Space-opera, Dystopies,
Uchronies, Cyberpunk, Post-Apocalypse, Guerres intergalactiques,
Voyages dans le temps... La science-fiction est d'un point de vue
littéraire et cinématographique, un vaste champ d'expérimentations
qui permet à tout à chacun de trouver son bonheur sans pour autant
que les amateurs de l'un ou l'autre de ses sous-genres ne donnent du
coude à leurs voisins. Concernant le Voyage dans le temps, celui-ci
se définie parfois lui-même en sous catégories. Du simple fait de
voyager dans le passé ou dans le futur en passant par certains
phénomènes comme les boucles ou les paradoxes temporels. Si la
récurrence de cette dernière est quasiment systématique et agit de
la même manière que l'effet papillon (lequel consiste en une
succession d'événements perturbés par une action provoquée
antérieurement), les boucles temporelles lui apportent
majoritairement matière à modifier le futur à travers des actions
se produisant dans le passé. L'un des plus remarquables exemples de
ce que l'on nomme ''Boucle de causalité''
ou ''Paradoxe de l'écrivain''
demeure le formidable Prédestination
des frères Michael et Peter Spierig sorti en 2014. Plus connu et
sans doute beaucoup plus ludique en ce sens où les phénomènes qui
s'y produisent sont parfaitement simples à comprendre, l'on
retiendra également le génial Un jour sans fin
de Harold Ramis qui lui vit le jour en 1993. Une approche du genre
beaucoup plus ''Familiale''
que l'on conseillera donc en priorité à toutes celles et ceux qui
voudraient pour la première fois de leur existence se pencher sur ce
genre véritablement passionnant. Le voyage dans le temps et les
boucles temporelles connaissant depuis un certain nombre d'années
une recrudescence au cinéma et à la télévision (et pas une
''recrue
d'essence''
comme il m'est déjà arrivé de l'écrire, sic!), le regain
d'intérêt du public vis à vis d'un sujet qui, sans mauvais jeu de
mots, à tendance à tourner en rond, donne parfois naissance à des
œuvres tout à fait inattendues. À l'image de l'un de ses tout
derniers représentants, intitulé Omni Loop,
et dans lequel, le réalisateur et scénariste brésilien Bernardo
Britto offre une très intéressante alternative à la grosse
machinerie américaine. S'il s'agit là encore d'évoquer le Voyage
dans le temps ainsi que les Boucles temporelles, celui-ci les
envisage d'une toute autre façon.
La partition musicale analogique de la compositrice américaine Kaitlyn Aurelia Smith participe à merveille à l’émulsion entre les personnages, le récit et le sujet des Boucles temporelles...
Phénomène
souvent incontrôlé auxquels les protagonistes des récits tentent
généralement d'échapper, l'héroïne ici incarnée par la
formidable Mary-Louise Parker reproduit la ''séquence''
de manière indéfinie afin de résoudre l'une des questions
fondamentales qui se posent lorsque l'opportunité de revenir en
arrière pour changer certains faits se présente. Un désir
ouvertement prononcé par Zoya Lowe, l'héroïne en question, mais
également une contrainte forcée puisque cette quinquagénaire se
sait condamnée à mourir dans cinq jours. Cinq pas plus. Et autant
de journées qu'elle revit, inlassablement, en avalant une étrange
gélule qui la fait donc revenir dans un tout récent passé.
Ancienne physicienne, Zoya a travaillé il y a longtemps sur cette
étrange gélule dont elle avait découvert une boite à moitié
remplie dans le jardin familial alors qu'elle n'était encore qu'une
adolescente. Découvrant lors de son premier usage le pouvoir de
celle-ci, elle en usa lors de ses ''brillantes'' études lui ouvrant
par la suite les portes d'une grande entreprises de recherches
scientifiques. Ici, le temps est une monnaie dont le prix n'est pas
négociable. À moins que Zoya ne parvienne à déterminer la
composition de la gélule afin que le voyage de cinq jours se
transforme en mois et pourquoi pas, en années. Elle va pour cela
demander de l'aide à Paula (excellente Ayo Edebiri), une jeune
étudiante en sciences qu'elle va tout d'abord tenter de convaincre
de l'existence de cette boucle temporelle dans laquelle elle s'est
enfermée afin que la jeune femme l'aide à résoudre l'épineux
problème de cette gélule qui restreint le voyage dans le passé à
cinq jours... Plus qu'une œuvre de science-fiction, Omni
Loop
est un drame très touchant, évoquant la famille et renvoyant donc
le genre à certaines de ses fondations : tout reprendre depuis
le début afin de modifier certains événements. Comme ici, les
rapports de Zoya vis à vis de sa fille Jayne (Hannah Pearl Utt)
qu'elle a quelque peu délaissée au profit de son métier. Le duo
formé par Mary-Louise Parker et Ayo Edebiri est très touchant. Au
fil de l'épreuve qu'elles vivront ensemble, leur relation deviendra
presque celui d'une mère et de sa fille. Dénué de tout
effet-spécial ou presque (''l'évaporation'' de Zoya ou ce trou noir
qui la ronge), Omni Loop
est une grande réussite, toute en émotion et en sensibilité.
Parfois intimiste sans jamais être rébarbatif mais aussi très
ludique dans la forme que prend le montage du récit. L'on notera en
outre la présence inattendue de l'acteur Harris Yulin dans le rôle
du professeur Duselberg. Bref, Bernardo Britto réussit le pari de
mêler drame et science-fiction. Une brillante démonstration portée
par l'émouvante interprétation de ses deux principales
protagonistes...
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