Frère de l'acteur Ben
Affleck, Casey Affleck multiplie les casquettes. Acteur, producteur,
scénariste et réalisateur d'un premier long-métrage qui devrait
bientôt voir le jour dans le courant de l'année 2025 sous le titre
Far Bright Star, il incarne dans Slingshot
un ambitieux astronaute prénommé John qui fut sélectionné pour
une mission vers Titan, l'une des lunes de Saturne. Alors que le
voyage dans l'espace a démarré voilà plusieurs mois, son placement
en stase devient de plus en plus éprouvant. Réveillé par
intervalles de quatre-vingt dix jours, il peut compter sur la
participation de Nash (Tomer Kapon) et du capitaine Franks (Laurence
Fishburne). Lors d'un énième réveil, John est le témoin d'un
incident qui provoque des dommages ''superficiels'' sur la structure
du vaisseau. En inspectant l'intérieur d'une trappe, il constate en
effet qu'une paroi est déformée. À leur réveil, Nash et Franks ne
constatent aucune anomalie mais le premier des deux commence à
ressentir le besoin de faire chemin inverse vers la Terre. Une
opinion que ne partage pas le capitaine Frank ni même John qui
préfère se ranger du côté du commandant de bord. Au fil des
périodes qui séparent les moments d'éveil des trois hommes de leur
hibernation, les tensions montent entre eux.
Imperturbable, Franks adopte une attitude posée. Son seul objectif :
mener à bien la mission. Nash, lui, sombre peu à peu dans la
paranoïa, persuadé que la mission est vouée à l'échec. Quant à
John, il se réfugie constamment dans le souvenir de sa petite amie
restée sur terre, Zoe (Emily Beecham)... Encore une œuvre de
science-fiction concentrant une nouvelle fois son intrigue autour du
voyage dans l'espace à destination d'un astre (ici, la lune Titan,
laquelle est l'un des quatre-vingt deux satellites orbitant autour de
la sixième des huit planètes de notre système solaire) proche de
sa planète, Saturne. Et encore une fois, pour son dernier
long-métrage, le réalisateur suèdois Mikael Håfström opte pour
une observation minimaliste et claustrophobe des rapports humains et
de leur environnement. Le principal cachet de Slingshot
demeure dans ces quelques ''sorties extra-spatiales'' qui évoquent
la relation entre John et Zoe.
Un
couple qui cache moins ses ambitions que les sentiments qu'ils
éprouvent l'un pour l'autre. En fait, des séquences qui servent
aussi et surtout à remplir les vides d'un script qui sans elles
tournerait à vide. Car ici, rien ne semble plus éloigné de la
science-fiction ambitieuse des blockbusters américains que la
vision de Mikael Håfström et de ses scénaristes R. Scoot Adams et
Nathan Parker. La petitesse des décors est à l'aune du caractère
anxiogène qu'imprime le réalisateur. Un huis-clos qu'un événement
d'apparence anodine va rendre plus oppressant encore qu'il ne l'était
déjà. Ici, la question des ressources permettant de survivre à un
très long voyage dans l'espace est moins primordiale que la santé
mentale des passagers d'une navette dont la conception est remise en
question. Au fil du récit, le spectateur aura surtout l'occasion de
comprendre que le point d'orgue de cette histoire somme toute commune
tient moins dans le voyage vers Titan et dans sa réussite que dans
les confrontations perpétuelles qui opposent John, Nash et le
capitaine Franks. Slingshot prendra
d'ailleurs un virage tout à fait inédit, crédibilisant ainsi la
série de faits étranges qui se dérouleront sur place.
Trente-quatre ans après avoir incarné Jimmy Jump dans le
chef-d’œuvre d'Abel Ferrara, The King of New
York et
un quart de siècle après avoir interprété le rôle de Morpheus
dans le premier volet de la tétralogie Matrix,
Laurence Fishburne se fond dans la peau d'un commandant de bord trop
posé, trop doux, trop raisonnable pour être tout à fait honnête.
Plus qu'un voyage à des millions de kilomètres de notre planète,
Slingshot
ancre son récit dans l'esprit de son principal protagoniste et
théorise sur les conséquences d'un voyage de plusieurs années loin
de chez soit. Bien que la forme l'éloigne des grosses productions
américaines gavées d'effets-spéciaux, Slingshot
est une sympathique proposition de Space Opera, bien que très peu
ouverte vers l'extérieur (seul le hublot de la passerelle permet à
ses passagers d'avoir une vue de l'espace). Avec sa moustache, Ben
Affleck nous rappelle certaines grandes heures de l'acteur Michael
Biehn, lorsque le personnage qu'il incarnait dans Abyss
de
James Cameron était en proie au syndrome nerveux des hautes
pressions...