lundi 18 novembre 2024

Night Drive de Meghan Leon et Brad Baruh (2019) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Premier long-métrage réalisé en collaboration entre la monteuse et scénariste Meghan Leon et le metteur en scène et producteur Brad Baruh, Night Drive est un thriller qui sent aussi bien le souffre et le cynisme de part l'attitude totalement détachée de son héroïne Charlotte (Sophie Dalah) fasse à l'adversité qu'il semble être un objet filmique apparemment mal dégrossi dans la conception de son script. En cause, plusieurs événements apparemment invraisemblables mais qui pourtant trouveront leur justification une fois enclenché l'étonnant dernier acte. Cours puisque n'excédant pas les quatre-vingt deux minutes, les deux réalisateurs mettent en place avec Night Drive, un récit dont le gros de l'action se situe à l'intérieur d'un véhicule conduit par Russell (AJ Bowen). L'inventeur d'une application qui depuis a revendu ses parts dans la société pour se reconvertir ensuite dans le VTC (ou Voiture de Transport avec Chauffeur). C'est donc par une nuit calme, à Los Angeles, qu'il accueille dans l'habitacle de son véhicule, Charlotte. Jeune femme aux oreilles percées, au regard plein de malice et surtout très généreuse avec le chauffeur auquel elle donne d'emblée cinq-cent dollars afin que celui-ci l'emmène là où elle le désire sans qu'il ne pose de questions. Lors d'un premier arrêt durant lequel Charlotte s'introduit dans une demeure pour en ressortir accompagnée d'une mystérieuse petite mallette, son ancien compagnon surgit par la porte principale, forçant ainsi la jeune femme et Russell à démarrer à toute berzingue pour s'en éloigner le plus rapidement possible. En direction de leur nouvelle destination, et alors que le chauffeur et sa cliente partagent des banalités, un homme traverse la route et se fait renverser. Ne sachant comment agir, Russell, dont la moralité se situe tout de même à quelques crans au dessus de celle de Charlotte, prend la décision de transporter le corps de la victime encore vivante jusqu'à un hôpital. Malheureusement, pour lui et la jeune femme, les choses ne vont faire que s'aggraver au fil de la nuit... Si l'idée qui entoure la première heure est séduisante quoique relativement rudimentaire, le cadre nocturne et donc l'ambiance générale du long-métrage offrent une plus-value au long-métrage de Meghan Leon et Brad Baruh.


L'on peut trouver repoussante la jeune Charlotte dont l'attitude montre une moralité plus que discutable face à l'horreur d'une situation qui ne cessera de dégénérer, face à un Russell paniqué. Difficile donc de s'attacher à cette jeune femme alors qu'il est déjà beaucoup plus simple d'éprouver de l'empathie pour le chauffeur VTC ! Sa courte durée permet à Night Drive d'éviter de trop s'appesantir et ainsi aller droit à l'essentiel. Difficile pari que de maintenir l'intérêt d'une œuvre dont les plans extérieurs sont rares et dont le décor principal est l'habitacle d'une voiture. Bien avant que les choses entrent dans l'ordre à la manière d'un puzzle où chaque pièce retrouverait la place qui lui convient, certaines situations paraissent être le fruit de carences scénaristiques rendant le tout improbable. Comme cet homme renversé qui pour Charlotte n'est pas tout à fait inconnu alors qu'il est quasiment inenvisageable que Russell ait pu croiser la route de cet individu qui finit étendu au sol devant le capot de sa voiture. Une coïncidence que le spectateur aura beaucoup de mal à digérer. L'un des points positifs du récit, ou du moins celui dont se servent avec ingéniosité les réalisateurs pour retenir leur public concerne cette boîte récupérée plus tôt dans la soirée par Charlotte et renfermant on ne sait quel ''trésor''. Un objet qui interroge forcément sur son contenu dont le spectateur est empressé de savoir de quoi il s'agit. Rien n'est ici plus éloigné que le concept de la mallette enfermant un magot. Car aussi étonnant que cela pourra paraître, ce qui jusque là arborait les atours d'un thriller somme toute presque anodin prend un virage si inattendu qu'on aurait sans doute apprécié qu'il intervienne un peu plus tôt lors du récit afin qu'il soit exploité à sa juste valeur. Une thématique loin d'être inédite puisque la science-fiction s'en est emparée à de très nombreuses reprises mais qui dans le cas présent demeurera une surprise pour la plupart des spectateurs. Au final,Night Drive se regarde avec plaisir mais ne laissera en revanche aucun souvenir impérissable. Le genre de nuit cauchemardesque dont l'efficacité n'est malheureusement de ce point de vue là, pas tout à fait atteinte...

