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vendredi 10 mai 2019

Children of the Damned d'Anton Leader (1963) - ★★★★★★☆☆☆☆



L'enfance diabolique est un thème récurrent au cinéma. Il y a pris différentes formes. De l'emprise sur son esprit par le Diable ou tout autre manifestation venue des Enfers en passant par divers phénomènes liés aux ovnis et autres extraterrestres, nos chères petites têtes blondes sont manifestement capables de générer la peur de manière aussi crédible que les adultes. Ces enfants possèdent un avantage dont le poids pèse très lourd dans la balance qui les oppose à n'importe qu'elle autre menace. Et cet avantage est justement leur âge qui au moins dans le cas qui nous préoccupe ici leur permet de s'assurer une certaine distance de la part des adultes vis à vis de leurs actes. Car en effet, quoi pourrait concevoir un instant l'idée de tuer un enfant ? Et qui plus est, dans le cas présent, non pas un mais six...
L’œuvre d'Anton Leader est une réflexion sur le pouvoir de destruction de l'homme et sur l'une des seules voies capables d’éradiquer son espèce. Le message délivré par ces cinq enfants issus de pays et de cultures différentes n'est pas toujours très clair, le cinéaste préférant la majeure partie du temps les enfermer dans le mutisme, leur offrant dans de rares occasions l'opportunité de s'adresser au monde des adultes à travers les lèvres de Susan Eliot (interprétée par l'actrice Barbara Ferris), la tante de Paul, l'un des six enfants.

Si l'on retrouve plusieurs éléments du classique de Wolf Rilla sorti trois ans auparavant en 1960, le long-métrage d'Anton Leader n'a en réalité rien à voir avec Village of the Damned. Pourtant, tout ou presque semblait rapprocher ces deux films. Des enfants qui peu ou prou sont similaires et dans leur comportement, et dans leur apparence. Une attitude inquiétante, silencieuse. Des gamins exceptionnellement intelligents dont les intentions réelles restent à démontrer. Children of the Damned ne laisse qu'une très petite porte d'entrée devant l'éventualité d'une intervention divine ou extraterrestre. Pourtant, le fait même que la mère de chacun de ces six enfants l'ait conçu sans la présence d'un individu de sexe masculin laisse supposer l'une ou l'autre.

Approchés par des scientifiques, les six enfants sont l'objet d'études qui laissent envisager plusieurs hypothèses comme le processus d'évolution cher à Darwin ou la parthénogenèse, ou, division à partir d'un gamète femelle non fécondé, ce qui consiste en la conception d'un enfant sans l'intervention du mâle. Tourné en noir et blanc, Children of the Damned n'a pas vraiment à rougir devant le classique dont il semble ouvertement s'inspirer autrement que lors de la trop longue séquence se déroulant dans l'église (ce qui laisserait donc définitivement supposer une intervention divine?). Le scénario de John Briley y montre en effet ses faiblesses et la vacuité de son propos qui laisse un fossé immense entre les agissements des six enfants et les véritables raisons de leur présence. C'est donc de manière tout à fait personnelle qu'il faut voir dans la symbolique qui unit ces enfants jusque dans la mort, un message à l'encontre d'une humanité qui sacrifie sa progéniture à travers d'immémoriaux conflits territoriaux ou religieux. À décharge pour le cinéaste britannique, sa vision nihiliste est assez peu courante pour une œuvre de cinéma datant du début des années soixante. Un nihilisme qui va jusqu'à emporter dans la tourmente de jeunes enfants qui n'ont même pas encore atteint l'âge de l'adolescence. Un petit film de science-fiction et d'épouvante ni vraiment raté, ni vraiment effrayant, mais plutôt agréable à regarder. On lui préférera tout de même le Village of the Damned de Wolf Rilla ou le remake réalisé bien des années plus tard par le cinéaste américain John Carpenter...

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