Pour son tout premier
long-métrage, le réalisateur et scénariste américain Drew Hancock
a signé l'une meilleures surprises de ce début d'année 2025.
Difficile en effet de n'y point voir un mélange des genres si
intelligent que Companion
réunira aussi bien les amateurs de comédies, de thrillers que
certains fans de science-fiction. Il va par contre dès le départ
falloir se faire à l'idée de ne surtout pas avoir la curiosité de
jeter un œil à la bande-annonce. Pire, une fois que l'erreur aura
été commise, certains twists survenant lors du récit n'auront pas
tout à fait la même saveur. Il devient par conséquent assez
compliqué d'évoquer Companion
sans être contraint d'en révéler certains soubassements. Dès
lors, quel type d'informations peut-on divulguer sans se retrouver
sous un flot d'insultes lancées par celles et ceux qui ne l'auraient
pas encore découvert ? Et bien pour commencer, que le film
budgété à hauteur de dix millions de dollars est tout d'abord
incarné par la très craquante Sophie Thatcher qui à l'image
interprète Iris, la compagne de Josh (Jack Quaid, fils des acteurs
Dennis Quaid et Meg Ryan) dont elle est follement éprise. Le couple
est convié à retrouver trois amis dans la luxueuse propriété d'un
certain Sergey (Rupert Friend), un riche homme d'affaire qui les
accueille donc chez lui pour quelques jours. Iris est angoissée à
l'idée de se retrouver ainsi en réunion. D'autant plus que la
compagne de leur hôte (Megan Suri dans le rôle de Kat) l'accueille
assez froidement. Pour compléter le tableau, Eli (Harvey Guillén)
et Patrick (Lukas Gage) forment un couple homosexuel lui aussi très
amoureux. Je sais déjà ce que certains penseront d'emblée au fil
du récit. Déployant une configuration qui semble entrer de
plain-pied dans la mouvance Woke,
Companion
se satisfait suffisamment de son ton très second degré pour que
l'approche semble-t-il parfois très opportuniste ne gâche
absolument pas le spectacle. Tourné dans un cadre aéré et
lumineux, le long-métrage de Drew Hancock démarre donc comme une
sempiternelle réunion de camarades qui le temps d'un week-end feront
la fête avant que ne survienne un imprévu. Sauf que la voie que
choisi l'auteur est beaucoup plus nuancée. Bon, maintenant, très
chers amis, permettez-moi d'en révéler un peu plus sur son contenu.
Et si vous ne l'avez pas encore vu, je vous conseille d'arrêter tout
de suite la lecture de cet article.
[SPOIL].
Dès le lendemain de leur arrivée chez Sergey, Josh conseille à
Iris d'aller se détendre au bord du lac qui jouxte la propriété.
Rejointe rapidement par l'hôte des lieux, celui-ci se montre
particulièrement entreprenant. Témoignant d'ailleurs de la
complicité de sa compagne Kat et du petit ami d'Iris ! Agressée
sexuellement puis étranglée, la jeune femme se défend en sortant
de sa poche un couteau (dont la présence, rassurez-vous, n'est pas
inopinée) avant ce l'enfoncer dans la gorge de Sergey [fin du
SPOIL]. Une fois de retour dans la demeure et le haut du corps
ensanglanté, Iris affirme que Sergey a tenté de la tuer et qu'elle
n'a fait que se défendre. Si jusque là Companion
avait tout de la comédie gentillette et propre sur elle, le film
prend évidemment un nouveau ton avec ce meurtre particulièrement
graphique. Un drame qui va mettre en lumière une vérité à
laquelle le spectateur qui avait eu la bonne idée de ne pas regarder
la bande-annonce ne s'attendait certainement pas. [SPOIL] En effet,
l'on découvre avec effarement qu'Iris n'est pas tout à fait la
jeune femme qu'elle semblait être jusque là. D'où l'aspect
''fantastique'' du film se référant à un certain type de
science-fiction très à la mode convainquant la domotique et la
robotique. Au sujet de cette dernière, l'on apprend donc que la
jeune femme est un androïde. Une thématique et une attitude
notamment de la part de Josh qui posent le problème de
l'asservissement de la femme par l'homme qui dans le cas présent
exploite sexuellement et domestiquement celle qui partage sa vie.
Représentation parfaite de la femme à laquelle, comble de l'ironie,
le compagnon réduit son pourcentage d'intelligence à 40%, Iris
symbolise ainsi ces femmes brutalisées et soumises aux hommes et
dont elles font régulièrement les frais de la misogynie et du
patriarcat [fin du SPOIL]. Une fois mise en évidence la non réalité
organique d'iris, le film aurait pu reposer sur ce simple constat
pour n'être plus qu'une histoire de révolte et de vengeance de la
femme/machine envers l'homme qui la contrôle. Mais non puisque le
réalisateur et scénariste imagine une diabolique machination qui va
tourner court et être à l'origine d'une succession d'événements
tournant au carnage. Companion
parvient à se renouveler sans cesse et nous offre ainsi un spectacle
très divertissant et sans temps morts. Bref, une œuvre hybride où
se côtoient humour noir, thriller et science-fiction dystopique. Un
régal...
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