 

dimanche 17 novembre 2024

The Artifice Girl de Franklin Ritch (2023) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

L'intelligence artificielle est un vaste sujet. Si vaste qu'il est possible de l'aborder de diverses manières. À commencer par la plus brute, comme dans Terminator de James Cameron qui en 1984 avait un point de vue radical dans lequel l'humanité était engagée dans une guerre sanglante et totale contre une armée de machines qu'elle avait pourtant elle-même créée. Le long-métrage théorisait alors sur la possibilité d'un voyage dans le passé afin de sauver celui qui allait dans le futur permettre aux hommes de tenir tête à des androïdes qui en comparaison d'autres exemples de créations humaines liées à l'intelligence artificielle allaient se révéler intellectuellement rudimentaires. Le chemin qui pava la route d'un concept qui pour certains est depuis devenu dangereusement concret rencontra quelques surprises intéressantes. Une liste trop longue pour les relever toutes mais dont on peut notamment évoquer l'excellent EX_MACHINA d'Alex Garland dans lequel le jeune programmeur Caleb (Damhnall Gleeson) ignorait sans doute que sa création prénommée AVA allait, au delà du fait que se posa la question de savoir si elle était dotée d'une conscience ou non, s'arracher de sa ''prison'' pour rejoindre la civilisation. Huit ans plus tard et après des dizaines d'autres tentatives, le réalisateur et scénariste Franklin Ritch réadapte le concept et le repousse dans ses derniers retranchements en évoquant à son tour la question de la conscience mais aussi celle tournant autour des émotions. Tourné sous forme de huis-clos relativement oppressant lors duquel l'on comprend rapidement que celui que l'on soupçonne tout d'abord être un prédateur sexuel évoluant sur les réseaux sociaux n'est en fait que l'un de ceux qui les traquent, The Artifice Girl met en place un stratagème évoluant sur une période de cinquante ans découpée en trois actes. Des soubresauts qui dénotent déjà d'une forte avancée dans le domaine de l'intelligence artificielle jusqu'à l'instant très précis où Cherry, la dite intelligence artificielle dont l'âge et l'apparence physique posent des question d'ordre moral, sera libérée de ses entraves une fois que les objectifs d'origines auront atteint un but inespéré. Notons en particulier l'interprétation de l'actrice américaine Tatum Matthews qui contrairement aux apparences n'a pas l'âge avancé dans le film mais vingt-quatre ans. Incarnant l'intelligence artificielle Cherry, la jeune femme donne la pleine mesure de son talent et révèle ainsi les possibilités infinies d'un tel concept.


Face à un écran immaculé devant lequel l'actrice est projetée en mode DEV (un type de paramètres permettant d'avoir un accès direct aux ressources informatiques d'un programme afin de pouvoir en changer certaines fonctions), trois personnages de chair et de sang. À commencer par Gareth (interprété par Franklin Ritch lui-même), l'homme au cœur du projet initial de traque des pédophiles, véritable génie en informatique dont les compétences ont pour origines un drame terrible dont lui et treize autres enfants furent les victimes il y a un certain nombre d'années. Ensuite, les agents du Gouvernement Deena (Sinda Nichols) et Amos (David Girard) qui après avoir questionné Gareth sur ses fonctions au sein des réseaux sociaux vont travailler à ses côtés durant de nombreuses années. Il est à noter que ce dernier sera beaucoup plus tard incarné par l'acteur Lance Henriksen que les cinéphiles auront eu notamment l'occasion de découvrir justement dans le Terminator de James Cameron en 1984, dans Aliens, le retour lui aussi réalisé par James Cameron deux ans plus tard ou au beau milieu des années quatre-vingt dix dans la série Spin-Off d'X-Files intitulée MillenniuM de Chris Carter. Si The Artifice Girl n'est à proprement parler pas une œuvre portée par une grande ambition visuelle, elle l'est par contre en ce qui concerne son sujet. Et quand bien même le film n'aborde pas le même sujet, l'on rapprochera l’œuvre de Franklin Ritch de celle de Richard Schenkman intitulée quant à elle, The Man from Earth. Deux visions philosophiques bien différentes mais qui se rejoignent dans leur propension à étudier leur thématique en profondeur. En ces termes, The Artifice Girl est parfois relativement complexe à comprendre et certaines terminaisons employées demandent tout d'abord à être décodées afin de livrer avec aisance le message du réalisateur et de son scénariste. D'autant plus que le film n'est pas avare en paroles et que les dialogues s'entrecroisent si rapidement qu'il est parfois difficile de comprendre le cheminement du récit. Le film reste néanmoins l'une des plus intéressantes propositions sur l'intelligence artificielle. Et si aucune date de sortie officielle n'a été annoncée sur grand écran, espérons qu'il sera visible un jour prochain dans les salles obscures...

