La science-fiction, ça
n'est pas que d'étranges créatures venues d'ailleurs ou
l'exploration de planètes lointaines. C'est d'abord la science des
hommes mise à contribution de la conquête spatiale. C'est donc avec
un certain réalisme qu'en 1954 le réalisateur américain Richard
Carlson met en scène son premier long-métrage Riders to the
Stars.
Une œuvre construite de manière crédible et
s'éloignant des récits farfelus qui voyaient de grotesques
extraterrestres envahir le sol de notre planète. Les ambitions du
long-métrages n'étant ni la conquête de la Lune et encore moins
celle de Mars, le sujet tourne autour d'une mission à venir lors de
laquelle des hommes seront choisis afin de récupérer au dessus de
nos têtes et avant qu'ils ne traversent notre atmosphère, des
minuscules astéroïdes ayant la capacité de conserver leur
intégrité. En effet, contrairement à ce qu'ont récemment laissé
envisager les débris d'une fusée devenus cassant au contact des
rayonnements présents dans l'espace, l'étude de la compositions des
astéroïdes pourrait permettre d'envisager de futurs voyages
spatiaux habités. Rappelons que nous ne sommes qu'en 1954 et que le
soviétique Youri Gagarine, premier homme à voyager dans l'espace,
ne le fera à bord du Vostok que le 12 avril 1961. D'ici à ce que
l'homme quitte l'atmosphère terrestre, les fantasmes vont bon train
et l'imaginaire des scénaristes étant florissant, l'hypothétique
danger que représente une sortie dans l'espace prend ici une allure
tout à fait inattendue. Avec sérieux, le scénariste Curt Siodmak
adapte l'histoire d'Ivan Tors avant de la soumettre au réalisateur
Richard Carlson qui plutôt que de proposer un produit finit à la
stricte destination du grand public observe une attention toute
particulière envers le réalisme. C'est ainsi que Riders to
the Stars prendra
son temps pour envoyer sa poignée d'hommes dans l'espace. Car avant
de voir les docteurs Richard Stanton et Jerry Lockwood s'envoler à
bord de différentes fusées, les spectateurs auront droit à toute
une série de tests et d'examens parmi lesquels un passage obligé
dans une centrifugeuse montant jusqu'à 12G. Soit, autant de fois le
poids d'un homme !
L'exploration
de l'espace s'avère finalement moins intéressante que la formation
des futurs pilotes de fusée à proprement parler. Cela est en partie
dû à des effets-spéciaux particulièrement médiocres. Si durant
plus d'une heure on croit à cette histoire pourtant passablement
invraisemblable (un voyage d'à peine quinze minutes dans l'espace
afin de récupérer ''à la volée'' des échantillons d'astéroïdes)
et à peine gangrenée par l'une de ces sempiternelles bluettes qui
étaient de mises à l'époque dans ce genre de production, les vingt
dernières minutes approchent le désastre artistique. Si la sobriété
des décors servant de laboratoire demeure cohérente, les futures
visions intérieures des fusées, la terre vue de l'espace et les
effets-spéciaux d'une manière générale sont de facture
terriblement laides et datées. C'est d'autant plus dommage que les
acteurs William Lundigan, Herbert Marshall, Richard Carlson ou Martha
Hyer font le job ! Vues les qualités de la première partie (la
plus longue), on pouvait exiger une exploration digne de nos
attentes. Notons que le réalisateur (qui était également acteur)
s'offre l'un des principaux rôles et que le film use de documents
télévisés authentiques datant de la seconde guerre mondiale. Des
archives américaines relatant divers lancements de la fameuse V-2
qui était de fabrication allemande. Malgré le sérieux de la
démarche, le film sera à l'époque considéré de fantaisiste par
le New York Time
et relativement terne. On ne pourra nier le fait que le film n'est
pas vraiment à destination du grand public. À vrai dire, le film
est surtout une déception en raison d'un final totalement bâclé.
Quant à Richard Carlson ''réalisateur'', il tournera trois autres
longs-métrages cinéma avant de se tourner presque définitivement
vers le petit écran...