Réalisateur et
scénariste américain ultra productif durant les années quarante et
cinquante, William Berke a œuvré pour le grand et le petit écran,
totalisant en vingt-quatre ans de carrière près d'une centaines
d'épisodes de séries télévisées et de longs-métrages
cinématographiques. Il termine sa carrière en 1958 avec quatre
films dont The Lost Missile
sera le seul à reposer sur son propre script écrit en collaboration
avec John McPartland et Jerome Bixby. Nanti d'un très faible budget
comme le démontrent notamment les effets-spéciaux relativement
rudimentaires, une grande partie des images repose sur des
Stocks-Shots de
l'armée américaine. La volonté du réalisateur étant de témoigner
de l'importance d'une collaboration scientifico-militaire lors d'une
éventuelle attaque étrangère. Dans le cas de The
Lost Missile,
et sans doute pour ne pas froisser la susceptibilité des nations
étrangères, le missile du titre, lequel va être rapidement renommé
en OVNI pour
des raisons qui paraîtront évidentes dues à des origines
inconnues, ne semble appartenir à aucune des nations de notre
planète. Comme peuvent en témoigner d'ailleurs sa vélocité
dépassant les six-mille cinq-cent kilomètres heure ainsi que sa
force de destruction massive. Pour ces raisons,
The Lost Missile
entre donc bien dans certains des critères qui appartiennent à la
science-fiction. D'une certaine manière, le long-métrage de William
Berke fait figure de vitrine afin de faire la démonstration des
capacités militaires de l'armée américaine. Et si dans la plupart
des séquences l'on assiste à la faillite d'une flotte aérienne
pourtant lourdement armée, l'engin connu sous le nom de Jupiter
semble faire directement référence au missile supersonique à basse
altitude que développait à l'époque l'US Air Force. Principalement
interprété par Robert Loggia, acteur charismatique bien connu des
amateurs de cinéma et de programmes télévisés, The
Lost Missile n'a
en réalité pas vraiment de héros.
Et
même si un début de caractérisation est bâti autour de ce
personnage et de celle qu'il envisageait d'épouser avant que
l'étrange missile n'apparaisse sur les radars du monde entier, le
long-métrage est surtout constitué d'une série de séquences
aériennes montrant les dégâts causés par l'OVNI quand d'autres
montrent l'impuissance de l'armée à faire face au danger. Tourné
en noir et blanc, il est important de noter que le propre fils de
William Berke a repris les rennes de cette histoire mêlant guerre et
science-fiction. En effet, celui-ci étant décédé l'année même
de la réalisation de The Lost Missile,
c'est son fils Lester William Berke qui a conduit le projet jusqu'à
son terme. Une carrière qui débute seulement quatre ans auparavant
en tant qu'assistant-réalisateur, il est bon de noter que son nom,
bien qu'il n'ait pas été crédité au générique, est lié au
chef-d’œuvre d'Alfred Hitchcock, Psychose
et que sa carrière perdurera jusqu'en 1997, se terminant avec le
septième téléfilm qu'il tournera pour la série 200
dollars plus les frais ou,
The Rockford Files: Shoot-Out at the Golden
Pagoda.
Concernant The Lost Missile,
il ne faudra pas se montrer trop difficile. D'une durée n'excédant
pas les soixante-dix minutes, le projet est dans la moyenne basse de
ce qu'était en mesure de proposer à son public avide de
science-fiction, le cinéma américain. Les scènes de destruction
massive sont filmées avec les moyens (extrêmement rudimentaires) du
bord. Le tout est en effet assez laid, même si l'on parvient à
faire abstraction de l'âge et des faibles moyens financiers du film.
The Lost Missile
demeure surtout une curiosité pour qui voudrait découvrir Robert
Loggia au temps de sa jeunesse. Pour le reste, le long-métrage de
William Berke/Lester William Berke demeure insignifiant...