 

lundi 11 novembre 2024

Concrete Utopia de Tae-hwa Eom (2023) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Quatrième long-métrage de Tae-hwa Eom après sa collaboration en 2011 aux côtés de quatre autres cinéastes sud-coréens sur Chon-Cheol-Sal-In et deux autres réalisés seuls en 2013 et 2016, Concrete Utopia est semble-t-il un énième film de science-fiction dystopique à la différence où celui-ci se déroule presque exclusivement au sein d'un complexe urbanistique dont seul un immeuble est resté debout après qu'une catastrophe naturelle dont on ignore l'ampleur a effacé de la carte la ville de Séoul. Démarrant plus ou moins à la manière de Frissons de David Cronenberg à travers sa description d'un complexe d'immeubles offrant d'idylliques conditions d'existence, l'un des derniers représentants du genre n'y va pas avec le dos de la cuillère et offre une vision dramatique d'une situation qui l'était déjà lorsque survint la dite catastrophe. Une tremblement de terre mêlé à un soulèvement de terrain dont l'envergure visuelle n'a absolument rien à envier aux productions américaines. À ce titre, les effets-spéciaux réalisés par une véritable armada de professionnels de tous horizons nous en mettent plein la vue. De ce véritable raz de marée produit par un gigantesque tas de débris où s'entremêlent immeubles détruits, véhicules et autres structures réalisées par la main de l'homme ne vont survivre que quelques centaines d'hommes, de femmes et d'enfants. Dont une moitié environ auront le privilège de vivre dans le seul immeuble qui tient encore debout. Leur statut de propriétaire les rend effectivement prioritaires et condamne les autres à demeurer à l'extérieur alors que les températures sont bien en dessous de zéro. Comme dans toute bonne dystopie ou film catastrophe, le sujet est ici tout d'abord pour les personnages de s'organiser autour d'un groupe formé par un homme élu par la majorité. Un type étrange et au départ bizarrement mal à l'aise mais qui au fil du temps va s'avérer de plus en plus impliqué dans ses nouvelles fonctions. Si le spectateur devine très rapidement la vérité qui l'entoure, les personnages, eux, mettront du temps à s'en apercevoir.


Mêlant science-fiction et thriller, Concrete Utopia concentre la thématique de la reconstruction sociale autour d'un immeuble où certains auront à cœur d'abriter chez eux des individus que la nouvelle loi instaurée refuse pourtant d'accueillir. Le réalisateur sud-coréen semble ici produire une analogie avec la submersion migratoire qui pour certains pose problème. Charriant ainsi son comptant d'anti et de pros migration avec tout ce que cela peut engendrer de désordre et de questions morales. Tae-hwa Eom injecte en outre d'autres critères qui ne vont rien arranger, comme le statut de ce résident aux pleins pouvoirs dont l'attitude va très rapidement déranger Myung Hwa (Park Bo-Young), une jeune infirmière qui s'interroge sur le comportement et l'identité de Young Tak (Lee Byrung-Hun) tandis que son compagnon Min Sung (Park Seo-Joon) et les autres résidents de l'immeuble se contentent de suivre les ordres. Plus que le psychopathe que semble être Young Tak, ce personnage hautement ambigu est surtout le reflet de ces individus dont il s'agit de faire une exception dans nos sociétés dès lors qu'ils contribuent concrètement à leur essor. Celui-ci sauva effectivement l'immeuble d'un incendie en se jetant littéralement au cœur des flammes et fut donc considéré comme un héros sans que ne soit jamais demandée la preuve de son identité. Le long-métrage flirte parfois avec l'horreur à travers cet appartement numéro 902 qui abrite la mère théorique de cet homme mais dont la vérité va plus tard être révélée. Mais Concrete Utopia ne fait pas que produire des scènes exclusivement situées à l'intérieur de l'immeuble et propose également quelques virées à l'extérieur du complexe afin que les hommes les plus solides et courageux trouvent de quoi boire et manger et ainsi subvenir aux besoins de la communauté. En résulte une vision démente d'une ville de Séoul totalement détruite, où les ruines s’enchevêtrent et où d'éventuels guets-apens peuvent se produire. À ce titre, les décors s'avèrent aussi remarquables que la catastrophe qui les façonna au début du long-métrage. Si le sujet de Concrete Utopia n’œuvre pas toujours avec finesse et si le film s'avère parfois un poil trop long, on ne demande désormais plus qu'à voir la suite ainsi que la série déjà annoncées pour un proche avenir...

