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vendredi 5 décembre 2025

Replicator de Mark Andrew Hamer (2024) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Retour du Body-Snatcher sur la scène de l'horreur et de l'épouvante en 2024 avec Replicator du producteur, réalisateur et scénariste Mark Andrew Hamer. Trois ans après avoir tourné le film de loup-garou The Hunting, le cinéaste américain revient avec un melting-pot entre science-fiction, épouvante, gore et comédie. Un long-métrage qui suit les traces de l'un des plus grands classiques de l'invasion extraterrestre réalisé à la toute fin des années soixante-dix par Philip Kaufman, L'invasion des profanateurs. Lui-même étant le remake de Invasion of the Body Snatchers que réalisa en 1959 Don Siegel, film qui fut à l'origine de plusieurs adaptations (dont l'une, Body Snatchers, fut signée en 1993 par le réalisateur underground Abel Ferrara) et de nombreuses autres œuvres fortement inspirées du séminal roman de Jack Finney, The Body Snatchers. Autant dire que l'on n'attend plus grand chose d'un sous-genre qui donna donc ses lettres de noblesse en 1978 et que le cinéaste mexicain Robert Rodriguez adapta en outre à sa sauce en 1998 à travers l'excellent The Faculty. Sans être le concept le plus adapté au cinéma, le Body-Snatcher est un sous-genre de la science-fiction dont on attend toujours la relève mais qui ne parvient jamais vraiment à reproduire l'intense sentiment de paranoïa qui pouvait se dégager de l’œuvre de Philip Kaufman. Ou bien même du géniallissime The Thing de John Carpenter que l'on peut ranger dans ce même registre puisque sa créature avait tendance à prendre la forme physique et le comportement de ses victimes. S'agissant de Replicator, il est clair que Mark Andrew Hamer ne joue pas vraiment dans la même catégorie. Sous-entendant ainsi bien entendu, que d'un point de vue technique et interprétatif le film se ramasse très souvent. Si certains spectateurs se trouveront en terrain conquis, parmi eux, une partie risque de faire la grimace. Pourtant plein de promesses, le film de Mark Andrew Hamer souffre de n'être qu'une petite production, modeste dans ses effets-spéciaux numériques et pratiques même si ces derniers bénéficient d'une conception quasiment à la hauteur des attentes que peut engendrer une œuvre dont on n'attendait finalement pas grand chose. Si l'époque à laquelle se déroule l'intrigue n'est pas vraiment définie et si l'on imagine qu'elle se produit de nos jours, la bande musicale de Will Musser s'inscrit dans une certaine nostalgie propre aux années quatre-vingt. Comme en témoignent les sonorités analogiques qui à profusion soulignent les moments de tension que tente de distiller le réalisateur...


Car il s'agit bien là d'une ''tentative'', qui souvent échoue à déclencher chez le spectateur cette sensation d'effroi tant recherchée ! On pourra également ranger le film dans un autre registre du cinéma d'horreur et fantastique en l'inscrivant dans la vague du Body Horror lorsque notamment, le père de l'héroïne interprété par Jim Azelvandre se meurt d'une blessure dans la salle de bain de sa fille lorsqu'il tentait de se raser la barbe. Ici, le rouge sang est remplacé par une hémoglobine gluante et violacée qui maintient la preuve selon laquelle certains des concitoyens de cette petite ville où se déroule l'action ne sont plus tout à fait les mêmes. Dans le rôle principal l'on retrouve l'actrice Brey Noelle. Laquelle incarne l'avocate Darby Vigliani qui après perdu son dernier procès retrouve chez elle son père atteint d'un cancer. Parmi les autres interprètes l'on évoquera la présence de KateLynn E. Newberry dans le rôle de la barmaid Neila et meilleure amie de Darby. Tandis que le scénario de Replicator fut écrit par Mark Andrew Hamer lui-même ainsi que par Russ Lindway (sur la base d'une histoire écrite par ce dernier), le long-métrage souffre d'interminables ventres mous aussi significatifs que le manque de vie du patelin où se déroule l'action. Si l'on n'a pas d'idée précise quant au nom de la ville, on sait en revanche que le film fut tourné à Ashland, dans l'Ohio. Le casting étant réduit au minimum, en dehors des deux actrices principales, de celui qui tient le rôle du père de Darby ou de Brian Spangler et Kayla Royko qui incarnent respectivement le shérif Ty Williams et Gina (la dernière conquête du père de notre avocate) et de quelques figurants, le cadre s'avère étonnamment vide. Au point que l'on a parfois l'impression que la ville a été entièrement vidée ou presque de ses habitants. Un élément qui pourtant n'est jamais évoqué. Cette absence de vie couplée à de nombreuses séquences nocturnes terminent de donner à Replicator une drôle d'allure. Comme une œuvre inachevée. L'équivalent d'un jeu vidéo dont tous les décors et les PNJ n'auraient pas encore été mis en place. Quant aux dialogues et aux diverses situations décrites durant le récit, on ne peut pas dire que le réalisateur et son scénariste se soient donnés la peine d'étayer en profondeur leur sujet. Au final, Replicator passe de la curiosité au film long, très long, trop long et vide, très vide, trop vide pour susciter l'intérêt des amateurs de science-fiction et d'horreur et plus encore celui des fans de Body-Snatchers...

