L'intelligence
artificielle est un vaste sujet. Si vaste qu'il est possible de
l'aborder de diverses manières. À commencer par la plus brute,
comme dans Terminator
de James Cameron qui en 1984 avait un point de vue radical dans
lequel l'humanité était engagée dans une guerre sanglante et
totale contre une armée de machines qu'elle avait pourtant elle-même
créée. Le long-métrage théorisait alors sur la possibilité d'un
voyage dans le passé afin de sauver celui qui allait dans le futur
permettre aux hommes de tenir tête à des androïdes qui en
comparaison d'autres exemples de créations humaines liées à
l'intelligence artificielle allaient se révéler intellectuellement
rudimentaires. Le chemin qui pava la route d'un concept qui pour
certains est depuis devenu dangereusement concret rencontra quelques
surprises intéressantes. Une liste trop longue pour les relever
toutes mais dont on peut notamment évoquer l'excellent EX_MACHINA
d'Alex Garland dans lequel le jeune programmeur Caleb (Damhnall
Gleeson) ignorait sans doute que sa création prénommée AVA
allait,
au delà du fait que se posa la question de savoir si elle était
dotée d'une conscience ou non, s'arracher de sa ''prison'' pour
rejoindre la civilisation. Huit ans plus tard et après des dizaines
d'autres tentatives, le réalisateur et scénariste Franklin Ritch
réadapte le concept et le repousse dans ses derniers retranchements
en évoquant à son tour la question de la conscience mais aussi
celle tournant autour des émotions. Tourné sous forme de huis-clos
relativement oppressant lors duquel l'on comprend rapidement que
celui que l'on soupçonne tout d'abord être un prédateur sexuel
évoluant sur les réseaux sociaux n'est en fait que l'un de ceux qui
les traquent, The Artifice Girl
met en place un stratagème évoluant sur une période de cinquante
ans découpée en trois actes. Des soubresauts qui dénotent déjà
d'une forte avancée dans le domaine de l'intelligence artificielle
jusqu'à l'instant très précis où Cherry,
la dite intelligence artificielle dont l'âge et l'apparence physique
posent des question d'ordre moral, sera libérée de ses entraves une
fois que les objectifs d'origines auront atteint un but inespéré.
Notons en particulier l'interprétation de l'actrice américaine
Tatum Matthews qui contrairement aux apparences n'a pas l'âge
avancé dans le film mais vingt-quatre ans. Incarnant l'intelligence
artificielle Cherry,
la jeune femme donne la pleine mesure de son talent et révèle ainsi
les possibilités infinies d'un tel concept.
Face
à un écran immaculé devant lequel l'actrice est projetée en mode
DEV
(un type de paramètres permettant d'avoir un accès direct aux
ressources informatiques d'un programme afin de pouvoir en changer
certaines fonctions), trois personnages de chair et de sang. À
commencer par Gareth (interprété par Franklin Ritch lui-même),
l'homme au cœur du projet initial de traque des pédophiles,
véritable génie en informatique dont les compétences ont pour
origines un drame terrible dont lui et treize autres enfants furent
les victimes il y a un certain nombre d'années. Ensuite, les agents
du Gouvernement Deena (Sinda Nichols) et Amos (David Girard) qui
après avoir questionné Gareth sur ses fonctions au sein des réseaux
sociaux vont travailler à ses côtés durant de nombreuses années.
Il est à noter que ce dernier sera beaucoup plus tard incarné par
l'acteur Lance Henriksen que les cinéphiles auront eu notamment
l'occasion de découvrir justement dans le Terminator
de James Cameron en 1984, dans Aliens, le retour
lui aussi réalisé par James Cameron deux ans plus tard ou au beau
milieu des années quatre-vingt dix dans la série Spin-Off
d'X-Files
intitulée
MillenniuM de
Chris Carter. Si The Artifice Girl
n'est à proprement parler pas une œuvre portée par une grande
ambition visuelle, elle l'est par contre en ce qui concerne son
sujet. Et quand bien même le film n'aborde pas le même sujet, l'on
rapprochera l’œuvre de Franklin Ritch de celle de Richard
Schenkman intitulée quant à elle, The Man from
Earth.
Deux visions philosophiques bien différentes mais qui se rejoignent
dans leur propension à étudier leur thématique en profondeur. En
ces termes, The Artifice Girl
est parfois relativement complexe à comprendre et certaines
terminaisons employées demandent tout d'abord à être décodées
afin de livrer avec aisance le message du réalisateur et de son
scénariste. D'autant plus que le film n'est pas avare en paroles et
que les dialogues s'entrecroisent si rapidement qu'il est parfois
difficile de comprendre le cheminement du récit. Le film reste
néanmoins l'une des plus intéressantes propositions sur
l'intelligence artificielle. Et si aucune date de sortie officielle
n'a été annoncée sur grand écran, espérons qu'il sera visible un
jour prochain dans les salles obscures...
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