Devinette : si je
vous dis qu'il s'agit d'un long-métrage de science-fiction, que son
principal interprète se nomme Donald Sutherland, que le récit
tourne autour d'une invasion de créatures extraterrestres, que
celles-ci prennent possession du corps de leurs victimes et que ces
dernières hurlent en ouvrant grande leur bouche, forcément, tout
ceci devrait logiquement vous évoquer l'un des grands classiques du
genre réalisé par Philip Kaufman en 1978 et intitulé Invasion
of the Body Snatchers. Mais comme vous êtes une bande de
petits malins et que vous avez d'emblée jeté un œil à l'affiche
qui trône en bas de cet article, vous savez déjà qu'il n'en est
rien. À dire vrai, vous allez surtout rapidement vous rendre compte
en visionnant The Puppet Masters,
tout aussi cheap que puisse s'avérer son titre (tout comme peut
d'ailleurs l'être sa traduction française, Les
Maîtres du monde),
que le long-métrage de Stuart Orme ressemble parfois davantage à un
autre grand classique de la science-fiction. Un chef-d’œuvre qui
en 1988 remporta notamment le Grand Prix au festival international du
film fantastique d'Avoriaz. Un Certain The
Hidden,
merveille absolue du genre auquel son réalisateur Jack Sholder
imprima notamment un rythme quasi ininterrompu, des scènes d'action
en veux-tu, en voilà, ainsi que quelques séquences émotion. Car
plus que ce qui rapproche The Puppet Masters
de l’œuvre de Philip Kaufman, ce sont ces détails
particulièrement troublants qui laissent supposer que les trois
scénaristes Ted Elliott, Terry Rossio et David S. Goyer aient pu
piocher dans le scénario de Jim Couf, l'auteur du script de The
Hidden.
Et pourtant, que nenni puisque les trois hommes ont surtout adapté
pour le grand écran, le roman de l'écrivain américain Robert A.
Heinlein qui lui, date de 1951. S'impose alors la question suivante :
qui de l’œuf ou de la poule est apparu en premier ?
Nous
sommes en 1994. Andrew Nivens (Donald Sutherland) et son fils Sam
(Eric Thal) sont envoyés en mission dans la petite ville d'Ambroose
située dans l'Iowa. C'est là-bas que parait-il se serait écrasée
une soucoupe volante. Accompagnés de Mary Sefton (Julie Warner), une
exobiologiste, les deux hommes vont rapidement découvrir qu'il s'y
passe des choses étranges. Le vaisseau en question est rapidement
devenu l'objet d'une attraction touristique permettant à quiconque
accepte de payer la somme de trois dollars d'en visiter l'intérieur.
Andrew, Sam et Mary constatent cependant que toutes celles et ceux
qui en reviennent se comportent de manière relativement curieuse. Et
voici que l'on découvre une autre similitude avec Invasion
of the Body Snatchers
puisque chaque visiteur laisse le sentiment d'y avoir abandonné
toute émotion. Mais alors, quels rapport entretient le long-métrage
de Stuart Orme avec celui de Jack Sholder me direz-vous ? La
présence de créatures qui, si dans The Hidden,
celle-ci se cachait à l'intérieur des organismes, dans The
Puppet Masters,
elles ont plutôt tendance à se fixer entre les omoplates de leurs
victimes. L'on passe alors de l'unique créature à un nombre
incalculable. D'où une invasion programmée se disséminant dans
toutes les couches de la société, mais avec pour but ultime,
prendre possession du corps du président des États-Unis d'Amérique.
Comme dans The Hidden
dans lequel, la créature tentait de s'emparer du corps du sénateur
Holt, probable candidat à la future élection présidentielle...
Stuart
Orme ne perd pas un instant et alors que nos trois héros sont sur
place, il ne leur faut pas plus d'une poignée de minutes pour
deviner et mettre à jour l'invasion. Si le spectateur ne se plaindra
pas que les personnages soient jetés aussi rapidement dans le feu de
l'action, tout ceci manque par contre cruellement de vraisemblance. À
croire que le trio est doté de la faculté d'omniscience. En
comparaison des deux mastodontes de la science-fiction évoqués plus
haut, The Puppet Masters paraît
bien faible. Une sympathique série B tout au plus pourtant nominée
au Saturn Award du meilleur film de science-fiction à l'époque. Si
d'emblée la présence de Donald Sutherland ravivera d'excellents
souvenirs au fans du genre, le film de Stuart Orme s'avère en fin de
compte relativement anecdotique. D'autant plus que dans l'approche du
mimétisme ou de l'appropriation des organismes humains, on pourra
ajouter bien des films lui étant plus ou moins supérieurs. Tels,
The Thing
et Invasion Los Angeles de
John Carpenter, The Faculty
de Robert Rodriguez, Body Snatchers
d'Abel Ferrara et The Invasion
d'Oliver Hirschbiegel et James McTeigue (les troisième et quatrième
adaptations du roman L'Invasion des profanateurs de Jack Finney paru
en 1955) ou encore dans une moindre mesure, la mini-série Invasion
d'Armand Mastroianni avec Luke Perry de la série Beverly
Hills 90210
dans laquelle il interprétait le rôle de Dylan McKay... Sympa, sans
plus...
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