 

vendredi 14 février 2025

You are not Alone (Vous n'êtes pas seuls) de Philippe Lupien et Marie-Hélène Viens (2024) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Depuis plus de dix ans maintenant, les québécois Philippe Lupien et Marie-Hélène Viens collaborent ensemble pour apporter leur vision du septième art. Un travail de longue haleine qui après être transparu à travers trois courts-métrage a fini par aboutir en 2024 avec You are not Alone (Vous n'êtes pas seuls), leur premier long-métrage. Une œuvre étrange, qui apparemment ne sait pas très bien sur quel pied danser puisque les deux réalisateurs y abordent deux aspects de la nouvelle vie quotidienne d'un jeune homme qui supporte mal sa séparation d'avec son ancienne petite amie. D'un côté, la rencontre tout à fait crédible entre Léo Biron (Pier-Luc Funk) et Rita St-Laurent (Marianne Fortier) et de l'autre, la convergence entre l'attitude du jeune homme qui se sentait littéralement disparaître et l'arrivée de John (François Papineau), un chauffeur de taxi qui un soir l'aida à réparer sa voiture et qui depuis ne cesse d'avoir d'inquiétantes intentions à son sujet. Des motivations qui ne semblent avoir rien de commun avec les faits-divers criminels qui touchent n'importe quelle société dite ''civilisée''. Non, ici, il s'agit plutôt d'évoquer l'hypothèse d'une tentative d'abduction par un extraterrestre se cachant sous les traits d'un homme d'une cinquantaine d'années. Les deux réalisateurs et scénaristes faisant ainsi des économies de moyens sur des effets-spéciaux qui auraient sans doute coûté trop chers s'ils avaient dû faire appel à des maquillages prosthétiques ou à l'emploi d'images de synthèse... Ici, le côté surnaturel du récit est emballé sous la forme la plus pure qui puisse exister : quelques éclairages bien sentis et une posture parfois (involontairement) amusante de François Papineau suffisent presque à concrétiser la présence sur le sol canadien (et peut-être même mondial, qui sait), d'une civilisation extraterrestre dont on ne saura d'ailleurs jamais les véritables intentions. Hostile ou bienveillant, il n'empêche que John se montre particulièrement insistant. Au point de retrouver sa ''proie'' jusque dans ce nouveau foyer qui l'accueil. Ce petit appartement où vit la délicieuse Rita, une jolie jeune femme qui au commencement n'avait fait que commander une pizza (Léo est livreur pour le compte d'une propriétaire de pizzeria campée par Sandrine Bisson) et qui lors de la livraison semble être tombée sous le charme de Léo. Un... ''coup de foudre'' que partagera d'ailleurs instantanément le jeune homme.


