À l'origine du téléfilm
américain In the Year 2889,
la nouvelle La Journée d'un journaliste américain en 2889
de
l'écrivain français Michel Verne, fils du célèbre Jules Verne. Un
court texte que certains estiment avoir été écrit de la main du
père mais qui semble bien avoir été rédigé par le fils. Bien
que la dite nouvelle aborde toute une série de thématiques
s'inspirant des techniques supposées en cours au vingt-neuvième
siècle, le téléfilm de Larry Buchanan (auteur entre autres de
quelques pellicules d'horreur et de science-fiction) s'intéresse
avant toute autre chose aux conséquences d'une guerre nucléaire à
l'échelle mondiale qui aurait décimé la quasi totalité de
l'espèce humaine. L'intrigue se déroule principalement dans la
demeure isolée de l'ancien capitaine de police John Ramsey
(interprété par l'acteur Neil Fletcher) que sa fille Joanna (Charla
Doherty) contraint d'accepter toutes celles et ceux qui viennent
frapper à leur porte alors que les rations alimentaires sont prévues
pour seulement trois personnes (la venue du fiancé de la jeune femme
étant prévue pour très bientôt). L'arrivée de cinq personnes va
tout remettre en question. D'autant plus que parmi les invités
forcés se trouve un certain Mickey Brown (Hugh Feagin) dont les
intentions ne semblent pas tout à fait honnorables et de Steve et
Granger Morrow (Paul Petersen et Max W. Anderson), ce dernier étant
très gravement malade à cause des radiations nucléaires. À
contre-cœur, John Ramsey accepte la présence de ces étrangers et
de Tim Henderson (Bill Thurman), un alcoolique, ainsi que celle de
Jada (Quinn O'Hara), une danseuse de boite de nuit. Tous ensemble,
ils vont tenter de survivre dans un monde devenu le terreau fertile
d'étranges mutations génétiques chez les animaux. Et notamment
chez un individu monstrueux qui rôde dans les parages et qui s'en
prend à toutes celles et ceux qui passent à proximité...
Avec
une telle ambition et un tel synopsis, on se prend à rêver d'un
film de science-fiction apocalyptico-dystopique de grande ampleur.
Sauf qu'en la matière, le compte n'y est pas du tout. De son statut
de simple téléfilm de la fin des années soixante, l'enrobage est à
l'avenant d'une mise en scène relativement déplorable. Ne comptez
absolument pas sur de quelconques visions de cités dévorées par
une mère Nature se réappropriant ses droits. Ici, l'intrigue se
concentre sur une demeure isolée, entourée de montagnes protégeant
les lieux de toute radiation ou presque. Beaucoup de dialogues pour
finalement, pas grand chose. On le devine assez rapidement, les
discordes entre les différents personnages iront bon train. Entre un
ancien flic aux réflexes et habitudes bien ancrés, deux jolies
donzelles dont l'une se disputera l'amour du grand méchant de
l'histoire, un gentil jeune homme en la personne de Steve et une
créature qui menace à tout moment de faire son apparition, le film
n'est surtout qu'un grand déploiement de dialogues dont la seule
présence de Mickey (le méchant en question) s'avère bien plus
anxiogène que celle alentours du mutant sous les traits
(parfaitement ridicules) duquel se cache l'acteur Byron Lord. Après
une ouverture ultra classique signifiant la guerre nucléaire
responsable de la disparition de la plupart des hommes et des femmes
de notre planète à travers des images réelles d'archives mettant
en scène la bombe atomique, le film développe une intrigue quelque
peu semblable à celle du chef-d’œuvre de George Romero La
nuit des morts-vivants,
du moins dans les rapports tendus qu'entretiennent les différents
protagonistes. Mais la comparaison s'arrête malheureusement là. Si
à une décennie prêt In the Year 2889 situe
son action à la fin du vingt-neuvième siècle, vue la pauvreté des
environnements, le film aurait tout aussi bien pu se dérouler dans
les années cinquante du siècle passé. Le pire de ce téléfilm
demeure sans doute son improbable créature, plus risible
qu'effrayante, se déplaçant dans une gestuelle aussi grotesque que
le visage qu'elle arbore. Bref, en adaptant l’œuvre du fils de
l'un des plus célèbres écrivains de science-fiction français,
Larry Buchanan n'y a absolument pas fait honneur...