Et voilà ! Encore
une fois cet orgueil et cette aigreur mal placés du vieux con qui
refuse, selon lui, qu'on l'efface insidieusement des plannings. Celui
qui rejette l'idée que le monde appartient désormais à d'autres,
plus jeunes, qu'il a l'outrecuidance de juger incapables de
réflexion. Six minutes, pas une de plus. C'est le tant qu'il lui
fallut pour dire ''non, cette came là, je leur laisse bien
volontiers''. Erreur. The Map of Tiny Perfect Things est
de ces longs-métrages qui outre ses éminentes qualités narratives,
peut ou doit faire réfléchir sur la condition des plus de trente
ans qui peu à peu disparaissent de l'horizon au profit de vedettes
plus jeunes, attirant ainsi volontairement un public qui voudrait
leur ressembler. C'est un fait, le cinéma commercial ne nous
appartient plus. Et en même temps, si l'on remonte dans un passé
pas si lointain, nous fûmes les enfants d'un cinéma qui lui-même
semblait privilégier un public adolescent. Friday
13th en
est l'un de ses plus brillants représentants. À la différence de
quoi, à l'époque, les jeunes servaient plus que jamais par la suite
de chair à saucisse. Boutonneux, pas très malins et surtout obsédés
par le sexe et la drogue, on ne peut pas dire qu'ils étaient
savamment mis en valeur. Contrairement aux adolescents d'aujourd'hui
qui sur petits et grands écrans semblent avoir intellectuellement
fait un bon de géant entre l'enfance et le monde des adultes. Ne
reflétant pas systématiquement l'âme de ceux que nous croisons, au
demeurant...
Il
y a deux jours, je lisais la très courte éloge ultra-prétentieuse
d'Andy Samberg qui affirmait que Palm Springs
de Max Barbakow poussait à un niveau supérieur le concept d'Un
Jour sans Fin
de Harold Ramis. De quoi faire les gros yeux et me convaincre que le
type est fou ! Concept repris également à quelques mois
d'intervalles par un autre cinéaste autrement plus inspiré en la
personne de Ian Samuels, auteur il y a trois ans d'un premier
long-métrage, la comédie romantique Sierra
Burgess is a Loser,
et désormais réalisateur de The Map of Tiny
Perfect Things.
Une œuvre se situant à des kilomètres du long-métrage de Max
Barbakow. Fine, touchante, et élevant, elle, sinon le concept d'Un
Jour sans Fin,
du moins celui de Palm Springs.
Surtout, Ian Samuels prouve que le sujet peut encore nous offrir de
savoureux instants de cinéma consacrant leur thème aux boucles et
aux paradoxes temporels, même projetés sur ''petits écrans''.
Adaptation de la nouvelle éponyme écrite par le journaliste
américain Lev Grossman, le film de Ian Samuels peut lui, se
revendiquer d'un héritage laissé par Harold Ramis. Non seulement
les mises en situation de ses deux principaux interprètes que sont
Kathryn Newton et Kyle Allen s'avèrent intelligemment construites,
mais de plus, le film délivre un message humaniste relativement
touchant. Alors, bien sûr, il n'échappera à personne que les héros
Margaret et Mark figurent l'expression d'une Amérique propre sur
elle. Des individus stéréotypés, exemples à suivre pour la
jeunesse américaine, mais dont les inquiétudes et les
questionnements demeurent universels. Ludique, frais, poétique, très bien mis
en scène et interprété, The Map of Tiny
Perfect Things
est une excellente surprise dont je dois finalement la découverte à
que je remercie chaleureusement...