L'arrivée de Rita arrive donc à point nommé, au moment où Léo lâche littéralement la bride avec sa propre existence et son entourage. Se reconstruisant peu à peu auprès de celle qui deviendra par la force des choses sa nouvelle petite amie, l'un et l'autre vont finir par devoir affronter celui qui traque le garçon. Leur amour survivra-t-il à cette étrange expérience ? La conclusion nous le dira très certainement. Mais jusque là, Philippe Lupien et Marie-Hélène Viens nous plongent avec You are not Alone au cœur d'une intrigue amoureuse assez touchante. Entre la rencontre, les premiers regards, suivi du premier échange de salives et jusqu'à cette séquence où le couple se retrouve dans le lit de Rita, les deux réalisateurs filment avec application la relation entre ces deux êtres qui l'un comme l'autre semblaient attendre chacun de leur côté qu'arrive celui et celle qui allait leur permettre enfin de pouvoir vivre pour eux et pour l'autre. De ce point de vue là, nulle doute que de nous conter une belle histoire d'amour entre deux jeunes adultes est un projet parfaitement accompli. Ce qui semble par contre beaucoup moins évident lorsqu'il s'agit de souligner la sous-intrigue tournant autour de John et Léo. Entre ce nouvel exemple de Body Snatcher, ce sous-genre de la science-fiction sublimé en 1978 par l'indétrônable Invasion of the Body Snatchers de Philip Kaufman, et sa victime, Léo, le compromis qui a pris dix ans de l'existence de leurs auteurs pour aboutir à l'objet que nous avons devant les yeux est de l'avis de certains, le point faible du récit. Et il est vrai que dans le fond, la présence de John à l'écran dans ce qui demeurera sans doute comme une belle histoire d'amour mais un piètre film de science-fiction, reste futile. Il ne s'en dégage pas moins de You are not Alone une atmosphère presque unique que l'on ne rencontre généralement que dans ce type très original de science-fiction, où les repères habituels sont gommés au profit d'une approche inédite. La bande musicale de Pierre-Philippe côté où la photographie d'Ariel Méthot n'y étant évidemment pas étrangers. Avec ses cent-cinq minutes, on aurait pu croire que le film allait tomber dans un ennui sans fin, mais même si certains reprochent justement au long-métrage sa lenteur, celle-ci participe souvent de l'envoûtement généralisé que procurent le rythme parfois neurasthénique, l'ambiance sonore, la photographie ou plus simplement la remarquable interprétation de ses deux principaux acteurs. Une très belle surprise...

 

mardi 23 avril 2024

Extra Sangsues ou Night of the Creeps de Fred Dekker (1986) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Le récit de Extra Sangsues ou Night of the Creeps retitré chez nous La nuit des sangsues débute en 1959 lorsque une capsule est expulsée d'un vaisseau spatial par un extraterrestre malintentionné en direction de notre planète. Au même moment, un jeune couple d'amoureux aperçoit l'objet s'écraser au sol. Tandis que l'homme prend la décision d'aller voir de quoi il s'agit, sa petite amie est tuée par un déséquilibré malgré l'alerte lancée sur les ondes radio. Arrivé à l'endroit précis où la capsule s'est écrasée, son compagnon est attaqué par une sangsue qui le pénètre par sa bouche... Vingt-sept ans passent et en 1986, le jeune Chris Romero (Jason Lively) et son meilleur ami J.C. (Steve Marshall) espèrent incorporer la fraternité Beta Epsilon que dirige l'un des étudiants les plus populaires de leur université. Pour cela, les deux garçons vont devoir prouver leur courage en volant un cadavre dans la morgue d'un laboratoire scientifique et en le déposant devant le bâtiment d'une fraternité rivale, la Phi Omega Gamma. Une fois à l'intérieur du complexe, Chris Romero et J.C. pénètrent une salle protégée par un code d'accès à l'intérieur de laquelle se trouve un corps cryogénisé qu'ils ont le malheur de libérer. Le corps en question est celui de l'homme qui vingt-sept ans auparavant fut attaqué par la sangsue. En le libérant, les deux étudiants vont provoquer une série de drames au sein même de l'université et de ses alentours. Épris de la jolie Cynthia Cronenberg (l'actrice Jill Whitlow), Chris va non seulement tenter de l'approcher mais également devoir combattre d'anciens camarades transformés en zombies et disséminant des dizaines de sangsues. Pour cela, il devra compter sur l'aide du Détective Ray Cameron (l'acteur Tom Atkins), flic qui il y a presque trente ans avait bien connu la jeune femme qui fut massacrée par le malade mental...