 

jeudi 7 novembre 2024

Pendant ce temps sur Terre de Jérémy Clapin (2024) - ★★★★★★★★☆☆

 


Comme me le faisait remarquer ma compagne au démarrage de la projection de Pendant ce temps sur Terre de Jérémy Clapin, lorsque notre beau pays s'engage dans ce type d'expérience cinématographique, on peut parfois s'attendre au pire. C'est vrai. Mais il arrive également que l'on soit très agréablement surpris. La science-fiction à la française semble avoir encore de beaux jours devant elle à la seule condition que le public soit en mesure de lui accorder toute l'attention qu'elle mérite. Pendant ce temps sur Terre risque de causer une scission entre les amateurs de blockbusters et ceux qui aiment à fourrager dans des espaces jusqu'ici inexplorés et dont le but premier est moins de remplir les coffres des producteurs que de narrer un récit où sont conviés le beau et le sensible. Ici, le spectacle ne revêt jamais l'habituel apparat qu'on lui connaît lorsqu'il s'agit de nous conter le récit d'une aventure spatiale à bord d'un vaisseau et en compagnie de son équipage. Presque tout semble être dit lorsqu'en entame l'on comprends que le frère d'Elsa, jeune femme de vingt-trois ans incarnée à l'écran par l'actrice franco-britannique Megan Northam, a disparu au court d'une mission dans l'espace. Un drame qui pose d'emblée les bases d'une réflexion s'agissant des sacrifices auxquels l'on serait prêts à se risquer pour revoir un membre de sa famille décédé. C'est là tout l'enjeu d'une œuvre qui en outre renouvelle l'une des plus remarquables traditions en matière de science-fiction : le Body-Snatching. Une pratique ayant un très lointain rapport avec une pratique bien terrienne consistant à dérober des cadavres afin d'en faire bénéficier certaines écoles de médecine mais dont le sens diverge quelque peu lorsque l'on évoque la thématique de l'invasion extraterrestre.


Parmi tant d'autres, L'invasion des profanateurs de sépultures de Don Siegel et ses remakes (dont le meilleur d'entre tous, L'invasion des profanateurs de Philip Kaufman), The Thing de John Carpenter (qui fut lui-même le remake de La chose d'un autre monde de Christian Nyby et l'adaptation du roman Who Goes There ? de John W. Campbell) le très divertissant The Faculty de Robert Rodriguez ou le troublant Under the Skin de Jonathan Glazer ont tous d'une manière ou d'une autre participé à cette inquiétante mésaventure consistant en l'appropriation d'un corps humain bien vivant au profit d'une entité extraterrestre visant à prendre sa place afin de se fondre discrètement dans la masse et ainsi envahir notre planète en toute discrétion. Lorsque l'on apprend que le concept fut à l'origine de dizaines d’œuvres cinématographique, le premier réflexe voudrait que l'on se demande où se situe l'intérêt d'en rajouter une couche à une thématique qui semble avoir déjà été étudiée sous toutes les coutures. En forme de cours magistral lors duquel il étudie et élude la question, Jérémy Clapin répond à ses éventuels détracteurs en signant une œuvre véritablement envoûtante. L'on ne reprochera pas à sa principale interprète son incarnation, laquelle s'avère irréprochable. Megan Northam porte effectivement la quasi totalité du récit sur ses épaules. Quasi puisque à côté de sa très sensible performance l'on a droit à une mise en scène sobre mais très majoritairement ponctuée de séquences qui nous happent.


Le minimalisme avec lequel le réalisateur réalise chaque plan est contrebalancé par une quiétude troublée par une bande-son addictive. Laquelle, signée du compositeur Dan Levy, œuvre pour beaucoup dans cette impression de flottement qui se dégage du long-métrage et qui laisse une étrange impression d'égarement chez le spectateur. Poétique, Pendant ce temps sur Terre l'est également. Avec ses quelques incursions dans le domaine de l'animation, cette dernière, loin d'être ridicule ou de créer une distanciation avec l'univers décrit jusqu'ici, est un moyen d'évoquer l'intime relation de l'héroïne avec son frère désormais disparu dans l'espace autrement qu'à travers la seule voix-off de ce dernier (l'acteur Dimitri Doré). Ersatz de l'art auquel se consacra tout d'abord le réalisateur (comme en témoigne son premier long-métrage tout en animation, J'ai perdu mon corps en 2019), ces quelques trop rares séquences révèlent une sensibilité que l'on imaginait mal pouvoir être révélée à travers des dessins mais qui réellement ajoutent une profondeur déjà bien présente au sein du récit. Bref, on sort de la projection subjugué par le talent avec lequel Jérémy Clapin est parvenu à nous happer avec cette histoire sobrement mise en scène et superbement interprétée par Megan Northam...

