Célébrons ce début
d'année 2024 avec une œuvre d'animation française réalisée par
le dessinateur, peintre et sculpteur René Laloux en collaboration
avec l'écrivain, poète, metteur en scène, peintre et dessinateur
Roland Topor. La planète sauvage
est donc un film de science-fiction animé majeur dans l'histoire du
cinéma fantastique hexagonal. Un univers à lui seul, constitué de
nombreuses planches surréalistes typiques de l'univers de Roland
Topor. À l'origine, le long-métrage est l'adaptation d'un roman
intitulé Oms en
série
de l'écrivain français Stefan Wul. Réalisé par René Laloux, La
planète sauvage
semble être tout d'abord à travers son esthétique très
particulière, l’œuvre de Roland Topor qui y exprime son talent
pour les univers décalés. Auteur de L'escalier
chimérique qui
en 1976 sera adapté sur grand écran sous le titre Le
Locataire
par Roman Polanski, le dessinateur français imagine un monde
foisonnant, riche d'une faune et d'une flore stupéfiantes de beauté.
L'artiste et le réalisateur s'y laissent aller à une grande poésie
visuelle et situent l'action de La planète
sauvage dans
un futur assez proche de notre époque. Sur la Planète Ygam, la
forme de vie la plus intelligente semble être celle formée par les
représentants de l'espèce Draggs. Des créatures humanoïdes dont
trois des particularités sont de mesurer douze mètres de haut, de
posséder des sortes de branchies en lieu et place des oreilles et
dont l'épiderme qui recouvre leur corps est entièrement bleu. Leur
oisiveté est à l'exact opposé de l'asservissement dont ils font
preuve envers une espèce importée d'une planète lointaine connue
sous le nom de Terra.
Ceux qu'ils surnomment les Oms
sont partagés entre deux catégories. Les Oms
domestiques, qui sont une main-d’œuvre importante pour le bon
fonctionnement Draggs
et
servent parfois d'animaux de compagnie. Ainsi que les Oms
sauvage
qui eux, vivent dans la nature et en dehors de toute civilisation. Un
jour, la jeune Dragg
Tiwa découvre le cadavre d'une mère
Om dont
le bébé vit encore. Après avoir eu l'accord de son père Sinh, la
jeune fille emporte avec elle celle qui deviendra Terr
et choisit de l'élever. Mais plus le temps passe, et plus Tiwa
se désintéresse de Terr
qui depuis est devenu un robuste et très cultivé jeune homme. Un
jour, celui-ci décide de prendre la fuite et tombe nez à nez avec
une Om
sauvage qui ramène le nouveau venu auprès des siens...
On
remarque très vite que l'histoire de La planète
sauvage
n'est pas tellement différente de celle que nous connaissons.
L'apport du long-métrage de René Laloux est donc
directement lié à son environnement. Des dizaines de plantes, de
créatures toutes plus étranges les unes que les autres et surtout,
un coup de crayon qui différencie le travail de Roland Topor de tout
ce que l'on a généralement l'habitude de voir. Asservissement,
apprentissage, révolte, le film se construit autour de l'histoire de
l'esclavage et de son abolition à travers un récit fantastique dont
le sens est multiple. Un monde où l'imaginaire n'a absolument rien à
envier à tout ce qui le précéda et à tout ce qui lui succéda en
matière d'univers et de science-fiction. Fantastique de par
l'abondante inspiration de ses auteurs mais aussi, fantastique de par
le travail accompli par René Laloux et Roland Topor qui nous livrent
un spectacle aussi délirant que majestueux. Amour, guerre, mort sont
également au centre d'une œuvre qui touche quel que soit l'âge que
l'on a. Du plus jeune au plus âgé, le spectateur est comblé,
invité à un voyage par delà les frontières de l'espace et rêve
d'un monde couleur pastel. Plus qu'un film d'animation ou
l'adaptation d'une œuvre de papier, La planète sauvage
est la transposition à l'image d'un songe étrange, sans doute un
peu fou, fantasme surréaliste et lyrique d'un monde certes imparfait
où les espaces vides possèdent au moins autant d'importance que les
étranges organismes qui y poussent ou s'y déplacent. Élément
essentiel : le doublage. ET parmi les interprètes de ce très
grand film de la science-fiction animée, l'acteur Jean Topart
maintenant disparu depuis presque onze ans et qui laissa surtout une
trace indélébile dans l'univers du doublage et notamment à la
télévision avec les dessins animés Rémi sans
famille
en 1977, Ulysse 31
en 1981 (il y interpréta rien moins que la voix de Zeus!) ou encore
Les mystérieuses cités d'or
l'année suivante et dans lequel il sera une nouvelle fois chargé de
la narration. Notons enfin que la bande musicale est l’œuvre du
compositeur et pianiste de jazz français Alain Goraguer qui
collabora avec nombre d'artistes dont Boris Vian, Jean Ferrat ou
encore Serge Gainsbourg avec lequel il collabora jusqu'en 1964...
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