Hommage un peu tardif au
réalisateur américain Stuart Gordon disparu le mois dernier. Auteur
en 1985 du film gore culte Re-Animator,
de Dolls en
1987, Fortress
en 1993 ou de Dagon en
2001, il a quasiment consacré toute sa carrière de cinéaste au
cinéma d'horreur. L'année suivant la sortie de son tout premier
long-métrage cinéma Re-Animator,
Stuart Gordon s'inspirait une fois encore d'une nouvelle écrite par
le romancier H. P. Lovecraft pour son second film, From
Beyond, aux Porte de l'Au-Delà.
Sur un scénario ambitieux mais une mise en scène qui l'est beaucoup
moins que celle de Re-Animator,
Stuart Gordon réalisait ce qui allait devenir l'un de ces
authentiques objets de culte auprès des amateurs de cinéma
d'horreur. Ce second effort entretient d'autres points communs avec
le premier long-métrage de Stuart Gordon. On ne s'étonnera pas d'y
retrouver dans le costume du producteur, Brian Yuzna qui en 1990
réalisera le cultissime Society
et l'année suivante Bride of Re-Animator,
la suite du classique de Stuart Gordon..
Autres
''personnages'' à participer pour la seconde fois à un projet du
réalisateur, Jeffrey Combs qui interprétait le personnage de
Herbert West et qui désormais endosse le costume de Crawford
Tilinghast et Barbara Crampton qui après avoir joué le rôle de
Megan Halsey, la fiancée de Dan Cain l'assistant de West se voit
confier le personnage du docteur Katherine McMichaels. Les rôles
tiers étant octroyés à Ken Foree, l'interprète culte du
chef-d’œuvre de George Romero, Dawn of the
Dead
ou du Halloween
de Rob Zombie, ainsi que Ted Sorel, dont l'essentiel de la carrière
fut télévisuelle. Le premier incarne l'inspecteur Buford 'Bubba'
Brownlee, chargé de la protection du docteur et de la surveillance
de Crawford Tillinghast qui après avoir été reconnu coupable de la
mort de son collaborateur le docteur Edward Pretorius, revient sur le
lieu du drame en compagnie de Katherine McMichaels afin de
comprendre ce qu'il s'est réellement passé. Ted Sorel, lui, incarne
le docteur Pretorius. Un adepte du sado-masochiste, inventeur d'une
machine capable d'éveiller un sixième sens chez l'homme. En effet,
le résonateur vibratoire est capable de stimuler la glande pinéale
afin d'ouvrir des perspectives permettant de mettre à jour d'autres
dimensions. Une optique dans laquelle va s'engouffrer Pretorius et le
condamner à une mort atroce. Du moins, c'est que semblent penser les
autorités qui ont fait enfermer Crawford Tilinghast dans un hôpital
psychiatrique avant que ne vienne le faire libérer le docteur
McMichaels...
From Beyond
est de ces sujets que le cinéaste canadien David Cronenberg n'aurait
sans doute pas renié si lui avait été offerte l'opportunité
d'adapter la nouvelle de H.P. Lovecraft sur grand écran puisqu'ici,
les mutations sont légions. Les corps se transforment et les
victimes du résonateur se muent en d'atroces créatures. Les
réactions sont pourtant diverses. En résulte parfois des
effets-spéciaux conçus par John Buechler, Mark Shostrom, John
Naulin et Anthony Doublin très impressionnants pour l'époque. Des
organismes ayant muté dans d'improbables proportions,
représentations physiques d'un Pretorius déviant, digne successeur
du docteur Carl Hill (l'acteur David Gale) de Re-Animator.
Mais la machine possède également la faculté d'entrer
littéralement dans l'esprit de ceux qui la manipulent ou entrent en
contact avec elle. C'est ainsi que Barbara Crampton, déjà
séduisante en psychiatre, se transforme en nymphomane vêtue de cuir
et de chaînes pour le plaisir des yeux. Stuart Gordon mélange alors
sexe et gore dans un festival à ne pas mettre devant tous les yeux.
Son œuvre dégage une sensualité morbide où les fluides
s'échappent sous des teintes criardes et où le sexe y est déviant.
Jeffrey Combs est égal à lui-même. Moins ''énervé'' que dans
Re-Animator,
l'acteur interprète pourtant une fois encore un scientifique quelque
peu dérangé quoique conscient des dangers propres à l'utilisation
du résonateur. Moins de gore, plus de sexe, mais une mise en scène
et des effets-spéciaux qui n'égalent pas ceux du premier
long-métrage de Stuart Gordon. Malgré tout, From
Beyond
demeure un ovni du cinéma d'horreur et de science-fiction, comme le
sera Society
de Brian Yuzna quelques années plus tard...
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