Ce visage au sourire
satanique, tordu, inquiétant... cette longue moustache barrant son
visage comme une peinture angoissante d'un Village People
sorti tout droit d'un monde envahi par des millions de morts revenus à la vie
afin de hanter les vivants... Steven Ogg n'est certainement pas
l'acteur canadien le plus célèbre dans l'hexagone, il est pourtant
parmi ceux dont on a retenu la silhouette et ce sourire plus flippant
encore que celui du Joker.
Après avoir incarné à vingt et une reprises l'horrible personnage
de Simon dans la série télévisée The Walking Dead
et après y avoir connu un sort peu enviable (il y a bien une justice
dans ce bas monde), Steven Ogg a troqué son costume de cow-boy
post-apocalyptique pour celui d'astronaute dans l'un des rares
long-métrages dans lesquels il a tourné depuis le début de sa
carrière d'acteur à la toute fin des année quatre-vingt dix.
Premier long-métrage du cinéaste Carl Strathie dont le prochain
film, Dark Encounters
devrait mélanger horreur et science-fiction (le titre ne laissant
aucun doute là-dessus), Solis
repose entièrement sur les épaules du personnage incarné par
Steven Ogg puisqu'à part un cadavre particulièrement silencieux (et
salement amoché) lui tenant compagnie et une voix, au départ,
franchement peu aimable, l'acteur doit composer avec un décor
sommaire et pas franchement chaleureux (une capsule de sauvetage aux
allures de minuscule hangar désaffecté) et des extérieurs dont on
ne découvrira que quelques bribes à travers l'unique hublot de
l'engin.
Démarrant
sous les meilleurs auspices avec des premières images plutôt
envoûtantes, limite 'New
age',
la partition musicale de Solis, écrite par le compositeur David
Stone Hamilton, finit par très rapidement s'emballer pour devenir
épique, voire, grandiloquente. Derrière l'apparence rustre et
sommaire des décors et d'un scénario relativement simple à
comprendre, on sent pointer une certaine ambition que les limites
budgétaires et scénaristiques freinent sensiblement. N'ayant très
concrètement pas les moyens financiers alloués au cinéaste
mexicain Alfonso Cuarón pour son Gravity,
le canadien est contraint de faire avec des bouts de ficelle et, Ô
miracle, y parvient dans une certaine mesure.
L'un
des principaux atouts est forcément la présence de Steven Ogg qui
aurait pu s'économiser dans un long-métrages aux allures d’œuvre
contemplative et spatiale mais préfère exploiter tout le potentiel
de son jeu d'acteur. Seul en contact avec le Commandant Roberts dont
on n'entendra que la voix et dont on ne verra jamais les traits sous
lesquels aurait dû se présenter l'actrice Alice Lowe, l'acteur est
contraint d'assurer le spectacle dans un cadre on ne peut plus exigu
et qui servira de décors dans une grande majorité des séquences en
dehors d'une scène située en extérieur.
L'histoire
tourne autour d'un astronaute, seul survivant d'un accident qui a
coûté la vie aux deux seuls autres membres de son équipage. Forcé
de fuir à bord d'une capsule de secours, l'ingénieur Troy Holloway
constate avec effroi que l'engin se précipite dangereusement vers le
Soleil. Fort heureusement, un vaisseau est présent dans le secteur.
Le commandant Roberts prend alors la décision de venir en aide à
Troy malgré les dangers d'une telle expédition... Solis
montre ses limites scénaristique lors de séquences parfois beaucoup
trop longues. En choisissant de ralentir le rythme et d'accentuer la
durée de certaines péripéties, Carl Strathie remplit les cases
vides d'un scénario trop succinct. La plupart des scènes démarrent
donc sous les meilleurs augures mais à la longue finissent par se
révéler lassantes. La sortie dans l'espace et, PIRE, la fin de Solis
s'éternisent à outrance. Des quatre-vingt dix minutes que dure le
film, le canadien aurait pu se contenter de n'en faire qu'un
moyen-métrage beaucoup plus dynamique. Pa mauvais dans le fond, mais
dans la forme, parfois longuet...