Premier long-métrage
conjointement réalisé par Pella Kågerman et Hugo Lilja, Aniara :
L'odyssée stellaire est
une œuvre de science-fiction qui s'inscrit dans un contexte
dystopique où une fois encore notre bonne vieille Terre est devenue
inhabitable et où l'humanité est contrainte de devoir l'abandonner
pour trouver une autre planète à coloniser. Inspiré par un poème
écrit par le prix Nobel suédois, Harry Martinson, ce long-métrage
en forme de long-voyage interstellaire lors duquel un événement va
remettre en question les objectifs visés par l'équipage de
l'Aniara, son commandant Cheffone (l'acteur Arvin Kananian) et les
milliers de voyageurs qui comptent sur eux pour mener à bien le
projet de colonisation de la planète Mars est, une fois mis en
route, beaucoup moins prenant qu'il ne le paraissait sur le papier.
Déjà, parce que le thème est loin d'être tout à fait inédit et
ensuite parce que dans le genre, nombreux sont les films et leurs
auteurs qui s'en sont sortis beaucoup mieux que nos deux réalisateur
suédois. Pourtant auréolé du Prix du Jury au festival
international du film fantastique de Gérardmer 2019, le résultat à
l'écran ne rejoint pas les ambitions pourtant très clairement
soulignées dans cet Aniara : L'odyssée
stellaire
dont le cheminement est en réalité beaucoup trop modeste pour faire
oublier ou pour être comparable à la concurrence. À dire vrai, le
scénario de Pella Kågerman et Hugo Lilja aurait dû viser un autre
format que celui-ci. Plutôt une mini-série de cinq ou six épisodes
d'une heure chacun ou une trilogie plutôt que ce condensé de
science-fiction dystopico-spatiale qui sur à peine plus de cent-cinq
minutes oblige ses auteurs à drastiquement réduire les enjeux sous
formes d’ellipses. Mais imaginez donc : étalant le récit à
partir du départ et lors d'un voyage qui ne devait durer que
quelques semaines, voire quelques mois tout au plus, voilà qu'en
conclusion de ce long-métrage qui malgré tout offre de bonnes
intentions de la part de ses auteurs, Pella Kågerman et Hugo Lilja
imaginent repousser le concept jusqu'à renvoyer le vaisseau Aniara
jusqu'à sa cinq millions neuf-cent quatre-vingt mille quatre-cent
septième année de croisière.
Le
vaisseau étant devenu le sarcophage de ses hôtes tout en étant en
approche de la constellation de la lyre qui, à titre d'information,
se situe à deux-mille trois-cent années lumières de notre planète.
Aniara : L'odyssée stellaire met
principalement en scène les personnages de MR (Emelie Jonsson),
d'Isagel (Bianca Cruzeiro), du commandant Cheffone et d'une astronome
(Anneli Martini) à bord d'un gigantesque vaisseau empli de
structures esthétiquement proches de celles que l'on trouve
couramment sur Terre et permettant à ses passagers de vivre très
convenablement. Centres commerciaux, amphithéâtres, piscines
olympiques, salles de sport, etc... Bref, de quoi permettre aux deux
réalisateurs de tourner un certain nombre de séquences sans avoir à
faire appel à de quelconques effets-spéciaux. Et c'est bien là,
l'un des problèmes du long-métrage. L'on a durant ces scènes,
l'impression que l'intrigue situe son action non plus à bord du
vaisseau de croisière mais quelque par sur notre planète. Ce qui
n'empêche évidemment pas Aniara :
L'odyssée stellaire
d'offrir quelques sympathiques plans d'extérieur de l'espace et du
vaisseau. Autre soucis. Les ellipses. À vouloir concentrer une
intrigue étalée sur des décennies dans un film qui atteint
pauvrement les cent-cinq minutes, il est difficile de ressentir cette
impression de temps qui passe. Le film multiplie d'ailleurs les sous
intrigues, rendant l'ensemble brouillon et surtout majoritairement
inintéressant. Pella Kågerman et Hugo Lilja se sentent en outre
obligés de remplir leur œuvre de séquences de sexe plutôt crues
et donc forcément gratuites. L'engouement général pour Aniara :
L'odyssée stellaire
est de mon point de vue parfaitement incompréhensible. Les bonnes
idées se bousculent mais malheureusement, le résultat à l'écran
est très décevant. Mieux vaut se faire une piqûre de rappel en
redécouvrant, au hasard,
Passengers
de Morten Tyldum, Sunshine
de Danny Boyle ou comme l'évoquait ma compagne qui trouva lors de la
projection, des similitudes, la série Cosmos
1999
dans laquelle, déjà, notre Lune dérivait dans l'espace...