 

Time Cut de Hannah Macpherson (2024) - ★★★★★☆☆☆☆☆


 

Si vous n'aimez pas les films de science-fiction axés sur les voyages dans le temps, les boucles ou les paradoxes temporels, si vous connaissez Happy Birthdead et sa suite tous deux réalisés par Christopher London, si vous n'êtes pas issu des dernières générations ou si vous n'avez pas gardé votre âme d'enfant ou d'adolescent, inutile de vous attarder devant Time Cut de Hannah Macpherson. Son second long-métrage huit ans après le film d'horreur Sickhouse. Si vous vous attendiez au renouveau de la science-fiction où des protagonistes voyagent entre passé, présent et futur, vous vous mettez le majeur dans l’œil jusqu'à la dernière phalange. Non content de reprendre le thème du tueur voyageant entre 2003 et 2024 pour y assouvir sa soif de meurtres, Time Cut n'a même pas l'idée Ô combien séduisante de reproduire en forme de boucle temporelle un même événement dans l'espoir que les protagonistes parviennent à résoudre une série de quatre meurtres qui vingt ans après qu'ils aient été commis n'a jamais permis d'arrêter leur auteur ! Fort d'une référence connue de tous puisque l'un des principaux personnages évoque Retour le futur, celui-ci affirme sans sourciller que la seule conséquence qui ait pu découler du voyage dans le temps effectué par Marty McFly et par le professeur Emmett Brown fut la disparition de l'adolescent sur une photo ! L'inculture du dialoguiste de Time Cut s'exprime donc ici avec une certaine arrogance. Genre : ''Tu connais Retour vers le futur ?'' L'autre : ''Ouais, bien sûr...''. ''Et... tu l'as vu ?'' L'autre : ''Bah non !''. Lorsque t'es devant une porte d'entrée sécurisée mais que t'as pas le code pour l'ouvrir, tu te retrouves démuni, à regarder tes chaussures et à attendre qu'une âme charitable te propose d'entrer. Hannah Macpherson nous convie à une histoire simple...Tellement d'ailleurs qu'elle se sent contrainte d'expliciter certaines séquences pourtant très claires à comprendre. Visant d'emblée un public adolescent, Time Cut (qui j'oubliais de le préciser est disponible sur Netflix) propose donc un récit simpl...issime. Pas le genre à vous triturer les méninges contrairement au chef-d’œuvre des frères Michael et Peter Spierig, Prédestination.


Doté d'une musique tonitruante qui donnera des maux de têtes aux mélomanes de bon goût, le long-métrage de Hannah Macpherson semble avoir en outre fait l'économie de moyens mis en œuvre en matière d'effets-spéciaux. Si la machine à voyager dans le temps est d'une conception, il est vrai, relativement originale, la réalisatrice et son scénariste Michael Kennedy auraient pu nous épargner un voyage de vingt ans dans le passé et nous conter cette même histoire de tueur en série s'attaquant à de jeunes étudiants décérébrés au présent. Car en dehors de la rencontre entre deux sœurs dont l'une fut justement tuée en 2003 (on devine dès le départ quels seront les enjeux du récit une fois sa sœur retournées vingt ans en arrière, quelques jours seulement avant que la série de crimes ne commence), le récit se refuse presque systématiquement à jouer avec les paradoxes temporels. Ceux-ci interviennent malgré tout à quelques éparses occasions (la mort d'un vigile de supermarché). On s'amuse parfois devant certains détails comme ces décors très abîmés qui retrouvent dans le passé leur prime jeunesse mais pour celles et ceux qui apprécient tout particulièrement cet aspect de la thématique des voyages dans le temps, son évocation est ici un peu légère. En fait,Time Cut s'adresse si bien au jeune public que les plus anciens risquent de faire grise mine devant ce spectacle très naïvement mis en scène. Une expérience qui peut s'avérer intéressante lorsque l'on se lance pour la toute première fois dans ce genre de concept mais qui montre en revanche très rapidement ses limites lorsque l'on est un habitué du genre. Notons enfin que ses jeunes interprètes parmi lesquels nous trouvons notamment Madison Bailey, Antonia Gentry et Michael Shanks sont plutôt satisfaisant même si là encore, l'attitude qu'ils arborent parfois aura tendance à friser les cheveux de ceux qui n'apprécient guère la trop grande mansuétude avec laquelle la réalisatrice traite ses personnages...

 

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