de Bruno
Mattei en particulier jubileront devant cette excroissance non-officielle
d'illustres licences. Un indispensable pour toutes celles et ceux qui
comptent dans leur collection, les mythiques Virus
cannibale
et
Les rats de Manhattan du
même Bruno Mattei...