Après un peu plus de
deux mois de silence, nouvel article consacré comme il se doit à la
science-fiction. Afin de désencrasser les lieux rouillés par tant
d'inactivité, un film russe. En effet, Prishelets
(qui dans sa langue d'origine veut dire extraterrestres) nous vient
de l'état le plus vaste de notre petite planète bleue. Réalisé
par le russe Alexander Kulikov dont il s'agit du tout premier
long-métrage, il est tout d'abord difficile d'imaginer que l’œuvre
puisse manquer de cette rigueur relative à ce cinéma de
science-fiction slave qui à travers les décennies a laissé aux
cinéphiles du monde entier, de très bons souvenirs en la matière.
N'oublions pas non plus que lors de la Course
à l'espace,
les russes furent les premiers à avoir envoyé un homme, le célèbre
Youri Alexeïevitch Gagarine, dans l'espace. Mais depuis, de l'eau a
coulé sous les ponts. Les américains ont envoyé leurs propres
astronautes tout là-haut et semblent même avoir été les premiers
à avoir foulé la surface de la Lune. Le cinéma s'est très
rapidement emparé de ce fascinant projet qui consiste à envoyer les
hommes dans l'espace. Les frontières n'existant désormais plus en
terme d'effets-spéciaux, la seule barrière qui demeure encore reste
les limites qu'imposent l'esprit humain et son sens de
l'imagination...
Terminés
les voyages vers la Lune. Désormais, et ce depuis de nombreuses
années, la nouvelle star se prénomme Mars. Quatrième planète de
notre système solaire, Mars a été au centre de plusieurs dizaines
de longs-métrages. Les principales nations se sont penchées sur
d'éventuelles explorations de sa surface par la voie de la fiction
et ce jusqu'à très récemment avec Seul sur
Mars
de Ridley Scott en 2015 et Prishelets,
donc, qui nous intéresse dans le cas présent. La première
impression demeure relativement mitigée. La surface de la planète
rouge et ses environnements puent les CGI basse résolution et le
module d'exploration qui s'en approche ressemble à un immense cirque
volant. Pas de quoi crier au génie. Zooms, dé-zooms, mouvements de
caméra dans la salle des opérations située sur Terre, tout
concourt pour plonger le spectateur au cœur d'une fiction cherchant
apparemment le réalisme à tout crin. Du moins, durant les toutes
premières minutes. Instruments à vents héroïquo-grandiloquents,
image léchée, sans aspérités, bruit assourdissant d'une tempête
en approche (mais que foutent les météorologistes?), astronaute
(enfin.... caméra) secoué dans tous les sens, Prishelets
veut
très clairement en mettre plein la vue quitte à en faire des
tonnes...
Une
surenchère surtout auditive qui procurera moins de plaisir que de
maux de têtes. Des céphalées sans doute également provoquées par
un scénario maladroit qui partage l'intrigue entre une sorte de
Robinson échoué sur la surface de Mars (sujet évidemment beaucoup
moins bien exploité que dans l’œuvre de Ridley Scott), un chef de
projet qui tente tout ce qu'il peut pour sauver l'homme en question,
la passion à des millions de kilomètres de distance de la
responsable du service de santé (interprétée par l'actrice Anna
Banshchikova) pour l'astronaute Chapaev, ou encore un show télévisé
sacrifiant pour le roi Audimat, du temps de survie de celui que l'on
surnomme alors désormais le Martien. Le développement psychologique
de l'astronaute étant revu à la baisse, l'ossature de Prishelets
tient
sur le bling bling de son programme télévisé superficiel bien dans
l'air du temps avec, toujours et encore, cette insupportable musique
de fond electro-pop-fm qui a pris le relais des instruments à vent.
Impossible d'éprouver le moindre frisson devant ce nanar spatial. Ou
plutôt, navet intersidéral qui parvient avec davantage de malheur
que de bonheur à maintenir l'attention du spectateur en évoquant la
présence dans les environs du lieu de crash du module d'exploration
d'une présence extraterrestre. Dire que Prishelets
est mauvais est un euphémisme. Doublage grossier, voire grotesque,
effets-spéciaux moyens, personnages inintéressants au possible (eh
oh ! Elle est passée où la caractérisation?), la palme
revenant sans doute à l'acteur Grigoriy Siyatvinda, insupportable
dans le rôle de l'animateur. Un personnage représentatif du
naufrage artistique que représente le long-métrage d'Alexander
Kulikov. Quant à la morale de fin. Totalement improbable... Un conseil : passez votre chemin et envolez-vous vers
d'autres horizons...