Écrit et réalisé par Fred Dekker, Extra Sangsues marque tout d'abord la passion de son auteur pour le cinéma fantastique à travers le nom des principaux protagonistes. Chris Romero, Cynthia Cronenberg ou Ray Cameron (et d'autres encore) renvoient donc logiquement à trois des plus grands réalisateurs dans le domaine puisque l'on peut y voir un hommage à George Romero, à David Cronenberg ainsi qu'à James Cameron. Concernant le second, celui-ci s'était déjà bien avant Fred Dekker penché sur une intrigue plus ou moins similaire à travers son troisième long-métrage Shivers dans lequel les habitants d'un complexe urbain étaient atteints par un mal étrange causé par la présence d'un parasite. Fred Dekker abandonne avec Extra Sangsues le concept d'expérience scientifique et médicale pour s'intéresser à une invasion extraterrestre de type Body Snatchers. Le réalisateur et scénariste place au centre de son tout premier long-métrage l'acteur Tom Atkins qui dans le domaine de l'horreur, de la science-fiction et du fantastique s'est fait un nom en apparaissant notamment chez John Carpenter avec Fog en 1981 et New York 1997 l'année suivante, chez George Romero avec Creepshow en 1982 ou encore chez William Lustig avec Maniac Cop en 1988. Dans le film de Fred Dekker, celui-ci incarne un flic alcoolique au comportement ambigu. Doté d'un budget de cinq millions de dollars, Extra Sangsues rend tout d'abord hommage au cinéma de science-fiction des années cinquante avant d'entrer de plain-pied dans les années quatre-vingt. Futur auteur de Robocop 3 (seconde séquelle du classique de la science-fiction signée par Paul Verhoeven), Fred Dekker signe un Teen-Movie mêlant science-fiction et horreur en convoquant des extraterrestres en forme de sangsues, lesquels vont très rapidement prendre possession de leurs victimes et apparaître à l'image sous la forme de zombies se déplaçant avec lenteur. Dans sa première partie, Extra Sangsues s'avère plutôt bavard et donc particulièrement mou. Fort heureusement, le rythme s'accélère par la suite. Concernant le département des effets-spéciaux, Howard Berger et l'équipe en charge des explosions de têtes et autres créatures luisantes s'en sortent plutôt bien au vu du maigre budget. Au final, le premier long-métrage de Fred Dekker n'est certes pas un chef-d’œuvre mais il peut encore aujourd'hui compter sur l'engouement de ses fans qui le considèrent comme un film culte...

 

lundi 15 janvier 2024

No One Will Save You de - Brian Duffield (2023) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 

 



1982 : E.T téléphone maison - 2023 : E.T envahit maison


Une fois de plus, nos ''amis'' les petits hommes gris n'ont rien trouvé de mieux que de venir envahir la Terre. Pour quelle raison ? Ça, c'est à chacun d'en juger mais j'imagine que sur leur planète d'origine les magasins de farces et attrapes sont en rupture de stock de costumes humains et qu'ils ont décidé d'envoyer certains d'entre eux chez nous afin de se réapprovisionner. Car en effet, les créatures de No One Will Save You sont les dernières représentantes d'une vague d'espèces extraterrestres profanatrices de sépultures humaines dont les premier signes apparurent sur grand écran dans les années cinquante à travers Invasion of the Body Snatchers de Don Siegel. Première pierre à un édifice qui ensuite a connu plusieurs remakes (L'invasion des profanateurs de sépultures de Philip Kaufman en 1978, Body Snatchers d'Abel Ferrara en 1993 ainsi que The Invasion d'Oliver Hirschbiegel en 2007) et nombre d'alternatives parmi lesquelles The Thing de John Carpenter en 1982, L'invasion vient de Mars de Tobe Hooper en 1986, The Faculty de Robert Rodriguez en 1998 et sans doute l'un des plus proches dans la thématique extraterrestre: le génial The Hidden de Jack Sholder en 1987. Sorti chez nous sous l'indigent titre Traquée, No One Will Save You met principalement en scène une très jeune femme du nom de Brynn Adams que l'on aurait pu tout d'abord prendre pour une adolescente si elle n'avait pas été la propriétaire exclusive d'une immense demeure. Recluse et pas du tout en odeur de sainteté auprès des villageois qui la défigurent lors de ses rarissimes apparitions en ville, Brynn vit donc isolée dans une grande et belle propriété mais cette passionnée de maisons de poupées va très bientôt être le témoin d'un événement extraordinaire. Alors qu'une nuit la jeune femme entend de drôles de bruits, elle constate qu'une étrange créatures, tels que sont décrits généralement les êtres venus d'ailleurs, s'est introduite chez elle. Particulièrement hostile, cette dernière se met en chasse de Brynn qui au bout d'un certain temps parvient à prendre le dessus en tuant accidentellement l'intrus.ne sachant comment faire, Brynn prend son courage à deux mains et décide de se rendre au bureau du shérif. Mais en chemin, elle constate que des crop-circles ont envahit les jardins de plusieurs habitants. Pire : certains d'entre eux semblent comme ''possédés''. De retour chez elle, Brynn s'approche du cadavre de l'extraterrestre qu'elle a tué la veille et constate que quelque chose s'est échappé d'entre ses lèvres... Dénué de tout dialogue, No One Will Save You ne fera sans doute pas oublier certaines des œuvres citées ci-dessus. D'autant plus qu'en matière de psychologie, en dehors des bribes de récit concernant le passé de l'héroïne, l'écriture s'avère on ne peut plus sommaire. Mélange de ''Body Snatchers'' et de ''Home Invasion'', le second long-métrage de Brian Duffield n'en est pas moins relativement ''divertissant''. Et puisqu'en matière très précise de film de science-fiction mettant en scène des créatures prônant l'occupation des corps, rien de nouveau ne s'est présenté à nous récemment, pourquoi ne pas accorder à No One Will Save You le minimum d'intérêt auquel il peut prétendre ?


