La même année, ) un
mois d'intervalle, sortaient l'un derrière l'autre Deep Impact
de Mimi Leder et Armageddon
de Michael Bay. Deux histoires similaires pour deux approches
différentes. Alors que la première avait pris une option sur la
psychologie des personnages, le second, lui, a préféré tout miser
sur le spectaculaire. Résultat : deux nanars horriblement
coûteux (70 000 000 de dollars pour le premier, le double pour le
second!). L'un comme l'autre, les deux longs-métrages partagent
cette même accointance pour l'invraisemblance. Tandis que Mimi Leder
attendait patiemment la fin de son film pour nous asséner quelques
effets-spéciaux pas trop vilains pour l'époque, Michael Bay
n'attend pas que le spectateur se mette à bailler pour nous offrir
dès les premières minutes quelques belles explosions et
destructions d'immeubles dus à la chute de petites météroïdes.
Des « gravats »,
résidus d'un astéroïde grand comme l'état du Texas (pourquoi voir
petit quand on peut voir grand) qui devrait s'écraser sur Terre dans
dix-huit jours. Le temps pour la NASA, avec l'accord du président
des États-Unis, de mettre en place une mission chargée de dévier
la trajectoire de l'immense caillou. Une périlleuse mission qui sera
confiée au plus grand spécialiste en matière de forage, Harry S.
Stamper., ainsi qu'à ses hommes et deux pilotes chevronnés
appartenant à la NASA.
Autant
le préciser tout de suite, les amateurs de rigueur scientifique
risquent de considérer le film de Michael Bay davantage comme une
comédie, voire une parodie, que comme une œuvre de science-fiction
faisant appel à des données techniques réalistes. Blockbuster
bourrin par excellence, Armageddon est
d'une crétinerie sans nom, ne respectant jamais le cahier des
charges de tout bon film de science-fiction se devant d'honorer un
minimum de respect envers le genre. Tel qu'il fut proposé lors de sa
sortie, le film de Michael Bay fut augmenté de plusieurs séquences
à effets-spéciaux afin de se démarquer de son concurrent direct
Deep Impact.
Ennuyeux au possible, l'auteur de ce dernier avait fait le choix d'un
peu plus de psychologie que son homologue qui décidait, son tour
venu, d'un choix résolument axé sur le divertissement. A ce titre,
Armageddon
remplit parfaitement son contrat. Ça pète de partout, les
personnages passent leur temps à s'échanger des punchlines
plus ou moins convaincantes et surtout, les monteurs Chris Lebenzon
et Glen Scantlebury proposent des séquences accumulant des cuts
épileptiques et brouillons qui n'offrent pas toujours l'occasion au
spectateur d'identifier ce qui se déroule à l'écran.
En
tête d'affiche, le banquable
Bruce Willis, capable de jouer dans le meilleur (Die
Hard,
L'Armée des Douze Singes)
comme dans le pire (Le Cinquième Élément,
une S-F dégueulasse signée Luc Besson), qui incarne donc le rôle
du spécialiste en forage Harry S. Stamper, père de Grace (belle
mais inexpressive Liv Tyler), et chef d'une équipe parmi laquelle on
retrouve notamment les acteurs Steve Buscemi, Owen Wilson ou encore
l'acteur noir Michael Clarke Duncan (La Ligne
Verte).
Si les scientifiques donnent une image plutôt propre de leurs
fonctions, l'armée, une fois encore, en prend pour son grade à
travers le personnage du général Kimsey incarné par l'acteur Keith
David. Durant presque cent-cinquante minutes, on assiste éberlués à
une succession de scène grotesques, invraisemblables. De la
science-fiction vulgaire, impropre à la consommation pour qui aime
une certaine cohérence. C'est bourrin, interprété à la truelle,
tellement abracadabrant qu'il est difficile d'y croire. Comment
peut-on en effet supposer confier l'avenir de la planète toute
entière entre les mains d'un groupe de dégénérés, qu'ils soient
les meilleurs dans leur catégorie ou non ? Et que dire des
nombreuses scènes voyant les cosmonautes valdinguer dans les airs à
la surface de l'astéroïde sans qu'aucun, ou presque, n'ait de
séquelles ? Dès le début, Armageddon
laisse entrevoir l'apparence qu'a choisit de donner à son film
Michael Bay. Rien que cette scène d'ouverture durant laquelle une
comète atterrit littéralement sur la gueule d'un type et de son
chiens sans qu'ils n'en ressortent, l'un et l'autre, avec la moindre
séquelle. Michael Bay a voulu offrir un show explosif et il y a
réussi. Pour le reste, Armageddon
est vraiment pathétique...