Quel rapport entre Maniac
de
William Lustig, The Last Horror Film
de David Winters et Starcrash
de Luigi Cozzi... ? La présence à l'image de l'immense Joe
Spinell et de la sublime Caroline Munroe. Celle qui fut l'une des
proies de l'un des tueurs en série de fiction les plus flippants de
l'histoire du cinéma fut un an auparavant l'héroïne de l'un des
nanars italiens les plus décomplexés. Et pourtant, à bien y
réfléchir, Luigi Cozzi semble avoir très honnêtement et surtout
très naïvement tenté d'apporter sa propre vision du cinéma de
science-fiction grand public avec cette alternative ô combien
nanardesque du classique réalisé en 1976 par George Lucas, La
guerre des étoiles.
D'emblée l'on écartera toute comparaison autre que celle d'une
science-fiction foisonnante, (pas toujours très) inspirée, visant
tous les types de public, du plus jeune au plus vieux et du néophyte
au fans rompu au genre. Ce qui n'est déjà pas si mal. Starcrash
a tout du grand nanar. L'ambition d'atteindre des sommets
infranchissables malgré un budget trois fois moins important que
pour la concurrence américaine. Cette ambition qui transparaît
d'ailleurs même dans le doublage français, signe qu'à
l'internationale, sans doute furent nombreux ceux qui estimèrent que
le long-métrage du réalisateur italien méritait que l'on améliore
le produit d'origine en confiant les voix principales à Jean Roche,
notamment doubleur de Tom Skerritt dans Alien
de
Ridley Scott, de l'acteur Johnny Weissmuller à cinq reprises et
même, (fruit du hasard?), de Biggs Darklighter dans La
guerre des étoiles,
ainsi qu'à Évelyne Séléna qui fut la voix de Sue Ellen Ewing dans
la série télévisée américaine (et culte) Dallas
ainsi que celle de.... devinez.... Oui, celle de la Princesse Leia de
La
guerre des étoiles,
une fois encore. Inutile d'espérer faire croire plus longtemps que
la relation entre l'un et l'autre des deux films n'est que le fruit
du hasard...
Maquettes
de vaisseaux en plastique, espace coloré constitué d'étoiles
jaunes et de planètes rouges, bleues, vertes,etc..., costumes
ultra-kitsch, mais aussi (et pour pouvoir revenir une fois de plus
sur la principale source d'inspiration du film), des sabres-laser et
la présence d'un robot au doux nom de Elias (costume sous lequel se
planque l'acteur Judd Hamilton) qui renvoie inévitablement au C-3PO
de...
Et oui, encore et toujours La
guerre des étoiles.
C'est sûr, ça commence à faire beaucoup. L'emploi d'idées pas
toutes neuves ne s'arrêtant pas là, Luigi Cozzi va en remettre une
couche en s'éloignant cette-fois des emprunts faits à George Lucas.
Outre la présence d'un Davil Hasseloff aux yeux recouverts de rimel
ou d'hommes des cavernes débarquant sans prévenir, le réalisateur
italien ne sachant peut-être plus trop où donner de la tête afin
de rendre le spectacle encore plus attractif, celui-ci ose carrément
plagier (il n'y a vraiment pas d'autre mot) l'un des classiques du
cinéma d'aventures fantastiques signé de Don Chaffey en 1963. En
effet, Luigi Cozzi puise dans cette œuvre toujours aussi remarquable
qu'est Jason
et les argonautes
en s'inspirant de l'une des séquences les plus folles et
impressionnantes du long-métrage : celle où les hommes de
Jason (appelés argonautes), affrontent l'immense colosse de bronze
Talos sur l'île de Crête. Une séquence hallucinante tant son
rapprochement avec celle qui fut à l'époque animée par le
spécialiste de la Stop-Motion
Ray Harrihausen est indubitable !
Caroline
Munroe, ce sont ses magnifiques yeux noirs, son regard intense et son
affolante silhouette, aux côtés d'un Marjoe Gortner tout sourire,
ancien adepte du mouvement Réveil
Religieux
qui a beau ici montrer toutes ses dents mais qui ne parvient pas à
faire tout à fait oublier le sinistre personnage du soldat
réserviste Jody Joad qu'il tint dans l'excellent film catastrophe
Tremblement
de terre
de Mark Robson (œuvre qui fut nommée à cinq reprises aux Oscars de
1975 et remporta ceux du meilleur son et des meilleurs effets
visuels). Face à ce duo qui incarne les aventuriers Stella Star et
Akton dont la mission est de défaire l'infâme Comte Zarth Arn,
l'acteur Joe Spinell, inoubliable dans Maniac,
ce cauchemar urbain réaliste, gore et morbide, incarne le méchant
du film. Mais plutôt que de conserver l'incroyable aura que lui
procure son impressionnant visage, l'acteur y perd de sa superbe. En
cause, des costumes et une coiffure absolument ridicules que l'on
n'oserait peut-être même pas faire endosser à un représentant du
phénomène Queer !
Starcrash
ressemble
à un grand fourre-tout manquant de cohérence. À trop vouloir
bourrer son œuvre jusqu'à la gueule de bonnes intentions, Luigi
Cozzi finit par perdre le public, d'autant plus que le film n'est en
réalité, pas vraiment passionnant et doté d'effets-spéciaux pas
toujours très réussis. Reste que les adeptes de séries plus Z
que B
y trouveront là un candidat de poids. Le nanar kitsch par
excellence...