Entre Nope de Jordan Peel, The Hidden de Jack Sholder et les diverses interprétations du roman de The Body Snatchers du romancier américain, Jack Finney.


No One Will Save You est effectivement un melting-pot de ces diverses sources d'inspiration qui en grande partie sont depuis devenues des classiques de la littérature et du septième art. Ce dernier rejeton tend peut-être à devenir un grand nom de la science-fiction en mode ''invasion extraterrestre'' mais au vu du pesant challenge qu'il lui est imposé, il y a peu de chances que l'on se souvienne de lui au delà de quelques jours, voire quelques semaines. L'une des rares originalités demeure dans l'attitude de l'héroïne et des villageois envers elle. Des questions se posent d'emblée auxquelles tente de répondre le réalisateur et scénariste avec rapacité. Bien que la créature qui nous est présentée au départ ne semble pas avoir bénéficié d'un soin particulier en matière de CGI, l'idée de remplacer ses congénères par des hommes et des femmes physiquement et intellectuellement investis par d'autres phénomènes venus d'ailleurs semble être l'idée la plus simple et la plus évidente qui soit venue à l'esprit de Brian Duffield. Les effets-spéciaux étant ainsi parfois réduits à leur plus simple expression, c'est déjà ça d'économisé sur le budget. Il demeure au sein du récit quelques grossières resucées comme lorsque est scannée la demeure (un emprunt aux deux adaptations cinématographiques de La guerre des mondes) ou lorsque se déplace dans le ciel un vaisseau caché derrière un nuage (Nope). Avec No One Will Save You, nous sommes plus proches du film d'épouvante et de l'action que de la science-fiction pure, simple et réaliste. C'est d'autant plus rageant que les amateurs de cette dernière retrouveront quelques indices visuels qui les tromperont sur la marchandise. À commencer par les créatures plus ou moins semblables à l'idée que l'on se fait majoritairement d'extraterrestres dotés d'une grande intelligence (lesquels ne trouvent ici rien de mieux que de venir foutre le souk sur notre planète). Gros yeux sombres et crâne sur-développés ne semblent donc pas être gages de facultés intellectuelles supérieures. Du moins, pas en ce qui concerne le long-métrage de Brian Duffield. Ensuite, quelques intéressants visuels émergent ça et là. Comme l'enlèvement du corps extraterrestre par un rayon-tracteur. Mais en réalité, le film est en grande partie décevant. L'arrivée d'une créature aux dimensions beaucoup plus impressionnantes terminant ainsi de noircir le tableau. Ça en devient presque gênant. Bref, tout ce que semble construire le scénario au départ est sujet à des modifications qui transforment No One Will Save You en un vulgaire film d'épouvante-fantastique insistant un peu trop sur les diverses attaques d’origine extraterrestre tout en niant le droit à une certaine profondeur. Plus le récit de No One Will Save You évolue et plus l'aventure s'avère pénible à suivre. Et lorsque même à la fin Brian Duffield choisit d'offrir une réponse aux questions du début, là encore, on éprouve beaucoup de mal à concevoir ce que veut dire par là le cinéaste...

