Mon premier reflex ?
Taper Google Traduction et entrer Thaw
pour découvrir le sens réel de ce mot bêtement traduit chez nous
sous le terme complètement naze de ''Dégel'' !
Résultat : à bêtise, bêtise et demi. Pour une fois que l'on
reprend un titre en le traduisant littéralement, il me semble que
l'on aurait pu faire preuve d'un surcroît d'imagination. Ensuite, je
voudrais remercier Patrice Curt qui plutôt que de me faire fuir
devant ce qui semblait être une indigence a attisé ma curiosité.
Film demeuré jusque là totalement étranger à mes connaissances en
matière de cinéma, c'est donc avec l'engouement d'un ours polaire
se jetant sur un pauvre phoque se dorant la pilule sur la banquise
que j'ai lancé The Thaw qui
donc fut traduit dans l'hexagone sous le titre Dégel !
L'origine américano-CANADIENNE (les majuscules ont leur importance)
du film expliquant sans doute le choix peu judicieux du titre, il ne
fallait donc surtout pas s'attendre à une fiction dont le sujet
aurait pu traiter du conditionnement des produits de la mer au marché
de Rungis... Non, car ici il s'agit ni plus ni moins d'une
alternative artistiquement et sans doute financièrement fauchée du
grand classique de l'épouvante et de la science-fiction de John
Carpenter, The Thing.
Le vice émanant sans doute du nombre de lettres qu'ont en commun les
deux longs-métrages, si vous êtes bourré et que vous vous apprêtez
à vous rendre dans votre échoppe préférée afin de vous réserver
une soirée devant les terrifiants effets-spéciaux créés par Rob
Bottin, assurez-vous de ne pas vous emparer de l'objet incriminé ici
et dont les FX furent l’œuvre d'artisans nettement moins
renommés... <=== Si vous avez eu le courage de rester ici
jusqu'au trois petits points qui précèdent la flèche, vous devez
sans doute penser que l'expérience fut rude pour votre serviteur.
Mais un bon ou mauvais mot pour commencer un article sans avoir au
préalable eu la moindre idée de comment le débuter n'a jamais été
une fin en soit. L'émulsion entre le Body
Horror,
la source d'inspiration évoquée ci-dessus et un un goût prononcé
pour toute chose qu'elle soit de piètre ou de bonne qualité devrait
suffire à assurer un certain confort de visionnage. N'en n'attendant
pas grand chose malgré la présence d'un Val Kilmer qui s'avérera
somme toute anecdotique, The Thaw fut
au final une assez bonne surprise. Rien d'incroyable visuellement,
certes....
Une
incarnation qui ne vole pas plus haut que celle d'un bon gros nanar.
Une mise en scène pépère et des qualités artistiques qui
renvoient à du DTV
(ce qu'est justement le long-métrage de Mark A. Lewis), mais
SURTOUT, la déception de voir débarquer de jeunes adultes pas tout
à fait formés intellectuellement à la fin du printemps. Bref, ici,
pas question d'avoir les yeux qui brillent devant l'infini manteau
blanc de l'Antarctique. Cette étendue immaculée qui allait virer au
rouge chez Carpenter mais déjà nettement plus sobrement chez Mark
A. Lewis. À l'issue d'un générique qui inquiète davantage pour
son atroce visuel que pour le propos qu'il énonce, on s'attendrait à
découvrir un énième film d'infectés dit ''du
dimanche''.
Mais non. Ou alors faut-il l'envisager comme le déclencheur d'un
événement d'ampleur internationale à laquelle il aurait été
conseillé à un ou plusieurs des protagonistes de préserver
l'humanité en se sacrifiant corps et âme. Et ça tombe bien !
Car d'un côté il y a ceux qui expriment l'idée de rester sur les
lieux d'une infection parasitaire vieille de millions d'années :
La fille à papa prénommée Evelyn (Martha MacIsaac) et Atom Galen
(Aaron Ashmore) dont il semblerait que la gamine ait augmenté le
taux de testostérones d'Atom au vu de l'intérêt et du soutien que
le jeune homme lui porte ! De l'autre, la brebis galeuse :
Federico Fulce (Kyle Schmid) au beau être tout comme son ami Atom un
étudiant brillant, le bonhomme va très rapidement perdre pied et se
comporter de manière fort inquiétante. Au regard de l'imposante
station scientifique vue dans The Thing,
celle de The Thaw
semble avoir les dimensions de toilettes sèches d'extérieur !
Bref, ça sent quand même le film au rabais. Et pourtant, la magie
opère, si tant est que l'on soit en mesure d'accepter la pauvreté
qui caractérise l'ensemble du projet. Pas vraiment le temps de
s'ennuyer. Sans être absolument remarquables, certains
effets-spéciaux comme les corps atteints par les parasites font
suffisamment travailler l'imagination pour que les hypocondriaques
aient la sensation que sous leur peau grouillent des centaines de
petites bestioles peu ragoutantes. Bref, The Thaw
est
sympa, et donc moins misérable que j'avais pu le redouter...