 

dimanche 11 décembre 2022

Significant Other (Une obsession venue d'ailleurs) de Dan Berk et Robert Olsen (2022) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Significant Other (curieusement traduit chez nous sous le titre Une obsession venue d'ailleurs) est le dernier long-métrage réalisé par le binôme Dan Berk et Robert Olsen après le court-métrage Dispatch en 2014 et les formats longs Body, The Stakelander et Villains respectivement réalisés en 2015, 2016 et 2019. Voguant jusque là entre horreur, comédie, drame et thriller, ces deux là s'attaquent désormais à la science-fiction. Et force est de reconnaître qu'il y avait bien longtemps que l'on n'avait pas rencontré chose aussi étrange dans le domaine. Pourtant moins énigmatique que l'excellent Under the Skin que réalisa Jonathan Glazer en 2013 mais parfois tout aussi pesant et isolationniste que le troublant Honeymoon de Leigh Janiak en 2014, Significant Other (littéralement, Ma moitié) semble tout d'abord prendre sa source aux mêmes origines que les différentes variations sur le thème des voleurs de corps dont les premières traces remontent en 1955 avec le roman de Jack Finney originellement traduit chez nous sous le titre Graines d'épouvante. Un ouvrage maintes fois adapté sur grand écran puisque pas moins de cinq longs-métrages virent le jour entre 1956 et 2007 (Tout d'abord L'Invasion des profanateurs de sépultures de Don Siegel, L'Invasion des profanateurs de Philip Kaufman en 1978, Body Snatchers d'Abel Ferrara en 1993 et enfin Invasion d'Oliver Hirschbiegel et Invasion of the Pod People tout deux réalisés en 2007). Une thématique insinuant le remplacement de l'espèce humaine par une entité venue d'ailleurs qui fut reprise à d'autres occasions également. Tel The Faculty de Robert Rodriguez en 1998, le médiocre Rupture de Steven Shainberg en 2017, le Assimilate de John Murlowski deux ans plus tard et même le génial Invasion Los Angeles de John Carpenter qu'il ne faudrait surtout pas omettre. On le voit, les petits hommes gris (ou verts, c'est selon) qui aiment se soustraire à la présence de l'homme n'ont pas fini de faire parler d'eux. C'est donc encore une fois le cas avec Significant Other qui situe son action au beau milieu d'une forêt qu'ont décidé de parcourir, sac sur les épaules, le couple formé de Ruth (Maika Monroe) et Harry (Jake Lacy). Un couple amoureux. Lui veut faire sa déclaration entre deux énormes pins et au bord d'un précipice tandis qu'elle n'est pas très chaude. Une rencontre avec un phénomène dont le spectateur découvrira la source dès l'entame va bien évidemment tout remettre en question...


Effets-spéciaux discrets mais relativement efficaces, musique envoûtante (signée de Oliver Coates), caractérisation des principaux protagonistes inhabituelle, interprétation parfois approximative, mais mise en scène sobre et tangible font que tout se tient assez bien finalement. Après une première moitié qui ne tient que sur de faibles fondations en terme d'écriture, la suite promet quelques rebondissements dont une révélation contrecarrant complètement l'impression qu'avaient pu tout d'abord nous laisser l'un et l'autre des personnages. Réduit au strict minimum, le long-métrage de Dan Berk et Robert Olsen ne conviera qu'une toute petite poignée de seconds rôles et se concentrera avant tout sur son duo d'amoureux ''perdu'' dans une forêt on ne peut plus angoissante. Malgré l'apparente simplicité de la mise en scène et l'emploi abusif de Jump Scares qui tous se ressemblent (l'un après l'autre, Ruth et Harry sont surpris par l'arrivée soudaine de leur conjoint dans leur dos) et sont marqués par de maladroits déclenchements sonores, le spectateur sera peut-être surpris de découvrir quelques fondus enchaînés prouvant les réelles qualités en matière de recherche esthétique de la part des deux réalisateurs. Des séquences parfois bluffantes de beauté qui tranchent avec la monotonie de la mise en scène. Monotonie qui participe cependant au climat d'angoisse qui s'installe dès que la nuit tombe, laissant notre jeune couple face à cet inconnu que l'on sait malheureusement déjà venu d'ailleurs. Quelques plans gore viennent superficiellement épicer le récit qui n'avait cependant pas besoin de ces quelques étalages sanguinolents pour faire son petit effet. Si quelques passages paraissent au premier abord plutôt absurdes, ils trouvent en réalité leur justification lors des séquences qui vont leur succéder. Le budget du film étant visiblement limité, le film n'a pas l'ampleur des Grandes Œuvres de la science-fiction mais mérite tout de même l'intérêt des amateurs du genre. Une thématique abordée, au fond, de manière restreinte puisque Significant Other se transforme ensuite en un objet horrifique non dénué d'un certain humour. On regrettera malgré tout la dernière séquence située à bord d'une voiture, laquelle s'avère parfaitement inutile.... signe d'une éventuelle séquelle... ?

 

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